Le 31 août 2023 sortait sur Netflix la version live action du manga One Piece d'Eichiro Oda. 1 mois après, voici mon ressenti à froid sur ces huit épisodes produits par Steven Maeda, et retraçant la saga d'East Blue.
Les adaptations de mangas en prises de vues réelles dites "live action", c'est une histoire tumultueuse. On se souvient, ou plutôt on aimerait oublier la catastrophe Dragon Ball Evolution en 2009. Mais aussi du film très décrié de l'Attaque des Titans sorti au Japon en 2015. Ou plus récemment cette année avec Les Chevaliers du Zodiaque qui a un petit "lien" avec la série qui nous intéresse. Et tant d'autres qui ont piétiné sur leurs modèles. À contrario, un des rares exemples d'adaptation qui me vient en tête et ayant eu une bonne presse fut le film français Nicky Larson et le parfum de Cupidon en 2018. Réalisé par Philippe Lacheau qui a aussi le rôle-titre.
Forcément, dès que Netflix annonça sa série sur One Piece, cela a engendré une levée de boucliers sans précédent. Et ça s'est empiré lorsque les premières images et vidéos furent dévoilées. Pour autant, j'avais envie de laisser le bénéfice du doute à cette adaptation au lieu de l'enterrer avant même sa sortie. Car c'est uniquement là qu'on sera en mesure de la juger. D'ailleurs, les premiers échos que j'ai eus lors de la diffusion des deux premiers épisodes durant l'avant-première au Grand Rex de Paris (où je n'ai pas pu être) étaient plutôt encourageants.
Le jeu des 7 différences
En tant que lecteur du manga, je suis bien placé pour parler des différences entre la version papier et celle de Netflix. Adaptation oblige, beaucoup d’éléments ont dû être modifiés ou passés à la trappe. Que ce soit en termes de scénario, de lieux, ou de personnages. La plupart des changements ne m'ont pas trop dérangé. Mais j'en ai trouvé certains assez dommageables. Pour autant, l'histoire reste la même et il sera toujours question de parcourir la mer Grand Line à la recherche du One Piece. Le trésor laissé par le roi des pirates Gol. D Roger, et la chose après laquelle court Luffy.
L'arc qui illustre le mieux les libertés qui ont été prises par la version Netflix, étant celui sur l'île d'Usopp qui s'étale sur les épisodes 3 et 4. Et qui sont les moins bons de cette adaptation de mon point de vue. La faute à un rythme qui retombe comme un soufflé. Des choix scénaristiques étonnants (notamment le dernier "échange" entre Usopp et Kaya en fin d'arc). Et des sbires totalement anecdotiques. Contrairement à Kuro, l'antagoniste principal de cet arc, que j'ai trouvé plutôt réussi et menaçant. Surtout durant cette chasse à l'homme au sein du manoir de nuit. Même si ça manquait d'un fauteur de troubles comme Django. L'hypnotiseur qui jouait des tours aux Mugiwaras, et physiquement absent de cette adaptation à mon grand regret.
Autre sbire dont je déplore la disparition, Octo. L'Homme-Poisson céphalopode au service d'Arlong, et le rival de Zoro durant l'arc d'Arlong Park dans le manga. Il avait la particularité d'utiliser six sabres. Un adversaire idéal pour un Zoro qui en manie déjà trois. J'ose espérer qu'il a été gardé de côté pour les prochaines saisons.
Il y a quelques moments clés de la série et du manga sur lesquels j'aimerais m'attarder. À commencer par la scène où tout commence réellement pour le jeune Luffy. La remise du Chapeau de Paille par Shanks. Un grand pirate que Luffy admirait énormément, et qui venait tout juste de lui sauver la vie d'un monstre marin au prix de son bras gauche. Une séquence qui, grâce au jeu d'acteur des concernés, a réussi à m’émouvoir malgré le fait que je la connaissais déjà. J'ose même pas imaginer ce que ça sera le jour où ces deux là se retrouveront. Ce n'est toujours pas arrivé dans le manga à l'heure où cet article est publié.
Autre scène très marquante émotionnellement, le départ de Sanji du bateau-restaurant le Baratie. Un moment d'autant plus impactant quand on sait ce que le cuistot et son chef Zeff (qui fait un excellent Gordon Ramsay dans cette série) ont traversé. Ce qui m'amène à dire que les flashbacks propres à chaque Mugiwara sont de qualité. Même s'ils sont tous tragiques.
