Mon retour sur ce God of War (que j'appellerais GoW dès maintenant) qui fut le premier jeu de la franchise auquel je touchais, et par la même occasion mon tout premier jeu sur PlayStation 4.
Bienvenue à Midgard
Le
Sparte de la
Grèce antique a laissé place au royaume de
Midgard issu de la
Mythologie Nordique. Qu’il s’agisse de ses
Dieux (
Odin et
Thor pour ne citer qu’eux), de la race des
Géants, de
l’Arbre monde connu sous le nom
d'Yggdrasil, des
Valkyries (on en reparlera de celles-là) et consorts, les
références ne manquent pas. Hélas, les
interactions avec les
acteurs de cette mythologie sont
rares pour ne pas dire inexistantes.
Surtout que le jeu
ne répond qu'à peu de questions pourtant importantes. Notamment sur le
pourquoi du comment Kratos est arrivé sur ces terres, et la provenance de certaines
balafres qui
n'existaient pas dans les
anciens opus. Apparemment, c'est une
volonté des développeurs de laisser un peu de
mystères pour les
épisodes à venir.
Bien que le royaume de
Midgard soit assez
vaste et regorge de nombreux
secrets à révéler autour du
Lac des Neuf, on ne peut
pas en dire autant pour les
autres contrées beaucoup plus
petites et
peu développés en comparaison. Et c'était sans compter les
2 régions "bonus" déblocables sous
conditions et avec de sympathiques
récompenses à la clé.
Muspelheim qui est une
succession d'arènes aux
défis assez retors. Et celle qui est pour moi
la pire zone de tout le jeu
Niflheim. Un
labyrinthe changeant avec une
brume permanente qui
tue à petit feu.
Par contre, c'était
pas cool de
bloquer d'entrée
3 régions durant tout le jeu même si il y a un
intérêt scénaristique derrière. Et les
développeurs ont clairement précisé que cet opus
n'aura pas de DLC. Y a donc fort à parier qu'on les reverra lors du
prochain opus.
Esthétique
Y a pas à dire, le jeu est d’une
beauté sidérante. Ce qui n’est pas surprenant quand on connaît le
passif du
studio avec un
God of War 3 qui encore aujourd'hui est considéré comme un des
plus beaux jeux PS3 techniquement parlant.
Mais même en sachant cela, on ne peut que rester bouche bée devant un tel
souci du détail dans la modélisation des
environnements, des
jeux de couleurs, de la
lumière, des
traces de pas et surtout des
personnages. J'en veux pour preuve la
modélisation au poil près de la
barbe à (papa)
Kratos. Seule
l'eau est un
peu en dessous techniquement parlant, mais c'est
pardonnable. Après tout,
il n'y a pas de vagues dans un lac.
Pour revenir aux personnages, ils doivent leur
réalisme grâce à la
motion capture et à des
acteurs de renom (
Christopher Judge pour
Kratos et
Danielle Bisutti pour
Freya) qui ont prêté leurs
traits et
expressions en
VO. Pour ma part, j’ai fait le jeu dans une
VF plus que correcte.
J'aurais bien vu l'acteur Andy Serkis incarner le Serpent Monde, pas vous ?
Mais mis à part quelques
éléments destructibles et
mécanismes scriptés, on
interagit assez peu avec ce décor. C’est dommage par exemple que les
toiles et
drapeaux ne se
plient pas quand on lance notre hache dessus. Contrairement à l'
herbe qui
bouge sous nos pas. Ça n’a l’air de rien, mais c’est
le genre de détail qui peut faire toute la différence. Et les
quelques murs invisibles n’aident clairement pas à l'immersion.
Le
Level Design en revanche est assez bien fichu. Et même si les
chemins pour arriver à un objectif ne sont
pas nombreux, le regorge de
secrets et de (trop nombreux)
collectibles à ramasser assez
bien cachés pour la plupart. Même si je me serais bien passé de la quête annexe des "
corbeaux d'Odin". Vous voyez les
900 Korogus à débusquer dans
Zelda Breath of the Wild ? Ici c'est le
même délire avec une
cinquantaine de
cibles en mouvement qu'il faudra non seulement trouver, mais aussi
achever à distance avec la
hache.
Plan-séquence vidéoludique
Un des plus gros
points forts de cet opus réside dans sa
mise en scène que je trouve
exceptionnelle en tous points. Le
ton est donné dès le début du jeu avec un
affrontement contre un certain
"étranger" qui
restera dans les annales du genre en termes de
maîtrise, de
puissance et
d'intensité. Voir la
topologie des lieux en prendre un
sacré coup à chacun de leurs
coups est
grisant.
