On le pressentait hier à travers les premiers échos venus de Turn 10, mais cette fois les choses se précisent sérieusement.
Selon une info relayée par Insider Gaming, la franchise Forza Motorsport serait tout simplement annulée, la section concernée fermée, et l’équipe dédiée dissoute.
Le studio continuerait d’exister, mais uniquement en soutien au développement de Forza Horizon.
Tout est parti d’un message Reddit posté par
Fred Russell, ancien de Turn 10 (parti en 2016), qui déclare très clairement que :
"Turn 10 Studios a fermé la branche Motorsport. L’équipe n’existe plus."
Et d’ajouter qu’il ne reste désormais que du support pour
Forza Horizon. À aucun moment il ne s’agit d’un
“repositionnement” ou d’un simple remaniement en interne. C’est une fermeture nette, confirmée par le fait que 50 % du studio a été licencié dans la dernière vague.
Pas de communiqué officiel côté Microsoft. Pas d’annonce en bonne et due forme. Juste un silence gêné. Le genre de disparition dont on se rend compte… une fois qu’il ne reste plus rien.
Forza Motorsport 2023 était censé relancer la machine. Nouveau moteur, nouveaux standards, approche plus servicielle. Mais entre contenu famélique au lancement, techniquement en retrait par rapport à FM7, et une IA à l’ouest, l’élan est vite retombé.
Le jeu a beau avoir décroché
un 83 sur Metacritic, il n’a jamais été mis en avant par
Microsoft, qui n’a donné aucun chiffre de ventes. Et dans le contexte actuel où la rentabilité prime, ça ne pardonne pas.
Le contraste est saisissant. D’un côté,
Forza Horizon, plus fun, plus accessible, plus bankable, qui continue de bien se vendre. De l’autre,
Motorsport, ex vitrine technique de la marque qui coexistait notamment avec
ce bon vieux Project Gotham Racing, qui finit reclassée sans tambour ni trompette.
Et ça en dit long sur le repositionnement stratégique de
Microsoft/Xbox : miser sur ce qui est populaire, couper ce qui rapporte moins, quitte à enterrer des franchises historiques.
Motorsport avait peut être ses défauts, mais c’était l’une des rares exclus Xbox à viser la simu pure et dure. Aujourd’hui, il ne reste que Gran Turismo dans le genre sur consoles.
Avec la fermeture de
The Initiative, les annulations en cascade (
Perfect Dark,
Everwild), et maintenant la disparition d’une série aussi installée que
Forza Motorsport, on commence à entrevoir ce à quoi pourrait ressembler le
“nouveau Xbox”.
Un Xbox plus léger, plus agile, mais aussi plus frileux, avec moins de diversité dans ses propositions, et moins de place pour les expériences de niche ou techniques. Un virage stratégique assumé ? Peut être. Mais qui laisse un arrière goût amer pour ceux qui voyaient en
Forza Motorsport autre chose qu’un simple produit à rentabiliser.
Et au final, on en revient toujours à cette impression persistante ces derniers mois :
ce ne sont plus les créateurs qui parlent, mais les actionnaires.
Lancée en 2005 sur la première Xbox,
Forza Motorsport n’était pas un simple jeu de course :
c’était la réponse directe de Microsoft à Gran Turismo, à une époque où la licence de Polyphony dominait outrageusement le segment de la simulation console. Et contre toute attente,
Forza Motorsport n’a pas seulement existé dans son ombre : elle a su, à plusieurs moments clés, tenir tête à son rival japonais, voire le surpasser sur certains aspects.
Dès
Forza Motorsport 2, la série impose un modèle plus souple, plus accessible, mais sans renier l’exigence. Puis
Forza Motorsport 3 et 4 consolident sa réputation sur Xbox 360, avec des circuits variés, un gameplay plus nerveux, un système de livrées communautaires, et surtout une fluidité constante en 60 FPS, là où Gran Turismo multipliait les promesses sans toujours les tenir. Certains joueurs y voyaient même une alternative plus moderne et plus joueuse, quand le concurrent se perdait dans une approche muséale un peu figée.
Forza Motorsport, c’était aussi la capacité à évoluer rapidement : cycle de développement maîtrisé, ajouts réguliers, adaptation aux attentes.
Là où Gran Turismo 5 aura mis six ans à sortir, Turn 10 alignait les épisodes à un rythme quasi industriel, tout en montant en qualité.
Pendant près de vingt ans, Forza Motorsport a incarné la vitrine simulation de Microsoft, un point d’entrée sérieux pour les amateurs de conduite pointue, mais sans élitisme. Le tout avec une touche plus vivante, plus immédiate, plus américaine aussi. Le voir s’éteindre aujourd’hui, sans véritable annonce ni hommage, a quelque chose de brutal.
Comme si une partie de l’ADN Xbox venait d’être gommée au marqueur.