Le titre a fini à 1.668 yens, 209 yens de moins que la veille avant l'avertissement lancé par SONY sur ses résultats annuels. (environ 11% de baisse)
En cause, les méventes de produits électroniques vedettes, TV en tête.
Malgré des taux de change on ne peut plus favorables pour cette multinationale qui encaisse 80% de ses revenus à l'étranger, SONY a fini dans le rouge la première moitié de l'année comptable d'avril 2013 à mars 2014.
Du coup, tombent à l'eau les ambitions affichées en août dernier. Le groupe a ramené à 30 milliards de yens (230 millions d'euros) contre 50 milliards son estimation de bénéfice net annuel.
Au lieu de 15 millions de téléviseurs, il n'en vendra probablement que 14. Le nombre de PC écoulés dans l'année a été abaissé à 5.8 millions au lieu de 6,2, le total d'appareils photo à 12 millions au lieu de 12,5 et les caméscopes à 2,3 millions plutôt que 2.5.
De même s'attend-il à vendre moins de capteurs d'images qu'il ne l'espérait.
Bref, les perspectives ne sont pas bonnes, au grand dam du patron, Kazuo Hirai, qui s'est donné pour mission de remettre le géant d'aplomb.
La seule excellente nouvelle pour SONY concerne les bons résultats de sa gamme de smartphones Xperia dont il espère livrer 42 millions d'exemplaires durant l'exercice actuel contre 33 millions vendus au cours du précédent. Certains placent aussi quelques espoirs dans le lancement prochain de la console de jeu vidéo de salon PlayStation 4 (PS4).
Reste que cela ne suffira pas.
Le chiffre d'affaires annuel ne devrait pas dépasser 7.700 milliards de yens (200 de moins qu'espéré précédemment).
Cela représentera certes une augmentation de 13,1% sur un an, mais Sony était censé pouvoir faire mieux.
Les avis des analystes sont quasi unanimes:
"des changements plus draconiens pour réorganiser sa gamme de produits et réduire ses coûts pourraient être indispensables".
Et pourtant, cela fait des années déjà que l'inventeur du Walkman s'escrime à repenser son éventail d'activités, à modifier son mode de fonctionnement, à davantage sous-traiter, à liquider des usines, à tailler dans les effectifs.
Las, même s'il a vendu des actifs à tour de bras ces derniers mois, il n'est pas parvenu à soigner le mal qui le ronge: une incapacité à suivre la fuite en avant concurrentielle imposée par des rivaux comme les sud-coréens Samsung ou LG Electronics.
"Il est difficile dans ce contexte d'améliorer les bénéfices sur les produits électroniques", souligne l'analyste de Kazaka Shoken, Yoshihiko Tanabe, sur un site d'informations économiques du groupe Nikkei.
A l'instar d'autres commentateurs, il estime que la clef de la sortie de crise de SONY se trouve sans doute dans la diversification vers des domaines moins soumis à rude compétition, comme les technologies électroniques pour la médecine, une voie sur laquelle s'est effectivement engagé SONY en devenant le premier actionnaire de son compatriote Olympus, numéro un mondial des endoscopes.
Les mauvaises perspectives avouées par SONY jeudi risquent en outre d'apporter de l'eau au moulin de Daniel Loeb, dirigeant du fonds d'investissement américain Third Point, un de ses plus gros actionnaires. L'homme, frondeur, réclame à cor et à cri depuis des mois une mise en Bourse partielle de Sony Entertainment, sa division de contenus audiovisuels et médias, pas en très grande forme au premier semestre.
"Nous sommes convaincus que la transaction proposée permettra de renforcer Sony dans son ensemble en augmentant plutôt que diminuant la capacité du groupe à exploiter des synergies significatives entre les contenus et les appareils électroniques", arguait M. Loeb dans un courrier adressé à M. Hirai au printemps dernier.
Pour le moment, le conseil d'administration de SONY a poliment retoqué cette proposition, mais sa position est fragilisée par les récentes mauvaises performances de films comme White House Down, d'autant plus visibles qu'elles contrastent avec les exploits l'année précédente de The Amazing Spider-Man.