Et ce n'est pas le seul exemple car plus loin dans le jeu à un
moment clé,
Kratos retrouve successivement
"quelqu'un" et
"quelque chose" en retournant chez lui. Et toute la
mise en scène autour de ce moment est grandiose avec une
atmosphère particulière qui
contraste radicalement avec ce que le jeu nous avait
habitué jusqu'alors.
Et le tout est porté par une
technique assez
courante au
cinéma, mais
peu employée dans les
Jeux Vidéos, le
Plan-Séquence. Qui consiste à
filmer une action sans aucune coupure pendant une
certaine durée. C'est ce qu'a fait le film
Birdman (2014) dans son intégralité, et le jeu
MGSV (2015) durant ses
cinématiques. Sauf que dans ce
GoW, ce plan-séquence ne dure pas moins d'une
trentaine d'heures.
Aucune transition donc entre cinématiques et gameplay du début à la fin de la trame scénaristique.
Santa Monica Studios a réalisé un
exploit sans précédent.
Axe of War
Ce GoW a un gameplay assez
bien rodé (à quelques
soucis de caméra près), mais aussi radicalement
différent des
anciens opus de ce que j'ai cru comprendre. Là où il fallait autrefois
bourriner les touches et
appuyer au bon moment durant les phases de
QTE, ici les affrontements prennent une dimension plus
stratégique et requièrent de prendre en compte
3 éléments essentiels propres à tout
jeu de combat qui se respecte.
L’attaque, la
défense et
l’esquive.
Pour
l’attaque,
Kratos pourra compter sur la
Hache du Léviathan. Qui pour moi tient plus du
couteau suisse que d’une hache tellement elle est
multifonctions. Une fois lancée, ses propriétés de
gel lui permettent de
figer des éléments du décor ou des
ennemis, et sert aussi à
ouvrir des coffres spécifiques verrouillés par un
sceau. Hache qui a aussi un peu de
boomerang en elle car pouvant être
rappelée à tout moment. Et combinée aux différentes
runes et autres
artefacts, c’est une véritable
machine ou devrais-je dire
, hache de guerre.
Pour la
défense, c’est le
bouclier qui entre en jeu. Grâce à lui, on peut non seulement
se protéger de la plupart des
attaques et
projectiles adverses, mais aussi
les parer pour mieux
contre-attaquer derrière. Que ce soit à
mains nues, avec les différentes
armes et le
bouclier, à chaque
manière de jouer ses nombreux
combos dédiés.
Et enfin
l’esquive, certainement
l’élément le plus important des 3. Car elle permet
d’éviter rapidement
toutes les attaques ennemies quel que soit leur
puissance. Chose que
ne peut pas faire le bouclier lorsqu’un
cercle rouge apparaît sur
l’ennemi au moment d’attaquer. Ce mouvement est
indispensable contre les
plus puissants adversaires, dont les
Valkyries. D’ailleurs parlons-en.
Combats
Pour la petite histoire, les
Valkyries figuraient parmi
les plus puissantes guerrières d'Odin. Leur mission étant
d'emmener l'âme des guerriers tombés au combat au
Valhalla, le
palais des défunts d'Odin au royaume d'
Asgard (qui n'est
pas accessible dans cet opus). Afin de se préparer au
Ragnarök, la
fin des temps dans la
mythologie Nordique.
L'expression "manger le sol" au sens littéral du terme
Dans ce jeu il en existe
9. Dont la Reine
Sigrún, qui m'en aura fait
voir de toutes les couleurs. Ces Valkyries sont de très (très) loin
les adversaires les plus coriaces du jeu. Certaines sont assez
abordables mais d'autres sont un
calvaire avec des attaques
rapides et très
difficiles à éviter. J'ai joué en "
Équilibré" (Difficulté 2 sur 4), et rien que pour me farcir les
8 premières d'entre elles,
j'en ai bavé. Surtout au début. Alors je n'imagine même pas en difficulté maximale "
God of War"...
Autant pour les
adversaires de base on peut se permettre de
foncer dans le tas et de
bourinner un peu. Mais pour les
Valkyries, opérer ainsi serait
suicidaire. Pour leur faire face, les
3 éléments mentionnés plus tôt doivent être
maîtrisés à la perfection. Et je n'ai même pas parlé des
capacités intrinsèques à la
hache comme l'utilisation des
runes adéquates,
talismans et autres
artefacts à équiper selon le besoin. Tout ça pour dire qu'un affrontement contre elles
ne se prend pas à la légère.
Préparation,
anticipation et
patience sont les
maîtres mots.
Sinon pour les
combats contre les
adversaires en
général, il y a du
bon et du
mauvais. Pour les
bons côtés, la plupart ont un
pattern intéressant et les
affrontements de boss sont
épiques et magnifiquement
bien mis en scène. Je pense notamment à celui contre
“l'étranger” dont j'ai déjà parlé, et un peu plus tard contre une certaine
créature volante au sommet d'une
montagne.
