
C'est un fait incontestable, de nombreux acteurs du jeu vidéo japonais ont décidé de séduire les joueurs occidentaux dans cette génération de machines, au grand dam des fanatiques de jeux japonais "japonisants". Une politique qui consiste souvent à sous-traiter la création de nouvelles productions sur console HD à des studios (souvent jeunes) occidentaux.
Les exemples ne manquent pas:
Enslaved développé par les anglais de Ninja Theory pour Namco Bandai
Bionic Commando développé par les suèdois de GRIN pour Capcom
Golden Axe Beast Rider développé par les américains de Secret Level Games pour Sega
Dead Rising 2 développé par les canadiens de Blue Castle Games pour Capcom
Castlevania Lords of Shadow co-développé par les espagnols de Mercury Steam Entertainment pour Konami
Dark Void développé par les américains de Airtight Games pour Capcom
DmC développé par les anglais de Ninja Theory pour Capcom
Font Mission Envolved développé par les américains de Double Helix pour Square-Enix
Silent Hill Homecoming développé par les américains de Double Helix pour Konami
Dark Sector développé par les américains de Digital Extreme pour D3 Publisher
Un aperçu non-exhaustif qui ne tient pas compte des jeux de fabrication japonaise mais qui ciblent eux-aussi spécifiquement le marché occidental comme le
Lost Planet²,
Splatterhouse,
Quantum Theory ou encore un
Resident Evil 5 plus axé action. La liste est définitivement longue, mais que s'est-il passé au pays du Soleil-levant pour un tel revirement stratégique? Tentative d'explication...
L'echec des consoles HD au Japon.
C'est un fait, la PS3 n'a pas connu le même succès que la PS2 au même stade de vie, et çà s'en ressent au niveau des ventes de softwares.
Effectivement, après 4 ans et des poussières d'existence, la PS3 s'est écoulée à un peu plus de 6 millions d'exemplaires alors que la PS2 durant le même laps de temps (de 2000 à 2004) s'était écoulé à environ 18 millions d'exemplaires, soit 3 fois plus.
Au niveau du software, il faut savoir que la PS2 disposait de 21 titres
million-seller au Japon (c'est-à-dire des jeux qui ont dépassé le million d'exemplaires vendus) contre.... un seul sur PS3, en l'occurrence
Final Fantasy XIII et ses 1,86 millions d'unités toujours au Japon.
Difficile pour les éditeurs moyens dans ce contexte d'écouler du RPG et autres jeux typiquement japonais à 400 000 voire 300 000 unités sur PS3. Mais cela n'est pas le seul problème, comme vous le savez tous les coûts de développement se sont envolés sur les consoles HD et cela n'arrange guère les choses en ce qui concerne les jeux japonais pensés pour le public japonais sur ces mêmes machines. Les titres surprises deviennent plus rares, et beaucoup d'acteurs nippons préfèrent capitaliser sur des licences rodées, des blockbusters destinés à fonctionner au Japon mais aussi dans le reste du monde.
L'autre soucis de taille vient de l'échec cuisant de la Xbox 360 malgré les gros efforts de Microsoft Japan ainsi que le réel soutien des acteurs nippons pour la dame blanche de Microsoft.
La console ne s'est écoulé qu'à 1,5 millions d'unités, et les titres les plus vendus au Japon dépassent difficilement les 200 000 unités, dur dur. Malgré les quelques exclusivités du mastodonte Square-Enix
(que l'on aurait pas imaginé aussi productif sur les consoles de Microsoft, ne serait-en 2003 par exemple), comme
The Last Remnant ou
Infinite Undiscovery, la console fût malgré tout rejetée par le public nippon.
Le seul succès de la 360 au Japon, est le fait d'avoir su attirer une niche de hardcore-gamer nippons et d'otakus avec des produits très japonisants comme les danmaku de Cave ou les simulations d'idol comme
The Idolm@ster. Un vivier de joueurs qui reste anecdotique, et qui ne permet pas à la Xbox 360 de s'imposer sur ce marché. Cela affecte juste l'image de marque, dans le bon sens du terme.
