(cet article ne divulgue que les éléments mis en avant dans les trailers et autres tests/review disponibles sur internet. Donc en dehors du quotidien de Nathan, de la raison pour laquelle Sam est présent et du pitch de départ s'étalant sur 4 chapitres, il n'y aura aucun autre spoil).
Un jeu attendu oui, mais pas par tout le monde
Les avis et critiques du scénario d’Uncharted 4 souvent ne dépassent pas les 4 à 6 mots mis à la suite, aussi j’ai décidé d’en faire une avec comme référence et point de départ, mon ressentis global sur la saga auquel je joue depuis le tout premier épisode (même celui sur vita).
Il faut néanmoins commencer par le début. Quel est mon ressentit face à cette licence ? Et bien je n’ai pas aimé le 1, j’ai trouvé la visée et les sauts imprécis, le rythme gâché par les gunfights incessants (et les poursuites, quelle horreur), les ennemis ridiculement en surnombre et le moteur graphique ne m’a pas bluffé (à part l’eau sur les vêtements). De plus, l’histoire du 1 est d’une banalité sans nom à l’exception du twist fantastique sortit de nulle part et transformant le jeu en survival. C’était bien trouvé pour le coup.
A l’opposé, j’ai trouvé le 2 génial. Tout y était grandiose, de la musique aux graphismes, en passant par l’animation et les scènes d’action. J’ai aimé voyager, rencontrer tous ces personnages et adoré détester le grand méchant du jeu… Dommage que l’aura de la licence fut entachée par le 3. Je n’avais rien vu des trailers donc tout a été une surprise pour moi, néanmoins je n’ai pas adhéré à ce « couple » de vilain assez ridicule (comment des bourgeois peuvent-ils supporter un tel voyage !?), ces flash-back inintéressants sur un Nathan jeunot à la limite de la caricature; ces bagarres burlesques au possible (et pourtant j’adore Terence Hill) et ce concept de "cité caché du LSD" clairement peu convaincant.
Donc non, je ne faisais clairement pas parti de ceux considérant Uncharted 4 comme l’ultime GOTY2016. J’ai même annulé ma précommande 3 fois avant d’être définitivement convaincu de son potentiel avec la séquence de poursuite de Madagascar et la virée en jeep de gamekult (oui j'ai été faible). J’ai donc acheté U4 uniquement pour me divertir sans chercher plus et c’est bien pour cette raison précise qu’il m’a surprit.
Un nouvel épisode oui, mais surtout le dernier de Nathan
Pour commencer, Uncharted 4 n’est pas le 1er épisode d’une nouvelle trilogie, ni le 1er d’une nouvelle saga, ni simplement le 4ème d’une grosse licence. Uncharted 4 se présente comme la conclusion ferme et définitive de l’histoire complétement abracadabrantesque d’un héros de jeux vidéo qui a lui-même conscience de l’ironie de sa situation.
En effet, Nathan est parfaitement réaliste quand il s’agit d’analyser sa vie. Il a découvert 3 civilisations anciennes et disparues, chacune remplie de trésors, mais est toujours retourné plus ou moins bredouille (même son frère lui en fait d’ailleurs la remarque). Il sait que malgré toutes ses découvertes, il reste un illustre inconnu aux yeux du monde. C’est même pire puisqu’il est considéré comme un petit criminel aux mauvaises fréquentations.
On s’étonne d’ailleurs de retrouver notre héro en bon employé modèle d’une entreprise de récupération d’épave. Le choc est d’ailleurs assez rude lors de cette scène vu qu’elle nous fait croire au premier abord à un fond marin caribéens… Le retour à la réalité est bien triste.
Nathan en bon mari modèle, passe du temps au grenier à se remémorer ses aventures passées. Un moyen de réjouir les fans et aussi de faire comprendre aux nouveaux venus que le héros n’en est pas à son premier coup d’éclat. Nate ironise d’ailleurs sur sa propre condition de « plausible » héro de jeux vidéo (le 4ème mur est intacte, rassurez-vous) en faisant le parallèle avec un certain C. et sa propension à sauter et ramasser tout pleins de choses sans que cela ne soit expliqué scénaristiquement.