En revanche, une scène qui fut bien meilleure dans l'anime, l'affrontement entre Zoro et Mihawk (qui a un sacré charisme). Le plus puissant épéiste de cet univers, et de surcroit l'objectif ultime de Zoro. D'une manière générale, je trouve que la plupart des combats et batailles de cette version n'arrivent pas à la cheville du matériau de base.
Le groupe vit bien
La qualité majeure de cette adaptation est incontestablement son casting. Aussi bien sur l'apparence des personnages très fidèle à leurs modèles à quelques variations près. Que par leur caractère et leur jeu d'acteur d'une grande justesse. En particulier chez l'équipage des pirates du Chapeau de Paille dont l'alchimie se ressent à l'écran et en dehors.
À commencer par Luffy incarné par Iñaki Godoy. L'acteur le plus jeune de la bande et qui physiquement et mentalement ressemble le plus à son personnage. Après visionnage de la série, j'ai du mal à imaginer un autre pour le rôle. On retrouve en lui tout ce qui caractérise cet homme élastique. Sa bonne humeur constante. Sa naïveté. Son appétit sans limites. Son obsession quasi maladive à vouloir être le roi des pirates. Et son amour pour ses compagnons.
Ensuite vient Zoro, le bretteur et le second de l'équipage. Joué par Mackenyu qui sortait tout juste de son rôle en tant que Seiya du récent film Les Chevaliers du Zodiaque évoqué plus haut. Et ayant presque éclipsé Luffy durant les premiers épisodes par son charisme et sa puissance. Notamment lors d'un duel où j'ai été surpris de le voir trancher en deux son opposant. Même le manga n'était pas aussi violent à ce niveau-là.
Quant à Sanji le cuistot, incarné par Taz Slylar, ce fut une agréable surprise surtout quand on sait à quel point il s'est durement entrainé pour le rôle. Puisqu'il a eu le temps de devenir un véritable combattant, et un véritable cuisinier. Une dévotion qui force le respect, et qui n'est pas exclusive qu'à Taz. Car tous les autres acteurs de l'équipage se sont préparés intensément pour leurs rôles respectifs.
On le reconnait bien aussi par la rivalité qui entretient avec Zoro, donnant lieu à quelques joutes verbales savoureuses. Et par son amour des femmes, même si ce trait de caractère est bien moins exagéré et lourdingue que dans le manga. Beaucoup ont râlé sur le fait qu'il n'ait pas son sourcil en vrille. Mais personnellement, ça ne m'a pas plus dérangé que ça.
La même réflexion pourrait s'appliquer à Usopp joué par Jacob Romero Gibson. Qui lui non plus n'a pas l'attribut physique qui est à la source de son nom. À savoir son long nez inspiré directement par ce menteur de Pinocchio. Pour le coup, je préfère ainsi. Et histoire de parler du personnage, je trouve qu'il s'en tire bien malgré le fait qu'il soit un peu en retrait. Mais c'est pareil dans le manga durant les premiers tomes. J'attends de pied ferme l'arc de Water Seven si l'adaptation va jusque là, où l'on verra un Ussop totalement transformé pour une raison que je ne spoilerai pas.
Celle qui pour moi a le meilleur acting de la bande, la navigatrice Nami jouée par Emily Rudd. Aussi attachante et détestable que dans le manga. Même si un peu moins roublarde. Et responsable des moments les plus émouvants de cette saison. Les derniers épisodes à Arlong Park lui auront permis de briller. Notamment durant cette fameuse scène où c'est Luffy qui lui confiera temporairement son chapeau de paille avant de régler son compte à Arlong. Un geste qui montre l'étendue de la confiance du capitaine envers Nami malgré les torts qu'elle lui aura causés.
Mention spéciale pour un personnage qui deviendra pour un temps l'antagoniste principal du groupe. Pour moi le meilleur méchant de la série (devant Kuro et Arlong). Je veux bien sûr parler de Baggy le clown. J'étais dubitatif lors des premiers visuels, mais le voir dans la série a balayé toutes mes craintes. On a affaire à un pirate aussi dangereux que ridicule, et impeccablement incarné par un Jeff Ward qui s'éclate dans le rôle. Même en termes d'apparence, je trouve que ça passe. Avec un petit air de Joker des films Batman, et son gros nez rouge qui lui va comme un gant.
