Et voilà, la next-gen est définitivement installée. Les hostilités furent ouvertes par SONY et leur Playstation 4 le 15 novembre aux USA et au Canada. S'ensuit l'arrivée de la Xbox One de Microsoft le 22 du même mois, puis la réponse de la machine japonaise une semaine après, le 29 en Europe. L'assaut, autant dans le camp américain que nippon n'est pas finit puisqu'il s'agit désormais de se présenter au peuple japonais (22 février 2014 pour la PS4, courant 2014 pour la X1).
Pour se lancer, il faut donc des jeux dit ''vitrine technologique'', ceux qui nous font dire ''waouh, alors c'est ça la next-gen, c'est ça qui vaut 500€?! J'achète!'' Pour la Playstation 1, il y eut Ridge Racer, Battle Arena Toshinden ou encore WipEout et Tekken. Pour la PS2, il y eut le 5ème volet de la saga Ridge Racer, fidèle au poste, en compagnie de Midnight Club et Dynasty Warriors 2. Puis sur PS3, il y eut Resistance : Fall of Man, Motorstorm et (encore?!) un Ridge Racer, la série ayant depuis largement perdu de son aura.
En 2013, suite à quelques couacs et reports de dernières minutes, la Playstation 4 n'a guère le choix que de se reposer intégralement sur Killzone : Shadow Fall pour démontrer au grand public ce qu'elle a dans le ventre. Et c'est justement pour voir ce que vaut le dernier FPS des néerlandais de Guerrilla Games que nous sommes ici !
Bon alors, la PS4, elle décape la tronche, ou pas ?
C'est la question qu'on se pose à peu prêts tous lorsqu'il s'agit de nous en foutre plein les yeux, surtout quand on a affaire à un des piliers du catalogue exclusif d'une machine, censé porter les autres productions du genre vers le haut et dans la délicate situation de dire
''voilà ce dont est capable la console''. C'est donc à cette question que nous allons répondre en premier.
Techniquement, le soft assure donc, mieux que ça, il se permet de nous coller une belle petite pichenette sur le bout de la truffe, et ce, dés les premières minutes de jeu (la fameuse scène qu'on a vu et revu où on débarque dans Vekta City, la ville bardée d'immeubles tout de verre vêtus, avec de sublimes effets de lumière et un panorama grandiose qu'une saga de space opera comme Star Wars ne renierait pas!). La next-gen se traduit par des détails qui ne trompe pas. D'abord les textures, qui bénéficient de la très grosse mémoire vive embarquée par la machine (8 Go de GDDR5 dont environ 6 rien que pour le jeu), et qui est secondée par un 1080p solide. De prêts ou de loin, les détails pleuvent et plus rien ne semble cacher dans l'ombre ou dernière un jeu de couleur bizarroïde parce que les développeurs n'ont pas sut faire une paire de textures propres. La pierre fissurée, le bois, la terre, l'acier rouillé, tout devient tellement plus vivant, moins plat, sans compter les innombrables effets de particules, de poussières, de lumières, les explosions éclatantes de couleurs et les flammes dansantes dans une fluidité exemplaire... Placé le tout dans des environnements beaucoup plus ouverts qu'a l'accoutumé (aidé par un level design intéressant, surtout dans les quartiers pauvres de Vekta City, où se passe l'action quasi intégralement) et une modélisation des personnages et décors très travaillées et vous obtiendrez un véritable jeu next-gen. Bluffant s'il en est, le QG de l'ISA (les ''gentils'' de la série, mais peut-être pas tant que ça en fait, faut y jouer pour comprendre) fourmille de détails et les quelques scènes de fin nous colle au fauteuil tant la destruction massive est de mise. Battlefield 4 a trouvé son interlocuteur à ce niveau.
Seule ombre au tableau, d'un point de vue purement technique, c'est le manque d'interaction directe avec le décors (tirer au fusil à pompe ou au pistolet dans du verre, et les effets seront invariablement les même, n'espérez pas voir une cascade de bris de vitre s’étaler devant vos yeux quand cela n'a pas était prévu par les programmeurs! Idem pour les murs en pierre et autres bidons de produits divers) et une certaine raideur dans le mouvement des PNJ les plus éphémères que l'ont rencontre au cour de l'aventure.