Elena quant à elle, sait pertinemment que son mari est nostalgique de cet époque où il était un aventurier accomplis et décide donc de lâcher un peu de lest en l’encourageant à accepter une proposition de travail illégale (toujours dans la récupération d’épave). C’est ce moment que choisit Sam, le frère disparu de Nathan, pour réapparaitre non sans une excuse parfaite pour repartir à l’aventure comme au bon vieux temps. Il est en effet en danger de mort à cause d’un baron de la drogue s’accrochant un peu trop à ses histoires de trésor perdu. Le récit de Sam est évidement suspect mais Naughty Dog a prévu le coup. Un gros flashback bien placé et les évènements racontés seront vécus directement par le joueur comme le ferait n’importe quel gros blockbuster.
A partir de là, il n’y a pas lieu de s’attarder sur tous les tenants et aboutissant des aventures de Drake. Ça vous le verrez une fois la manette en main. L’important est de savoir ce qu’il y a à retenir d’Uncharted 4.
Des défauts narratifs, mais pas ceux auquel on pense
Et bien le principal reproche que l’on pourrait retenir est qu’il s’attarde un peu trop sur les derniers évènements du jeu. Là où au début, l’on pouvait penser que les scénaristes souhaitaient avant tout creuser les personnages et leurs relations, il est évident que dans la dernière partie, c’est le gameplay qui a eu toutes les attentions. Tout est bon pour excuser la fouille minutieuse de « l’île » jusqu’à ce que l’on puisse dire ENFIN !!!! Car oui, vous allez en bouffer du « Libertalia » et ce à toutes les sauces. Uncharted fait partie de ces jeux hautement narratifs qui se déroulent sur plusieurs semaines. A la manière donc de TLOU, le cadre change souvent, ainsi que les objectifs (exploration, enquête, infiltration, sauvetage, etc). Les moments de contemplation font place à l’action puis à la plateforme ou aux enigmes comme l’on pouvait tous s’y attendre.
Le problème, c’est que contrairement au précédent titre de ND, il n’y a pas assez de protagonistes dans Uncharted 4. Une narration aussi poussée ne faisant intervenir aucun passeur, aucun chef local, aucun village reculé, aucun peuple gardien d’artefact, ni aucun antagoniste mystérieux sur ses intentions réelles, peut faire l’objet d’un rejet violent de la part de ceux qui attendait le retour à la formule pure et dure d’Uncharted (arterfact mystérieux, voyage, temple, course poursuite, civilisation perdue, pouvoir mystique, etc)
Ici, tout le monde se connait depuis longtemps. Rafe, Nadine, Samuel, Sullivan, Nathan et Elena sont ceux que vous verrez le plus souvent. Cela permet certes, d’étoffer les dialogues sur les motivations des personnages, leurs petites histoires et autres déviances, mais cela empêche aussi par la même occasion de ressentir un réel danger face à des gens tous plus ou moins amicaux entre eux (du moins au début).
Un changement de ton, un changement de rythme
En effet, tout le monde a besoin de Drake et Sam, mais uniquement parce qu’ils le veulent bien. En arrêtant leurs recherches, ils ne seront pas capturés ou ne feront pas l’objet d’un chantage pour aider tel ou tel gros méchant (comme dans les anciens épisodes). Nathan n’est pas non plus embarqué dans cette aventure par simple amour du risque, pour faire une découverte majeure ou bien pour empêcher un sombre vilain de s’approprier les pouvoirs d’une ancienne cité antique.
Non, notre Nate fait ça « uniquement » pour sauver son frère. Voilà un pitch plus intimiste qui n’aura de cesse de nous balader entre les véritables sentiments de nos héros. Nous verrons donc qu’aucun personnage n’est laissé sur le carreau et que même Rafe a des intérêts beaucoup plus complexes que l’on ne croit. L’évolution de Nathan est par ailleurs assez intéressante car il sera constamment tiraillé entre son côté aventurier (Sam) et sa bonne conscience (Sully).
Nathan ira au-devant de gros problèmes il est vrai, mais c’est au moment où il sera au fond du gouffre, que ces amis apparaitront chacun leur tour pour lui sauver la mise. Soutien psychologie pour Elena, soutien matériel pour Sully, soutien physique et intellectuel pour Sam. A force il finira par vaincre ses démons et faire un choix cornélien entre deux philosophies de vie. L’épilogue sera donc la récompense tant attendu pour ce héro avec 4 épisodes de bons et loyaux services. Ceux qui s’attendaient à une fin dramatique n’auront finalement rien compris à l’aventure Uncharted.
