En prenant une machine à remonter le temps estampillée Capsule Corp, ou plus simplement en utilisant l’historique du site, on peut revenir huit mois en arrière, peu de temps avant la conférence Microsoft (dernier endroit où l’on pouvait imaginer l’annonce du jeu). Un leak tombe :
Bandai Namco serait en train de préparer une nouvelle adaptation de DBZ en collaboration avec
Arc System Works. Même si ces derniers avaient déjà œuvré sur un épisode 3DS, c’était trop beau pour être vrai. D’ailleurs, au premier visuel en fuite, certains n’y ont pas cru, préférant miser sur un énième bullshit marketing en terme de rendu. Comme si tous les espoirs n’avaient pas lieu d’être pour les vieux trentenaires qui ont poncé des masses de DBZ en versus 2D, des marquants
Butoden et
Hyper Dimension au tout-pourri
Ultimate Battle 22. Visiblement, le monde n’était psychologiquement pas préparé à ce qu’un jeu de baston à l’ancienne vienne voler une partie de l’E3.
C’est peut-être toute l’ironie qui ressort de cette production. Les jeux de baston sont actuellement en recul et on ne peut décemment dire que
Arc System Works attire foule ici-bas. Mais comme c’est DBZ, ce n’est pas exactement pareil car on ne peut cacher la part de fanboyisme qui sommeille en chacun de nous, et ce pour de nombreuses licences. Avouez, vous irez quand même voir Star Wars IX au ciné, même après vous être retrouvés entre potes à la sortie de VIII, sous la pluie et dans un silence malaisant à se demander ce qui a bien pu se passer. Dragon Ball, on en bouffe depuis 30 ans, se remémorant x souvenirs en pyjama devant le Club Do, se demandant encore aujourd’hui comment on a pu apprécier DBGT, et arrivant à avoir une petite pincée au coeur lorsqu’on entrevoit une potentielle fin de Super alors que c’est le trois-quart du temps moche à se crever les yeux et que chaque arc ressemble à un pauvre OAV en plus long.
Car
Dragon Ball FighterZ est juste un rêve éveillé. Celui qui aurait pu nous causer un trou noir cervical si on nous l’avait posé devant les yeux étant gosse. C’est foutreusement beau, et d’une fidélité absolue envers l’œuvre de Toriyama, montrant qu’il y a de l’amour derrière ce titre qui joue sans cesse la carte de la nostalgie jusque dans le moindre détails, des poses au style de chaque personnage jusqu’aux fameuses séquences cachées. Jamais un jeu DBZ n’a été aussi claquant visuellement et il sera même difficile de faire beaucoup mieux, ou du moins en terme de modélisation vu qu’on peut encore titiller sur le rend des décors indéniablement fidèles là encore mais néanmoins assez simplistes, avec heureusement le coté destructible à défaut d’en offrir de la vie (oui, j’aurais bien voulu voir par exemple Satan courir dans le fond de la planète des dieux).
Plus encore que sa beauté, le dernier
Bandai Namco sait également y faire dans sa mise en scène, jouant du gros plan à chaque attaque et à des Finish de destruction qui font toujours leur effet, jusqu’au démarrage de chaque joute. On pourra néanmoins reprocher quelques libertés dans la traduction fr, sans jamais tomber sur les blasphémes de
Super Butoden 2 (« Comme tu es fort, je suis jaloux »), ou encore ce choix pousse-au-crime de refiler les musiques de l’anime en DLC payant. Même ceux qui ont craqué pour l’
Ultimate Edition devront en plus patienter jusqu’au 1er mars pour en bénéficier, nous laissant en attendant jouer la carte du .mp3 pour s’abreuver de thèmes marquants, voir de ceux de l’époque Snes qui, plagiat ou pas, continuent de nous toucher au coeur.
C’est bien beau tout ça #jeudemotpourri, mais encore faudrait-il que ce soit bon et à ce sujet,
Arc System Works est parvenu à être suffisamment fin dans son approche pour permettre accessibilité et profondeur. N’importe quel noob sachant à peine manier du pad peut sortir des combos de folies en martelant l’un des deux boutons de base, et même pour les manipulations les plus « solides », on ne va jamais au-delà d’un arc de cercle avant ou arrière. Le reste est une question de timing, et c’est là qu’on voit la différence entre ceux qui débutent et ceux qui ont déjà commencé à maîtriser depuis les différentes bêta. Au coeur des lobby tout jolis visuellement se cachent des démons du pad prêts à déchaîner le chaos sur votre pauvre tronche car si le succès du jeu permet d’avoir une bonne masse de newbies qui aiment marteler du bouton au pif, le matchmaking a le don d’être vicieux pour tempérer les ardeurs de chacun. Preuve en est de ma pomme qui à l’arrivée (et après avoir néanmoins touché de la bêta) a voulu tenter une première joute en spécifiant bien vouloir un opposant de mon level. Et là débarque un mec qui avait déjà fait 60 matchs dont 45 victoires. Ah.
Mais c’est par l’échec que l’on apprend tant les premiers KO sont finalement un bon accompagnement à l’entraînement vu que le mode en question est très incomplet pour le moment, et incapable de nous aider à percer les plus grandes finesses du système. Donc on apprend sur le tas, on découvre petit à petit les petites mécaniques (téléportations, orbe-regen…) et le fait que chaque personnage a ses propres spécificités, entre spécialiste du contact, de la distance, de la choppe, jusqu’à se rendre compte que l’équilibre est bien là, sur lequel tout le monde ne mise pas encore vu qu’on retrouve souvent les mêmes teams en ligne, à quelques variables près. Même les pauvres mecs toujours mis en retrait dans le casting trouvent maintenant de l’intérêt, dont Yamcha qui est l’un des meilleurs compromis pour un débutant. Petit à petit, on forme sa team en prenant en compte les possibilités des starters pour pouvoir mieux maîtriser enchaînements, attaque strike pour sortir derrière la grosse salve, et tout simplement dégommage de la jauge de PV.