Côté artistique (parce que c'est important, dans un jeu vidéo), Killzone : Shadow Fall surprend et dans le bon sens du terme. En effet, mise à part quelques map qui s'appliquent à mettre de la couleur (on se souvient des magnifiques jardins de Killzone 1er du nom, avec ses multiples cerisiers en fleur, du rose à plus savoir quoi en foutre, déroutant dans un FPS futuriste de la sorte) et certaine touche climatique qui ajoute un petit plus (la neige dans Killzone 3), la saga de FPS de SONY a toujours était très grise et froide. Contrairement à la concurrence qu'est HALO, qui possède une vision de la science-fiction beaucoup plus ''américaine'', plus space-opera, avec des néons de toutes les couleurs, des tirs de laser bleus, verts et rouges, et des aliens au design bariolé, Killzone préfère la dureté de la guerre sombre et graisseuse. Mais ici, tout ou presque change, l'univers créé par les gens de Guerrilla Games garde son identité tout en faisant l'effort d'y ajouter des décors naturels vastes et colorés, à l'instar des grandes étendues de pins à flan de montagne (comme dans les rocheuses du nord des États-Unis) avec comme vision en contre-bas la ville et son feu de lumière orangé ; ou encore ses terrasses accueillantes, au gazon proprement tondu, à la verdure généreuse et aux parquet de bois cuivré situées au cœur des villas des quartiers riches de la capitale de Vekta.
En résumé, Killzone : Shadow Fall est un gros morceau de graphisme, c'est la baffe next-gen qu'on attendait à peu prêts tous.
Tu veux Killzone : Shadow Fall, mais t'as pas joué à Killzone 3 ?
T'es mal barré, vieux...
Okay, alors, Shadow Fall rivalise haut la main avec les cadors du monde PC de 2013 en terme de graphismes. C'est cool, mais quid de l'univers et du reste ? À titre purement personnel, vous savez probablement l’intérêt et la fascination (tout autant que le respect) que j'ai pour le background bâtit par les gens de Bungie pour leur saga HALO. Riche, vaste, intéressante, dépaysante, il a toujours était reconnu que Killzone était un brin en retard dans ce domaine. Aussi, Shadow Fall laisse entrevoir un élargissement de l'horizon scénaristique de la série qui n'est pas négligeable du tout ! Malheureusement, il m'est impossible de vous décrire le speech de base du jeu sans faire du gros spoilage à propos des évènements relatés dans Killzone 3, ceux qui veulent donc se préserver de toutes révélations mal venues sont priés de zapper le paragraphe qui suit !
30 ans ont passés depuis la fin de Killzone 3, les évènements affreux et choquants qui nous ont étaient dévoilés en cette période sont encore présents dans toutes les mémoires, et ont commence seulement à entrevoir les conséquences de l'horreur. Les Vektans (les gentils dont nous parlions plus haut) sont désormais obligés de cohabiter avec les Helghast réfugiés depuis la destruction de leur planète. Vekta City, capitale, est séparée par le Mur, tel l'Allemagne pendant prêts de la moitié du siècle dernier... d'un côté, une société propre sous touts les angles, moderne et civilisée, selon ses gérants. D'un autre, une société sauvage, militarisée et dictatoriale où le peuple se meurt de pauvreté et de maltraitance... Vous êtes Lucas Kellan, soldat valeureux certes mais un poil endoctriné par l'ISA et occupé la fonction de Shadow Marshall. Un Shadow Marshall a la lourde tâche de faire cohabiter les deux camps.
La situation est tendue, les assauts terroristes se multiplient jusqu'à ce que tout devienne incontrôlable. Au programme, soupçon de vengeance personnelle, rencontre avec des personnages revenus d'entre les morts, lutte contre le racisme et sombre affaire de supériorité génétique entre peuple inter-galactique, qui font de Killzone une œuvre sombre et saisissante !
Il est désormais confirmé que l'intrigue repose sur quelque chose de plus complexe qu'un simple antagonisme et qu'en dehors de la guerre éternelle entre l'ISA et les Helghasts, autre chose peut être exploré d'un point de vue scénaristique.
Classique, évolution timide, mais efficace
En règle général, Killzone : Shadow Fall se partage entre envie de modernité et respect du patrimoine de ses aînés. Ainsi, on tombe sur un gameplay solide, classique mais efficace. Si les environnements, d'un point de vue artistique sont plus variés et plus plaisants, il n'empêche que l'aventure garde encore des brins de jeu à couloir un peu trop présent (même si il est possible de se faufiler de temps à autre dans un conduit d'aération pour prendre les soldats ennemis à revers), tandis que le soft propose tantôt de belles grosses séquences d'action suivies de quelques temps morts fort mal venus. La narration est clairement un défaut qui n'a pas était corrigé depuis les début de la série. Ce n'est peut-être pas un problème au point de remettre en cause tout l'attrait ludique du soft de SONY, mais il est dommage de constater qu'après quatre épisodes principaux, la saga n'ai pas encore trouvé la façon de faire optimale pour raconter une histoire qui nous fait tenir de bout en bout devant notre écran.
