Le 14 Juin 2013 sortait le premier The Last of Us qui fut l'un des jeux les plus acclamés d'une PlayStation 3 en fin de vie. Un lourd fardeau pesait sur les épaules déjà larges du studio Naughty Dog afin de réaliser l'inévitable suite d'un tel succès commercial et critique, et ô combien attendue.
Cette suite, elle vit le jour 7 ans plus tard et presque au jour près le 19 Juin 2020. Un titre qui comme son ainé, fut l'un des derniers gros jeux de sa plateforme à l'aube de l'actuelle génération de consoles. Suite de trop ou tout le contraire ? Je vous dis tout à travers mon Test avec Spoilers d'une Part II qui n'aura laissé personne indifférent. En bien, comme en mal.
Bien que je n'en attendais pas moins d'eux connaissant leur passif,
Naughty Dog (que je vais abréger
"ND") avait surpassé mes espérances en poussant
l'aspect visuel et le
souci du détail à un niveau rarement atteint dans un Jeu Vidéo. Par ses
animations qui sont parmi les plus réalistes que j'avais pu voir dans ce média, avec des expressions faciales très humaines, et évoluant en temps réel selon la situation. Un résultat que l'on doit à la
motion capture et surtout au talent des
acteurs ayant interprété leurs personnages.
Les décors m'avaient eux aussi bluffé par leur
photo-réalisme et les détails environnants. Comme cette
végétation quasi omniprésente et ayant repris le dessus dans un monde post-apocalyptique crédible où le temps semble s'être arrêté. Ses forêts denses dont on pourrait compter le nombre de feuilles et grouillant de vie. Les effets
d'ombre et
lumière, des vrais
reflets, ou encore des
particules en suspension dans l'air. Un monde plus
vaste et plus
vertical à l'image d'un
Uncharted 4, et moins cloisonné que dans le premier opus. Et dont le
level-design nous donne envie d'en explorer les moindres coins et recoins avec souvent des
récompenses à la clé. Il y a même un peu de
physique, notamment avec la
corde manipulable presque à souhait et adoptant un comportement très proche du monde réel.
Le
sound-design est impeccable. Le bruit des
armes à feu, les hurlements des
créatures et j'en passe, tout fait très authentique. Mention spéciale aux
coffres forts que l'on peut déverrouiller sans même avoir la combinaison sous la main, mais juste
en tendant l'oreille. Et la
bande originale composée à nouveau par
Gustavo Santaolalla et cette fois-ci
Mac Quayle, épouse parfaitement l'atmosphère parfois pesante, et parfois apaisante de cet univers.
D'ailleurs le son, ou plutôt la
musique en général tient une part très importante dans l'histoire. L'exemple le plus pertinent étant celui de la
guitare d'Ellie que l'on peut même
jouer presque comme le véritable instrument durant certains moments via le
pavé tactile de la
DualShock 4. Dire qu'il aura fallu attendre la
fin de vie de la console pour enfin en voir une utilisation pertinente.
Pour tout ce que je viens de citer, le mieux est de faire ce jeu avec un bon
casque audio ne serait-ce que pour profiter de la spatialité sonore et s'immerger dans l'ambiance.
Une Intelligence Artificielle, intelligente..

Là où ce
TLOU2 s'en sortait mieux que la plupart des jeux avant lui, c'est par son
IA plus affûtée que la normale. Fini les simples PNJ qui font inlassablement leur
ronde sur un chemin prédéfini et agissant comme des robots. On était sur des personnages presque à part entière qui s’appelaient même par leur
prénom, et avec un comportement
plus proche d'un humain. Comme
pour nous faire culpabiliser d'avoir ôté une vie, même si c'est pour notre propre survie.
Dans leur manière d'agir y avait eu du progrès par rapport au 1er. En cas d'alerte, ils ratissaient la zone de recherche et n'hésitaient pas à nous
contourner au lieu d'attaquer de front. Si bien que plus d'une fois
je m'était fait surprendre par un type que je n'ai pas vu arriver. Un sentiment d'être
traqué en permanence que j'avais trouvé grisant (et souvent énervant), nous incitant à bouger constamment et rester sur le qui-vive.
Naughty Dog…
Par contre j'avais trouvé un poil abusée leur
vue perçante et leur
précision chirurgicale. Même de loin et en difficulté "normale". Portant il y avait pire qu'eux. Leurs foutus
chiens qui pouvaient nous pister à plusieurs dizaines de mètres à la ronde et dont il valait mieux s'occuper en priorité.
L'
IA des compagnons était aussi au top. On était loin des simples figurants qui se contentaient
d'observer et viser à côté. Cette fois ils demeuraient réellement
utiles et on était content de les avoir avec nous durant les gunfights.