À chacun sa justice
Il n'y a pas que les pirates dans la vie. N'oublions pas la Marine qui n'existe que pour les tenir à carreau et faire régner la justice. Ou plutôt leur "vision" de celle-ci. Une ambiguïté déjà présente dans le manga. Car même au sein de cette entité qui doit représenter le "bien", il existe des personnes mauvaises qui feront passer leurs propres intérêts avant ceux des civils qu'ils sont censés protéger.
C'est la même chose du côté des pirates qui ne sont pas tous des pillards assoiffés de sang et semant la terreur sur leur passage. Il suffit de regarder l'équipage des Mugis pour constater qu'ils sont très loin de cette description. Contrairement aux hommes poissons d'Arlong cochant toutes les cases. D'ailleurs, McKinley Belcher III joue bien ce chef de gang qui hait les humains du plus profond de son être. Et même s'il est nettement moins imposant, je le trouve encore plus vicieux que dans le manga.
Cette justice du "bien", elle est d'abord représentée par Koby. Un personnage interprété par Morgan Davies et qui aurait presque pu avoir la série à son nom tant il a de l'exposition à l'écran. Il est assez ironique de noter qu'à l'image du manga, que le premier ami qu'il se fait en mer soit Luffy. Un pirate, et donc ce contre quoi il doit se battre en tant que Marine. Même si les aventures qu'il va vivre avec cet individu hors du commun vont ébranler tout ce qu'il s'imaginait à propos des pirates. Et avec ce qu'il va découvrir au sein de la Marine, sa vision de la justice s'en trouvera complètement changée.
Et ça, un certain Garp incarné par Vincent Regan le remarquera assez vite au point de vouloir le prendre sous son aile. Afin de faire de lui le soldat que n'a jamais voulu être son petit fils de Luffy. Principale figure d'autorité de la Marine pour cette saison. Et personnage ô combien important dans l’œuvre qui normalement est censé apparaitre bien plus tard dans l'histoire. Au final, pourquoi pas maintenant ? Je l'ai trouvé très convaincant autant physiquement que sur le reste.
Esthétique
Une de mes plus grandes craintes avant la sortie de cette adaptation, c'était la manière dont la série allait gérer les effets visuels. Au final, le rendu n'est pas trop choquant, même s'il est loin d'être incroyable. À l’exception de la scène avec le monstre marin menaçant Shanks après son sauvetage de Luffy. Une créature très bien modélisée et encore plus terrifiante que dans le manga.
D'ailleurs, les attaques de Luffy de type "Gomu Gomu ", passent mieux que je ne l'aurais imaginé. Surtout vers la fin lors de son affrontement contre Arlong où l'on voit son "Gatling" à l’œuvre. Et son gigantesque coup de pied "Axe" (avec un plan copié collé par rapport au manga) qui traverse la tour d'Arlong Park.
En revanche, ça n'a pas empêché quelques faux raccords et aberrations visuelles. Dont une que tout le monde a vue concernant Zoro. Où durant une roulade, un de ses fourreaux d'épée se retrouve plié en deux. Une scène qui n'a visiblement pas été revue en post-prod, et a donné lieu à de nombreuses parodies et memes sur internet. D'ailleurs, le Youtubeur taiwanais 六指淵 Huber a fait un très bon short YouTube où il corrige lui-même cette scène.
J'ai beaucoup apprécié le fait que la plupart des objets et décors ont été fabriqués à la main. Comme le Baratie ci-dessus qui est mon préféré du lot autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Idem pour le bateau des Mugiwaras.
Musiques
De base, la bande originale de l'anime composée par Kohei Tanaka et Shirō Hamaguchi, est d'excellente facture. Une de mes préférées étant Overtakenqui se joue souvent en fin d'épisode ou quand les choses deviennent "sérieuses".
Quant à la musique de la version Netflix, on la doit à Sonya Belousova et Giona Ostinelli qui ont déjà œuvré pour la série The Witcher . Et c'est aussi une très bonne composition qui apporte sa propre touche. Même si quelques thèmes cultes ont été revisités dont "We Are" le tout premier générique d'ouverture de l'anime. Parmi mes morceaux favoris, d'abord l'hymne de Luffy "I'm Gonna Be King of the Pirates ".
Le thème au nom de l'épée de Zoro "Wado Ichimonji" aussi épique que tragique. Et joué durant son flashback.
Et le thème de Baggy qui colle parfaitement au côté clownesque et inquiétant du bonhomme.