En effet, après 3 happy end, que vous faut-il encore d’autre pour comprendre et accepter qu’uncharted est dans la droite lignée d’un Indiana Jones ou d’un bon James Bond des années 80/90 ? Vous attendiez-vous à une fin dramatique en visionnant Les Goonies ? Non ? Alors pourquoi maintenant ?
Un dernier mot en ce qui concerne Sam. Il arrive en effet comme un cheveux sur la soupe, un peu comme dans la majorité des manga et comics pour schématiser. Là où ND a eu du nez, c’est qu’au lieu de se cantonner à un simple flash-back, ils nous en offrent 3. Nous verrons donc Sam adolescent, puis jeune adulte puis l’actuel Sam carrément jouable dans une scène appuyant complétement son récit hautement improbable l’ayant amené à réapparaitre dans la vie du héros. On se demande même s’il ne se ficherait pas un peu de nous mais là encore, tout est prévu pour appuyer le récit. La mise en scène des évènements et les jeux d’acteurs qui en découlent sont tout simplement bluffant. Je n’avais jamais ressentis une telle immersion même avec les plus gros FPS « next gen ».
Alors il est où le problème ?
En fait, on peut dire que lorsque l’on s’immerge complétement dans l’aventure, tous les dialogues (même accessoires), toutes les cutscenes, la mise en scène exceptionnelle, les expressions qui valent plus que les mots, tout nous parait crédible, plausible, réel et palpable. Le seul défaut majeur de cette narration, est qu’elle ne touchera absolument pas ceux qui partent avec l’idée de décrypter de fond en comble Uncharted 4 comme un produit de supermarché et de le jeter dans le cas où il n’atteindrait pas leurs exigences pré-établies.
Se concentrer sur 3 ou 4 textures, une dent de travers ou bien sur le fait qu’il n’atteint pas le niveau d’autres jeux sur des aspects purement technique (la mer, le ciel) ou de mécanique de gameplay (glissade, shoot), c’est avouer que l’on souhaite le juger uniquement à cause de son statut de porte étendard (ou de gros AAA mainstream).
Interrogeons-nous. Notre GOTY de 2014 ou 2015 a-t-il réinventé un genre ? Fait-il tout mieux que les autres ? A-t-il reçu une mention « perfect game » par le plus grand nombre ?
Je peux vous l’avouer, les meilleures expériences que j’ai eues ces dernières années (l’ère PS360) ont toutes des défauts. GTA4, Red Dead Redemption, Nier, Darksiders 1, Bioshock, Fallout 3, Shadow of the Mordor, Dragon Age 3 et Batman AA, AC et AK ont eu ce petit plus qui m’a entièrement immergé dans leurs histoires respectives alors que d’autres AAA éminemment reconnus ont eu juste un effet boulimique sur le pauvre joueur en mal de sensation que je suis. MGSV et TW3 sont à ce propos des jeux que j’ai beaucoup aimés, mais qui ont eu raison de ma patience après une centaine d’heures de jeu chacun. Je les ai fini mais comme tache à faire (lassitude), plus qu’autre chose.
Non vraiment, cet Uncharted 4 m’a fichu une claque globale aussi grande que lors du 1er visionnage de mes films favoris. On ne s’y attend pas et l’on en ressort bluffé. Qui peut se targuer d’apprécier une œuvre aimé de tous et n’ayant reçu aucune critique négative de qui que ce soit de vivant en ce monde ? Il suffit de voir les critiques de n’importe quel chef d’œuvre reconnu dans le monde du cinéma, de l’animation, de la bande dessinée etc… Pour un nombre de critiques positives données, combiens s’insurgent de la vision légère et optimiste de certain en brandissant l’étendard de l’objectivité et du professionnalisme ?
Je l’ai constaté avec The Last of Us (que j’ai uniquement fait sur PS4, donc très tard) et je le constate aujourd’hui avec cet Uncharted 4. Plus un jeu est populaire, plus il aura de chance de créer une dissension au sein des communautés car plus de monde s’y intéressera (et y jouera vraiment par la même occasion).
Pour ma conclusion, je dirais que s’ils avaient été surmédiatisés et attendus, certains jeux cultes actuellement aurait fait l’objet de beaucoup plus de controverses de la part de joueur très exigeants (Nier, mon précieux!).
Surtout quand on part à l’aventure avec l’esprit d’un critique acerbe et non celui d’un gamer rêveur.