Conditions de test : effectué sur plus de 60 heures, avec un peu de NG+, face aux bombes et aux incendies. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un média, pourtant apparemment responsable des plus grands maux.
Final Fantasy XVI, c’est bien. Mais c’est surtout bien parce que je n’ai pas pris un tel plaisir dans la licence principale depuis
FFX, omettant je l’avoue les MMO qui n’ont jamais été mon truc (et il faut du temps que je n’ai pas). Est-ce un bon
Final Fantasy ? Le débat va faire rage comme d’habitude dans la série depuis l’époque PlayStation 1, et ce à chaque épisode sans exception. Le
VII, évidemment adulé en Europe, pouvait être jugé trop en dehors de la fantasy par le public habitué de l’ère 8/16 bits, le
VIII trop love story, le
IX trop chibi, le
X trop linéaire, le
XI trop online, le
XII trop « MMO solo », le
XIII je n’ai pas envie d’être insultant, le
XIV excellent après sa refonte mais on restait dans le MMO, et enfin le
XV avec son drame du bateau. Tous avaient leurs qualités, mais tous étaient surtout la preuve d’une certaine prise de risque de la part d’un éditeur qui veut faire de chaque épisode un renouvellement loin des fondamentaux encrés dans le sang d’un
Dragon Quest (enfin… pour l’instant), faisant qu’il est peu probable d’être fan de cette franchise dans sa globalité mais plutôt au cas par cas.
FFXVI ne déroge pas à la règle et se veut comme les autres différents. Mais est-ce du coup un bon Final Fantasy ? La réponse en conclusion pour les pressés.
Oh,
Final Fantasy XVI est effectivement différent et bien plus que n’importe quel autre épisode jamais effectué, comme s’il y avait la volonté de faire complètement table rase du passé pour débuter une nouvelle ère. Plus sombre. La Dark Fantasy comme on l’a nomme, au point de se demander si
Square Enix n’aurait pas pu, par une formidable audace, le nommer simplement « Dark Final Fantasy » tant cet épisode ne cache pas ses références modernes. Car personne ne peut mentir que le lore pue parfois le
Game of Thrones, de Clive et ses allures manga-isé de Rob Stark, chien-loup inclus, à des enjeux plus que jamais politique jusqu’à des clins d’oeil lorsqu’on retrouve une sorte de gros benêt bien balaise qui nous fait immédiatement penser à Hodor, mais moins encore que la totale réussite Cid (pardon, « Cidolfus »), le « Jaime Lannister » version
Square Enix, la foudre en plus, l’inceste en moins.
D’ailleurs sans aller jusqu’au touche-pipi dans le grenier avec sa sœur, même si Dark Fantasy dans son thème,
FFXVI n’en reste pas moins une production assez grand public. PEGI 18 chez nous, d’accord, mais surtout CERO D au Japon, donnant certes bien plus de sang que dans n’importe quel autre épisode de la franchise mais sans tomber dans le HBO. Ici, c’est décapitation soft en hors-plan, viol suggéré de très loin, des courtisanes qui te font de la lèche sans montrer un téton et surtout pas de gros doigts dans les yeux pour exploser un crâne. Cela n’empêche d’y voir l’épisode de la maturité dans son scénario, ce qui est je l’avoue un terme bien large, pour une narration plutôt limpide à condition tout de même d’être un habitué des échiquiers de la Fantasy où s’entremêlent factions, politique et trahison. Il faut juste se mettre dans le bain, mais ça restera dans tous les cas plus plaisant qu’un
FFXV à la narration étiolée dans plusieurs médias (pour finalement pas grand-chose) ou un
FFXIII qui te bourrait le crâne de termes à la con façon latin elfique.
Cela faisait longtemps que la franchise n’était pas revenu aussi proche de ses origines thématiques (dire que juste avant, on avait une BMW quoi...), pour finalement et ironiquement un résultat qui n’a jamais été aussi éloigné de son essence autant par son gameplay que son système de jeu. Car oui, on sait que chaque épisode depuis l’ère PS1 essaye d’avoir sa propre patte le différenciant à jamais de ses prédécesseurs et ceux qui suivront mais tout de même, même avec
Xenoblade avant l’heure (
FFXII donc) ou même le pari du full temps réel d’un
FFXV ou tout simplement le
VII Remake, on restait dans du RPG. Et
Final Fantasy XVI, ce n’est pas un RPG. Pas même un action-RPG. Il en a parfois l’odeur, on a bien un système d’expérience et de level en plus d’un arbre de compétences dont les branches se déploieront au fil du temps pour des raisons scénaristiques, mais le CV de Ryota Suzuki, il recèle du
Devil May Cry, et ça se sent.
Ici, on ne fait pas dans la demi-mesure et on est pleinement dans de l’action brut au niveau des affrontements, ce qui n’est aucunement problématique au départ tant on y gagne en nervosité. Combos, aerial, attaques spéciales, focus sur l’esquive si possible parfaite, rush, mode Transe, même une sorte de main-grappin façon
DMC justement, et d’autres joyeusetés vers la fin qu’on ne spoilera pas… On n’a jamais été autant acteur des joutes dont les possibilités ne font que grimper en avançant dans le scénario, jusqu’à pouvoir se concevoir des builds de compétences au niveau des raccourcis dont l’intérêt pourra se montrer relatif avant d’aborder le New Game+ et son challenge plus élevé, renforçant tout l’intérêt des combats, et ce besoin accru de Stun les boss et certains gros ennemis. Et pourtant.