Conclusion
Dans le jargon, on appelle ça un miracle. Surtout pour une œuvre comme One Piece longtemps jugée inadaptable dans un tel format. Ne serait-ce qu'à cause du côté extravagant et cartoonesque faisant partie de l'ADN même du manga. Je pense notamment aux personnages humanoïdes qui font plusieurs mètres de haut, mais que la série a choisi de ne pas intégrer pour cette saison. Peut-être que ça sera le cas pour les prochaines, ou pas.
Même si j'ai beaucoup apprécié cette version de Steven Maeda qui est certainement une des meilleures adaptations sorties à ce jour d'un manga en live action, ça ne vaut clairement pas l'anime et encore moins le manga. Et ce n'était probablement pas le but recherché. Il faut voir cette série comme une porte d'entrée pour les non-initiés qui voudraient découvrir l’œuvre d'une manière plus accessible. Et Netflix est la plateforme idéale pour ça. Après, reste à trouver le temps et le courage de se farcir plus de 1000 épisodes ou chapitres.
En tout cas, je salue la performance du casting qui s'est donné à fond. Et plus généralement, le respect de cette adaptation envers le manga. De toute façon avec Eichiro Oda aux commandes, ça aurait été difficile de faire un grand écart. Pour la prochaine saison dont j'ai déjà hâte de sa diffusion, je me demande vraiment comment ils vont s'y prendre pour le personnage de Chopper. Est-ce qu'on aura un acteur maquillé comme pour les Hommes Poisons ? Ou bien il sera modélisé en 3D ? Affaire à suivre.
Et vous, vous en avez pense quoi de cette version ?
Série phare du catalogue d'un Prime Video qui a de moins en moins de choses à envier à Netflix, voici mon avis sans spoilers sur The Boys dont la seconde saison s'est terminée en Octobre dernier.
À ce jour, je n'ai pas lu le Comics du même nom par Garth Ennis et Darick Robertson. Mais du peu que j'en sais, il semblerait que cette adaptation à l'écran par Eric Kripke demeure assez fidèle au matériau d'origine. Avec un humour noir omniprésent, un langage cru, du contenu sexuel, et une violence graphique qui crève littéralement l'écran. C'est trash, mais diablement fun. Et c'est caractéristique d'un univers à ne pas mettre entre toutes les mains. Déconstruisant avec brio le mythe des super-héros et le système qui les régie en dévoilant leurs côtés les plus sombres. Comme aucun autre film ou série du genre ne l'avait fait avant lui à ma connaissance.
Concernant mon rapport à cette série, j'avais bien accroché à sa première saison que j'ai découverte en 2020. Ce premier acte de la guerre entre ces durs-à-cuire de Boys contre Vought et les Sept fut passionnante à suivre. Rythmée, et presque sans temps morts selon les épisodes. Avec des personnages hauts en couleurs et pourris jusqu'à la moelle du côté des Supers, mais pas moins charismatiques pour autant dans les deux camps. Le moment m'ayant le plus marqué étant le final de la première saison. Qui non seulement changeait totalement le destin de Butcher, mais en plus nous révélait "l’héritage" du Protecteur. Suite à ce cliffhanger de folie je n'avais qu'une envie, me ruer sur cette saison 2 dont je vais enfin parler.
Nouveaux venus
Pour moi un des plus gros points forts de cette série, c'est le jeu d'acteurs de son casting dont je vais beaucoup parler ici. Et qui s'est d'ailleurs bien étoffé cette saison avec l'arrivée de nouveaux personnages qui n'ont rien à envier aux anciens.
En premier lieu Stormfront qui avec d'autres, portait cette saison sur ses épaules. Volontairement détestable en plus d'être surpuissante, et dont les idéaux feraient passer le Protecteur pour un gentil bonhomme. D'ailleurs la relation qu'entretenait ces deux-là était assez bien traitée.
Autre personnage très important du côté de chez Vought,Stan Edgar qu'on avait vu brièvement durant la saison 1 et qui a remplacé Madelyn Stillwell à la tête de la corporation. Incarné par un Giancarlo Esposito dans son élément. Infaillible et d'une prestance telle que même les Supers le tiennent en respect.