Hélas, les affrontements de ce style sont
rarissimes. Ce qui est
étonnant connaissant la licence. Nous ayant habitué à davantage de
confrontations titanesques dans tous les sens du terme, face à des
dieux ou
non. Et afin
d’enfoncer encore plus le clou dans les
mauvais points, le
bestiaire manque cruellement de
variété. On se retrouve à affronter bien trop souvent les
mêmes ennemis de base à un
skin près.
Pour finir avec l'aspect
combat et en guise de
transition avec la partie suivante, même si c’est
Kratos qui fait l’essentiel du
boulot, il ne faut pas oublier
Atreus qui se pose comme un
soutien non négligeable grâce à sa capacité à
immobiliser certains adversaires, à faire
diversion et surtout décocher des
flèches là où se pose le
regard du joueur.
Ennemis ou éléments
interactifs, comme un
cristal bleu générant un
pont de lumière par exemple. Il serait dommage de s’en priver sachant qu'il ne craint pas les attaques ennemies. On aura vu plus
réaliste certes, mais ça a au moins le mérite de
faciliter la tâche.
Tel père, tel fils ?
Avant de conclure ce test, j'aimerais parler de ce qui selon moi,
élève ce GoW parmi les grands classiques du Jeu Vidéo. Le traitement impeccable de la
relation Père-Fils entre
Kratos et
Atreus.
Relation qui
évoluera constamment et d’une manière assez
inattendue par moments. Avec un
Kratos qui tente tant bien que mal à
d’éduquer à sa manière, son
jeune fils avec qui il partage
l’aventure. Et ce dernier, qui
découvre pour la toute première fois le
monde extérieur qu’il ne connaissait qu'à travers les
histoires de feu sa
mère.
Chacun
apprendra constamment de l’autre au fil du voyage. Même
Kratos qui a déjà une sacré
expérience derrière lui aura
beaucoup à apprendre de son rejeton qui ne manque décidément pas de
ressources.
À un certain
moment du jeu et suite à une
importante révélation,
Atreus changera radicalement. Pas seulement au niveau de son
caractère, mais aussi sa
perception du monde. J’en dis pas plus pour ne
pas spoiler mais personnellement
je ne m’attendais pas à ça.
Puis il faut garder une chose importante en tête à propos
d’Atreus. C’est un
gosse, qui n’avait eu jusqu’alors
aucune véritable expérience de la vie en dehors de sa piaule. Ses nombreuses
interrogations ou
réactions parfois
naïves ou
pleine de sens face à certaines choses sont
normales pour quelqu’un de sa tranche d’âge. Je dis ça car j'en ai vu pas mal
s'indigner sur certaines de ses
actions aux
conséquences prévisibles pour nous, et a son
changement de caractère dont j'ai parlé plus haut.
Et au-delà de
Kratos et
Atreus, les personnages en général sont
attachants et ont beaucoup de bonnes
histoires à nous raconter. J’en place une pour
"Tête" Mimir qui rejoindra la troupe en cours de route, dont j’ai pris
plaisir à écouter ses innombrables
récits nordiques. Et je n’oublie pas non plus les
frères nains forgerons qui apporte juste ce qu’il faut
d’humour et de
légèreté dans un jeu au ton assez
sérieux.
Conclusion
Ce God of War PS4 est un excellent jeu à faire absolument, et qui mérite amplement son succès critique et commercial. Mais de là à lui mettre des 20/20 à la pelle, non. La faute à un bestiaire trop peu varié et de rares affrontements épiques, un trop grand nombre d'objets à récupérer pour au final pas grand chose, une fin trop abrupte, et une mythologie nordique peu exploitée. Cet opus ne se suffit pas à lui-même, et on sent cruellement qu'il ne sert que de prologue pour la suite à venir.
Malgré ça, ce jeu a au moins le mérite d'avoir l'un des meilleurs binômes du Jeu Vidéo avec le quasi sans-faute de la relation Kratos / Atreus, une mise en scène du feu de Dieu avec une superbe direction artistique et une qualité visuelle le hissant dans le haut du panier des exclusivités PlayStation. Et un Gameplay bien fichu même si il nécessite un certain temps d'adaptation. J'ai réellement hâte de voir la suite des aventures du spartiate à Midgard. Suite qui ne pourra que être meilleure, j'en suis convaincu.
Un grand merci à Cory Barlog et à toute l'équipe de Santa Monica d'avoir réalisé ce jeu, et à vous lecteurs d'être arrivés jusqu'ici. Et maintenant qu'il est platiné de mon coté, il ne me reste plus qu'à découvrir les opus antérieurs.