Autrement, Shadow Fall n'est pas tout à fait un FPS ultra classique. Next-gen oblige, la Dualshock 4 propose moult feature et en tant que bonne vitrine technologique, le jeu tente de proposer tant d'évolution graphique que de jouabilité. Ainsi, on pourra en apprendre un peu plus sur le conflit principal qui anime l'univers Killzone via des messages audios que l'ont peut entendre directement via le micro intégré du pad (comme avec une Wiimote), sympa niveau immersion, d'autant que le doublage en français est honnête. Aussi, étant donné que l'histoire se déroule 30 ans après le dernier opus, on sent l'apport d'une touche supplémentaire de technologie mise à notre service dans le feu de la guerre. À l'image du drone qu'on envoi au front pour qu'il cible et nettoie un peu la zone de vos adversaires. Via le pavé tactile, le drone peut ainsi attaquer, étourdir les ennemis d'une décharge électrique, mais aussi servir de bouclier ou de support pour de la descente en rappel. Il pourra même vous sauver la mise en vous octroyant une dose d'adrénaline dans les veines si vous très grièvement blessé, ce genre de médication de l'extrême étant limitée bien entendu. Si l'IA est en général peu maline (comme toujours donc, en mode de difficulté avancée seule la resistance et les dégâts causés changent), le drone lui n'est pas increvable, et il arrivera régulièrement qu'il soit obligé de se mettre en veille pour recharger ses batteries.
Guerrilla Games essaye sincèrement de varier les sensations et propose des phases de simili-infiltration, des phases de snipe en forêt façon Sniper : Ghost Warrior (mais en mille fois plus beau, l'oscillation des feuillages et la lumière qui traverses l’épaisse frondaison environnante a de quoi impressionner), ou encore des séquence de hacking de toutes sortes d'appareils. C'est un assemblage absolument indispensable pour garantir à l'aventure un dynamismes correct et pour attiser le désir d'aller jusqu'au bout du joueur.
Et que serait un FPS moderne sans l'incontournable pléthore de mode multijoueurs qui l'accompagne. Autrefois véritable calvaire à insérer dans le jeu de base (sur console en tout cas) tant les développeurs n'y voyaient aucun interêt, aujourd'hui, en particulier pour les FPS, absolument indispensable au succès commercial du produit. Ici encore, Killzone Shadow Fall fait dans le classique. Un seul mode se démarque vraiment du reste : Warzone. Très dynamique, voir même nerveux (avec du 60fps constant en cadeau) et qui présente la plus grosse concentration de joueurs, il propose des objectifs sans cesse changeant en temps réel, garantissant une action soutenue et l’impression de ne jamais faire la même chose deux fois de suite. 24 joueurs en simultané maximum, 3 classes, 10 maps, et une tonne de contenu à débloquer / challenges à rafler, avec bien entendu la promesse d'un nombre conséquent de map à ajouter à sa collection de DLC pour très bientôt. Un season pass est mise en place pour offrir encore plus de contenu (comme un mode coop à 4 en arène) à ceux qui consent à un paiement supplémentaire mais des MAJ honnêtes et utiles sont déjà proposées gratuitement pour corriger nombre de bug (surtout en multi) et affiner quelques petites choses d'ordre graphique. De plus, on constate que la personnalisation de nos avatar est opérationnelle, les stats visibles, les serveurs solides, en bref, Killzone : Shadow Fall est fin prêts pour sortir pile au même moment que son support. Et c'est pas plus mal, sans ça, la pauvre PS4 n'aurait réellement rien eu à faire valoir...
En conclusion, Killzone : Shadow Fall joue la carte de la sécurité et se présente comme le porte étendard efficace et serein de la première vague de jeu next-gen exclusifs à la Playstation 4. Subtil mélange de classique et de moderne, il bluff par sa technique incomparable (à tel point qu'il rend déjà difficile le retour sur PS3) même parmi les must PC, impressionne et donne enfin la sensation de voyage aux travers de ses décors bien plus vastes et rassure quand à la tenue de son multi. Malgré tout, il use encore de ficelles bien trop rongées par le temps et le passage de dizaine de concurrents de la génération précédente pour définitivement venir bousculer les plus grands, ceux qui ont réellement et profondément innovés... Ce n'est pas le FPS de l'année, mais cela suffit à faire de ce Killzone la valeur sûre du line-up de lancement de la nouvelle Playstation (pas compliqué en même temps, vu qu'en terme de jeux exclusifs AAA, c'est le désert de Gobi.)
