Dans une année encore bien difficile où de nombreux AAA préfèrent boucler leurs valises pour se barrer en 2022 pour voir si l’air y sera meilleur (et accessoirement quand il y aura suffisamment de stocks de New Gen entre les mains du public),
Ratchet & Clank : Rift Apart a donc tenu sa promesse d’un lancement pour ce printemps et on peut estimer que les intentions sont fort louables quand on sait qu’à l’instar d’un
Returnal, il s’agit d’une pure exclusivité PlayStation 5 donc amenée à ne jamais sortir ailleurs. Ou alors peut-être un jour sur PC mais ça, c’est une autre histoire. Aucunement suite directe du remake mais plutôt de l’épisode
Nexus et plus globalement de l’ère PlayStation 3 dont les représentants n’ont jamais eu droit à des remasters en plus de ne pouvoir être rétrocompatibles (merci Sony hein...),
Rift Apart se pose donc brutalement pour ceux qui ont loupé les derniers chapitres en date, ce qui ne sera pas bien grave.
Car même si vous avez grignoté un épisode de temps à autres voire même jamais touché à la série, le scénario va se montrer très simple à appréhender qu’importe le public qui au pire échappera à quelques clins d’oeil : notre duo fait d’un lombax et d’un petit robot gardent un statut de héros mais il faut dire que ça fait bien longtemps qu’ils n’ont pas eu l’occasion de faire leurs preuves (et c’est vrai, depuis 2013 si on oublie le remake) et une petite parade hommage à leurs grandes aventures va permettre de changer les idées. Mais c’est forcément à cet instant que le Dr Néfarious va venir foutre son bordel comme à ses habitudes, voler un nouveau dispositif ouvrant la voie à des portails interdimensionnelles et c’est après diverses péripéties qui en bref serviront d’introduction que Ratchet va se retrouver séparer de son acolyte, qui va rencontrer Rivet, tout simplement « une » lombax d’un monde où règne d’une main de fer « l’Empereur » Néfarious (donc un autre), étrangement absent pour on ne sait quoi et l’occasion pour le vilain qu’on connaît de prendre sa place. Ouais donc il va falloir sauver le monde quoi. Ou deux mondes en fait.

Et je me rends bien vite compte qu’il va être difficile de tartiner pendant un nombre incalculable de paragraphe tant il n’y a pas tant de choses à dire que cela sur ce nouvel épisode pour la bonne et simple raison que son efficacité certaine côtoie un classicisme qui l’est tout autant. Allez, osons même une pointe de guéguerre en disant que l’expérience m’a rappelé le vécu d’un certain
Gears of War 4 : on sent le boost graphique d’une génération à l’autre, c’est indéniablement percutant et ça offre essentiellement ce que l’on attend de la franchise aux yeux d’un fan, mais on ne ressent jamais la moindre pointe de révolution. Et pas même d’évolution en fait. Car tant vanté durant la communication, le système de portails exploitant le SSD magique fait certes le travail en matière d’exploitation technique. Aucun temps de chargement (même en relançant une partie ou après un trépas), des moments où l’on passe d’une dimension à l’autre en un claquement de doigts, et l’impression que effectivement, la PS4 n’aura jamais eu les épaules pour tenir la barre avec un disque dur classique.
Sauf qu’en matière de gameplay, il faut avouer que tout cela ne change pas grand-chose à l’expérience hormis l’immédiateté de la situation. Si l’on excepte les portails présents en combat qui sont juste l’occasion de switcher d’un endroit à l’autre d’une zone, et comme on vient de le dire les mondes qui permettent la double dimension mais seulement dans des endroits clés, la majorité des séquences qui exploiteront cela de manière vraiment impressionnante sont tout simplement des passages scriptés. Les fameux coups « grand spectacle » que Sony aime bien dans ses productions, où l’on se contente de suivre un rail parfois au sens propre, où lors de quelques séquences de boss. Encore une fois, c’est impressionnant et c’est parfaitement dans le thème de cet épisode, mais ce n’est rarement exploité autrement que pour les paillettes, pas même pour les zones secrètes (qui n’ont rien de secrète puisque visible à l’horizon vu la taille du portail). On aurait mis une porte avec 5 secondes de temps de chargement, c’était pareil. Sauf que là, c’est juste instantané.

