Je me souviens du jour où j'ai découvert Pokémon. Je scrutais les pages du catalogue La Redoute et contrairement à Chevalier et Laspalès, j'en avais rien à foutre, de la page des culottes.
Moi, je bavais sur la page "Gameboy", avec ses "Zelda DX", ses "Wario Land 4". Je cherchais cette sensation que j'avais vécue avec "The Legend of Zelda : Link's Awakening", c'est-à-dire un jeu incroyable portant à lui seul l'esprit gaming des années 90, l'esprit Nintendo, celui des chocos BN le mercredi après midi chez les copains, dans la cuisine au carrelage blanc qui résonne à jouer sur une télé à la Super Nintendo. Ce Zelda mêlait le monde des consoles de salon et celui des portables, sur un Gameboy qu'on pouvait utiliser quand on voulait sans demander la permission de se brancher à l'unique télé de la maison. Il y avait des arbres-cabine-téléphonique, un Yoshi et des Goombas dans un Zelda, et moi, pauvre profane, je pensais que c'était tout naturel dans la série. C'était la quintessence de Nintendo, le meilleur Zelda jamais créé. Dommage d'avoir commencé par le meilleur. C'était en 1999, "Link's Awakening" était un "oldies", la version DX le sublimait sur Gameboy Color.
C'était aussi, dans un autre monde, l'époque où je dégommais l'Arme Rubis avec Cloud, Vincent et Rouge XIII, en ventriloquant les "Che. Tab. Rnd." (ou autre abréviation) : "Oups, pardon, j'ai trébuché 9999 9999". "Lalala... Maman, je fais du twirling baton, *hélicotatanne* 9999 9999 9999 Oups, pardon..."
A la recherche de ce "Secret of Mana", de ce "Zelda", de ce "Super Mario", qui me ferait revivre mon enfance comme l'avait fait FF7 (j'avais 15 ans), je découvre "Pokémon". Genre : RPG.
Et la déferlante médiatique, tout à coup, qui n'avait rien à voir avec mon attirance pour ce jeu, vient m'en apprendre un peu plus sur ce titre japonais. La BD dans le Journal de Mickey de ma petite soeur, l'anime sur TF1, le test dans Joypad...
Un reflux de casquettes, de pins, de personnages manga au crâne plus large que leur cul. Du DBZ, du japonais, des cartables, des sacs à dos, des shorts. J'ai 10 ans, laissez-moi rêver que j'ai 10 ans... C'était 1999 et on revenait en 1995 et oui, ça faisait une énorme différence. A cet âge-là, c'est comme retrouver quelque chose qu'on a perdu. Plus de poils au slip, plus de choix pour l'avenir à base d'orientation...
Itss ollwaïte cozam sév baille zeu...
Itss ollwaïte cozam sév baille zeu...
Itss ollwaïte cozam sév baille zeu BANG !!
*guitare électrique* *formes géométriques fluo*
Pokémon, un jeu gamin ? Non ! Pokémon, un jeu SUR l'enfance. Son créateur en a eu l'idée en se remémorant ses jours insouciants à battre la campagne en enfermant de pauvres bébêtes pour les faire se battre entre elles. (Ne vous offusquez pas, les scarabées japonais ont l'instinct pour ça, nous, on filait des fourmis à des araignées dans des bocaux).
J'aime les shorts ! Etre méchant, c'est mieux que d'se laver des dents ! Qu'ess tu mates ? Tcho, minable. J'avais tellement t'amocher que ta mère elle te reconnaîtra qu'à ton cartable !
Des répliques cultes ! On sentait qu'il s'agissait d'un gamin qui partait à l'aventure, et que son "rival" n'avait rien d'un camarade. Cette rivalité, on l'a un peu tous connue. Des mecs agressifs qui vous détestent et vous savez même pas pourquoi. "Pokémon" vous apprend que ce sont des jaloux et qu'en fait, c'est parce que vous êtes bon qu'ils vous emmerdent. Mais... Sans vous le dire de façon directe. En effet, le rival, "Régis", a toujours une longueur d'avance sur vous. C'est le grand frère, le "bully", le gosse immature par excellence.
En version anglaise, on ne fuit pas les combats, on "run away scared". C'est à dire qu'on court se réfugier dans les jupes à sa maman. Ce ton enfantin est partout dans Pokémon rouge et bleu.
Comme Red/Blue, je pouvais prendre mon vélo et aller pêcher à la plage ou en forêt, voir des animaux, insectes, chevaux, vaches, me perdre, fouiller mon sac à dos pour prendre mon goûter, rejoindre les copains et trouver d'autres gosses en short qui faisaient pareil (foutre le feu à des toiles d'araignée, faire péter des claque-doigts, raconter le film de boules sur la cassette que le père cachait dans une boîte intitulée "cours de bricolage à domicile volume 3"...)
