Les à-priori ne sont pas une bonne chose, on ne va rien vous apprendre, mais l’humain étant ce qu’il est, difficile d’échapper aux craintes, parfois en usant de comparaison qui n’ont même pas lieu d’être, du genre avec ce
Bloodstained que l’on a très vite placé moralement à coté d’un certain
Mighty N°9. Car comme ce dernier, on y trouve une figure importante de la scène japonaise semblant vouloir se venger de ses anciens employeurs, passant par
Kickstarter pour montrer qu’il existe encore des fans (ici de
Castlevania), et ces derniers l’ont bien fait savoir en explosant le compteur. Mais comme avec la production de Keiji Inafune, la hype de 2015 a peu à peu laissé place à l’angoisse (surtout pour ceux qui avaient craché un billet), entre rendu 2,5D bien loin de la classe des renders initiaux, sans parler des reports à gogo… Une vraie malédiction ? Finalement non.
Enfin pas totalement du moins. Notre héroïne (Miriam) ne semble plus pédaler dans la semoule pendant ses déplacements et les choses se sont légèrement améliorées sur les graphiques… mais vraiment trop légèrement quoi. Car la vérité est que
Bloodstained : Ritual of the Night est un jeu vraiment peu agréable à regarder, même pour ce que certains aimeraient appeler un AA. En fait, on a presque l’impression d’avoir affaire à un remaster HD par ce je ne sais quoi qui rappelle parfois le rendu Dreamcast dans ses effets, certaines textures et le ridicule des cinématiques. Ce n’est pas de l’abus, et c’était d’ailleurs génial la Dreamcast, mais il y a vraiment un aspect old-school qui est généralement une qualité dans le pixel-art, moins dans la 3D grossière, et s’il y a du coup une sensation inattendue de nostalgie, on parle quand même d’un projet financé à 5,5 millions de dollars, vendu 40 balles.
Mais le plus important, c’est que
Bloodstained est exactement ce que l’on souhaitait, à savoir un pur Metroidvania, et même dira t-on sans détour la digne suite des
Castlevania 2D qu’on avait perdu de vue depuis
Order of Ecclesia sur DS, nous renvoyant 11 ans en arrière. D’ailleurs, on peut carrément mettre les pieds dans le plat en déclarant concrètement que l’univers mis à part (encore qu’on y parle un peu de vampires), Bloodstained aurait tout simplement pu être un
Castlevania, quel que soit l’aspect abordé. Et ça fait du bien ! On sait qu’on n’a pas manqué de Metroidvania ces dernières années grâce à la scène indépendante mais Koji Igarashi a suffisamment bien supervisé les choses pour créer l’illusion d’une résurrection, jusqu’à faire intervenir la compositrice de
Symphony of the Night qui ne livre peut-être pas sa meilleure prose mais qui fait suffisamment le taf pour nous émoustiller.
Et donc si vous avez déjà joué à un
Castlevania, du précité aux épisodes GBA/DS, vous savez parfaitement à quoi vous attendre avec pour commencer une immense map qu’on va visiter petit à petit et sans indicateur (ça fait tout drôle de se retrouver parfois perdu, comme à une certaine époque), avec ses tas recoins secrets, son besoin constant de revenir en arrière une fois de nouveaux acquis en poche, ses salles de sauvegarde (nan, pas d’auto-save ici !), ses téléporteurs, et bien sûr son gros bestiaire fait de plus de 100 ennemis, incluant quelques boss généralement sympas à affronter mais qui sont loin d’être tous inoubliables hormis les stars du casting. C’est une nouvelle licence, donc on dira qu’il faudra un peu de temps avant de nous rendre la prestance de Death ou Legion.
Mais
Bloodstained ne se contente pas de singer son propre modèle puisque outre le gain classique d’expérience et les armes en surnombre, le titre propose ses quelques petites différences, notamment du loot & craft permettant de concevoir son propre équipement et, surtout, de petits plats qui ont un grand intérêt puisque la première consommation de chaque type vous augmente définitivement l’une de vos stats. Le plus important sera le système de pouvoirs à récupérer sur les ennemis, le loot se faisant au hasard mais sachez que tous ont quelque chose à offrir. Les pouvoirs sont répartis en cinq branches (un seul choix pour chacun malheureusement), entre attaques spéciales, pouvoirs de jet, invocations, transformations et autres aptitudes spéciales, sachant qu’il y a également dans le lot les acquis forcés pour la progression comme le double-saut.
Un système complet et motivant puisque chaque pouvoir peut-être augmenté de deux façons (avec les doublons et le craft), nous poussant à multiplier les configurations jusqu’à trouver celle qui nous permettra de rouler sur le jeu. Et il y en a, croyez bien. Mais tout cela ne concerne que le mode normal qui vous prendra déjà une bonne quinzaine d’heures et avec les difficultés supplémentaires à débloquer, et l’arrivée de tout un tas d’autres modes via un suivi GRATUIT comme le speedrun, boss-rush, le rogue-like, du coop ou encore de nouveaux personnages jouables, Bloodstained surprend par sa générosité et si vous n’êtes pas encore prêt à lâcher un billet, notez le tout de même dans votre wishlist tant il ne pourra que s’améliorer avec le temps.
Test effectué sur PS4 Pro.