2013, c’est encore suffisamment proche de nous pour que l’on se souvienne de la claque incarnée par le reboot de
Tomb Raider, offrant enfin un grand renouveau pour une héroïne capable par le passé du meilleur comme du pire, parvenant soudainement à titiller les Dogs tant il y avait matière à débat sur quel était le meilleur entre ce nouveau départ et la saga
Uncharted. Cinq ans après, il n’y a plus du débat.
Uncharted a continué d’exploiter à merveille sa formule sans chercher à trop regarder ce qui se faisait à coté, tandis que Lara Croft s’est doucement enliser dans des aspects qui ont tendance à vieillir assez vite dès qu’on en abuse. Et il y a eu abus. Après un
Rise of the Tomb Raider qui n’était qu’une copie, voici
Shadow of the Tomb Raider, le final de cette trilogie préquelle qui est surtout la copie d’une copie.
Pourtant,
Square Enix n’a eu de cesse de nous faire de belles promesses de changement. Et on avait raison d’y croire un minimum avec un nouveau développeur sur le chantier (
Eidos Montréal en l’occurrence) mais passé les crédits de fin, difficile de prendre ce nouvel épisode comme autre chose que celui qui est avant tout là pour terminer ce qui a été commencé, sans chercher à aller plus loin. N’y cherchez aucune révolution quel que soit l’aspect :
Rise of the Tomb Raider reprenait tout ce qui avait été fait dans
Tomb Raider 2013, en ajoutant quelques features de gameplay sur le chemin, et
Shadow of the Tomb Raider fait exactement la même chose. Le grappin, le double-piolet, le craft au feu de camp, la vue magique pour faire apparaître les éléments d’importance, oh une QTE parce que je me suis mal rattrapé, la chasse… Tout pareil.
Et l’ajout ? Une mise en avant des phases sous l’eau, pas désagréables d’ailleurs, même si on arrive en un seul jeu à nous balancer plusieurs fois le faux suspense « Lara manque d’air : va t-elle arriver à remonter à la surface à temps ??? ». D’ailleurs globalement, la mise en scène tourne sur ce genre de pseudo-tragédie d’un bout à l’autre, alors qu’on s’est tapé la même chose il y a trois et cinq ans. Qui peut se demander quelles seront les aboutissements d’une apparente inéluctable fin du monde quand on parle d’une préquelle ? Bref, ça continue de nous faire du Uncharted sans en avoir la prestance ni le talent dans la conception et l’attachement envers les personnages. Car sorti de Lara elle-même, ne cachons pas qu’on se contrefout totalement du destin de ceux qu’on va rencontrer sur la route. Même Jonah ouais.
Le principal problème aujourd’hui avec
Tomb Raider, c’est peut-être ses problèmes de rythme. Encore une fois, si en 2013, on semblait avoir affaire à une véritable évolution, une demi-décennie plus tard, on appelle ça de la redite quand d’autres cherchent maintenant à voir au-delà de l’esbroufe. Et de ce terme, on entend les tonnes et tonnes de choses à ramasser. Documents, petits coffres, fresque, trucs à dégommer… Des brouettes d’éléments qui aujourd’hui nous passe par dessus la tête et qu’on aurait envie d’esquiver, mais on ne peut pas. Car si vous relevez la difficulté, le fedex devient une nécessité pour débloquer les compétences permettant d’avoir ses chances dans certains passages pouvant être assez costauds. Et si vous jouez en facile, c’est l’intérêt qui en prend un coup. Et de toute façon, même dans ce dernier cas, vous devrez quand même vous taper des trucs inutiles pour au moins avoir suffisamment d’argent afin de débloquer quelques accessoires essentiels.
Les quêtes annexes étant pour la plupart inintéressantes, le meilleur revient (comme en 2013 et 2015) aux fameux tombeaux, qui eux restent pour le coup des passages qu’on ne refuse jamais, toujours porté vers de petites énigmes jamais bouleversantes même si certaines restent susceptibles de vous faire réfléchir un minimum. Avec tout cela, on pourrait donc penser à un bilan identique à
Rise of the Tomb Raider mais heureusement, ce troisième épisode reste bien meilleur pour plusieurs raisons, à commencer par sa direction artistique. Ceux qui ont eu un début d’angoisse en débarquant il y a trois ans dans un camp militaire russe après moins d’une heure de jeu peuvent retrouver le sourire :
Shadow of the Tomb Raider fait presque office de retour aux sources dans ses décors.
De la jungle, des ruines, des souterrains… C’est ça qui fait
Tomb Raider et c’est sur ce point que l’on peut vanter les mérites d’
Eidos Montréal pour avoir su rendre l’ambiance que l’on souhaitait, jouant très souvent sur de magnifiques panoramas qui fait toute la différence avec le précédent épisode. On aurait d’ailleurs préféré plus de séquences du genre et moins de villages, dont l’intérêt reste toujours relatif puisque scénaristiquement, la série ne vole toujours pas très haut en dépit d’un point de départ hautement réussi, avant de tomber dans un creux majeur jusqu’à la finalité attendue, gardant de temps en temps des sursauts rares mais notables, particulièrement lorsqu’on découvre clairement que la Lara fragile de 2013 est définitivement de l’histoire ancienne.
A quoi s’attendre maintenant pour l’avenir de la série ? Il est clair pour
Square Enix qu’il est temps de renverser une nouvelle fois la table tant les joueurs ne peuvent plus se contenter d’une formule aussi usée. Quitte à faire du Uncharted, allez y jusqu’au bout car c’est ironiquement sur ces éléments que le jeu est le meilleur, de son jeu d’ambiance à ses habituelles séquences grand spectacle (qui fonctionnent toujours) en passant par quelques passages narratifs réussis, particulièrement un qu’on évitera de spoiler. Mais débarrassez vous du loot à outrance (ne gardez que les tombeaux), le rythme n’en sera que meilleur. Ou faîtes l’inverse en revenant aux fondamentaux avec un level-design tentaculaire et une exploration brute pour moins de blabla inutile. Une Lara en mode Rambo avec son couteau, l’idée était géniale et on apprécie ces (finalement rares) instants à tenter l’infiltration, mais outre le besoin d’avoir une vraie IA, évitez dans ce cas qu’une séquence action sur deux soit une tuerie de masse avec des explosions dans tous les sens. Bref, que Lara trace une route neuve et claire, en faisant les bons choix.