IGN a partagé samedi une interview avec l'équipe créative de Final Fantasy XVI dans laquelle on en apprend davantage sur les thèmes du jeu mais un point en particulier est source de controverse : la représentation de la diversité ethnique.
Lorsqu'il a été demandé si le jeu proposera une diversité dans l'ethnicité des personnages, Naoki Yoshida a répondu que le jeu ne refléterait pas l'étendue de la diversité ethnique du monde moderne, expliquant que l'histoire se déroule dans une région géographiquement isolée.
Il explique que le concept du design « renvoie très largement à l'Europe médiévale, et notamment sur les normes historiques, culturelles, politiques, et anthropologiques qui prévalaient à l'époque. ». Il précise que malgré le genre fantasy l'histoire reste néanmoins ancrée dans la réalité ; et donc attribuer des ethnies distinctes aux protagonistes et aux antagonistes risquerait de « déclencher des idées préconçues du public, d'inviter des spéculations injustifiées et, finalement, d'attiser les flammes de la controverse ».
Il n'en fallait pas moins pour que la polemique se lance:
« En tant que spécialiste du Moyen Âge européen qui travaille sur l'ethnicité, il est intéressant de voir comment les adaptations dans la pop culture et dans les jeux dépeignent les peuples du Moyen Âge européen, et à partir de quelles sources les chercheurs déterminent à quoi les gens pouvaient ressembler », explicite Dr Mary. Rambaran-Olm, une chercheuse publique spécialisée dans la littérature médiévale et le Moyen Âge européen. « Comme pour n'importe quelle partie de l'histoire et n'importe quelle région du monde, l'histoire est désordonnée et compliquée. Ce n'est pas différent au Moyen Âge européen qui, pendant très longtemps, a été compris comme étant « tout blanc » ou principalement sans contact avec le monde extérieur à l'Europe. Ceci, bien sûr, pour les spécialistes qui étudient le Moyen Âge, n'est ni vrai ni exact. Il y a beaucoup de travaux archéologiques, historiques, littéraires et autres qui montrent des migrations, l'interaction, le commerce, l'installation, etc. des peuples d'Asie et d'Afrique en Europe. Je ne sais pas exactement quelles informations et quelles recherches ont été fournies à M. Yoshida, mais elles ne répondaient certainement pas aux normes de recherches actuelles. Je suis sure que le produit final reste magnifique, mais il n'est pas précis. »
La Docteure donne l'exemple de l'abbé africain Hadrien de la fin du 7e au début du 8e siècle.
« Nous devons nous rappeler qu'avec la propagation du christianisme au début de l'Europe médiévale, de nombreux évêques, moines et autres sont venus d'Afrique. Ces hommes (et peut-être même des femmes) n'étaient pas tous blancs, et ils ont laissé leur marque en fusionnant les traditions culturelles de leurs patries avec de nouvelles, ainsi qu'avec la création d'école, ou encore grâce en enrichissant les cultures à travers l'Europe, en particulier dans des endroits comme l'Angleterre. Je ne suis pas sure de ce que M. Yoshida veut dire en parlant des « normes anthropologiques qui prévalaient à l'époque », mais il y a de nombreux travaux récents sur ce que la « race » signifiait au Moyen Âge européen. »
« Il ne semble qu'aucune de ces recherches actuelles n'ait été prise en compte pour ce projet, et plus inquiétant encore, il se peut qu'il se soit appuyé sur des récits et des recherches obsolètes réalisées par un prisme blanc uniquement. Cette dépendance à des recherches obsolètes perpétue l'erreur selon laquelle l'Europe était un endroit « tout blanc » », déclare-t-elle.