Bah je pense que même un portage (un épisode inédit, n'en parlons même pas), on peut se le foutre au derche vu les propos de Toshihiro Nagoshi lors d'une interview avec Todojo sur la possibilité qu'il fasse un jeu sur la console de Nintendo :
"Pour moi, même aujourd'hui, si la Switch est une console jouée par un large éventail de groupes d'âge, fondamentalement, je pense que c'est un hardware pour les enfants et adolescents."
Osef
N'oubliez pas qu'un Picross x MegaDrive arrive bientôt.
« Wo putain !
Qu'est-ce qu'il vient foutre ce low-tier dans le groupe des retro-tests, surtout pour faire un article sur un jeu déjà traité y'a un moment ? »
Bon je t'explique.
Déjà je fais ce que je veux et oui, je sais que le Doc a déjà pondu son avis sur Conker's Bad fur Day (juste là : group_article38789.html). Mais voilà, comme à chaque fin d'année, on se mange deux à trois semaines de famine coté actualité et tests, donc je me fais chier. Après discussion avec Anakaris, nous décidâmes (*) qu'il était temps pour moi de livrer ce que l'on pourrait appeler une « réponse », notamment aidé par le fait que j'avais justement terminé le jeu via la Rare Replay sur Xbox One. Mais je reste néanmoins perfectionniste quand l'instant le demande et la moindre des choses était de tester la chose dans des conditions réelles : j'ai donc ressorti un vieux carton de ma cave.
(*)T'as vu cette maîtrise du français ? On dirait du Pivot, mais en mieux.
La classe hein ?
150€ minimum la cartouche PAL de Conker. Juste la cartouche !
Pi bon, je n'avais plus la prise péritel de la console et il était hors de question que je rachète ce genre de truc, mes gosses m'ayant coûté à noël l'équivalent d'un bras et deux couilles. Donc je reste sur mon nouveau rush avec la Rare Replay, ce qui finalement ne change pas grand-chose à l'expérience globale.
Si vous avez lu le test du Doc, il est inutile de refaire l'histoire du projet et si vous n'avez encore jamais cliqué sur le lien ci-dessus, sachez que je m'en fous puisque j'avais l'intention d'aller directement à l'essentiel, à savoir expliquer pourquoi la « valeur nostalgique » du titre ne vaut pour moi que 65 % grand maximum, et surtout pourquoi j'ai ragé devant ma console la moitié du temps. Car certes, Conker's Bad fur Day est effectivement un jeu marquant de son époque, prouvant que Rare pouvait aussi avoir les couilles de faire autre chose que des univers mignons au point de pousser l'effroi chez Nintendo en occident. Mais ce titre incarne autre chose : une vraie réflexion chez un développeur qui prenait conscience qu'il était en train de foncer dans le mur. Avouons-le : si je vous demande de citer un titre culte de Rare sur N64, chacun émettra son avis, de Goldeneye à Perfect Dark en passant par Diddy Kong Racing ou encore Killer Instinct (dont la version 64 est considérée comme un bon jeu pour la seule raison que c'était l'un des seuls jeux de baston dessus).
L'époque où un développeur pouvait pondre 11 jeux ambitieux en 5 ans.
Mais si je demande un jeu de plates-formes de Rare sur cette machine ? Tout le monde répondra Banjo Kazooie (sauf trois mecs au fond qui cherchent à me démentir pour me faire chier). Banjo premier du nom ressort encore et toujours, déjà parce que c'est un excellent titre qui vole presque la vedette à Mario 64, mais également parce qu'il garde encore aujourd'hui un certain statut. Et quelles musiques… Mais pourquoi aucun ou si peu de monde vont citer au claquement de doigts Donkey Kong 64 ou Banjo Tooie ? La raison est simple : aucun des deux n'a marqué son époque et DK n'a acquis une valeur nostalgique que pour sa licence. Ce n'était pas de mauvais jeux. Pas même moyens. Juste qu'ils étaient chiants à cause d'une ambition démesurée démunie d'un des seuls points qu'il manquait à Rare : l'art du game-design. Dans les deux cas, les équipes ont voulu voir plus grand, toujours plus grand, au point que l'on commençait le jeu en étant totalement largué, ne sachant pas quoi faire et où aller, poursuivant une aventure faite de MILLIARDS de trucs à collecter pour atteindre la vraie fin sans qu'aucun responsable n'ait l'idée de filer une map, un carnet de stats… Tout simplement quelque chose pour notifier au mieux son suivi et éviter de trouver obligatoirement grâce avec les livres de soluce dont on détruisait la valeur à coups de stylo.