Le principal problème de
Final Fantasy XVI, c’est qu’il tente des choses sans que le résultat ne reflète toujours ses premières idées. Car si l’on parle d’un gameplay « à la DMC », ça n’a pas non plus la profondeur d’un
DMC, et ce ne ne serait pas si grave si les mécaniques apportaient en complément des notions de RPG pourtant ici totalement absentes. Pour la première fois dans l’histoire de la série, il faut se mettre en tête qu’il n’y a aucune fonctionnalités de buff/debuff ni même de principe de sensibilité à tel ou tel élément (feu, glace, etc). Vous pouvez ici bourrer la tronche d’un Bombo avec une épée de feu que ça ne dévalorisera pas d’un pouce votre puissance, la seule chose importante étant le chiffre d’attaque de votre arme (que l’on peut changer ou forger, mais ça restera toujours une épée longue). On répond donc de nouveau à ce style de « RPG-light » qui symbolise tant ce nouvel épisode qui ne sait pas toujours vers où ce placer. En bref,
FFXVI devient moins bon lorsqu’il arrête d’être le
FFXVI voulu par Yoshida.
Lorsqu’il est ce qu’il aurait toujours dû être,
FFXVI excelle en emportant le joueur d’un superbe décors médiéval/fantastique à l’autre, osant les séquences ultra linéaires au rythme néanmoins certain pour ne placer ni trop ni trop peu d’affrontements, enchaînant les tunnels narratifs dans une lente montée en puissance faite de nombreux pics dont les points culminants seront les affrontements entre primordiaux. Une véritable ode aux plus marquantes invocations de la franchise dans un épisode qui leur rend honneur comme jamais, dans un style totalement fou et démesuré façon
Asura’s Wrath, malheureusement avec le gameplay très basique qui va avec, mais on prend son pied c’est certain. Tout était là pour une sorte de grand huit menant à un final dantesque, mais aussi éloigné soit-il des piliers qui ont permis de construire
Final Fantasy, il en reste néanmoins le dernier représentant et
Square Enix était là pour rappeler que nous n’étions pas dans un nouveau jeu d’action narratif de 15/20h.
La réalité a rattrapé la volonté et les points de couture sont visibles dès que le jeu commence à souffler le froid, donc dès que le rythme s’écroule soudainement parce qu’il fallait bien doubler la durée de vie même artificiellement. Qu’il y ait des quêtes bidons dans leur structure mais intéressantes dans la narration (surtout après une bonne dizaine d’heures car au début, c’est « va tuer des loups »), cela importe peu car on reste de l’annexe, mais devient plus dommageable quand elles interviennent obligatoirement en plein milieu du fil rouge, comme si entre deux points principaux, il fallait trouver à chaque fois un prétexte pour mettre un coup de frein à l’épopée et faire quelques allers-retours pour mieux repartir. Oh, on pourrait dire que c’est le propre du genre mais ce serait oublier que l’on parle d’un jeu d’action dans son gameplay et si ce dernier est agréable quand bien dosé, son manque de profondeur face aux cadors du même genre et l’absence de features typiquement RPG fait que l’inéluctable arrive : on tombe dans le coté répétitif tant les combats annexes finissent par se ressembler, en plus de n’opposer pas grand challenge dans le premier run.

L’autre point qui trahit ses intentions premières, c’est que l’on sent à quel point tout semble focus sur un seul personnage au détriment de l’esprit d’équipe propre à la série. Alors heureusement, Clive a infiniment plus de prestance qu’un Vaan ou un Tidus, mais en dehors de Cid proprement intouchable, c’est la transparence et on repensera longtemps au traitement des scénaristes fait envers les femmes, comme si elles étaient là parce que quelqu’un l’a imposé mais que ça faisait un peu chier le narrateur principal de s’attarder longtemps dessus, d’où le destin risible de Benedikta, et surtout d’où le rôle de Jill Warrick, proche de Clive physiquement mais avec la stature d’une plante verte. Et je ne déconne pas en disant que je me suis surpris à me rappeler son existence quand elle ouvrait la bouche après 3 cinématiques à probablement contempler les nuages. Le reste pue la classe dans la globalité, mais c’est clairement le FC Homme peut-être encore plus que pour la bro-attitude de
Final Fantasy XV.
Vous savez donc à quoi vous attendre et bien que l’on savait avant même l’annonce du jeu que plus rien ne fera revenir
Square Enix vers le tour-par-tour avec ou sans ATB (et ce n’est peut-être pas plus mal), rien ne pouvait nous préparer à une orientation aussi portée vers l’action jusque dans tout ce qui accompagnera le fil rouge, mettant de coté toute forme d’activités annexes un peu HS comme la pêche et les mini-jeux (après, qu’est-ce qui empêchait un jeu de cartes façon
The Witcher, hm ?), ne laissant en premier plan que de la chasse (de l’action), la possibilité de refaire des segments de jeu afin de gratter des bonnes notes (de l’action) et le NG+ option mode FF pour booster le défi des combats. Et encore une fois, s’il n’a plus grand-chose d’un RPG et qu’il n’a pas la profondeur des vrais jeux d’action particulièrement japonais, il a pour lui son sens de la narration, avec parfois quelques couacs dans la mise en scène (des plans fixes bien vieillots), mais globalement un énorme travail et de chouettes idées comme avec une espèce de bibliothécaire pour recenser tout le lore et le coup de l’option façon Prime Video pour contextualiser d’un simple clic les événements en cours (protagonistes, lieu…). Final Fantasy US quoi.