Cependant tout n'est pas noir, et certaines licences à très gros budget continuent à bien fonctionner comme
Metal Gear Solid 4 ou
Bio Hazard 5 qui ne sont pas loin du million d'exemplaires vendus au Japon sur PS3, ainsi que
Gran Turismo 5 toujours une valeur sûre chez Sony malgré des ventes 2x moins importantes que
Gran Turismo 4 (600 000 pour GT5 contre 1,3 million pour GT4).
Au niveau des titres que l'on n'attendait pas forcément aussi haut dans les charts nippons sur consoles HD, on trouve la série des
Ryu Ga Gotoku (Yakuza en europe), série qui atteint régulièrement le demi-million d'unités au Japon. On trouve aussi
Hokuto Musou, un des rares titres à dépasser le demi-million au Japon sur PS3 même si son succès est explicable (mariage d'un anime culte et d'une série de jeu de Koei très populaire au Japon).
Sur Xbox 360 la surprise vient de
Tales of Vesperia un des rares projets à s'être bien tenu sur la console blanche puisqu'il a fait jeu égal avec le "blockbuster annoncé" (200 000 unités) à savoir
Blue Dragon de Mistwalker qui n'a guère soulevé les foules malgré un casting de créateurs prestigieux et une grosse campagne de communication. Tales of Vesperia a largement dépassé un autre titre ambitieux de Mistwalker,
Lost Odyssey sur lequel Microsoft avait misé gros et qui a finalement fait un four au Japon avec ses 100 000 unités vendus.
Tout cela montre que sur consoles HD, il est devenu très problématique pour les éditeurs japonais de faire des titres qui fonctionnent sur ces supports, le public japonais semble clairement bouder ces nouveaux hardwares pourtant puissant et annoncés comme très prometteur.
Allons voir si il y a de la place sur Wii, le leader des consoles de salon au Japon (ainsi que dans le reste du monde).
L'enigme de la Wii
Pour cette section, on va être bref et rapide. La Wii au Japon, c'est environ 11 millions de consoles écoulés en 4 ans et des poussières. Un bon chiffre, mais moins bon que la PS2 et ses 18 millions environ au même stade de vie.
Seulement contrairement à la PS2, celui qui vend le plus sur Wii n'est ni Square-Enix ou Capcom, mais Nintendo.
Démonstration: dans le top 10 japonais des jeux les plus vendus sur Wii, on trouve 10 jeux Nintendo. Dans les 13 millions seller de la Wii on trouve 12 jeux Nintendo (l'intru est
Monster Hunter Tri). Enfin dans le top 20 des jeux les plus vendus sur Wii au Japon, on trouve 18 jeux Nintendo (nb: j'ai considéré
Mario et Sonic aux Jeux Olympiques comme un titre Nintendo). Les 2 autres sont
Monster Hunter Tri de Capcom et
Taiko no Tatsujin Wii de Namco.
Bref, le Top japonais sur Wii (à l'image du Top mondial sur Wii) est dominé de la tête et des épaules par Nintendo. On retrouve donc le syndrome N64 et Game Cube, mais en plus amplifié. Il n'y a que Nintendo qui vend du software sur ses machines, et les proportions sont autrement plus énorme que sur GC et N64. La Wii est un gros succès pour Nintendo au Japon, mais un succès pour Nintendo seul, les éditeurs-tiers n'ont guère été invités à croquer, et le public a visiblement acheté la Wii pour les jeux casual de Nintendo, et les "vrais" jeux de Nintendo comme
New Super Mario Bros Wii, Mario Kart Wii ou Super Smash Bros Brawl.
La Wii n'aura été qu'un mirage pour les éditeurs-tiers, et il aura fallu trouver une nouvelle terre d'accueil pour y développer de nouveaux titres. Cette terre d'asile sont les consoles portables.
Les consoles portables ou la valeur refuge.
Que l'on soit clair, au Japon, les véritables "next-gen" selon moi, sont les consoles portables à savoir DS et PSP.
Elles ont littéralement assommé le marché, la DS est devenu la console la plus vendu de l'histoire au Japon (32,54 millions d'unités) et la PSP c'est 17 millions d'unités vendus soit les ventes de PS3+Wii ce qui est loin d'être négligeable.