Après tout n'était pas parfait. Notamment ceux qu'on a découverts dans la prison de Sage Grove Center comme le personnage de la Torche (qu'on ne voit même pas dans les trailers bizarrement) qui fut un gâchis pour moi malgré son développement. Une de ses codétenues au crâne rasé qui faisait exploser des têtes que j'aurais aimé voir davantage. Et même un des gros enjeux de cette saison qu'était la lutte contre des "super-terroristes". Avec le grand frère deKimiko considéré comme l'un d'eux, qui ne m'avait pas spécialement marqué même si grâce à lui on a pu en apprendre davantage sur le passé de cette Super malgré elle.
On prend les mêmes...
Concernant les habitués, la plupart sont fidèles à eux-mêmes pour le meilleur et pour le pire. Le groupe des Boys demeurait toujours aussi soudé malgré quelques tensions. Même si le fait que des fugitifs comme eux puissent se balader à l'air libre comme si de rien n'était m'a fait pas mal tiquer. Rien de particulier à redire sur Hughie,La Crème et la "nouvelle recrue" qui s’intégrait au groupe du mieux qu'elle le pouvait.
Là où y a un peu de changement, c'est du côté de la complicité entre Le Français et une Kimiko plus badass que jamais. Et cette saison m'a confirmé que malgré son mutisme total, je trouve qu'elle a plus de personnalité que tous les Boys réunis.
Et que dire de Billy Butcher. L'anti-héros par excellence qui m'a encore plus régalé durant cette saison. Par son attitude, ses punchlines, et sa détermination. D'autant plus que son histoire avait pris une nouvelle dimension suites aux révélations concernant sa chère Becca qui a eu une place cruciale dans la trame. Ceci faisant qu'il était prêt à tout même au pire pour sauver ce qui lui restait.
Chez les Super qui auront été pas mal sous pression, j'ai apprécié la mise en avant plus prononcée du mystérieux Black Noir qui a eu d'excellentes scènes. L'évolution de Reine Maeve qu'on aura vue dans tous ses états. A-Train qui avait une place centrale dans la première saison qui était un peu plus en retrait ici. Et l'Homme Poisson que j'ai trouvé complètement anecdotique avec sa tentative de rédemption pour réintégrer les Sept en passant par l'Église du Collectif qui m'a profondément ennuyé.
De toute manière, tous font pâle figure face au Protecteur qui s'est encore surpassé en termes de folie et de gênance. De loin le meilleur personnage de cette saison (et de cette série) avec Butcher. Cette antithèse du Superman que l'on connait tous et qui n'en a que pour son égo. Tellement instable mentalement qu'il serait capable de raser la Terre entière si ça ne tenait qu'à lui. D'ailleurs il m'aura fait subir un gros coup de frayeur durant un certain épisode face à un public divisé. Mais aussi tyran qu'il ne le laisse paraître, on sentait un petit côté attendrissant en lui durant certaines scènes partagées avec sa progéniture, à qui il lui menait la vie dure (et inversement). Comme quoi même ces surhommes ont des faiblesses qui tiennent de l'humain.
Vought dans la tourmente
Autre grande qualité de The Boys, c'est la manière dont cette série dépeint nôtre société en la critiquant elle, et les Super Héros de manière générale. Et ce sans aucune retenue.
On l'a vu à plusieurs reprises par l'usage des réseaux sociaux et des memes internet à destination de ces Super. Qui ne sont que de purs produits d'un Vought tentant aux mieux de maquiller tout ce qui pourrait nuire à leur image. Et autant dire que c'était mal barré pour eux avec l'histoire du Composé V qui se baladait un peu partout, et le passif de Stormfront qui pourrait être révélé au grand jour. Ça donne une idée assez réaliste et effrayante de ce à quoi pourrait ressembler notre monde avec une telle entité.
Tout ça amène à poser une question. Qui sont les véritables héros dans l'histoire ? Ces "héros" prétendant rendre le monde meilleur en façade mais commettant les pires atrocités en coulisses ? Ou les simples humains dans l'ombre tentant de faire tomber le système quitte à se salir les mains ? Tant de nuances qui rendent le tout bien moins manichéen de ce à quoi on nous a habitué jusqu'à présent.
Dernière grande qualité de cette série, l'esthétique. Les effets visuels sont convaincants et bien utilisés comme il faut. Surtout durant les scènes violentes où ça n'y va pas de main morte. J'en veux pour preuve certaines séquences littéralement "explosives" dont une durant une audience qui est un des moments forts de cette saison, suivi plus tard du fameux "face-à-face" final que j'ai trouvé fabuleux.
