Conditions de test : effectué sur PlayStation 5 (logique hein) à partir d’un code review dont l’avance m’aura permis d’écrire ses lignes après avoir affiché un beau 100 % de complétion. La majorité de l’expérience a été effectuée sans patch (des bugs notables) puis avec le patch pré-launch (quasiment plus).
La mode des super-héros au cinéma n’est plus. Ou l’est moins. Comment pouvait-il en être autrement quand
DC reboot sans cesse ses univers sans jamais avoir de feuille de route suffisamment claire (on verra bien pour la prochaine ère), pendant que
Disney a réussi a passer des sommets du monde aux tréfonds des abysses d’un arc à l’autre. A qui la faute tiens… Toujours est-il que le jeu vidéo n’est pas épargné. Passons le fait que lorsque c’est mauvais, les faibles ventes sont méritées mais quand des produits à l’efficacité certaine comme
Guardians of the Galaxy et
Midnight’s Suns côtoient les bacs à solde plus rapidement qu’un échec critique
Ubisoft, c’est bien qu’il y a un problème majeur de fond. Le business étant ce qu’il est, le média préfère prendre le risque d’opérer à une refonte plutôt qu’une pause, et en attendant de voir qui sera le nouvel espoir d’une relance,
Insomniac continue de s’imposer comme l’actuel patron du game dans la matière, offrant à la PlayStation 5 son troisième AAA quand d’autres n’ont pas encore annoncé le premier.
Il y a déjà 5 ans, le développeur changeait soudainement de stature avec sa propre adaptation de
Spider-Man, loin d’être aussi parfaite que le travail de
Rocksteady sur
Batman mais tout de même, pour un premier essai, c’était un coup de maître en dépit de plusieurs défauts que l’on pouvait retrouver aussi bien dans le maigrelet Season Pass que l’extension maquillée autour
Miles Morales. D’ailleurs à ceux qui n’ont fait que le premier en zappant le reste, ce véritable deuxième épisode ne s’embête pas trop contextualiser les choses pour les retardataires, mais chacun s’y fera rapidement. Peter trouve un premier travail de prof, comme « par hasard » dans la classe de Miles, et les deux alliés continuent d’assurer une partie de leur vie dans le combat contre la vermine de New York, mais même l’Homme-Sable paraîtra mineur face à deux dangers en approche : le retour soudain de votre ami Harry Osborn cachant de lourds secrets malgré lui, et un certain Kraven qui voit en Manhattan un fabuleux nouveau terrain de chasse, quel que soit les intentions de ses potentielles cibles. Une proie reste une proie.
Si l’on devait résumer les choses simplement, on dira que
Spider-Man 2 fait comme le 1, mais en mieux. Sur tous les points, sauf peut-être l’enrobage où rien ne change trop aux premiers abords, pas même les menus assez bordéliques au départ, surtout les options où l’on a franchement du mal à s’y retrouver entre sections et sous-sections, et encore plus pour ceux qui souhaiteront quelques aides d’accessibilité néanmoins exemplaires (et encore, davantage de choses arriveront par la suite). Et même si vous êtes parfaitement aptes, on appréciera l’ajout bonus de deux options de raccourci sur la croix directionnelle pour y mettre ce que vous voulez. Perso, j’ai opté pour le mode photo, et la vitesse 30 % pour quelques effets de style.
Le premier point réellement attendu va se trouver dans le rendu car on parle quand même du premier épisode sur les trois (en comptant Miles) à être réellement exclusif à la plus trop nouvelle génération. Alors certes, le gap graphique n’est pas si marquant au départ, la faute au fait que le premier a eu son remaster et
Miles Morales un statut cross-gen mais l’évolution est évidente sur de nombreux points et pas seulement sur l’optimisation folle au niveau des temps de chargement, quasiment invisibles autant à l’allumage que dans la transition d’un perso à l’autre (téléportation inclus). On regrette à peine les transitions rigolotes dans le métro. Sur le reste, le jeu se montre claquant, rarement avare en effets, et on remarquera vite un gros boost dans la circulation et le nombre de piétons (dommage que l’ambiance sonore ne suive pas), dont certains sortent/rentrent dans les bâtiments, et si l’on essaiera de faire avec quelques couacs comme un rendu des visages pas aussi bons qu’espérés, il faut aussi reconnaître que sous la jolie surface se cumulent du bricolage d’économies : PNJ clonés dans tous les sens, absence une nouvelle fois de cycle jour/nuit en temps réel, météo en total retrait (à un moment, il pleut un peu quoi...), intérieurs toujours aussi peu nombreux et généralement soumis à une transition…
Heureusement, si
Insomniac nous refourgue Manhattan pour la troisième fois, le terrain de jeu est quasiment doublé avec l’ajout de plusieurs zones à l’est de l’île dont le Queens et Brooklyn. Très bonne chose en attendant peut-être de partir un jour vers de nouveaux horizons (ou pas) et pour mieux évoluer dans ce nouveau terrain de jeu, apprécions que la majorité des techniques de déplacement sont fournis d’entrée, et que le plaisir prend une autre ampleur une fois les Ailes Delta débloquées et ses deux compétences de soutien (boost horizontal et vertical), sans oublier les « couloirs magiques » dissimulés un peu partout pour voler encore plus rapidement. Croyez-moi qu’avec tout cela, même avec le 100 % derrière moi, j’ai pris suffisamment de plaisir pour oublier la majorité du temps la fonction téléportation, et l’occasion du coup de faire quelques crimes annexes et ouverture de coffres sur le chemin.