De part ses capacités techniques assez faibles, la DS va devenir le nouvel eldorado des éditeurs japonais. En effet, développer un titre sur DS est nettement moins cher que sur PS3, et il ne faut pas 400 000 ventes pour rentabiliser un projet dessus. Quelques milliers d'exemplaires suffisent souvent. Du coup la machine à cash est activé, et on a vu un déluge de titres sortir sur DS au Japon. Au fur des mois et des années, la portable de Nintendo est devenu le nouveau nid à RPG nippon. Mais la nouveauté de cette génération, c'est que la DS a aussi accueilli de très grosses productions, dont la première d'entre elles
Dragon Quest IX.
La sortie du 9e épisode de Dragon Quest sur DS est loin d'être anodine, et marque de mon point de vue une passation de pouvoir entre les consoles de salon et les portables, soit un évènement historique. Désormais les portables ont pris le pouvoir au Japon, les consoles de salon sont un peu relégués au second plan.
Sur DS on retrouve aussi le même phénomène que la Wii, à savoir que c'est Nintendo qui vend le plus de jeux sur sa machine. Mais ce phénomène est moins accentué que sur Wii, il y a encore de place pour les autres acteurs du marché, comme Square-Enix donc, mais aussi Level 5 qui a réussi à créer de vrais blockbuster, de vraies licences sur et pour la console de Nintendo. Level 5 a tellement gagné d'argent sur DS qu'il peut se permettre aujourd'hui de lancer son
Ninokuni sur PS3 sans trop de risques. La console de Nintendo est donc une réelle manne financière pour les éditeurs, mais aussi un bon support pour des studios plus modestes pour développer des titres sans se ruiner, ou mettre carrément en danger à chaque sortie son entreprise.
La PSP est devenue avec le temps une valeur sûre pour l'industrie nippone. Le succès historique, voire stratosphérique de la série
Monster Hunter sur ce support (10 millions... oui c'est énorme) va vite donner des idées aux éditeurs.
Tout le monde va s'enfoncer sur la brèche du
"multi en local au Mc Do" en proposant des titres exploitant ce filon. La portable de Sony va attirer plusieurs licences comme les
Phantasy Star et même
Metal Gear Solid avec un dernier opus pensé pour le multi sur ce support.
La console de Sony est aussi devenu une machine qui attire des projets ambitieux (plus ambitieux de manière générale que sur DS) mais qu'il serait suicidaire de faire sur consoles HD.
Ainsi on a vu différentes séries naître sur consoles HD par exemple, et continuer sur PSP comme
Senjou no Valkyria (Valkyria Chronicles chez nous),
White Knight Chronicles, ou même
Kingdom Hearts (grosse série démarrée sur PS2 et qui est devenu une série portable). Sur DS, ce phénomène existe aussi, on a notamment assisté à la migration de la licence Blue Dragon qui continue son existence sur ce support.
La PSP
(comme la DS aussi, mais c'est encore plus éclatant sur PSP) reçoit régulièrement des spin-offs de luxe, ou des nouveaux titres que l'on aurait plus imaginé il y a quelques années sur console de salon.
Un
Final Fantasy VII Crisis Core aurait très bien pu être un blockbuster de la PS3, tout comme
Dissidia Final Fantasy.
Un titre comme
The 3rd Birthday aurait tout à fait eu sa place sur consoles HD, d'autant que le TPS n'est pas un genre qui se prête vraiment à la portable de Sony. Mais voilà les temps ont changé, et sortir de tels projets sur consoles HD est devenu périlleux. Comme sur DS, le risque est atténué sur PSP par le fait de coût de productions nettement moins élevés que sur console de salon et un revers commercial dessus ne signifie pas une catastrophe industriel.
De mon propre avis, les consoles portables ont clairement pris le relais de la PS2 en ce qui concerne les RPGs, et les "jeux gamer" tout simplement. La Wii connaît le succès pour les jeux casuals et les jeux Nintendo, les japonais ne veulent pas entendre parler de la HD, et le nouveau mode de consommation nippon fait que les portables ont le vent en poupe. Les japonais veulent du jeu partout, n'important quand et les qualités techniques de la DS et de la PSP (on n'est plus dans le noir et blanc avec 3 bouts de pixels d'il y a 15 ans...) semblent largement suffire pour contenter leurs yeux.
