Donc je me suis motivé à regarder le fameux Death Note de Netflix hier, étant même chaud pour poster un avis dès qu'il serait terminé mais je l'ai mis à minuit, et j'étais ensuite trop fatigué en sachant que je devrais ensuite me lever à 07h30 (et ce fut d'ailleurs 6h30 grâce aux gosses).
Désormais le lendemain, j'ai toujours l'envie d'en parler et d'adresser un message à certains sectaires de diverses catégories.
Parce que c'est trop attirant les adaptations japs, t'as vu ?
A toi le fanboy,
celui qui fait chier tout le monde hormis ceux de sa catégorie. Toi, le fanboy qui gueule toujours avant d'avoir même d'avoir vu un film adapté d'un manga ou comics, parfois même avant la première bande-annonce, car tu sais que ce sera pas forcément fidèle à l'oeuvre d'origine. A toi donc, qui n'a jamais utilisé ton cerveau pour te dire qu'une adaptation purement fidèle n'aurait aucun intérêt, déjà parce que la lecture et le cinéma sont deux formats différents, que l'auteur d'origine a travaillé son œuvre pour le format papier, où l'on remarque que dans de très nombreux manga/comics et accessoirement BD franco-belge, le déroulement est expressément conçu pour ce format.
T'as jamais capté par exemple qu'on te met parfois un mini-cliff en bas de page pour mieux être surpris au moment où tu vas la tourner et voir ce qu'il y a derrière ? Et je parle pas des révélations de fin de chapitre, prévu pour te mijoter pendant une semaine jusqu'au suivant. C'est conçu pour le papier et retranscrire ça au cinéma est un exercice difficile, et ce n'est d'ailleurs pas pour rien que de nombreux animes sont drastiquement moins bons en terme de mise en scène que le manga lui-même. Le mec qui fait ses pages, il a déjà suffisamment de taf pour se demander si ça sera facilement adaptable en anime ou en film.
Mais surtout, et il est là le problème principal, qu'est-ce que ça peut vous foutre ?
Quel est le putain d'intérêt d'avoir une adaptation ultra fidèle puisque finalement, si vous avez lu l'original, vous n'aurez absolument aucune surprise une fois devant le film ?
Je connais Death Note, j'ai lu l'intégral et je n'avais justement pas envie d'une adaptation à la Sin City qui s'amuse à te redonner la même chose plan par plan, ce qui d'ailleurs est le meilleur moyen de faire ressortir le moindre petit changement.
Donc après cette mise au point, on peut parler du film uniquement pour ce qu'il est.
J'en attendais rien mais déjà plus que Ghost in the Shell (car je n'ai pas aimé l'oeuvre original et vous pouvez me vomir à la gueule pour ça si vous avez le temps), donc je l'ai lancé sans trop d'à-priori, faisant fi des premiers avis sur le net aussi construit que « Bouh, retournez voir l'anime ».
Donc c'était sympathique sans plus. Ce qui est déjà pas mal en fait.
On est clairement dans un format hollywoodien avec un coté à la Destination Finale parfois bien sanglant qui ne m'a pas dérangé (on parle quand même d'une œuvre sur le meurtre), et qui s'amuse donc à reprendre les bases pour les transformer à sa sauce.
C'est peut-être ça qui m'a vraiment plu. Moi qui ne cherchait pas la fidélité suprême, je suis content que le scénariste a compris que le rôle principal de Death Note, ce n'était pas Light, ni L, ni Ryuk, mais bien le Death Note lui-même et ce qu'il incarne : l'un des plus grands fantasmes pour la majorité des humains.
Juste dommage que le début est un peu trop vite expédié et fait du coup très amateur. On reproche aux films de notre siècle d'être parfois trop long mais 5 ou 10 minutes de plus pour mettre en scène les persos principaux n'auraient pas été de trop plutôt que de voir le bouquin tomber entre les mains de Light après trois minutes de film. Sur ce « rebondissement », je ne suis pas non plus choqué du choix du réalisateur. Adapter un manga peut être très difficile et j'imaginais très mal un film « serious » montrer une bande de démons venus de l'enfer dont un qui perd son bouquin comme un con sur Terre, et c'est finalement pas plus mal qu'on change le synopsis, où le Death Note passe d'un propriétaire à l'autre depuis la nuit des temps et que Ryuk n'en devient que le gardien qui cherche juste à semer la mort pour le fun.

Donc non, même si ça aurait clairement pu être mieux sur de nombreux aspects, je n'ai pas été tant choqué que cela par certains choix, même par Light qui dévoile ses secrets rapidement à Mia (aussi intelligent soit-il, ça reste un post-ado avec toutes les conneries qui peuvent en ressortir, et on vous laisse lister vos casseroles de jeunes amoureux qu'on rigole), et même par ce que certains appellent du « non sens » alors qu'on peut justement en trouver.
Le nom de Ryuk dans le Death Note ? Pourquoi pas.
On ne connaît pas toutes les règles dans cette adaptation et :
1) Rien ne dit que Ryuk meurt quand son nom est écrit dans son propre livre (il est suffisamment cynique pour expressément tromper son propriétaire).
2) Rien ne dit que ce n'est pas lui-même qui a écrit son nom, ce qui ne l'empêche pas du coup d'avoir tué tous ceux qui ont voulu en faire de même.
3) Et plus con encore, rien ne dit que dans cette adaptation, Ryuk soit son vrai nom. Tout simplement.