Bon, pour ce dernier point, rien à voir avec Pokémon.
En 2010, 10 ans plus tard, sortaient "Pokémon Black" et "Pokémon White". Une surprise totale sur une DS vieillissante. Tout comme sur Gameboy à l'époque, on n'attendait pas du tout cette série sur une console aussi ancienne.
Dans la région d'Unys, qui reproduit la ville de New-York et ses environs, on découvre une patte graphique délaissant le symétrisme statique propre aux RPG 16-bits, dont Diamond et Pearl n'avaient pas su se défaire. Les chemins sont sinueux, l'herbe est animée, le mode 7 est de sortie dans toute sa splendeur, le monde de pokemon est toujours en 2D, mais il gagne en coffre. Ca respire, c'est vivant. La bande-son est entraînante, voire exaltante et elle accompagne les animations avec brio. Elle souffle la brise sur les champs de blés, sur l'herbe strillée comme un coloriage que n'aurait pas renié "Yoshi's Island".
Aucune distinction entre artwork et décor, ici. Le visuel s'émancipe du gameplay quadri-directionnel, sans pour autant délaisser le pixel art ni sacrifier la lisibilité. Ici, les carrés sont glorifiés et décomplexés, voire exhibés. Le contraste entre la finesse et la plasticité des formes, d'une part, et les arrêtes des pixels, d'autre part, est parfait. Jamais un jeu Pokémon n'a fait si bon usage des pastels. Le plus fort dans tout ça, c'est qu'il y a des saisons, et que les heures qui défilent sont autant de palettes qui se succèdent et rendent ce jeu vivant. Point d'effets d'éclairage, tout passe par la nuance. Pokémon est passé à la 3D sans oublier ses racines mais ce sont Black et White qui ont réussi la transition.
Pokémon Black and White introduit largement plus d'une centaine de nouvelles créatures avec des combinaisons de types complètement folles : insecte/électrique, plante/acier, combat/ténèbres, ténèbres/acier, dragon/glace, dragon/feu... Non seulement vous n'avez jamais vu ces pokémon, mais la table des types s'en trouve chamboulée. Excellent choix que ce reboot qui fournit un gameplay frais et surtout, équilibré.
Après cette loooooongue introduction, j'en viens à Pokemon Black and White 2.
Alors, là, c'est du lourd. Je ne sais pas par où commencer. Déjà, il aurait fallu parler en long en large et en travers de Black and White pour apprécier la portée de cette suite. Black and White sont les meilleurs jeux Pokémon jamais créés et B&W2 les explosent. C'est simple, clair, net et précis.
Beaucoup d'aspects des deux premières versions se retrouvent dans leurs suites, comme les musiques dynamiques qui deviennent des mini-quêtes en soi, avec différents instruments, ou alors un village où la mélodie se construit au fur et à mesure qu'on parle aux musiciens. Il y a une sorte de mise en abîme de la bande sonore qui est la bienvenue. Pas question ici de changer de station de radio. En approchant une violoncelliste, un accordéoniste, des enfants qui tapent dans leurs mains, on entend ces sons se mêler à l'ambiance déjà charmante. Ces jeux respirent, je vous dis !
Loin de constituer une version "Grise" fourre-tout, ces suites opèrent un chassé-croisé d'éléments propres à Black ou à White. Il est conseillé de prendre la version Noire 2 si vous avez joué à la version Blanche, etc...
Un aspect plutôt sympa de B&W2 : pouvoir importer sa sauvegarde du premier jeu pour enrichir le scénario et débloquer la quête des pokémon de N, des faux shiney spéciaux avec des capacités cachées.
B&W2 regorge de pokémon des anciennes générations ainsi que de la génération 5, à laquelle il appartient.
Le jeu est entièrement nouveau, qu'on ne s'y méprenne pas. C'est comme pour Gold and Silver par rapport à Red and Blue, la région reste la même, mais on ne la traverse pas dans le même ordre, et il y a le double d'endroits à visiter, et 4 fois plus de choses à faire, 3 fois plus de pokémon à attraper.
Les nouveautés donnent le tournis. Et pour la peine, les features nulles de B&W sont conservées, comme le Music Hall (le plus nul des side-quests pokémon jamais créé) et le Metro de combat (une tour de combat où l'IA triche et limitée aux combats simples et doubles, en prime, très chiche en points de combat. A oublier...)