Comme chacun se doutait avant même l’annonce du jeu,
Spider-Man 2 va nous offrir non pas un mais deux personnages jouables. Donc les deux araignées. N’ayez aucune crainte sur le fait d’éventuellement vous perdre dans les movesets car les deux se jouent de la même façon et bénéficient des mêmes objets de soutien (devenus encore plus importants vu le challenge rehaussé en mode normal). La seule différence se situe dans les compétences propres à chacun et se débloquant automatiquement au fil du scénario. Pour varier les plaisir, les quatre compétences (une par raccourci) propres à chacun peut être échangées contre une autre en fonction de la situation, et sans entrer dans les profondeurs du spoil, dîtes vous simplement que Peter possède au départ quatre compétences liées à ses bras mécaniques, et par la suite d’autres en rapport avec un certain ennemi tout noir qui PUE LA CLASSE (totale réussite qui attendra les deux-tiers du scénario pour vraiment apparaître, mais on vous laisse toute la surprise).
Pour le reste pas de surprise quant à l’augmentation en puissance. D’un côté on a l’expérience classique qui tombe rapidement et suffisamment bien dosé pour que le level max (60) tombe peu avant le 100 %, avec pour chaque level un nouveau point d’expérience à placer dans non pas un mais trois arbres de compétences : un pour Peter, un pour Miles, et un commun pour quelques friandises (comme l’attaque double pour les phases d’infiltration déjà très très très faciles). Le reste passera par les matériaux récupérés dans les crimes (devenus facultatifs pour le 100%), les coffres et surtout les quêtes annexes sur lesquelles on reviendra plus bas. Au programme, améliorations de vos gadgets et surtout un nouveau menu pour directement améliorer les stats de vos héros (attaque, PV, concentration…) renvoyant les costumes au simple statut de skin, sans empêcher l’envie d’en débloquer tellement certains sont incroyables esthétiquement (et toujours le style
Spiderverse avec l’animation chelou qui va avec).

Le système de combat subit également une douce évolution sans en faire trop. On mettra une fois de plus l’infiltration de coté tellement l’IA est teubée avec en simple bonus une sorte de tyrolienne pour concevoir vous-même vos liens pratiques d’un mur à l’autre, pendant que les combats reposeront toujours sur votre capacité d’analyse et de dextérité. Dites vous que les compétences sont dévastatrices si bien utilisées mais réclame un temps de pause si vous jouez bien : plus votre combo augmente en frappant et en esquivant si possible parfaitement, plus la recharge est rapide pour recommencer à déchaîner les enfers. En rajoutant une meilleure mise en avant des attaques ennemies « jaunes » impossible à esquiver mais pouvant être paré (avec une large fenêtre), le jeu se veut plus nerveux et ne laisse que peu de place à l’erreur une fois la difficulté boostée. La palme reviendra à l’espèce de limite break « symbiote » de Peter où pendant quelques secondes, on enchaîne les grosses mandales bien sévères avec un sound-design détonnant pour délivrer un sentiment parfait de puissance.
Sans transition aucune, parlons maintenant du scénario et NON, pas de spoil ici mais juste une tentative de constat sans trop en dire. Dans les grandes lignes, le scénario de
Spider-Man 2 est satisfaisant et sait se doter de deux méchants totalement réussis, que ce soit évidemment Venom qui est infiniment meilleur dans sa prestation que dans toutes ses apparitions au cinéma, mais aussi Kraven et sa bien meilleure prestance qu’attendu à défaut d’avoir quelque chose à raconter dans le fond. Au moins, il permet un léger renouvellement du bestiaire par ses troupes. Mais si
Insomniac fait de son mieux pour tisser les enjeux en proposant de multiples rebondissements pour un bilan proche d’une production
MCU (comme le premier), deux problèmes sont bien présents, à commencer pour un mauvais rythme global. Dans les deux premiers tiers du jeu, on passe sans cesse de moments forts à des séquences clairement ennuyeuses, et s’il est logique de miser sur les montagnes russes dans sa narration, il faut aussi un certain talent pour accrocher le « joueur » dans des moments calmes. Les
Dogs y arrivent,
Insomniac beaucoup moins, et le comparo est d’autant plus fort quand les deux développeurs ont chacun joué la carte de la « séquence à la maison », très cool dans
Uncharted 4, très chiante dans
Spider-Man 2.
