Contrairement au récent
Everybody’s Golf dont l’unique honneur est d’être un peu seul dans sa catégorie, il y avait une bonne raison d’attendre
Blood & Truth : c’est signé
Sony London, les mêmes qui nous ont pondu la démo technique
London Heist, donc celle qui a le plus retenu l’attention dans la compilation
PlayStation VR Worlds datant de fin 2016. Déjà à l’époque, on avait tout ce que l’on devait attendre de la réalité virtuelle, à savoir une belle immersion, des graphismes plutôt soignés, une bonne variété des situations, et surtout un jeu d’interaction parfois très accessoire mais qui fonctionnait incroyablement bien. Le seul problème, c’est que ça ne durait que 15 minutes donc il y avait de quoi l’avoir mauvaise, et c’est bien entendu pour cela qu’on attendait avec vive impatience la « version complète ».
Et… c’est une réussite. Il y a même matière à résumer très simplement les choses : c’est exactement ce que l’on voulait, et le titre efface de fait la plupart des déceptions du domaine FPS sur le PSVR, du
Farpoint trop répétitif au
Bravo Team trop moisi en passant par du
Doom VFR trop fainéant et du
Arizona Sunshine trop banal.
Blood & Truth, c’est juste trop cool et on a vraiment l’impression que
Sony London a pris un plaisir fou à concevoir ce jeu qui sent vraiment l’amour de la VR, avec ce que
Everybody’s Golf fut incapable d’offrir : des tas d’interactions amusantes, et tant pis si c’est banal. Dès la scène qui suit l’introduction, on se retrouve dans une voiture coté passager, et on ne peut pas résister à changer la radio, toucher à la clim, au rétro (ne faîtes pas ça dans la réalité)… Oui, ça ne sert à rien, mais c’est plaisant et c’est ça qu’on veut aujourd’hui quand on touche à la réalité virtuelle, surtout avec deux PS Moves entre nos mains (on peut aussi y jouer à la Dual Shock 4 mais vous bousillerez l’intérêt).
Donc
Blood & Truth est un FPS très 80s dans l’esprit narratif, par un scénario qui ne vole donc pas très haut mais ce n’est pas ce qu’on lui demande vu l’ambiance : vous êtes une sorte de mercenaire sans que ce statut ne résume vraiment votre situation puisque vous faîtes surtout partie d’une famille très business/mafia, d’ailleurs très vite confrontée à la concurrence quand votre père va rejoindre le cimetière après une attaque cardiaque. Presque pris à la rigolade au départ, la confrontation va rapidement prendre une ampleur inattendue et tel un John MacLane, vous allez comprendre qu’il va falloir distribuer des bastos par cargaison pour bien faire comprendre qu’on ne rigole pas avec votre clan. Et la comparaison n’est pas innocente tant on sent les hommages, entre conduits d’aération, course-poursuite, immeuble et même une certaine séquence dans un aéroport. La routine.
La grande force réside donc bien ici dans la variété des situations et même si une bonne partie du jeu consiste à shooter à peu près tout ce qui se présente face à nous, le jeu ne manque pas d’offrir quelques surprises, allant jusqu’à des séquences de grimpette plutôt bien foutues, du crochetage plaisant (c’est rare qu’on le dise) et des passages sur rail forcément blindés de scripts et d’explosions. Seule ombre : l’impression que les développeurs n’ont pas été jusqu’au bout, ou du moins autant qu’on l’aurait souhaité. On pensera notamment à ces nombreuses séquences de dialogues où l’on ne fait rien d’autre que regarder des expressions faciales certes de qualité (alors que
London Heist mettait des trucs à disposition pour qu’on fasse mumuse, genre fumer un cigare) et l’absence de mini-jeux. Il y a par exemple une certaine frustration de voir notre frère jouer aux fléchettes dans le fond pendant qu’on vous cause, sans pouvoir ensuite vous y essayer. Drôle de priorité dans le sens du détail et des interactions quand à coté, on nous donne l’occasion de marquer des paniers en balançant des boulettes de papier dans une poubelle, ou de faire tourner notre gun tel un cow-boy.
On revient du coté de l’action pour indiquer que ceux qui ont touché à
London Heist ne seront pas dépaysés, notamment par le système de rechargement « réaliste », une profusion de munitions au point qu’il faudra vraiment faire n’importe quoi pour vous retrouver à sec (on a même un bullet-time pour les urgences) et des déplacements en semi-téléportations vers des emplacements dédiés (et ça ne dérange que rarement). Vous pouvez porter deux guns, et un dans chaque main si souhaité, ainsi que deux armes lourdes à raison d’une derrière chaque épaule : fusil à pompe, mitrailleuse légère et lourde, lance-grenades… Sous réserve d’avoir fait de la place dans votre pièce, le gameplay est très accessible sans rendre le jeu facile (du moins dès le mode normal) tant les headshots sont plus compliqués à aligner sans un point magique ou un auto-lock, et que les ennemis n’ont eux aucun problème à vous trouer. Notez tout de même que vous pourrez améliorer votre arme en y plaçant sans restriction viseur et silencieux, la seule carotte étant une visée laser qui rend forcément les choses beaucoup plus simples mais il faudra pour cela avoir débloqué la majeure partie des « étoiles » (en trouvant des objets/cibles cachés et en faisant de bons scores à chaque mission).
Bref, j’ose dire que j’ai pris un véritable pied dans ce jeu qui se place directement parmi les meilleures expériences du casque de
Sony, et ce malgré quelques défauts notables. Certains sont dû au hardware (pendant la visée, il peut y avoir de gros tremblements lorsque les lumières des moves s’entrecroisent), d’autres à ce que l’on pourrait appeler le trop plein de possibilités (on s’emmêle parfois les pinceaux du genre chopper un chargeur alors qu’on voulait juste changer l’arme de main) et enfin… il y a la durée de vie. Les 15 minutes de la démo technique sont heureusement loin derrière nous et si les 6 heures nécessaires pour terminer l’aventure sont plutôt correctes pour un jeu VR (en comptant les échecs), il est dommage que les développeurs n’aient pas poussé un peu la replay-value. On peut débloquer des étoiles pour avoir le viseur ultime, tenter le mode difficile et faire cinq séquences de tirs sur cible, et c’est un peu tout. Heureusement, le titre bénéficiera d’un minimum de suivi via des MAJ apparemment gratuites, incluant de nouveaux modes défis, du New Game + et des classements en ligne. On prend.