B&W introduisaient les combats rotatif et trio, mais n'en faisaient pas du tout usage en mode quête. Dans B&W2, ces types de combat sont très fréquents et rajoutent du piquant aux situations, votre équipe n'étant pas forcément faite pour ça. Le PWT est aussi l'occasion de jouer avec ces modes.
Il est regrettable que Game Freak n'ai pas trouvé moyen d'intégrer ces différentes règles dans un jeu cohérent. C'est très dommage car il faudrait une équipe trio, une équipe rotative, une équipe duo et une équipe simple pour permettre à ces quatre types de combat de coexister (!!!).
Il faudrait, par exemple, pouvoir apprendre aux mêmes pokémon des attaques différentes selon la configuration du combat. Mais Gamefreaks n'est pas très progressiste avec sa licence.
Ou alors, créer des parties où on ne joue qu'en trio ou qu'en duo, etc...
C'est comme si on nous interdisait d'expérimenter de nouvelles combines. Hélas, Pokemon X et Y ne règleront pas le problème. Reste un jeu riche et prenant, et très satisfaisant pour peu qu'on arrive à créer une tactique invincible.
La connectivité est très développée, dans B&W2. Vous pouvez (vous pouviez) envoyer votre pokémon dans le monde des rêves, un mini-jeu sur browser PC qui permett de télécharger des monstres spéciaux.
Le problème, c'est que les jeux browser sont des jeux de merde, il faut le dire, et que vu le temps nécessaire pour obtenir un pet de mouche, on aura vite fait de terminer le jeu cartouche. Pourtant, pouvoir utiliser les deux de concert est une bonne, une excellente idée. Mais le podomètre de Or/Argent était bien plus visionnaire. Encore une feature digne de rester dans la série et qui disparaît.
Le Heylink sert d'interface multijoueur et des quêtes peuvent être réalisées sur la map d'un hôte, à la Animal Crossing, voire à la Burnout Paradise. Mais ces quêtes sont très limitées. D'une part, parce qu'elles ne marchent qu'en local, et d'autre part parce que ... Vous connaissez beaucoup de mecs de 30 ans qui jouent à Pokémon ? Moi, pas...
Infrarouge, Wifi, ad-hoc, la connectivité, ça marche.
Le GTS de ces versions, qui est bloqué par des demandes impossibles (pokémon qui ne sont jamais au niveau 10, pokémon légendaires contre Rattata...) a le mérite d'exister mais quand on voit l'amélioration de X et Y, on ne regardera pas en arrière.
De toute façon, dans deux mois, en mai 2014, ce service sera définitivement fermé. C'est déjà le cas du Dream World.
L'application DS PokéradAR permet de capturer Démétéros, Fulguris et Boréas en version spéciale... Là encore, mini jeu pokémon, perte de temps, ennui total, récompense maigre... Sauf si vous avez tous les jeux DS, auquel cas Luigia, Ho-oh, Dialga, Palkia, Giratina sont accessibles. Les pokémon avec des capacités cachées ne sont pas à jeter non plus. Mais quel ennui, ce jeu 3DS... J'étais prêt à payer le double juste pour télécharger les pokémon en DLC.
Sinon, vous pouvez faire coucou en visioconférence via le Vokit du jeu... Mouais. Coucoutuveuxvoirmabite.com. De toute façon, les vrais jouent sur DS Lite et n'ont pas de caméra intégrée. Mais il faut remarquer que le chat vocal rend les négociations plus aisée pour les échanges. A ce propos, l'interface et le système de négociation sont bien pensés.
Le vrai jeu se situe dans les EVs, l'entrainement, les croisements, les tactiques et les movesets, les combats, et le multijoueur. Bref, le système de jeu a évolué, et il faudrait faire en sorte de faire évoluer la structure du jeu avec. Il me semble que mettre des bâtons dans les roue du joueur est contre-productif. (Pour avoir cet objet qui te permet de faire ceci, achète deux versions, ou passe 15 heures à faire des combats pour gagner des points pour acheter un objet pour... Tout en sachant que l'IA triche et vous empêche donc de progresser.)
Pour revenir à B&W2, c'est bien le plaisir de la re-découverte d'Unys qui vous scotchera aux deux écrans. De nouvelles routes font leur apparition, des galeries souterraines pleines de secrets. Le plus fort, c'est que cela résulte d'évènements survenus dans le premier jeu (la destruction de la route victoire). Non seulement les nouvelles villes sont parfaitement intégrées à l'ensemble, mais en plus, elles créent une map bien plus homogène, beaucoup moins linéaire (le gros défaut de B&W). On peut prendre l'avion pour découvrir une maison hantée, traverser un bras de mer dans un aquarium sous-marin... Les environnements cassent avec les ambiances habituelles. C'est ça, l'essence de Pokémon, pour moi. Le jeu multi est bon et passionnant, mais c'est l'univers mignon et la collectionnite qui nous font en redemander.