Pareil pour le final. « Ouais mais pourquoi elle a écrit le nom de Light dans le bouquin et pas sur sa propre page ? »
Ben tout simplement parce que la page était chez elle (comme on le voit à la fin) et que la seule chose qu'elle avait sur la main au moment de retourner sa veste, c'était le livre. Et qu'elle n'a pas eu le temps de l'étudier suffisamment pour en comprendre les possibilités, du genre écrire « Que Light me donne le bouquin puis qu'il se suicide ».
Enfin, quant à L, oui il aurait pu être bien mieux travaillé. Que l'acteur soit black ne me gène aucunement (mais on va y revenir plus bas), en revanche l'acteur est tellement lambda que y'a un truc qui passe pas. Lorsqu'il a son bandeau, il entretient le trip mais une fois enlevé, j'ai l'impression de voir n'importe quel mec qu'on retrouve dans un teen-movie.
Le casting n'a pas été suffisamment long pour trouver un mec avec une gueule suffisamment atypique et angoissante, du genre la version jeune de Giancarlo Esposito ou, mieux encore, un mec pouvant se montrer aussi froid que Lance Reddick. Tant pis.
En revanche, malgré ses pétages de câble, j'ai bien aimé le traitement car, encore une fois dans le cadre de l'adaptation libre, Death Note se base avant tout sur le livre lui-même et cette version met donc en avant les esprits torturés de trois personnalités différentes, de la grosse tête « Light » à la bimbo rebelle « Mia » en passant donc par « L ». Car les trois sont finalement liés par l'envie de se faire justice par tous les moyens possibles, et j'ai trouvé intéressant que L rejoigne ici cet état d'esprit, particulièrement quand Light lui dit qu'il pourrait tout aussi bien être Kira, ce que la suite prouve : pour cet espèce de mentaliste qui a toujours réussi son coup, le moindre véritable obstacle finit par lui faire péter les plombs (jusqu'à utiliser une arme alors qu'il disait détester ça), et la scène de fin est suffisamment surprenante : même si ça paraît « libre » comme interprétation, tout semble dire que L tue Light (niveau adaptation libre, là on est bon

), jusqu'à se douter qu'il ira ensuite récupérer le Death Note.
Sauf si une éventuelle suite donne une toute autre réponse.
En conclusion : 5/10
Donc un film clairement imparfait et un peu amateur sur de nombreux points, mais qui est suffisamment couillu pour réinterpréter totalement l'oeuvre d'origine pour ne laisser que la base : le Death Note, et le fantasme malsain qui s'en dégage. On gardera toujours en tête le manga (ou l'anime), ce qui nous poussera à la comparaison sur le traitement de Light & L, mais je reste persuadé qu'une bonne partie du grand public y trouvera de l'intérêt.
Ce qui est donc déjà mieux que Dragon Ball Evolution qui par tous les points de vue est l'une des plus grandes daubes jamais faites, qu'on connaisse ou non le travail de Toriyama.
(ah et en passant, j'ai adoré la VF de Ryuk)
Le cas Black L (hoho…)
Donc, ça n'a échappé à personne : L est Black dans ce film. Pas dérangeant. Que l'acteur soit un peu transparent au regard du personnage est un autre problème mais bon, j'ai forcément été surpris à l'annonce avant de passer aussitôt en mode osef.
Mais il y a malgré tout eu polémique. Ou plutôt amplification de la polémique comme toujours aujourd'hui, car trois mecs au fond ont gueulé de ne pas avoir un L blanc et forcément, certains en ont profité pour monter sur la scène drapeau Black Power à la main pour dénoncer le racisme en notre monde à cause de « fucking white men », sans même chercher à comprendre que tout cela ne concernait qu'une infime minorité. Mais comment être surpris à notre époque ? Quand on parle de « manspreading » que t'as pourtant jamais vu de ta vie en prenant constamment les transports en commun mais que BFM TV et ses féministes en parlent comme s'il s'agissait du nouveau mal absolu, à placer au dessus de Daesh sur l'échelle de la menace du vivre ensemble.
Ces mêmes personnes qui disent qu'un L black n'est pas un problème, car après tout seul le talent de l'acteur compte, et c'est parfaitement vrai. Dans un futur reboot du DC Universe (car vu le bordel que c'est actuellement…), voir un nouveau Batman avec un joker black qui aurait le même talent d’interprétation que Heath Ledger… Ben putain, j'en prend 10. Et à bras ouverts.
Donc la couleur de peau de L, je m'en tartine le cul mais l'envie me pousse à répondre à ces représentants d'associations à la con, ces mêmes personnes qui en fait s'en contrefoutent totalement du talent de chacun, juste satisfait de la discrimination positive et de l'envie de faire de quelques détracteurs un nouveau drame à mettre en avant.
Ces mêmes personnes qui diront que c'est faux, qu'ils veulent juste prôner l'égalité, qu'ils sont les premiers à ne pas regarder la couleur de peau, mais qui hurleront sur tous les plateaux télés si un mec à le malheur de faire un remake du Prince de Bel-Air ou du Flic de Beverly Hills avec un acteur principal blanc.
A ceux là, je dirais juste d'aller trouver un sens à leur vie plutôt que de salir des combats qui ont eu de vrais représentants et dont les paroles d'époque continuent de dépasser toutes les conneries qu'ils peuvent aujourd'hui débiter.
Sur ce, bon week-end.