L’autre problème, il est tout simplement lié à un gros manque de prise de risque, et c’est tout l’ennui avec une franchise aussi exploitée que
Spider-Man. Quand t’as un semblant de connaissance envers l’œuvre, il suffit de connaître simplement le casting pour savoir dans quelle direction le jeu va nous emmener (et ce sera exactement ça). Même une des scènes post-génériques dessinant brièvement l’avenir de l’arc
Insomniac, on la voit arriver avant même d’avoir commencé le jeu. Alors on ne demandait pas un niveau d’audace à la Spider-verse c’est certain, mais on aurait aimé tout de même quelques surprises majeures, et pas uniquement envers (promesse tenue) un côté effectivement plus sombre que l’on évitera de détailler.
Il faut également noter que dans un élan habituel de wokisme, Insomniac s’est senti obligé face à deux « héros mâles » de mettre en avant le casting de l’autre sexe en rendant jouable deux persos féminins. Mais c’est nul. MJ tout d’abord que l’on prend en main deux fois (ou trois, j’ai déjà oublié) dans des séquences d’infiltration encore plus navrante que le jeu de base, où l’on souffle même quand on l’a voit se défaire d’un certain type d’ennemis en deux claquements de doigt alors qu’ils incarnent toujours un défi pour les super-héros. L’autre, c’est la copine muette de Miles dont l’aspect jouable répond une nouvelle fois au cahier des charges plutôt qu’à l’envie de bien faire : une pauvre séquence de 5 minutes, quelques échelles à grimper et des tags à faire via des QTE parmi les plus nulles de l’histoire. Pourtant ce n’est pas comme si l’univers Spidey manquait de persos féminins forts mais sur le sujet, Black Cat vient faire son petit coucou avant de repartir aussi vite et seule Yuri bénéficie de vrais projecteurs mais uniquement dans le cadre d’une quête annexe assez travaillée.

Et boom, cette fois la transition est parfaite : parlons des annexes, aspect considéré comme l’un des points faibles du premier jeu. Cette fois, il y a davantage de travail mais c’est totalement aléatoire, et il y a surtout un problème de fond, comme si
Insomniac était trop occupé à produire des jeux (on ne leur en voudra pas vu le rythme) pour regarder ce qui prend forme ailleurs, même au sein des collègues des
PlayStation Studios, dont
Guerilla. Le développeur reste lui bloqué deux générations en arrière sur ce point avec toujours cet aspect très
Ubisoft où les annexes se résument en fait en peu d’aspects : des combats en arènes plus ou moins grande (avec ou sans infiltration), des mini-puzzles sous diverses formes comme le premier (mais différents), quelques séquences de voltige et des défis sous condition (chrono, ne pas se faire toucher, etc). En gros c’est ça. Alors oui,
Spider-Man reste
Spider-Man et on n’allait pas partir dans du Mario Kart ou de la gestion immobilière, mais même le classique peut percer si maquillé par une bonne narration, et on l’a déjà évoqué, ce n’est pas la principale spécialité d’
Insomniac.
Dans ce cas là, jouons là
Rocksteady avec du fan-service et des jeux qui exploitent à mort le casting des méchants mais même de ce côté, c’est globalement pauvre. En exemple simple, les missions liées au Rodeur se résument à aller sur un toit, trouver un point d’accès avec une QTE et ouvrir une porte et celles de Mysterio sont en fait un ensemble de défis éparpillés sur la carte (les fameux défis sous condition). On a souvent un petit bonus dans la finalité, mais rarement ce que l’on attend dans un jeu du genre, à savoir un bon gros boss. Après grâce à son gameplay vraiment bien foutu, on avoue qu’on n’a généralement pas eu l’occasion de s’ennuyer à tout faire exception faite de la recherche des mécha-araignées (c’est comme les sacs à dos du 1, donc imaginez l’intérêt) mais il reste dommage qu’exception faite des quelques morceaux de la quête Flamme liée à Yuri, rien ne semble avoir bénéficié d’un vrai soin dans la narration, 8 ans après que
The Witcher 3 ait changé à jamais les règles du jeu.