Conditions de test : effectué sur Xbox Series X sous 2 runs, non sans un certain retard il est vrai pour raisons personnelles (et un couac de serveur), et je m’en excuse.
En 2016, et bordel que ça remonte déjà quand on y pense, sortait le reboot de Doom à l’efficacité remarquée et à la narration qui ne pouvait prêter qu’à sourire quand id Software offrait exactement ce que les joueurs attendaient de la licence sur ce point, c’est à dire du « rien ». Quelques années plus tard,
Doom Eternal débarque avec ses sensations plus aériennes et tout aussi réussies, et la soudaine volonté d’offrir un semblant de scénario que personne n’attendait. Et puis voilà
Doom : The Dark Ages et là encore, dans cette apparente trilogie, les développeurs ont voulu faire différemment avec un gameplay encore plus terre-à-terre que le premier mais aussi une narration ENCORE plus poussée. Et c’est sacrément dommage car on va dire la vérité, on ne joue pas à Doom pour un scénario tout comme on n’allume pas un boulard pour la qualité de son écriture. Doom, c’est Doom, et si on louera cette façon d’avoir parfaitement sacralisé le Slayer dont le charisme explose ici plus que jamais, surtout au début, il était inutile de parler pour dire si peu de choses : on est juste là pour faire exploser des gueules, concrètement.
Doom : The Dark Ages ne va pas être seulement un épisode de nouveau changement, mais aussi celui d’une certaine rédemption, celle de délaisser le multi dont tout le monde se contrefoutait (soyons sérieux) pour mieux travailler sur le contenu de la campagne, et promesse est tenue avec près de 22 stages pour une campagne réclamant une vingtaine d’heures (pour les gros fouineurs) en mode Normal ou plutôt Difficile (on va revenir sur ce point). Dans le genre, c’est la moyenne très haute et comme chacun sait, ce n’est aucunement un total car Doom a cette tendance à agir comme certains beat’em all façon
Bayonetta et
Devil May Cry pour ne citer qu’eux : le premier run, on est là pour apprivoiser la bête et explorer à son rythme (essentiel dans Doom vu la myriade de secrets faciles à trouver mais réclamant d’ouvrir la map toutes les 30 secondes), et une fois déroulé le générique de fins, on garde tout son matos, on se débarrasse du superflus et on aborde le jeu en difficulté max, là où bouclier et PV fondent comme si c’était des chronos constants.
Comme bien d’autres avant lui,
Doom : The Dark Ages clôt une trilogie en faisant office d’inattendue préquelle, ce qui comme dit plus haut n’a strictement aucune importance narrative si ce n’est de montrer que le Slayer, c’est limite une arme de destruction massive à lui-seul, mais les responsables de la DA ont profité de l’occasion pour nous montrer une approche plus médiévale et assez sympa à découvrir pour cette franchise. Après on ne cache pas que le 3/4 du temps, on fait fi des meubles pour uniquement s’attarder à l’écran sur l’ennemi, mais il faut reconnaître que certains panoramas forcent le respect par leur totale démesure. Rien que le premier pas en Enfer (qui arrive d’ailleurs plus vite que prévu), tu te sens obligé de dire « Ah ouais, la classe... ». D’ailleurs ce serait même encore plus classe si la résolution parvenait à suivre sur consoles. Le frame-rate est intouchable et heureusement vu le genre, mais on l’a bien senti par moment la résolution dynamique particulièrement dans les zones plus ouvertes. Plus plates qu’avant malheureusement et manquant souvent de folie, mais ouvertes.
C’est nerveux, c’est brutal et c’est particulièrement prenant mais c’est pourtant « seulement » 8 car il faut reconnaître que les choix effectués soulèvent quelques questions de pertinence. Alors on va de suite évacuer les phases en mécha et en dragon, rigolotes sans plus mais heureusement peu nombreuses pour simplement dire que c’est au sol que le jeu ne pouvait que créer la division. On peut d’ailleurs dire que la prise de risque était réelle, et au départ on ne voit aucun reproche à jouer un véritable tank sur pattes d’ailleurs heureusement plus rapide qu’attendu (conseil : activez la course auto dans les options, on n’est pas là pour marcher), et même qu’il est grisant que la moindre chute au sol fait exploser tous les ennemis pourris aux alentours, mais passé quelques heures, la haute voltige de Doom Eternal finit par nous manquer et ce n’est pas les dash ou les (très très) rares jump qui nous feront oublier la nervosité d’il y a quelques années. Le sentiment de puissance est là, mais il est un peu moins fast ce FPS voyez.

Car quand on dit que l’on joue un tank, ce n’est pas tant pour sa lourdeur assez relative, mais également car le Slayer en a désormais les moyens de défense avec un bon gros bouclier capable de se protéger contre de multiples salves, faire des dash-lock comme indiqué plus haut, l’envoyer façon scie pour bloquer certains ennemis, mais également des parades « parfaites » pour contrer les attaques « vertes », délire désormais à la mode et dans tous les genres et pas d’inquiétude pour ceux qui manquent de skills vu que la fenêtre de contre est aussi grande qu’une baie vitrée. Bouclier qui sera en passant la seule arme à bénéficier de runes (on peut quand même booster le reste du matos) afin d’obtenir des compétences bonus non négligeables pour décimer les troupes.
En soit ça fonctionne et le jeu sait distiller son matos pendant une bonne partie de la campagne, mais même si l’efficacité est là et qu’on a aucun mal à prendre son pied dès lors que l’on opte au moins pour le mode difficile tant le mode normal est devenu « facile » (hormis contre quelques rares boss, mais avec 3 « vies », autant dire que le Game Over est impossible dans ces conditions), reste que rien n’y fait, on ne retrouve pas autant ce feeling qui caractérisait les deux précédents et surtout Eternal. Bien entendu, ce sera peut-être et même sûrement une question de goût, mais peut-être aussi que la signature de Doom fut pendant de nombreuses années celle de la mobilité et qu’un retour presque vissé au plancher à faire parler 50 % du temps la défense, ce n’était peut-être pas totalement ce que l’on attendait de ce genre de franchise. Mais au moins ils ont tenté.