Cette société est méconnue des joueurs. Pourtant, sans elle, nombre de jeux vidéo n'auraient jamais trouvé leur place sur les linéaires du Vieux Continent.
"Ce n'est pas notre but d'être célèbre chez les gamers", assure Klemens Kundratitz (haut diplômé de direction marketing, une très grande pointure du métier en somme). Le PDG de Koch Media savoure le succès de son entreprise, qui fête cet été ses vingt ans. Fort de ses 300 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et d'un total de 310 employés (la société n'a pas licencié une seule personne depuis 2008 !), la société, basée à Munich, est aujourd'hui le premier distributeur de jeux vidéo en Europe.
"Nous avons bâti au fil des années des relations de confiance avec des acteurs majeurs du secteur, comme SEGA ou Square-Enix. Ils sont rassurés de travailler avec une société indépendante qui n'a jamais connu de difficultés financières."
Koch Media s'occupe de la commercialisation et de la promotion en Europe de grands blockbusters conçus ailleurs dans le monde, comme Tomb Raider (Canada) ou Final Fantasy XIII (Japon). Mais la société prend également en compte les spécificités de chaque pays pour y importer des jeux destinés à des publics plus restreints de passionnés.
"En Allemagne, il y a un intérêt pour les jeux de stratégie et d'aventure. Les Italiens adorent les jeux de course. La France est elle très sensible aux productions japonaises et à la culture manga", détaille Klemens Kundratitz.
"Ces caractéristiques locales rebutent généralement les autres distributeurs, qui ne veulent pas prendre le risque financier de sortir un jeu pour un seul pays." Koch Media, lui, préfère travailler ces marchés de niche locaux, réduits mais fidèles. Ce grand écart entre titres vendus à quelques milliers d'exemplaires et blockbusters
"est nécessaire pour garder un chiffre d'affaires stable. Entre chaque Tomb Raider, il peut se passer trois à cinq ans!", souligne l'homme.
Outre son activité de distribution, Koch Media édite ses propres productions sous le label Deep Silver. Tourné à l'origine vers le marché allemand, Deep Silver a soudainement pris une ampleur mondiale avec le jeu d'action Dead Island. La bande-annonce du titre, sorti en 2011, avait fait sensation sur Internet, donnant au jeu une publicité internationale.
"Dead Island a prouvé que nous pouvions passer à la vitesse supérieure." Mis en confiance, Koch Media entreprend en 2013 le rachat pour près de 30 millions de dollars de studios appartenant à un éditeur américain en faillite, THQ. L'allemand fait notamment main basse sur une licence très appréciée des joueurs, Saints Row en acquérant Volition, puis Metro pour les sommes respectives de 22.312.925 et 5.877.551 $.
"Nous voulions démontrer que nous pouvions aller au-delà d'un seul succès, et bâtir notre portefeuille de jeux maison", indique le PDG.
Récemment, c'est la licence de FPS Homefront (racheté en 2013 par Crytek à THQ puis aussitôt céder à l'autre groupe allemand) qui vient d’atterrir dans leur escarcelle.
Présente sur consoles et PC, la société souhaite désormais s'attaquer au marché du jeu mobile en ciblant les joueurs passionnés, prêts à investir une dizaine d'heures sur un titre. Koch Media a fait l'acquisition en décembre 2013 du studio spécialisé FishLabs.
"Nos licences peuvent être déclinées sur mobile ou sur tablette. Nous débutons avec l'adaptation sur iOS de Secret Files Tunguska, notre jeu d'aventure-réflexion." Une nouvelle aventure que Klemens Kundratitz aborde avec confiance.
"Nous avons vingt ans, mais ce n'est que le début de notre histoire."