Conditions :
Avis effectué à partir d’une version Xbox One, heureusement sur Xbox Series X.
On va finir par croire que chaque année se doit d’avoir obligatoirement une belle shitstorm pour les fêtes. Sorte de coutume malgré nous. Souvenez-vous de
Star Wars Battlefront II en 2017, de
Fallout 76 en 2018 et de
Shenmue III en 2019 (même si l’on a eu tendance à un peu plus pardonner ce dernier vu le budget). Mais en même temps, comment aurait-il pu en être autrement en 2020, année qui ne laisse absolument rien passer et qui souhaite impérativement nous pourrir l’existence jusqu’à la toute dernière minute du calendrier. Il fallait s’y attendre, point, mais absolument personne n’aurait pu parier un seul instant que le mauvais élu serait
Cyberpunk 2077, pourtant l’un des prétendants signés d’avance au statut de GOTY.
J’aurais pu vous expliquer pourquoi j’en suis venu à faire un simple papier « avis » au lieu d’un vrai test mais ceux qui suivent un minimum l’actualité sont parfaitement au courant de la situation qui frappe le nouveau
CD Projekt Red. Je n’en suis pas non plus au point d’avoir voulu tester le concerné sur des modèles 2013 de PlayStation 4 et de Xbox One et vu les retours de spécialistes comme
Digital Foundry, sur Xbox Series X, je suis apparemment dans la catégorie la mieux lotie pour ce qui est du monde des consoles. Et pourtant…

Parce que moi j’y ai cru, et j’étais motivé. Mais sans même parler des bugs visuels en surnombre et des détails auxquels on s’habitue un peu par dépit (les sticks qui partent parfois en couille après une téléportation, le zoom qui reste actif quand on sort d’un véhicule, l’impossibilité de se relever quand on est en plein dialogue…), il y a les vrais problèmes, ceux qui te bloquent temporairement dans ta progression, ceux qui font crasher le jeu plusieurs fois d’affilée, et ceux qui niquent une ambiance à des instants clés. A un moment, au bout d’environ 25h de jeu quand même, j’en suis à la croisée des chemins, à décider si un test vaut le coup. Mais je force le temps d’une dernière session qui fut en fait le coup de grâce : 5 crashs de suite pour lancer une mission qui se déroule sans trop d’accrocs, qui enchaîne avec un dialogue important mais avec disparition du son (merci les sous-titres) puis l’appel de mon véhicule neuf qui arrive en totale épave sans la moindre explication, me laissant faire 500m avant de se bloquer entre deux buissons, avec impossibilité de bouger et même d’en sortir. J’ai compris : ça suffit.
Donc le test attendra. Un jour, quelque part en 2021 j’ose imaginer et tout simplement en même temps que le future upgrade Next Gen si tout se passe bien, non sans un second run pour l’occasion. Car ça restera ça le plus frustrant dans toute cette histoire.
Fallout 76 était complètement cassé à son lancement, mais il était également foutreusement mauvais, quand bien même les choses se sont un peu arrangées depuis 2 ans. Mais
Cyberpunk 2077 est excellent, et c’est juste triste de ne pouvoir en apprécier l’essence dans l’état souhaité tant j’ai pris un pied peu commun à y jouer jusqu’à souvent tard et être impatient de le rallumer le lendemain. Pas parfait non plus, ou tout du moins ça dépendra un peu de votre façon de voir les choses car contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, il n’a pas un aspect RPG aussi poussé que ce qu’on nous avait promis.
On y reviendra finalement en temps voulu mais on pourrait citer rapidement un choix de notre « Origin Story » finalement sans grande conséquence sur le reste du jeu hormis quelques lignes supplémentaires de dialogues selon la situation, ou encore une certaine linéarité non pas dans la progression mais dans la façon dont évolue le scénario. Il y a quelques courbes mais que ce soit le fil rouge ou tout simplement V, on sent qu’il y a une base à laquelle il faudra tenir. En même temps, on parle de
CDPR, ceux qui sortent d’une série avec un héros unique. On pourrait également évoquer le fait que malgré (dans les très grandes lignes) trois branches dans les possibilités d’évolution de notre personnage, c’est à dire puissance/infiltration/hack, 80 % des joueurs se tourneront vers le premier choix qui n’empêchera pas une certaine variété entre toutes les armes à feu, le corps-à-corps dont le sacro-saint katana over-cheat, le matos explosif… Mais l’infiltration ne fonctionne pas pour le moment car l’IA est claqué au sol et que c’est difficile de miser sur les armes silencieuses dans un jeu soumis aux PV alliés. Quant au hack, ça donne un peu de profondeur, y a des trucs intéressants qui se débloquent en avançant mais ce n’est pas le plus fun. Je regarderais néanmoins cela de plus près dans un second run.
Ironie tout de même de constater un manque de travail sur certains points RPG-esque quand à coté, le jeu semble en faire trop là où l’on ne lui avait rien demandé, genre le fait que notre personnage peut être équipé de la tête au pied par une tétrachié de fringues alors qu’on ne le verra jamais autrement que dans son véhicule, dans le menu, ou dans le miroir quand le jeu ne bug pas pour le faire apparaître à poil, sans rien entre les jambes alors que j’avais naturellement opté pour le gros sexe histoire de pousser la ressemblance jusqu’au bout. Et impossible de laisser ça de coté puisque chaque élément « d’armure » a ses points de défense et d’ailleurs sans grande logique car il faudra m’expliquer comment un bandana ou une paire de lunettes de soleil peuvent refourguer +20 en armure.

