Cette révélation a eu l'effet d'une bombe à plus d'un titre. C'est une première dans l'histoire des grosses consoles de jeu, le mouvement étant généralement à la baisse des étiquettes. On se souvient de l'épisode de la PS3, vendu à son lancement très cher (600 €), avant de voir son prix revu à la baisse. Pour Oscar Lemaire, journaliste spécialisé notamment sur les questions économiques dans l'industrie du jeu vidéo, et l'invité de La Quotidienne de Lâm Hua sur Twitch, il y a bien eu le cas de la Wii de Nintendo à la fin des années 2000, mais cela ne portait que sur le marché anglais et était alors lié à des questions de taux de change.
La hausse annoncée par Sony touche également une console qui reste encore très difficilement dénichable par les consommateurs, et ce depuis son lancement fin 2020, la faute aux pénuries de matières premières et de composants notamment. La console reste encore introuvable malgré l'organisation des distributeurs pour répondre à la demande et faire patienter les clients.
Jim Ryan, le patron de Sony Interactive Entertainment, a justifié cette hausse par “des taux d'inflation mondiaux élevés, ainsi que des tendances monétaires défavorables, qui ont un impact sur les consommateurs et créent une pression sur de nombreuses industries”. Mais pour Oscar Lemaire, “
Sony n'a jamais gagné autant d'argent qu'aujourd'hui. Sur la dernière année fiscale, la marque a fait 2,5 milliards d'euros de bénéfice sur l'activité jeu vidéo uniquement. Et elle prévoit une baisse du bénéfice à 1,8 milliard en 2022”.
Selon lui, le groupe peut très facilement encaisser les aléas actuels du marché tout en gagnant de l'argent.
Historiquement, les consoliers ont tendance à dire que l'important dans l'industrie du jeu vidéo, c'est le software. Ils pouvaient vendre à perte les consoles avec un modèle économique qui repose avant tout sur la vente de jeux, de services et d'abonnements, l'idée étant d'avoir un parc installé de machines suffisamment costaud pour vendre le reste.
Cette période semble révolue.
Pour Oscar Lemaire,
le contexte général d'inflation sert davantage de prétexte. Il y voit clairement de “l'opportunisme” de la part du géant japonais. “
Il y a une opportunité pour Sony de gagner plus d'argent” en augmentant le prix de vente de sa console quand tout le monde fait de même dans la tech et ailleurs. Un opportunisme que relève également Marc Touati, président du cabinet de conseil ACDéfi interrogé par notre camarade Tanguy Toussaint. “
Les fabricants de consoles et autres ont intérêt à maintenir une certaine pénurie pour créer le besoin, et cette pénurie permet plus facilement d'augmenter les prix”, explique l'économiste
Mais attention à l'image de marque : le risque est évidemment d'être mal vu pour Sony face à un Microsoft qui, depuis la gestion catastrophique du lancement de la Xbox One en 2013, montre patte blanche auprès des gamers. Le géant américain reste l'outsider dans le match de cette nouvelle génération de consoles, et il pourrait très bien tirer son épingle du jeu dans cette nouvelle bataille. Il y a un fait qui ne trompe pas : S
ony n'a pas augmenté le prix de ses machines aux États-Unis, territoire sur lequel les escamouches avec les Xbox Series X et S de Microsoft sont plus âpres.
Les Numériques
Bonus : Un
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PS5 : avec la hausse du prix, Sony protège surtout ses profits.
Difficile de parler de coup de théâtre quand Meta avait prouvé que cette éventualité était bien réelle en annonçant une hausse tarifaire de son Quest 2. Mais ça n’en reste pas moins inédit de la part de Sony : sa dernière console en date, la PlayStation 5, a vu son prix augmenter de 50 euros en Europe et dans de nombreuses autres régions, dont le Japon. Une décision qui pourrait s’expliquer par le contexte actuel, entre crise de l’inflation et variabilité atypique des taux de change.
Mais en réalité, n’est-ce pas la conclusion logique d’une politique interne visant sans cesse à optimiser les profits ?