Rare avait la puissance et la maîtrise, mais fut incapable de considérer au départ qu'à trop en faire, on finit par dissoudre l'intérêt et les idées. Et c'est pour cela que Conker's Bad fur Day aurait pu être considéré comme un tournant majeur dans l'histoire du développeur car les premières heures semblent jeter le constat : ils ont compris. Passé l'introduction qui sert à prendre en main le jeu, on débarque donc dans un Hub… mais bien plus petit que les précédentes productions, tout en étant suffisamment travaillé. Tout est clair et même si la marche à suivre n'est jamais clairement indiquée, on ne se sent pas perdu, ce qui n'empêche pas le besoin de fouiner pour récolter les liasses qui serviront à la progression. Un simple hub donc, qui parvient à se découper en 5 parties distinctes (la zone de départ, un nid à abeilles, un lac, une montagne et un coin de merde), chacune proposant d’accéder à des zones à part, l'occasion de forcer le renouvellement des situations et surtout les thèmes, généralement parodiques.
Là encore, je ne vais pas décrire en détails le déroulée de l'aventure, au cas où certains souhaiteraient encore le faire, mais comprenez que même encore aujourd'hui, le titre reste un plaisir. Certes, la caméra est imparfaite, certaines phases ont de gros problèmes de perspective et il y a une espèce d'imprécision dans les mouvements mais… on va dire que ça passe. Sauf qu'à un moment, il est arrivé quelque chose. Peut-être que des développeurs ont commencé à se barrer, ou peut-être qu'il fallait accélérer le développement du jeu car mine de rien la N64 était en train de vivre ses derniers mois. Mais toujours est-il qu'à un certain moment (je dirais à 60 % de progression), le jeu devient simplement mauvais. Le mot est lâché. Dans FFXV, c'est le bateau. Dans Conker, c'est parce que La Mort (un squelette avec une faux donc) vous refile un fusil à pompe. Un PUTAIN de fusil à pompe. Dans un jeu de plate-forme. Vous pouvez dire que vu l'univers, ce n'est pas en totale inadéquation, et d'ailleurs là encore les références au 7ème art sont légions, mais le véritable problème, c'est que c'est injouable.
Ok, la N64 de par sa manette ne pouvait avoir la précision d'un pad à deux sticks. Mais on parle quand même de Rare ! Les mecs qui ont réussi à trouver des astuces dans tous leurs jeux de shoots, que ce soit la simili visée-auto dans Goldeneye et Perfect Dark, ou encore des armes à haute cadence dans Jet Force Gemini. Mais dans Conker, on n'a pas de mitrailleuse : c'est un putain de fusil à pompe. Et histoire de rendre « hommage » (fock you) au gameplay N64, celui de la Rare Replay est donc parfaitement identique, donc proprement merdique. Il est impossible de viser en se déplaçant normalement, ce qui est problématique vu que vous êtes confronté à des zombies en surnombre qui demandent obligatoirement de leur viser la tête. Le procédé est donc le suivant.
1) Actionner une vue à l'épaule qui vous rend incroyablement lent.
2) Bénéficier d'un ciblage dont le déplacement est très lent.
3) Avoir droit à une inversion OBLIGATOIRE de la caméra.
4) Encore une fois, c'est un pompe, donc ça ne fonctionne que de près et si deux ennemis s'approchent en même temps, vous shootez le premier, et vous avez 80 % de chance de vous faire pêcho par le second qui vous enlève 30 % de votre barre de vie.
Après un temps d'adaptation (relatif), on s'en sort, mais c'est mou et c'est tout sauf fun. Et s'il n'y avait que ça… Parce que non content de nous avoir fait subir une phase de TPS totalement pourrie, on enchaîne ensuite avec des passages tous plus lourdingues les uns que les autres, entre de la recherche de clés à la con, et un passage en chauve-souris où l'on doit chier sur des mecs à l'aveuglette. Car évidemment, pour chier sur un paysan, il faut voler au dessus de lui et aucun des développeurs s'est dit « Ce serait cool de pouvoir placer la caméra au dessus dans ces passages pour bien viser. » NON ! La caméra reste collée à ton cul et tu mitrailles de la merde vers le bas en espérant viser juste pour ensuite devoir soulever le mec (assommé) en esquivant des projectiles que tu ne vois pas venir à cause de la caméra, le tout plusieurs fois de suite dans une espèce de labyrinthe où t'as pas intérêt de mourir car sinon, tu recommences TOUT.