Chers clients ne posez pas vos téléphone sur les panels, merci.
Le jeu vidéo japonais ne se résume pas qu'aux consoles, il existe toujours au Japon un vrai marché de l'arcade, ainsi qu'un marché des jeux sur téléphone portable ou I-Phone chose que nous connaissons aussi chez nous.
Le marché de l'arcade au Japon est en perte de vitesse depuis maintenant plus d'une décennie. L'âge d'or des années 80/90 est définitivement tourné. La production de jeu vidéo sur bornes d'arcade a clairement chuté, certaines salles mythiques ont récemment fermé leur porte comme Autobahn, et on a assisté ces dernières à plusieurs fermetures de game centers de la part de Sega et Namco.
Une des raisons principales de ce lent déclin est la Wii de Nintendo. Le jeu vidéo accessoirisé autrefois terre gardée de l'arcade nippon s'est démocratisé dans les foyers japonais, du coup les salles se vident.
Cependant, tout n'est pas noir, et on s'aperçoit que les jeux à licence continuent à bien fonctionner au Japon comme les nombreuses déclinaisons de
Gundam de Banpresto dont le succès ne se dément pas. Idem pour la
gamme Bemani de Konami toujours populaire chez les japonais. Le jeu de combat a même connu une petite sursaut grâce à
Street Fighter IV, Tekken 6, Blazblue/Guilty Gear Accent Core, aux
KOF 98 UM et 2002 UM[/g] mais aussi grâce à des petites productions très ciblés qui jouissent d'un joli succès comme la série des
Arcana Heart.
Des sociétés comme Cave continuent à sortir des danmakus en arcade, et on assiste à un nouveau phénomène au Japon, celui des doujins games (jeux amateurs) tellement populaires qu'ils se voient adapter en arcade (
Trouble Witches, Melty Blood Act Cadenza...). Néanmoins tous ces jeux sont très ciblés et s'avèrent être en générale des petites productions.
Les grosses productions elles, ont tendance à être très rare d'une part, à ne pas bien fonctionner d'autre part. Ainsi le très ambitieux système de Sega présenté en grandes pompes en 2005 à savoir le Lindbergh est un échec assez cuisant. Depuis Sega a revu sa stratégie en sortant un système moins puissant et meilleur marché. Arcade et avant-garde ne rime plus. Quoique, l'ambitieux
Metal Gear Arcade (borne équipée d'écran 3D) est un peu l'exception qui conforme la règle, néanmoins l'arcade n'est plus une usine à rêve mais un endroit où l'on va se détendre plus qu'autre chose. Ainsi de nombreuses sociétés se sont un peu détournées de l'arcade que l'on connaît tout en restant dans les gamecenters. Aujourd'hui habiller un Pachinko avec une licence (au hasard... KOF) peut rapporter plus que développer un vrai jeu vidéo ambitieux pour ce marché. Ainsi des rumeurs catastrophistes toutes fraîches confirment ce qui pourrait devenir un réel revirement stratégique pour une firme comme SNK Playmore, à savoir l'abandon pure et simple du jeu vidéo en arcade au profit de juteuses machine à sous.
Là aussi, la manière de consommer des japonais a changé, et les différents acteurs de l'arcade réfléchissent à un nouveau modèle économique pour ce secteur, voire à un renouveau des concepts de jeu pour attirer à nouveau le chaland, tout en capitalisant sur ce qui rapporte comme les pachinkos, pachislots ou autres medal games.
Quant aux jeux sur téléphone portable, c'est tout le contraire. On retrouve là la même machine à cash sur DS et PSP. Des petits jeux vite développés, à moindre coût, vendus à bas prix, et souvent habillé de licences connus. Ce phénomène existe maintenant de nombreuses années au Japon, bien avant l'avènement de l'I-Phone comme plateforme de jeu chez nous. Tous les acteurs du marché sont présents sur ce segment, y compris les plus gros comme Square-Enix, Sega ou Namco Bandai.