Conclusion
Une suite dans la parfaite continuité que la saison précédente, au point où je la trouve meilleure. Efficace, même si dans la forme ça reste très classique et moins surprenant dans sa globalité. À l'exception de quelques twists scénaristiques bien amenés. Notamment la toute fin de saison avec un personnage responsable de l’incident de l'audience que je n'aurais pas soupçonné le moins du monde.
Vu sa conclusion, je sens que cette saison 3 partira dans une direction assez différente. En espérant que ce ne soit pas la saison de trop et que le ton sera conservé.
La 3ème saison de Westworld s'étant terminée il y a peu avec le 8ème épisode, il est temps de donner mon avis global et sans spoilers sur une saison radicalement différente de ce que la série nous avait habitués jusqu'alors.
Me concernant, je n'ai pas vu à ce jour le film éponyme de 1973 (appelé aussi Mondwest) par feu Michael Crichton. Et dont s'inspire cette série que j'ai découverte il y a deux ans. En m'étant fait d'une traite la première saison déjà sortie et que j'ai beaucoup aimée. Puis la seconde qui était déjà en cours de diffusion, plus complexe voire trop par moments même si ça restait de qualité.
J'avais tout de suite accroché à ce savant mélange entre Western et Science-fiction, mettant en scène des androïdes appelés "hôtes" d'apparence humaine, peuplant le parc d'attractions futuriste de Westworld (et ailleurs). Une reproduction fidèle du Far West Américain, très prisé par des visiteurs fortunés où tout est permis. Jusqu'au jour où suite à une "mise à jour", ces mêmes hôtes prennent lentement mais surement conscience de leur condition, et finiront par mettre en danger les visiteurs du parc.
Un superbe opening qui nous plongeait directement dans l'ambiance
J'ai été happé par son univers. Admiratif devant la prestation des acteurs. Envouté par la bande-son de Ramin Djawadi (l'un des plus grands compositeurs de cette dernière décennie pour moi) et ses nombreuses reprises de morceaux connus. Impressionné par les effets visuels et plus encore.
Mais ce qui m'avait le plus marqué (en bien comme en mal), c'était la narration à base de multiples temporalités des deux premières saisons. Mélangeant passé, présent, et même futur au sein d'un même épisode et ce sans nous donner d'indications sur l'époque dont il était question. Autant l'idée n'est pas inintéressante sur le papier, autant en pratique ça rend le tout difficile à suivre si on n'a pas la timeline sous la main. Chose que la saison 3 a laissé de côté pour se concentrer essentiellement sur une narration plus linéaire. Mais est-ce que cela rend la saison plus intéressante pour autant ?
Changement de décor
Une série s'appelant Westworld mais ne se déroulant quasiment plus dans le dit parc, c'est un peu ironique quand on y pense. J'en étais même à me demander ce qu'ils allaient bien pouvoir raconter au vu des événements irréversibles survenus au parc, et du sort de la plupart des hôtes dans la saison 2.
Au final, le fait de voir ce fameux monde extérieur nous montre à quel point s'étend le lore de cette série que je n'imaginais pas aussi riche. Avec de somptueux décors reprenant une architecture à la fois actuelle et futuriste, s'inspirant de certaines villes d’Europe, d'Asie orientale, et de la côte ouest Américaine. Et même si c'est une toute autre atmosphère que dans le parc, voir les hôtes restants interagir avec la population locale fait prendre à la série une autre dimension. En plus ce ça, ces deux mondes sont plus similaires qu'il n'y parait, car les hôtes ne sont pas les seuls à être "contrôlés".
Le prix de la liberté
Si on devait résumer cette saison en un mot, ça serait Liberté. Recherchée par les hôtes et en particulier Dolores. Qui pour y parvenir prépare une révolution dans le monde de leurs créateurs afin de briser définitivement les chaines de ses congénères, et de surcroit ceux de l'humanité toute entière. Car il s'avère que ce monde est encore plus contrôlé que ne l'était le parc de Delos.
La faute à Incite. La société qui héberge la surpuissante Intelligence Artificielle Rehoboam étant au cœur de la série, et ayant la main mise sur le destin de chacun des individus de cette société. Et ce sans même qu'ils ne s'en rendent compte, exactement comme pour les hôtes au début de la série. Et exactement comme un grand classique du genre qu'était Matrix en son temps. Où Neo évoluait sans le savoir dans un monde virtuel qu'il pensait être la réalité jusqu'au moment où il avalera la pilule rouge.