Et pourtant c’est prenant et quand rien ne vient foutre la merde, on bouffe cette expérience durant des heures car on a cette augmentation en puissance, on a des armes qui ont de la patate, on a envie de fouiner et d’en découvrir toujours plus sur Night City et les alentours et surtout bordel, on est devant une nouvelle leçon en terme de mise en scène, le point sur lequel on attendait le plus CDPR et où tel un Johnny Silverhand, ça semble faire un gros doigt à cette concurrence qui paraît plus statique que jamais avec ses dialogues parfois bien chiants à suivre où les persos sont quasiment immobiles. Oui, je parle aussi de toi
Deus Ex, le dernier en date, qui profite tranquillement du drame actuel pour tenter une petite promotion sur certains stores.
Car dans
Cyberpunk 2077, les personnages sont vivants, puent le charisme, évitent de tomber dans la caricature hormis celle voulue par ce futur que l’on imaginait il y a quelques dizaines d’années. On ne se souvient même pas de mémoire avoir vu un tel travail sur un jeu à la première personne et les comparatifs auront lieu avec les prochains prétendants, c’est certain, comme ce fut le cas pendant des années avec
The Witcher 3 (et ça l’est toujours d’ailleurs). C’est remarquable et c’est toujours aussi satisfaisant de voir que la narration se retrouve aussi dans les annexes, bien entendu en mettant de coté les « nettoyages » que l’on fait sur le chemin en garant à bagnole avant de repartir vers l’objectif, mais bien tout le reste, parfois avec de l’humour, parfois avec du sérieux, mais souvent avec de l’originalité. Même une simple mission consistant à aller récupérer une poignée de taxis « égarés » arrive à nous raconter quelque chose. C’est beau. C’est parfois trop (on est assené de SMS et appels), mais ça fait toujours plaisir de voir ces efforts de narration même à notre époque où certains continuent de s’enliser dans le minimum en mode osef, tant que ça se vend.

Voilà. C’est pour ça que ça fait si mal de voir autant d’ambitions et de qualités guillotinées sur l’autel de la course au pognon et de l’envie pour CDPR comme les actionnaires d’user d’employés et de temps pour tenter de faire tourner un tel produit sur des modèles désuets au lieu de peaufiner pendant des mois le PC et la Next Gen. Actionnaires qui doivent aujourd’hui pleurer des larmes de sang en voyant la valeur boursière de l’entreprise en chute de 41 % depuis le début du mois. Mais on sait que les bugs seront corrigés, que le jeu va gagner en rendu technique, que la MAJ Next Gen va apporter énormément et que CDPR n’en restera probablement pas là en s’attardant sur le chemin sur d’autres détails du game-design pour enfin nous livrer la copie rêvée. Mais ce n’est pas pour tout de suite et c’est donc à chacun d’acheter néanmoins le jeu en connaissance de cause (donc PC, PS5, SX, et surtout pas ailleurs) mais qu’un test n’a pour le moment aucune valeur quand un patch déboule tous les 5 jours.
Et puis…
Y a t-il encore besoin de tester la version console d’un jeu qui, provisoirement, n’existe plus, effacée du PlayStation Store et actuellement en survie coté Xbox ?