Remedy a toujours eu le don d’inventer des jeux aux concepts narratifs forts. De Max Payne à Alan Wake tout ou presque est passé à travers les mains de Sam Lake. Même si le voyage dans le temps fait désormais partie des nouvelles cordes à l’arc du créateur du studio. Avec Quantum Break, Remedy souhaite repousser les limites abstraites du Cross-média qui, se révèle être un échec jusqu’à maintenant (prenons exemple sur Defiance). Quantum Break sera-t-il à la hauteur de ses ambitions ?
Retour vers le futur !
La présentation a d’abord résumé ce qu’était Quantum Break, et il s'agit d'un thriller futuriste où nous contrôlons Jack, un homme employé par la société Monarch. Alors qu’ils ont créé une machine à voyager dans le temps et qu’ils ont tenté une expérience illégale, celle-ci explose provoquant la fission de l’espace-temps. Cette fission a elle-même provoqué une rupture du temps qui s’écoule différemment crééant aussi des failles temporelles régulières à l'origine de nombreuses catastrophes. Par-dessus le marché, Jack s’est retrouvé pris dans l’explosion et se retrouve doté de pouvoirs. Lui seul peut rétablir la ligne temporelle. Toutefois, le président de la société Monarch possède les mêmes dons et décide de causer la destruction et retient prisonnier le frère de Jack, William.
Si on nous promet de nombreux retournements de situations, Remedy a surtout développé l’aspect Cross-média. Qu’est-ce que le Cross-média ? C’est un système qui permet de créer un univers sur plusieurs médias comme le jeu vidéo, les romans, les séries télévisées, le cinéma.... Un projet qui s’annonce d’ores et déjà ambitieux, surtout vu l’échec de Defiance qui n’avait pas su être cohérent entre le MMO et la série télévisée. Ainsi, le jeu se divisera en chapitre (découpé par un système d’épisodes) et à la fin de ceux-ci, le joueur aura un choix à faire. Ce choix lui proposera un épisode de la série qui correspond à la gravité de son choix. Les épisodes seront d’une durée de 20 minutes au total et reflèteront des choix qui affecteront la série et le jeu vidéo. On nous explique que certains événements seront provoqués par tel choix et que la mort d’un personnage pourrait provoquer une catastrophe temporelle de plus grande ampleur.
La présentation nous a montré d’ailleurs l’un des choix que pourra effectuer le joueur et il faut avouer que Remedy a réellement reproduit une scène par choix, malheureusement pour des raisons évidentes de spoil, ils ne nous ont pas montré les conséquences directes. Cependant, il faut dire que la série est déjà soignée et que l’ambiance promet d’être au rendez-vous. Concernant la série et le scénario, nous avons appris le casting qui composera le jeu, Shawn Ashmore (X-men) sera Jack Joyce, le héros, Lance Riddick (Fringe) le bras droit du méchant, mais il y aura aussi Dominic Monaghan pour interpréter William et l’acteur Aidan Gillen, qui interprétera le némésis de Jack. Il est aussi connu pour le rôle de Petyr Baelish dans Game of Thrones.
Un casting cinq étoiles pour cette nouvelle production ambitieuse toute droit sortie de l’imagination de Sam Lake. Des points qui rassureront sûrement les joueurs sceptiques vis-à-vis du titre. Nous finirons sur le scénario en évoquant que certains lieux et personnages seront à la fois dans la série et le jeu vidéo. Nous avons pu voir une scène qui liait les deux côtés du jeu (la partie du héros concerne le jeu et le côté méchant, quant à lui, sera la série), un système intéressant à suivre puisque la même scène exploite deux points de vue différents. Narrativement, le jeu pourrait être une bonne surprise, pourtant il révèle une part de gameplay très classique.
Un voyage au gameplay classique !
C’est sûrement là que les joueurs seront le plus déçus. En effet, Quantum Break n’échappe à la règle d’être une TPS classique. C’est à dire avec un système de cover derrière des objets et des phases de shoot qui lient pouvoirs temporels et armes à feu. Ainsi, le titre empreinte beaucoup d’éléments à Max Payne comme une sorte de bulles time, lié aux pourvois du héros, mais aussi en filmant d’un angle différent la mort des ennemis. Un système qui fonctionne bien puisque ça dynamise un peu plus le jeu. Les gunfights sont d’ailleurs assez curieux. Nos différents pouvoirs pourront nous permettre de sauter dans le temps, de nous créer un bouclier, d’arrêter les balles et de nous déplacer rapidement, chaque pouvoir permet d’avoir différentes approches pour éliminer les ennemis. Tous les moyens seront bons pour les empêcher de vous nuire, mais à vous d’utiliser le système judicieusement afin d’éviter d’être bloqué avec vos pouvoirs.
