Scène d’ouverture : un homme tue un autre homme un soir sur une berge et brule le corps.
Un avocat est chargé de l'affaire (son père, qui a été juge, avait 30 ans auparavant évité la peine de mort pour un crime dont l'homme de la scène d'ouverture avait été suspecté), il va essayer de faire en sorte qu'il ne soit pas condamné à mort.
C'est un polar noir mais réalisé avec tellement de finesse, que nous nous laissons emporter par une sorte de démonstration du metteur en scène, qui arrive par petite touche, sans effet d’esbroufe, à nous déstabiliser, mais c'est la que le film est excellent, plus le film se déroule, plus nous comprenons que rien n'est simple et que la peine de mort est non seulement absurde, mais en plus un acte lâche de la part de la justice, car ça coupe court à toute explication et remise en question d'une société dans son entier (comme si le réalisateur nous disait que les procès de justice sont une pièce de théâtre, donc une illusion et que la vérité n'intéresse personne, car personne ne veut se voir tel qu'il est, mais préfère jouer un rôle, si possible "le bon rôle").
C'est un film aussi bien philosophique (j'ai vu le film en VOST, je me suis encore plus rendu compte de l'importance des dialogues et des contradictions humaines) que politique. Hirokazu Kore-eda (le réalisateur) fait un film courageux, car l'action se passe au Japon, pays ou la peine de mort existe encore.
La justice "vengeance" ou "rédemption", là est la question que pose le film en filigrane.
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C'est une sorte de « belle et la bête » mais dans un contexte historique réel. L'action se déroule aux USA dans les années 60 avec la guerre froide d'un côté et la ségrégation (et la discrimination aussi bien des noirs que des homosexuels) de l'autre.
L'histoire n'est pas si surprenante dans son déroulement, il y a des moments qui cassent un peu les codes classiques de la fable « à la Disney », comme par exemple la scène ou l’héroïne se fait plaisir toute seule (là où nous avons classiquement la scène d'amour où les personnages ne découvrent leur plaisir sexuel, uniquement durant leur nuit de noce), mais nous retournons vite à des traitements des personnages caricaturaux (le plus flagrant, c'est le "méchant" interprété par Michael Shannon), je comprends l'intention, ce qui fait que j'étais à aucun moment surpris de ce qu'il allait se passer, même si le réalisateur essaye d'être subtile (par exemple sur les intentions aussi bien des américains que des russes, qui renvoient dos à dos, sur le sort de ce "monstre"), la réalisation étant soigné avec un rythme agréable, surtout que le film évite la surenchère, pour aller vers la poésie (la scène d'amour dans la salle de bain est le meilleur exemple), j'ai donc passé un bon moment ou l'idée de la bienveillance règne même si la conclusion m'a fait poser la question « est-ce que la tolérance et la bienveillance que prône toute l'idée du film peut amener à une telle conclusion... »