Mais l’expérience se montre pourtant très efficace et il n’y avait aucune raison que ce ne soit pas le cas vu que la série a toujours été de grande qualité. On a toujours ce mélange entre de l’action (beaucoup), un peu de plates-formes, parfois un chouïa d’exploration même si très rare et dépendant des planètes, quelques séquences annexes parfois réussies, parfois oubliables, et toujours des mini-jeux, ici deux puisque impliquant d’un coté Clank, de l’autre son espèce d’alter-ego au féminin. D’ailleurs autant pour cette dernière, ça consiste à blaster un peu tout ce qui bouge mais pour Clank, le retour des énigmes à base de clones aura autant le mérite de bien se renouveler par rapport au remake, mais risque toujours d’énerver le plus jeune public qui ne comprendra rien à ses histoire d’orbes à déplacer pour arriver à l’objectif.
Donc globalement
Ratchet & Clank : Rift Apart s’avale toujours goulûment durant 8 à 10 heures pour atteindre les crédits de fin (voire un peu plus car n’hésitez pas à monter la difficulté d’un cran dans l’expérience est vraiment facile en normal) et on retrouve tous les fondamentaux qui feront plaisir aux fans, comme ce matos toujours foufou mais à l’intérêt variable, qu’on se plaît néanmoins à augmenter en puissance avec les cristaux chez la marchande du coin pour déchaîner les enfers dans certaines séquences qui valent le coup d’oeil et sans faire frémir la console. En misant sur le combo 60FPS+RT (un peu au détriment de la résolution), certains passages frôlaient le n’importe quoi à l’écran avec des ennemis partout pendant qu’on balançait des tonnes de petits robots d’aide tout en envoyant la sauce niveau missiles sans que la console ne trouve rien à redire sur son frame-rate. Un vrai plaisir de ce coté.

Mais reste que derrière un tableau impeccable au point de pouvoir parler de petite claque graphique, particulièrement les cinématiques qui démontent en trois la pauvre adaptation cinématographique, on sent que
Insomniac n’a pas voulu faire dans la moindre prise de risque. Ou n’a pas eu les effectifs nécessaires pour cela à enchaîner deux projets en simultané tout en (on se doute) travaillant sur un certain
Spider-Man 2. Aucune surprise ne ressort dans la progression certes très bien rythmée mais globalement très linéaire, s’amusant un peu trop à recycler bestiaire (boss inclus) avec cette indéniable déception qu’est Rivet. On se doute qu’il y avait peut-être une envie de quota dans le fait de placer une nouvelle héroïne, encore que Sony n’a pas de leçon à recevoir sur ce sujet quand on sait que cette exclusivité sort entre
Returnal et
Horizon Forbidden West (sans oublier
Kena), mais le constat est là : Rivet n’est qu’un simple skin de Ratchet, sans la moindre compétence propre ou même une surprise coté matos.
Pour le reste, sachez néanmoins que malgré la durée de vie faible mais finalement habituelle pour la série, vous retrouverez toutes les caractéristiques de la série avec un vrai intérêt du coté de la replay-value vu que le New Game Plus est l’occasion de partir à la chasse au 100 % avec tous les secrets dont les habituels boulons d’or débloquant tout un tas de bonus, pouvoir obtenir les dernières armes dont quelques surprises à ce niveau, et surtout upper le level max de chacune pour en plus craindre le mode de difficulté max. On aura donc passé un très bon moment, sans aucun ennui et c’est toujours bon de signaler ce genre de choses, juste qu’il faudra bien retenir que l’aspect « Next Gen » de
Rift Apart se résumera à quelques gimmicks techniques. Et bien évidemment un rendu de très haute qualité.