Bio Hazard, Makaimura, Street Fighter, KOF, Final Fantasy, Lost Planet, Metal Gear Solid ect... sont autant de licences vu sur téléphone portable. Cependant la crise de 2007 a accentué ce phénomène, les éditeurs y ont trouvé une source évidente de rentrée d'argent sans trop de risques.
Le voyage en occident
Résumons vulgairement la situation:
- La PS3 et la 360 ont déçu en terme de vente, les éditeurs japonais attendaient sûrement plus, du coup il est difficile de réaliser de gros score dessus, et les coûts de production sont plus chers, en plus!
- Sur Wii il n'y a que Nintendo qui vend au Japon, pas de place pour les autres...
- Heureusement que les consoles portables existent, et marchent très bien, cela permet à l'industrie de continuer à vivre du coup on évite la catastrophe.
Mais le soucis des japonais, vient du fait qu'ils ne peuvent pas abandonner les consoles HD pour 2 raisons principales:
- La première raison est simple à comprendre, les consoles HD marchent bien en occident, les jeux se vendent très bien, donc il faut être présent là-bas.
- La seconde raison est un peu lié à l'image de marque du jeu japonais. Alors que les consoles HD fonctionnent très bien en occident donc, il est assez inconcevable de ne voir aucun jeu japonais dessus. Cela serait vu comme un gros constat d'échec ou une forme de résignation. Toute l'industrie nippone se serait affaiblie, une industrie qui il y a encore 6 ou 7 ans dominait clairement son sujet.
Sortir un RPG en occident sans un vrai plan de lancement (donc sans gros moyens) est un peu voué à l'échec. Même si un RPG moyen (d'un point de vue puissance commercial) fonctionne en occident comme
Resonance of Fate par exemple qui ne s'est pas trop mal vendu chez nous, cela n'a rien à voir avec les chiffres d'un God of War ou d'un
Call of Duty quelconque. Les japonais ne veulent visiblement pas jouer le rôle de second couteau en occident, et veulent clairement ramasser le plus possible de cash, quitte à "trahir" la fabrication japonaise de jeu vidéo.
Du coup l'idée de créer des jeux spécifiquement pour les marchés occidentaux est partie de là. Comme les japonais n'ont aucun savoir-faire pour les FPS (ni aucune image de marque aussi), ils vont commencer à singer des genres qui leur paraissent plus familiers comme les beat them all à la
God of War, ou encore des TPS à la
Gears of War.
Le fait que des éditeurs japonais engagent de jeunes studios occidentaux pour faire des jeux sur consoles HD ne prouve à mon sens pas leur incapacité à faire des beaux jeux sur consoles HD. Lorsque l'on voit des jeux Metal Gear Solid 4 ou Final Fantasy XIII, on se dit que les japonais sont toujours dans le coup.
Non, sous-traiter à des studios occidentaux prouve surtout que l'industrie japonaise est en manque d'idées nouvelles.
La brèche ouverte par la Wii s'est refermée aussi vite qu'elle s'est ouverte, les RPG en HD n'intéressent pas les japonais et demandent trop de moyens et les jeux d'actions typiquement japonais n'explosent pas les charts au Japon, et ne fonctionnent pas chez nous (je pense à
Monster Hunter Frontier Online ou
Dynasty Warriors).
Ce qui a manqué aux jeux vidéos japonais sur cette génération à mon humble avis, est un nouveau genre dominant sur consoles.
Durant la génération précédente, les occidentaux sortaient des titres plus ou moins dans la lignée de ce qu'ils faisaient sur Playstation mais allait amener un nouveau genre populaire à savoir les jeux open world à la GTA.
Sur cette génération, les occidentaux ont mis sur le devant de la scène les FPS sur consoles. Il y avait déjà eu des gros FPS sur consoles par le passé (Goldeneye 007 ou Halo) mais on remarque qu'ils étaient sortis sur des supports en retrait et que dans l'absolu ils n'arrivaient pas à faire de l'ombre aux FPS PC.
Aujourd'hui ce n'est plus le cas, les FPS se sont tous donnés rendez-vous sur consoles HD, l'offre est devenu plus réduite sur PC, le genre a littéralement explosé sur PS3 et 360 créant une attractivité nouvelle autour de ces machines.