Effectivement, chacune des capacités de Jack se voit limitée par une icône présente sur le hub et demande un temps de rechargement. Par ailleurs, la combinaison de vos pouvoirs vous permettra d’affronter différents types d’ennemis. Au-delà des soldats de Monarch classiques, vous aurez le droit d’avoir des hommes capables de se déplacer très rapidement. Ils ont tous un point faible que vous devrez trouver pour vous en débarrasser. Si nous n’avons pu voir que deux types d’ennemis, on espère que l’ensemble sera un peu plus développé avec des personnages qui pourront donner du fil à retordre à Jack. Remedy ne cherche pas à révolutionner le TPS, c’est un fait, mais ils arrivent à intégrer des idées pour dynamiser un peu plus les combats et les rendre plus intéressants à faire. Même si dans la majeure partie des cas, le joueur jouera la carte de la défense et de l’attaque, il faut qu’il sache qu’il y aura d’autres possibilités. Également, un point noir que nous avons pu remarquer sur le titre, c’est que le titre paraît encore approximatif avec les armes, est-ce la faute du testeur de Remedy ? Ou un problème du jeu ? En tout cas, c’était visible à l’écran et gênant par moment.
Heureusement, Quantum Break ne se limite pas au Gunfight et proposera quelques énigmes où vous pourrez utiliser votre pouvoir. Ceux-ci ne seront pas mis au second plan du jeu, ce qui reste tout de même un point positif pour tout titre qui traite du voyage temporel. Ces énigmes interviendront généralement dans les failles temporelles lorsqu’un bâtiment s’effondrera et qu’il effectuera des aller-retour constants dans le temps. Le joueur devra utiliser avec parcimonie ses pouvoirs pour réussir ces phases de plates-formes. Bien entendu, ce ne seront pas des énigmes très complexes, qui ne révolutionneront pas non plus le jeu vidéo à la troisième personne. Un manque de prise de risque qui pourrait décevoir les joueurs, mais il faut dire qu’on attend surtout le jeu sur son aspect scénaristique.
Quand le temps est modélisé à l’écran.
Un autre point où Quantum Break s’en sort plutôt bien, si ce n'est presque parfaitement, c’est par son aspect technique et son approche visuelle du temps. En effet, techniquement le titre est plutôt joli, la modélisation des acteurs est réussie et il faut dire que la direction artistique est classique, mais qu’elle reste efficace pour donner un certain réalisme à l’univers. Le jeu est soigné et ne souffre pas de problèmes majeurs (même si le dernier trailer avait présenté Jack réalisant le "Moonwalk"). Le titre s’en sort même très bien autant sur les effets de lumière que sur la représentation du temps et ceux par plusieurs formes. Les séquences qui nous ont été dévoilées montraient Jack prisonnier entre le passé et le présent, ce qui nous permettait de voir un bâtiment qui évoluait constamment. C’est-à-dire que l’on passait du jour à la nuit continuellement, avec des objets présents la veille et qui disparaissent ensuite. Autant vous dire que c’est un rendu efficace et qui ne souffre d’aucun problème de framerate, malgré la prépondérance d'objets à l'écran. Il faut avouer que sa représentation était déjà beaucoup plus encourageante que ce qu'on avait pu voir précédemment. Et on a hâte d'en voir davantage sur le reste de l'univers.
L’autre représentation du temps est présente dans le gameplay même. Lorsque Jack utilise ses pouvoirs, on peut voir que le temps connaît quelques distorsions. Ces distorsions sont provoquées par des vagues ou représentées comme des particules à l’écran. Cela donne un aspect triangulaire aux différents dômes temporels ou encore lorsque l’on court plus vite grâce à nos pouvoirs. Sur le plan technique, esthétique et graphique, Remedy propose un jeu qui semble adéquat aux performances de la console. Ca laisse rêveur et ça envisage du très bon pour la suite. Bien entendu, notre présentation n’était pas le jeu final et ça permettait déjà de voir à quoi ressemblerait le titre dans sa DA et dans une séquence de gameplay un peu plus longue qu’à l’accoutumée.
Nous revenons rapidement sur la technique de la série, qui est soignée entre moments sombres dans des lieux abandonnés avec une réalisation dynamique et efficace. De ce que nous en avons vu, les plans fonctionnent bien et la justification des phases temporelles est présentée de manière correcte via des cuts réussis. Ainsi, il ne serait pas étonnant que Remedy ait réussi à faire de la série, un point central du récit, vu qu’elle ajoute en plus du background en exposant le point de vue du méchant.
Quantum Break convaincra-t-il le public ?
De notre ressenti face à la présentation, Quantum Break a de l’ambition et il fera sans doute un très bon jeu. En effet, pour juger de la qualité du titre, il faudra attendre de mettre la main dessus et de voir la progression du scénario. Mais la présentation nous a permis de mieux comprendre les enjeux du cross-média et de voir que c’est un TPS classique certes, mais qui pourrait surprendre notamment grâce à son aspect technique, graphique et surtout par un rythme réussi lors des phases de shoot. Notons que le titre se considère comme une expérience narrative complexe, comme chaque jeu du studio, la mise en scène et l’histoire seront le point central par rapport au gameplay. Ainsi, Quantum Break sera peut-être un chef d’œuvre (ou non d’ailleurs), mais avec des thèmes aussi casse-gueule on espère simplement que Remedy arrivera à aller au bout de ses ambitions. En tout cas, on part favorables pour cette expérience vidéoludique. Il ne reste plus qu'à patienter jusqu'au 5 avril 2016 exclusivement sur Xbox One.