Un parallèle que j'ai trouvé pertinent et qui soulève de nombreuses questions, dont la suivante. Nos choix en sont-ils vraiment dans un système qui décide tout pour nous ? Cette interrogation prendra tout son sens durant l'épisode 5 qui est l'un de mes préférés de cette saison. Où Dolores mettra en place sa révolution et fera voler ce système en éclats. C'était assez intense à voir. Épisode qui m'a aussi marqué par le "Drug Trip" de Caleb qui l'aura fait passer par de multiples genres cinématographiques, et la course poursuite explosive au centre-ville de nuit.
L'homme et la machine
Une des forces de Westworld résidait dans l'interprétation des personnages. Humains comme hôtes. Pour cette saison c'est globalement correct même si certains d'entre eux nous avaient habitués à mieux. Comme Bernard que je n'ai pas trouvé très utile sauf vers la toute fin. William qu'on ne reconnait presque plus mais qui n'a pas perdu sa fougue caractéristique. Et Maeve bien que toujours badass et surpuissante, a perdu en profondeur.
En revanche j'ai beaucoup apprécié le traitement du personnage de Charlotte Hale. Passant de l'humaine impitoyable et n'ayant peur de rien, à une "Halores" (le corps de Hale avec l'esprit de Dolores) en pleine crise identitaire mais pas moins humaine pour autant. Tentant tant bien que mal de se fondre dans un monde qu'elle ne connait pas, et qui a parfois du mal à la reconnaitre comme c'est le cas avec sa famille biologique. Elle ne manquera pas de le montrer à une Dolores agissant comme une "mère" pour elle. Son personnage atteindra son apogée dans un épisode 6 montrant une très belle démonstration de force de sa part, et faisant figure de basculement majeur au vu de ce qui lui arrive.
Concernant les nouveaux venus, le personnage de Caleb Nichols interprété par un Aaron Paul qui m'avait marqué dans Breaking Bad. Et qui m'a fait une plutôt bonne impression. J'ai apprécié son côté emphatique et son recul qui le différencie des autres humains malgré son passif peu enviable. Et sa relation avec une Dolores qui aura beaucoup à apprendre des humains à travers lui.
L'autre nouveau venu et principal antagoniste de cette saison, l’insaisissable Enguerrand Serac interprété par le charismatique Vincent Cassel. Qui avec cette série, signe probablement l'une de ses meilleures interprétations à l'écran. Son intelligence et obsession à vouloir tout contrôler en font un personnage aussi complexe que dangereux.
Et enfin je ne pouvais pas ne pas finir par le personnage le plus important de cette saison, et qui à porté cette série à elle seule. La Dolores Abernathy autrefois innocente devenue vengeresse. Et résignée à en finir à sa manière avec les humains qui l'avaient persécuté dans le parc. Une évolution que je trouvais certes logique mais trop classique sur la forme. Jusqu'au tout dernier épisode et la scène très puissante lui étant dédié. Qui m'a fait prendre conscience que son plan n'était pas celui qu'on croyait être, et que tout ce qu'elle voulait c'était voir la "beauté" de ce monde qui lui a pourtant causé tant de torts. Comme le dit cette citation (en anglais) qui résume à elle seule toute l'essence du personnage.
« Some people choose to see the ugliness in this world. The disarray. I choose to see the beauty. To believe there is an order to our days, a purpose »
Conclusion
La meilleure musique de cette saison
Une saison plus courte que les autres, correcte bien que n'étant pas ma préférée, et soufflant constamment entre le chaud et le froid malgré son dépaysement. Avec quelques moments impactants dilués dans une soupe manquant de piquant dans sa globalité. Des personnages anciens comme nouveaux au traitement inégal. Et des thèmes abordés loin d'être révolutionnaires même si l'exécution est maitrisée. Peut-être que j'en attendais trop, même si ce ne fut pas la saison de trop comme je le craignais. Mais au vu du devenir de certains personnages clés, j'ai peur que les prochaines saisons elles, risquent d'être de trop. Et quand on sait que les producteurs envisagent d'aller jusqu'à 6 saisons, y a de quoi être dubitatif.
En tout cas cette saison est arrivée au bon moment. Car diffusée du 15 Mars au 3 Mai 2020, soit la durée officielle du confinement français à une semaine près. Et rien que pour ça, je suis content de l'avoir suivi jusqu'au bout.