Certains pourront éventuellement se montrer un peu gêné par le trop plein d’effets visuels et d’explosions qui peuvent nuire à la visibilité (si pas habitué) et on se demande encore à ce sujet pourquoi il n’est pas possible de tenter du 1V1. Certes, une partie du système de combat est fondé sur les changements et strikers mais rien n’empêchait de proposer un mode à part pour ceux qui voulaient retrouver une expérience d’époque (avec du coup une option pour booster les PV), ne serait-ce que pour s’habituer tranquillement aux différentes possibilités de chaque personnage. Tant pis, mais si vous voulez vous offrir un apprentissage poussé sans forcément s’attaquer aux acharnés online, vous avez toujours le fameux mode Histoire, largement mis en avant durant la communication. Sauf que…
Sauf que c’est très moyen. Voilà on ne va pas tourner autour du pot.
Arc System aura au moins eu l’honneur de proposer une histoire inédite, encore qu’on n’aurait pas refusé un deuxième mode Story qui retracerait pour le plaisir l’histoire d’origine, surtout vu la qualité des scènes proposées. Car les problèmes ici sont multiples, du scénario lui-même qui ne vole pas haut, au méchant (la fameuse C-21) qui est finalement assez banale dans sa psychologie. La progression est découpée en trois arcs, eux-mêmes en une masse de chapitres pour une expérience globale atrocement longue et où l’on s’ennuie constamment devant une difficulté proche du néant, pouvant traverser des tableaux en se contentant de marteler un unique bouton tout en faisant autre chose à coté. Quelques pics de challenge parfois mais rien qui ne peut nous sauver des bras de Morphée, si ce n’est quelques scénettes rigolotes. Pestons d’ailleurs sur le fait que le mode Difficile se débloque après avoir fini tout cela, mais rien ne pourra nous motiver à y retourner une deuxième fois. Et la carotte de débloquer C-21 en personnage jouable n’est visiblement pas un argument de poids pour la communauté : un coup d’œil du coté des trophées PS4 montre que moins d’une personne sur dix a terminé le scénario.

Heureusement, pour ceux qui veulent du bon gros challenge même en solo, il y a le mode Arcade qui pour le coup est lui vraiment réussi. Découpé en trois sous-modes (chacun pour x nombres d’opposants), ce dernier propose un vrai défi et une motivation à bien jouer puisqu’en fonction de vos classements (S, A, B, etc), l’adversaire suivant change, et le but est de multiplier les récompenses S ou A pour atteindre le haut du pallier. Ce mode propose également une version Difficile qui risque chez certains de détruire des manettes mais au moins, ça change de ce qu’on a traversé dans l’Histoire. Dommage en revanche, et pour une raison qui nous échappe totalement vu le style du jeu, qu’il n’y a aucun mode survie (ça sent l’arrivée prochaine en MAJ). A la place, un classique mode Tournoi qui fonctionne toujours en local (possibilité de mettre des IA d’ailleurs) mais qui là encore nous surprend pas l’incompatibilité avec le online. Encore une MAJ à prévoir.
Pour le reste, on retrouve ce qu’il faut entre matchs classés, matchs amicaux, divers lobby, un mode spectateur, plein de défis pour gratter des médailles ou encore des classements en ligne, l’un pour ceux qui jouent le plus (nombre de PB), l’autre pour ceux qui savent jouer (taux de victoire sur le mois), même si les deux ne sont évidemment pas incompatibles. Malgré quelques problèmes de déconnexion encore persistants, en partie avec du rage-quit mais pas que, la plus grosse aberration à corriger au plus vite est l’impossibilité d’inviter un joueur en ligne pour un match. Il existe quelques solutions détournées (se rejoindre dans le même lobby et lancer un match à deux, bien que ça ne marche pas toujours) mais on se demande quand même comment le développeur a pu oublier une telle option, ou au moins permettre la création de lobby privés avec mot de passe pour rester entre potes sans avoir forcément besoin d’être sur le même canapé.

En conclusion :
L’expression a été usée jusqu’à la moelle mais oui, Dragon Ball FighterZ est bien l’adaptation dont les vieux routards ont toujours rêvé, contrairement aux jeunots qui ne savent même pas que Goku fut un jour petit et qui préfèrent s’abreuver de Xenoverse (néanmoins très cool lui aussi, dans son style). C’est incroyablement beau, c’est fidèle jusqu’au bout des ongles, c’est accessible mais en même temps profond, et le casting reste de qualité car même si on pourra toujours rechigner sur telle ou telle absence, applaudissions Arc System pour avoir enfin rendu honneur à Krilin, Ten Shin Han et Yamcha, bien trop souvent oublié par la course à la puissance des saiyans.
Mais malgré ce magnifique tableau, difficile d’oublier quelques défauts assez percutants, comme le mode Histoire vraiment pas terrible et inutilement long, et ce besoin absolu de corriger aux plus vites de nombreuses choses via MAJ : un vrai système d’invitation, un mode entraînement plus complet, un mode Survie qui n’est jamais de trop encore la possibilité de se lancer dans des tournois en ligne. Avec au moins un an de suivi, grâce au Season Pass notamment, on croise les doigts pour que tout cela arrive prochainement.