C'est cette réserve de genre vidéoludique qui manque au jeu japonais. On peut imaginer que le MMORPG investisse clairement les consoles de prochaines génération, d'ailleurs Blizzard commence sérieusement à réfléchir dans ce sens, mais pour le Japon quel genre peut venir "dominer" sur consoles de salon?
Les capacités hardware des PS3/360 n'ont pas su créer un attrait nouveau autour des RPG (on l'a compris).
Toutefois ce constat n'est pas totalement noir, et certains genres bien japonais ont su revenir sur le devant de la scène grâce notamment au online généralisé sur consoles: le jeu de combat en versus.
Le online a relancé l'intérêt des joueurs autour d'une série que l'on croyait aux oubliettes, Street Fighter. Le succès de
Street Fighter IV a relancé la machine Capcom avec des suites ainsi que des crossover, mais là aussi le marché des jeux de combat a tellement été ravagé par la crise de ce genre démarré au début des années 2000 que peu d'acteurs ont survécu. Concrètement, il reste Capcom, Namco, et dans une moindre mesure Arc System.
Virtua Fighter de Sega est devenu un jeu de niche pour le marché arcade, et SNK Playmore continue à survivre artificiellement.
Là encore, le moindre revers commercial peut sonner le glas des jeux de baston, en les faisant retourner dans leur marché de ses dernières années, c'est-à-dire la niche.
Un bilan pas simple
Comme vous le voyez, difficile, très difficile même pour un éditeur japonais d'évoluer dans ce marché rempli d'incertitude. Et encore nous n'avons pas parlé longuement de la crise financière qui a secoué l'industrie du jeu vidéo dans son ensemble et qui n'a pas épargné le Japon.
Entre des consoles HD boudé au Japon, une Wii où seul Nintendo vend, le nouveau mode de consommation vidéoludique des joueurs japonais clairement tourné vers les portables et la mobilité, difficile de s'y retrouver.
Si l'on rajoute une PS3 et une Xbox 360 qui marchent chez nous, mais que les jeux vidéo japonais sont un peu en retrait par rapport aux blockbusters occidentaux, la situation des éditeurs nippons devient un vrai casse-tête chinois.
La situation n'est plus aussi simple qu'à l'époque où la PS2 régnait de manière incontestable sur tous les continents, et où la GBA était synonyme de monopole de Nintendo sur le marché des consoles portables. L'offre est plus éclatée et nettement moins homogène.
De ce fait, les japonais ne semblent pas travailler sur le long terme, la situation économique ne leur permet pas vraiment aussi. Ils cherchent avant tout le profit rapide, et réagissent plus qu'autre chose.
"Tanaka, notre RPG a fait 200 000 ventes en Europe? Insuffisant, contacte ce studio canadien ils ont produit un jeu qui a dépassé le million en Europe, fais-les travailler sur une IP très occidentale"
"Valkyria Chronicles 2 peut mieux marché sur PSP à ton avis Tanaka? Très bien, sort-le sur PSP, tant pis si certain râlent, etc...".

Pour finir sur une note plus optimiste, je pense que la voie à emprunter est celle du studio Platinum Games et Sega. Sans exploser les ventes, les jeux de ce jeune studio fonctionnent correctement (Bayonneta, Vanquish). De plus ce studio arrive à garder une identité bien nippone, déjà en sortant un RPG bien hardcore sur DS (Infinite Space) mais plus globalement en faisant des jeux qui plaisent certes aux occidentaux (Beat Them All, TPS...) mais avec une vraie touche typiquement nippone que l'on ne retrouve pas dans les jeux occidentaux. Des jeux qui marchent en occident avec une vraie identité japonaise peut être la solution, tout en ne négligeant pas le public japonais en sortant des titres sur potables ou autres supports qu'ils affectionnent.
Enfin, il sera très intéressant à suivre dans les mois à venir l'accueil que feront les japonais à la 3DS et la NGP, ainsi que les titres japonais pensés pour le public japonais compatible PS Move, et Kinect (dans une moindre mesure).