Ça c'était pour les ennemis humains. Pour le reste, il fallait agir avec prudence avec ces chers
claqueurs se repérant au son, et dont il fallait toujours éviter le contact à tout prix sous peine d'une mort instantanée. Une de leurs variantes qu'étaient ces saletés de
rôdeurs. Indétectables avec le mode écoute, et qui passaient la majeure partie du temps à nous fuir ou nous prendre par derrière. Et des plus imposants comme certains
boss qui nous faisaient courir durant des séquences n'étant pas sans rappeler les
Resident Evil.
Entre infiltration et action (infiltr-action)

Tout un tas de comportements difficiles à prévoir et
rendant toute tentative d'infiltration très compliqué. D'ailleurs en parlant de cette mécanique, elle avait évolué par rapport au premier opus sans pour autant bouleverser le genre. Puisqu'on pouvait s
'accroupir ou
ramper dans des
herbes à notre hauteur pour se cacher de la vue d'ennemis, qui pouvaient quand même nous détecter s'ils passaient suffisamment près de nous. Détourner leur attention avec un
objet pour les attirer ailleurs. Entreprendre une
élimination furtive à mains nues ou avec une arme silencieuse. Et en se débrouillant bien, il était même possible de
passer une zone entière sans verser le sang. Même si c'était difficile de s'y soustraire, surtout pour
explorer et récupérer tout ce qui est utile à la progression.
C'était du déjà vu, mais ça fonctionnait relativement bien ici. Même si je regrette qu'on ne puisse pas
cacher des corps (dans l'herbe ou dans l'eau) afin d'éviter qu'un ennemi de passage donne l'alerte en le constatant.
Le gameplay en général de ce
TLOU 2 restait assez proche du premier mais avec quelques évolutions notables. Du coté des affrontements au
corps à corps qui gagnaient en violence et en dynamisme avec la possibilité
d'esquiver les coups au moment opportun. Et qui plus d'une fois m'aura sorti de situations tendues
.
Pour les
armes à feu, il fallait la jouer économe car
les munitions partaient très vite de leurs petits chargeurs, et les gunfights étaient légion. Valait mieux éviter de se retrouver à sec dans ces moments-là, surtout face aux boss. Les
armes de mêlée n'étaient pas à négliger même si elles pouvaient résister à une dizaine d'impacts grand max. D'où l'importance de
looter un maximum de ressources dans le jeu. Aussi bien pour améliorer nos armes dont on pouvait apprécier la modélisation dans les
ateliers dédiés, que pour faire évoluer un
arbre de compétences linéaire qui hélas, renouvellait à peine ce gameplay.
Quand la violence sert le récit
TLOU 2 était un jeu violent. Au point même où ça en devient
dérangeant par moments. Une violence d'abord
graphique qui se traduisait par l'état dans lequel finissaient nos adversaires que l'on pouvait même
démembrer par un coup de fusil bien placé. Ou du sort d'autres personnages qu'on était amené à croiser au fil de l'histoire, dont certains ont été littéralement
disséqués pour ne pas en dire plus.
Une violence pas loin d'être gratuite, surtout quand n était contraint de l'user durant certaines
cinématiques ou en plein jeu. Même si elle n'était pas systématique et que son but premier était de
dépeindre l'atmosphère du jeu. Avec des morts
brutales, et souvent inattendues. Ici le message était clair, c'est
tuer, ou être tué.
Puis ce ne sont pas les
moments d'accalmie qui manquaient. Mais paradoxalement, je trouve qu'ils figurent parmi les meilleurs moments du jeu et peut-être même des jeux TLOU. En particulier ce
flashback avec
Ellie et
Joel dans les ruines d'un muséum d'histoire naturelle avec des fossiles de dinosaures et des fusées.
Ce qui m'amène à dire que la
narration et la
mise en scène de ce
TLOU 2 était magistrale. Avec des moments spectaculaires aussi bien
visuellement qu
'émotionnellement. Couplé à d'excellents
dialogues et des
jeux de regards qui valent parfois plus que des mots. On connaissait déjà le talent de
ND dans ce domaine, mais là c'était du grand art.
La frontière entre le Cinéma et le Jeu Vidéo n'avait jamais été aussi mince.
En revanche en termes de
scénario j'étais plus mitigé. J'aurais aimé avoir plus de réponses concernant le statut
d'immunité d'Ellie qui était le propos principal du 1er épisode. Et le fait qu'une grosse partie de la trame de cette suite ne se résumait pas qu'à une simple
vendetta. D'ailleurs si une
Part III voie le jour,
je me demande sincèrement ce que ND va bien pouvoir raconter dedans vu le sort de certains personnages. Tiens parlons-en de ceux-là.
