On peut dire ce qu’on veut mais quel que soit l’avis porté sur
Crackdown 3, son lancement est une véritable bonne nouvelle : hormis pour le suivi, on ne reverra plus jamais ce jeu dans les divers events et c’est tant mieux après presque cinq ans qui tiennent aujourd’hui de la mauvaise blague. Car
Crackdown, c’est une série particulière qui doit la grâce des projecteurs uniquement parce que le premier épisode offrait la bêta de
Halo 3 en bonus. Et à l’époque,
Halo 3, c’était un peu le messie. On pourrait dire et à raison que c’est la même chose pour un certain
Zone of the Enders mais là où le premier était assez moyen, sa suite s’est elle désolidarisée de toute tentative marketing pour devenir une petite perle reconnue par tout ceux qui l’ont fait (c’est à dire pas grand-monde vu le flop).
Pour
Crackdown, l’affaire est autre. Dès le deuxième épisode qui en reprenait les bases (un peu trop même), ça n’a plus intéressé personne et ça s’est mangé quelques gifles dans les critiques. On aurait donc pu en rester là et après un accouchement fort difficile de la Xbox One,
Microsoft avait tout à faire pour rameuter les fans car quitte à parler de vieilles IP qui mériteraient un retour, l’oreille fut attentive pour un
PGR, un
Fable ou une des nombreuses licences platformer de
Rare dont on ne refuserait pas une résurrection. Mais ce fut
Crackdown 3, le jeu de toutes les promesses, dont celle de montrer la puissance du Cloud à renfort de démos techniques très impressionnantes qui sont aujourd’hui de l’histoire ancienne tant le résultat est bien loin des premiers souhaits. Il faut croire que la « puissance infinie » est finalement assez limitée.
Passant d’une équipe de développeurs à l’autre,
Crackdown 3 est donc un vilain petit canard malmené de bout en bout qui ne pouvait valider ses propres intentions. La campagne promise à quatre joueurs est repassée à deux maximum et la destruction par le Cloud s’est finalement limité au multi qui est tellement secondaire que le mode propose son propre launcher à 500G, avec un contenu rachitique fait de trois pauvres maps et deux modes (team deathmatch & capture de territoires), à dix joueurs où l’expérience est à se pisser dessus devant l’absence d’intérêt si ce n’est les succès qui tombent rapidement. C’est ennuyeux, il n’y a aucune stratégie, c’est le bordel et la destruction est sympa mais finalement totalement accessoire en plus de ne pouvoir être réellement impressionnante en terme de rendu vu la tronche esthétique techno-random. Me suis tout de même coltiner la chose deux heures le temps d’un podcast en terminant la totalité des matchs en MVP (et ouais !). J’aime affronter des noobs, surtout quand 90 % des joueurs n’ont pas compris qu’il faut ramasser la médaille d’un joueur tué pour valider le point.

On passe donc au vrai morceau, à savoir cette campagne que j’ai eu le bonheur de faire directement en coopération car je n’imagine pas l’horreur à devoir se taper une telle expérience en solo. A deux en revanche… hé bien ça passe en fait.
Crackdown 3 a au moins l’honneur d’aller à l’essentiel de son sujet puisqu’il n’y a pas vraiment de scénario et que sorti d’une rapide phase d’introduction, le jeu est donc un bac à sable géant où vous allez passer votre temps à tuer des gens et faire exploser des trucs. En gros, c’est
Just Cause, mais sans le grappin ni la carte beaucoup trop grande. Celle de notre concerné est de taille plus raisonnable (on préfère), uniquement urbaine et plus condensée au niveau des activités, ce qui permet si vous accrochez de pouvoir enchaîner à une vitesse folle les points d’intérêt tout en augmentant en puissance votre avatar.
Car, et c’est indéniablement l’une des forces de la série, on retrouve toujours les multiples jauges à booster en fonction de ce que vous faîtes. Tuer des ennemis avec x armes augmente leur puissance, donner des coups au corps-à-corps ou en leur envoyant un rocher dans la gueule, ça boost votre force physique, et il y a bien entendu les tonnes d’orbes vertes qui sont le coeur de l’exploration pour augmenter vos possibilités de saut et votre vitesse de déplacement. Chaque palier atteint vous rend plus puissant en plus de vous offrir de nouvelles compétences, sans parler de tout ce que vous débloquerez coté matos, grenades et autres véhicules pour être toujours plus explosif dans vos échanges.

Ça se laisse jouer en coopération, on ose le dire, mais c’est un peu tout. Le titre est totalement dénué de personnalité, la ville n’a rien d’originale, et l’aventure est sur-blindée de tares qui donnent le tournis pour un jeu de 2019, exclusivité de surcroît. On a quand même affaire à une production qui n’a trouvé une âme que dans sa campagne marketing tant le jeu lui-même ne dégage absolument rien. Même
Agents of Mayhem semblait avoir plus de charisme (et pourtant). Et que dire de ces animations d’un autre âge, ces bugs de collision, ces phases de grimpette qui pourrait faire hurler de rire un Altaïr, cette conduite du diable, cette caméra qui devient folle pour rien, ces boss sac à PV…
Crackdown 3 est un jeu qui semble avoir juste la prétention d’offrir une expérience old-school, mais pourquoi faire ? On aime les trips qui rendent hommage à une bonne époque mais si des gens réclament aujourd’hui des MetroidVania 2D, des RPG PC en vue du dessus, des Commandos-like (et autres), c’est parce que ça rappelle un temps porté par des joyaux qui furent gravés dans l’Histoire du jeux vidéo.
Crackdown ne l’a jamais été, tout comme les
Just Cause, les
Mercenaries, les
Saints Row, les
Prototype ou l’oublié mais sympa
Hulk Ultimate Destruction. Des petits défouloirs qui n’ont jamais inventé la roue et qui ont aujourd’hui pris un sacré coup de vieux, preuve en est que la plupart de ces IP reposent aujourd’hui dans un cimetière, d’ailleurs prêt à accueillir une nouvelle épitaphe.