Remarquons d'ailleurs que c'était vraiment l'époque où Rare estimait que jeu de plates-formes devait obligatoirement rimer avec shotgun & co.
Une fois terminé cette plaie, on est content. Pendant quelques minutes. Car ensuite, c'est encore pire. On nous remet une arme dans les mains, donc un gameplay de merde, on fout totalement à la corbeille les phases de plate-forme et histoire de bien te baysay jusqu'au bout, on ajoute une dernière couche : « Tiens, si on faisait un truc ultra linéaire à base de couloirs ? » Et voilà à quoi ressemble le dernier gros chapitre de Conker : une parodie de la WW2 où l'on va vite se retrouver dans des bunkers à devoir mitrailler tout ce qui bouge, parfois sur un concept de Die & Retry car si tu sais pas d'où l'ennemi va venir, le temps d'actionner la vue de ciblage, t'auras déjà mangé deux bastos. Puis on a un tank, puis on affronte un boss dans un tank (jeu de plates-formes...), puis vient la séquence de la fuite sur la plage. Là, un briefing s'impose.
1) T'as un lance-roquettes qui one-shot.
2) Les ennemis ont des lance-roquettes qui te one-shot.
3) Les ennemis sont nombreux, tu es seul.
4) Le temps que ta roquette touche un ennemi, il a le temps de t'en tirer une.
5) Tu peux rajouter que le temps que tu vises un mec, un autre peut te buter.
6) Quand tu cible, tu es lent et même en sautant, l'onde de choc te bute.
7) Le tout avec un chrono.
T'arrive à représenter ta douleur ? Cette phase est tellement merdique, que la solution ultime du point de vue des connaisseurs, c'est de courir comme un con, sauter dans tous les sens sans logique et prier. Ça va rater un paquet de fois. Puis un moment ça passe. #astuce. A ce moment là, t'arrive à la fin du jeu, on te file une séquence de Matrix encore plus injouable que le reste (ah, cette cible qui revient automatiquement au centre quand tu lâches le stick…), puis une séquence finale dont l'idée sera ensuite reprise par Starfox Adventures : le méchant que tu pensais affronter depuis le départ se fait buter par un autre et débarque alors un truc qui n'avait presque aucun rapport avec le reste. S'en suit un combat façon Mario 64, sauf qu'au lieu d'expédier ton ennemi n'importe où en dehors de la zone, on te réserve cette fois un petit trou. Plus de challenge, mais plus chiant.
C'était Conker's Bad Fur Day.
Et je ne reviendrais pas sur le multi qui se joue comme un TPS.
Conker's Bad Fur Day est ni plus ni moins que la transition parfaite dans l'histoire du Rare. Des premières heures purement géniales, où les développeurs avaient su délivrer leur savoir-faire, avec un level-design bien plus réfléchi et un rythme beaucoup plus maîtrisé. Puis vint la seconde partie qui, en dépit de son humour qui devient la seule source de maintient pour le joueur, possède tous les défauts possibles : c'est lourd, c'est lent, c'est mal foutu, et c'est majoritairement HS avec un jeu de plates-formes.
La moitié d'un grand jeu en somme, ce qui est preste correct quand on sait ce qui a suivi. Car soyons francs : Starfox Adventures était moyen, Grabbed by Ghoulies mauvais, Perfect Dark Zero une daube, Kameo sympa mais sans génie et Banjo « 3 » une mauvaise blague. Viva Pinata, je ne sais pas ce que ça vaut, mais je sais que personne en a rien eu à foutre à la sortie. On verra la qualité de Sea of Thieves, mais reconnaissons que ceux qui ont ressuscité avec brio Killer Instinct, ce n'était pas Rare, et que pour retrouver l'essence du studio dans leur grande époque, il faut maintenant se tourner vers Playtonic (Yooka Laylee).
Rare est mort, et 2017 permettra de savoir si une nouvelle ère débute, ou si la piraterie sonnera le coup final d'un studio mythique. Demandez aux anciens de Lionhead ce qui arrive quand tu joues trop longtemps le cheval blessé avec Microsoft.