Personnages

Il est temps d'évoquer les principaux acteurs de cette histoire. Concernant
Ellie, je l'avais beaucoup apprécié dans le 1er opus. Passant d'une jeune fille
inexpérimenté et
fragile malgré son caractère bien trempé, à une
guerrière endurcie par les épreuves qu'elle a dû traverser aux côtés de son substitut de père qu'est
Joel. Une évolution qui fut très plaisante à voir.
4 ans plus tard dans l'histoire, on la voyait évoluer à nouveau, mais d'une manière radicalement
différente et que j'avais
moins apprécié. Même si c'est justifié par la
mort de Joël survenue assez tôt dans le jeu, et qui
m'avait totalement pris de court. C'était incroyablement osé de faire ça de la part de
ND, mais dans un sens je me dis que c'était
la meilleure manière de la faire "grandir".
Personnellement j'étais moins fan de cette version du personnage que j'ai
eu du mal a reconnaître dans cet opus. Aveuglée par sa
vengeance quitte à occulter tout le reste et son bon sens. En termes d'écriture je trouvait qu'il y a eu une
régression la concernant, au point de me dire au moment des crédits de fin
"tout ça pour ça ?"
Mais ça, c'était sans compter le personnage
d'Abby qui contrebalance un peu tout ça. Incarné physiquement par
Jocelyn Mettler (qui a sa propre
chaine Twitch) qui à l'époque s'en était pris plein la tronche pour rien la pauvre. Une nouvelle venue que j'avais trouvé
bien mieux écrite, et
pas stéréotypée pour un sou malgré les apparences. Même si j'ai été
un peu gêné de ce qu'on nous faisait faire d'elle au moment de sa
première vraie confrontation contre Ellie dans le théâtre. Surtout après la mort de Joël dont elle était responsable même si elle avait ses raisons, et qui la lie intrinsèquement à
Ellie.
De plus par sa faute,
le rythme du jeu en prenait un sacré coup. Au point où je me demandais quand est-ce que ça s'arrêterait tellement ça
traînait en longueur par moments. Et pour un jeu du genre qui se finit en une
trentaine d'heures, j'avais vraiment trouvé le temps long. Je comprends la démarche de
nous faire vivre l'histoire d'un autre point de vue, mais il aurait été préférable selon moi d'opter pour une
narration plus alternée. Que l'histoire
d'Ellie et
d'Abby soient joués en parallèle.
Pour les autres personnages, disons que leur
écriture à défaut d'être mauvaise, était assez
inégale. Ça oscillait entre le très bon et l'anecdotique. Au final, l'un des personnages les plus intéressants pour moi sans compter ceux dont j'ai déjà parlé, c'est
Dina. L'attachante partenaire
d'Ellie qui ne manquait pas d'humour et se pose comme un
soutien de taille à l'héroïne. L'actrice qui prêtait ses traits étant
Cascina Caradonna qui a d'ailleurs refait (tout comme Jocelyn) les deux TLOU sur
sa chaine YouTube.
Le
doublage en VF était d'ailleurs de très bonne facture et j'en place une pour le travail remarquable opéré par
Adeline Chetail, Cyrille Monge, Audrey Sourdive (et tous les autres) qui sont les doubleurs respectifs d'
Ellie, Joel et
Abby.
Conclusion
Y a pas de quoi
Rares sont les jeux vidéos à m'avoir autant pris aux tripes que ce The Last of Us 2. Une leçon de vie, et surtout une leçon de maitre de la part du studio Naughty Dog qui m'aura fait vivre beaucoup d'émotions différentes. Une suite largement à la hauteur du 1er qu'il surpasse sur de nombreux aspects, et ayant pris énormément de risques quitte à choquer et diviser. Mais mérite t'il pour autant toutes les notes dithyrambiques qui lui étaient attribués ? Non, car loin d'être parfait malgré ses grandes qualités.
Je retiendrai son gameplay bien rôdé sans toutefois être révolutionnaire. Une narration digne des plus grands films. Une IA enfin digne de notre époque et qui ne laisse peu de répit. Des personnages d'une authenticité rarement vue dans ce média. Une ambiance parfois à couper le souffle. Et surtout des graphismes en avance sur son temps. Mes seuls regrets se situant au niveau du scénario m'ayant laissé sur ma faim, et du rythme pas assez équilibré à mon goût.
Un grand bravo à Neil Druckmann pour avoir porté ce projet titanesque à bout de bras. Et à tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la réussite d'un des plus grands jeux de la PS4, et peut-être même l'un des plus marquants de cette 8ème génération de consoles.
Et vous, qu'avez vous retenu de ce TLOU2 ?