La ville noire et la forêt blanche ont changé. Plus de hautes herbes dans la forêt blanche, il s'agit en fait du même endroit, avec un skin différent (bon...) Vous devrez gravir une tour avec des niveaux. Les dresseurs rapportent de l'argent et de l'expérience. Vous ne pouvez pas vous soigner vous-mêmes, et il faut trouver les gardiens des niveaux et les battre pour progresser. Ca devient très vite assez tendu. Encore une bonne idée de la part de Gamefreak. Mais... Je regrette que cette tour ne soit pas accessible tout au long de la quête principale, quitte à être régulièrement bloqué.
Le Pokéwood est une idée géniale, celle d'un mode puzzle avec son équipe de pokémon. On a un script auquel il faut se tenir. Il y a aussi des pièges qui font partir les intrigues en live, au grand dam du réalisateur. Même le pire navet est visionable et quel que soit le résultat, on se prend au jeu. Comme tous les à-côtés dans la série, pourtant, et malgré la présence de pokémon de location, le mini-jeu n'est pas bien intégré à la quête principale et on doit vite le délaisser en attendant d'acquérir la capacité "vol" pour y revenir. B&W2 rompt avec la linéarité dans sa map, mais pas tout à fait avec la progression générale. Toutefois, il reste très amusant. Les dialogues sont irrévérencieux et désopilants, les situations louphoques et les combats super tendus grâce au réalisateur qui vous houspillent et vous met la pression pendant le tournage. Les phases de tournage et de projection sont suffisamment différents pour que la découverte soit quasi totale au visionnage. Très bonne feature.
Tout de même, on notera qu'il est possible, en explorant bien, de découvrir un endroit caché très tôt dans le jeu, où attraper des Evoli sauvages et même de capturer Pyrex, la chenille de feu pseudo-légendaire accessible uniquement en end-game dans B&W. Elle est ici accessible au niveau 35 après 5 heures de jeu à peine.
De même, les pokémon qui apparaissent dès le début du jeu sont très puissants. De quoi apprécier le mode challenge de Black 2. (encore une fois, uniquement débloquable par une cartouche de Black 2 en end-game, débile... mais bon... Encore plus rageant si vous avez les deux jeux mais que vous avez commencé par White 2.) De vieilles connaissances reviennent sur le devant de la scène, dont le très prisé INSOLOURDO (rires) qui n'a toujours pas d'évolution pour le rendre un peu moins minable. Cependant, ces retrouvailles font chaud au coeur.
On remarque, innocemment, que les méga-pokemon étaient subrepticement mis en avant dans ces versions. En prévision de X et Y ?
Le système de médailles (achievements/trophées) est un plus appréciable même s'il ne représente pas un challenge réel (les médailles se débloquent toutes seules pour la plupart).
Le PWT vous fait combattre les champions d'arène des 5 générations avec leurs pokémon d'origine et quelques nouveaux. Un fan-service bienvenu.
Dans l'ensemble, Pokémon Black and White 2 en jette presque trop aux joueurs. Dream Word, Dream Radar, GTS, connectivité avec Black and White, importation de pokémon depuis Diamond, Pearl, Platinum, HeartGold et SoulSilver, Metro de combat, gratte-ciel de combat, Pokemon World Tournament, Pokewood, Pokemon Music-Hall, 8 badges, anciens champions disponibles en end-game, endgame de MALADE MENTAL.
Oui, parce que Latias/Latios , les 4 Regi, les 3 farfadets psy moches dont j'oublie les noms, Heatran, Cresselia, ils sont tous là et ils se jettent sur votre chemin tout au long du jeu. Les dresseurs dépassent le niveau 70, le jeu part en méga-live avec des tampons à obtenir pour chaque recoin de la carte, et un tranchodon shiney ainsi qu'un minidraco ou un griknot shiney sont à la clés pour les plus acharnés !!!
Bref, c'est trop et même cette conclusion n'en finit pas. Pokémon Black and White 2, c'est une orgie pokémon, c'est 150 heures MINIMUM pour tout voir, tout explorer. Et surtout, c'est un jeu différent de Black and White.
Cette génération 5, c'est LA génération à faire et posséder, loin devant Pokémon X et Y, et même devant Gold et Silver. Fouillez, dénichez ces cartouches et régalez-vous !!
EDIT : Je poste mais je relis et je mets des illustrations. Article en cours de màj...