Conditions de test : effectué sur Xbox Series X.
Déjà que le reflet dans le miroir donne parfois envie de prendre le risque des sept ans de malheur,
Capcom s’amuse à remuer le couteau dans la plaie en nous rappelant que
Dead Rising, c’est sorti il y a presque 20 ans. Et où étiez-vous il y a 20 ans ? Répondez en commentaire si vous le souhaitez, et je poursuivrais de mon côté en disant que
Dead Rising est sur certains aspects l’un des étendards d’une autre époque. Celle où
Capcom voulait proposer sans cesse de nouvelles licences porteuses (ça a changé), celle où
Microsoft commençait à faire trembler
Sony (ça a beaucoup changé) mais aussi celle où les jeux occidentaux pratiquaient un peu moins l’auto-censure face à un simple bout de fesse.
Si vous avez suivi l’histoire, vous êtes au courant, pour les autres, on se contentera de dire que ce remaster « corrige » certaines choses, comme la taré de Cliff Hudson qui n’insulte plus les autres de vietcongs en lien avec son passif dans l’armée et donc dans la fameuse guerre (c’est juste devenu un taré tout court), et bien entendu la fin des bonus « érotique » pour certaines photos car
Capcom a jugé que cela n’avait rien à faire dans un jeu de survie. Par contre, l’édition Deluxe avec des skins de (Fat) Ashley, Blanka ou le Nemesis, ça a toujours du SENS dans l’apocalypse. De toute façon, c’est juste quelques coups de gomme pour faire plaisir (mais à qui ?) et il était hors de question de trop bricoler : les cinématiques avec les poses suggestives pour bien mettre en avant le cul des protagonistes féminins n’ont pas changé d’un poil. Peut-être que ça aurait été le cas dans un pur remake, mais DRDR reste ce que l’on appelle un « remake graphique + polish », donc un jeu plus beau qu’à l’origine mais dans la structure va être fondamentalement la même. Enfin dans les grandes lignes.
Avant d’aborder la vraie critique de cette nouvelle version, indiquons quand même aux nouveaux-venus à quoi s’attendre. Frank West est un journaliste pas comme les autres, déjà parce qu’il a à lui seul davantage de muscles que tous les employés réunis de Libération, mais aussi parce qu’il aime beaucoup le vrai danger, et n’hésite pas à aller enquêter dans une bourgade US pleine de zombies pour savoir ce qui a bien pu se passer. Le jeu se déroule sous chrono (3 jours, pas temps réel) pour effectuer des missions principales poppant au fur et à mesure de l’avancée, en survivant autant que possible face à des masses de zombies dans un énorme centre commercial. Le matos parfois de fortune sera à récupérer sur place (planche, katana, flingue, caddie…), de même que la bouffe, et il faudra de temps en temps sauver quelques civils qui peuvent tous crever si vous ne faîtes pas attention, sans oublier les fameux psychopathes (des boss donc). Il est impossible de tout comprendre et donc réussir dans un premier run mais rien de grave, c’est conçu pour et rien ne vous empêchera de recommencer en New Game+ après avoir terminé le jeu ou même après n’importe quelle mort, en conservant l’intégralité de votre xp et vos compétences acquises (ainsi que votre « mémoire ») pour faire mieux au run suivant.
Et là, ceux qui n’ont jamais touché à la franchise (aux deux premiers en tout cas) vont me sortir
« Hey mais, c’est un rogue en fait ce truc ?? ». Alors oui et non. Il en a certaines mécaniques, peut-être pas assez pour être vraiment qualifié comme tel, mais les traces sont évidentes et on pourrait presque dire que c’était une tentative de démocratiser le genre avant l’heure sur consoles. Il faut savoir que depuis ses débuts,
Dead Rising est une franchise aux qualités indéniables mais dont le succès à chaque épisode est lié à des circonstances atténuantes. Le premier parce que nous étions encore au début de l’ère 360 et qu’on mangeait tout ce qui sortait sans trop réfléchir. Le deuxième parce qu’il a enfin permis aux joueurs PC et PS3 de découvrir la franchise par curiosité, et enfin le troisième était l’un des jeux de lancement pour la Xbox One (et qu’à part lui, niveau exclu, ce n’était pas la fête). On enlève tous ces arguments, on obtient
Dead Rising 4, un flop commercial qui a mené à l’annulation du cinquième et une mise en retrait de plusieurs années.
Et nous voilà avec cette résurrection qui est la preuve ultime que
Capcom, malgré de nombreux éclats de génie ces dernières années, fut incapable de mener une simple étude de marché, ne laissant qu’une triste ironie : plus le genre rogue a gagné en popularité, plus la franchise
Dead Rising s’en est éloigné. L’heure était venue à un VRAI remake proposant tout ce que l’on voulait attendre du genre, donc un challenge bien construit et très élevé de base ainsi que de nouvelles mécaniques liées à l’aléatoire pour augmenter l’intérêt des nouveaux runs, qu’on aurait pu saupoudrer avec les bonnes idées établies dans
Dead Rising 2 : le mode coopération et la combinaison d’armes. Au lieu de cela ?
Capcom a fait l’exact inverse en faisant le choix de la simplification, certes parfois essentiel (l’IA des civils est beaucoup moins rageante), et d’autres fois en inadéquation avec le défi souhaité : durabilité plus importante, auto-save à gogo, roulade assez cheat, boost d’xp… Plus grand public assurément, mais une autre manière finalement de s’éloigner de la philosophie voulue à l’époque par Inafune.