De plus en plus de jeunes quittent le pays. Moi, j'ai presque 30 ans, et j'ai envie de tenter ma chance quand même. Après tout, je parle parfaitement l'anglais et je me débrouille en espagnol. Je me demande si l'Europe n'est pas sclérosée et s'il ne faut pas partir en Inde ou au Brésil pour réussir ? Voire... gloups... en Chine ? (Je dis ça pour le côté dictatorial et la langue impossible à apprendre...)

Depuis peu, l'Autriche me fait aussi de l'oeil. La plus grande difficulté serait d'apprendre encore une langue, voire deux, et de quitter son carcan professionnel pour évoluer.

Je pense que je fais partie d'une génération sacrifiée, bien que je n'ai jamais connu le chômage. J'ai quand même étudié jusqu'à mes 27 ans...

Je pense que ce pays ne veut pas s'en sortir. Je pense que les bons se cassent tous et qu'il reste les médiocres et les aigris, les petits chefs tyranniques qui ont plus d'ego que de compétence, les planqués.

La règle est celle de l'ouverture et de l'égalité des chances. La réalité, c'est que c'est la jungle, comme partout. Le projet de civilisation français est mesquin. Et encore, ça, c'est un petit blanc qui vous le dit. Quelque chose me dit que c'est pas gagné pour les autres.

Depuis que je suis dans le 93, je fais beaucoup plus attention à tout ce qui se dit sur ce département. Oui, il y a de la racaille à foison et des chômeurs et des gens qui ne sont intéressés que par les allocs, mais il y a aussi des gens simples qui n'ont pas tous vocation à faire de grandes carrière internationales, et qui veulent juste vivre décemment. Ceux-là ne mérite pas le clichés qu'on leur colle au dos. Je crois aussi que l'intérêt pour les allocs n'est pas l’apanage des immigrés, mais bien une notion très française. On planifie sa vie de famille en fonction de ça. D'où le ressentiment généralisé contre l'Etat mais l'amour de l'Etat...

Mais bon, on est dans une société de caste (régimes spéciaux, niches fiscales, allocations), une société où les compétences sont dictées par la naissance (les fils de réussissent, les copains sont embauchés). Je crois que la France ne sera heureuse que quand on ne pourra plus mourir et qu'on aura intégré qu'il y a les immortels, les indéboulonnables, et les autres.

Je déplore tout de même que tout le monde sache qu'on a un problème de sécurité, d'incivilité voire de criminalité dans les ghettos et qu'on ne fasse rien. On relâche des criminels, on ne fait rien pour les stopper...
Ils commencent à 15 ans maintenant...

Le nouveau programme à la mode sur la TNT : le petit jeune cassos des cités qui va chez les flics se faire taper sur le dos de la main et que c'est pas bien et se faire féliciter d'avoir 53 condamnations. Il est félicité parce que les mecs rient en voyant ça. Des blasés, des cyniques.

Au boulot, il faut se battre constamment pour prouver sa valeur, face à des dirigeants qui vous regardent de haut avec mépris vous démener pour rien. Car rien ne vous attend, vous êtes remplaçable, vous êtes de la merde. Vous êtes même nuisibles car vous réclamez de l'argent pour le travail que vous effectuez.

Les jeunes portent à bout de bras l'économie française et souffrent de tous ses maux. Ils paient les loyers des petits bourgeois qui ont assez pour investir et donc devenir des "nobles" rentiers à vie. Pendant que les esclaves consomment, s'équipent, font des stages, font les petits boulots...

Oui, c'est partout pareil... Ah oui ? Pas en France. En France, on se cache. On a honte. On a honte de la réussite. Mais on peut.

Par exemple, je plains tous les jeunes journalistes sportifs compétents qui ont dû subir les J.O ces dernières semaines. Que de têtes de con indéboulonnables on a vu défiler... En même temps, comment les envier ?

Comment ne pas déplorer cette vieille télé qui ne fait que montrer qu'elle se fout du téléspectateur ? Sur le service public, c'est devenu un sport de sortir des remarques salaces ou des blagues de cul. Ils font un pied de nez à tout le pays : "Regardez-nous, on fait de la merde et on ne sait pas de quoi on parle, en tout cas, qu'est-ce qu'on sniff de cocaïne et qu'est-ce que ça baise en coulisses..."

Oui, je fais peut-être une fixation sur la télé. Mais la télé nous montre la société, la société s'étale devant nous. Les députés piquent leur crise. Les hommes et femmes politiques sont de plus en plus incompétents. C'est à celui qui brassera le plus d'air possible.

Les Français en ont marre de leurs politiques ? Mais les Français EN ONT MARRE DES FRANCAIS. Ce qui se passe à l'Assemblée se passe à la machine à café, c'est la même mesquinerie, la même incompétence, la même aigreur et la même panique !!

J'arrive à 30 ans et je n'en vois pas la fin, de cette galère de jeune, soi-disant. Je suis la queue de lot, comme on dit, je suis celui sur lequel la porte claque, après s'être longuement refermée. Je suis le laissé pour compte. Et je ne suis pas seul, on est des dizaines de milliers dans ce cas-là, à payer la vie au prix fort, plus cher que les générations précédentes, et à qui on en réclame toujours plus.

Je paie 700 euros de loyer (en colocation) tous les mois, mais je n'ai pas le droit de contracter un prêt immobilier. En gros, ma vie et le fruit de mon travail me sont confisqués dans le même temps.

Ras le cul.

Même pas un peu de verdure, même pas la vie simple. Même pas la rigueur qui permettrait l'économie. Et j'ai Bac + 5 sans compter les détours et impasses de ma longue et sinueuse carrière estudiantine.

Je suis qualifié, mais personne ne veut de mon travail. Je me suis fait chier à étudier, mais je me rends compte que d'autre sont au même niveau que moi sans avoir la qualification.

Il ne s'agit plus de crise, il ne s'agit pas de panne d'ascenseur social, c'est juste la merde. Les études, vos patrons n'en ont pas faites, ou si peu comparé à vous. Mais ils entretiennent le mythe du mérite par la formation, tout ça pour dire qu'en fait, ils n'ont pas de travail pour vous.

La réalité ? Ils ne veulent pas croître. Ils ne veulent pas créer de richesses. Ils ne veulent pas que d'autres fassent mieux qu'eux. Ils veulent arrêter le temps et asseoir leur toute puissance. Ils veulent faire gonfler des bulles spéculatives et se vautrer dans la richesse, ils veulent posséder, là ou les autres doivent louer.

Les abrutis avancent de toute part. Les faiseurs de quenelle, les bienpensants incarnés par la houpette qui présente le Petit Journal, on assiste tous les soirs à un ramassis de connerie entre ceux qui ont tort et ceux qui sont persuadés d'avoir raison. Niveau de réflexion de part et d'autre : zéro pointé.

Mais la télé n'est pas la seule responsable, elle parle à un public. Bref, la médiocrité de la France, c'est celle des Français, de la masse de cons qui ne voient comme alternative que ce que de piètres humoristes travestis en journalistes se complaisent à leur exhiber : le FN.

Quel meilleur agent que le Petit Journal pour ce parti extrêmiste ? On croit revoir Chirac aux Guignols en 1995. Par sa connerie, cette émission finit d'exaspérer des gens qui en ont marre de se faire prendre de haut et marre qu'on leur dise quoi penser.

Preuve du statut borderline et de l'encéphalogramme plat ambiant de ce show ? Je posterai bien la quenelle du présentateur il y a quelques temps, mais vous l'avez tous en tête.

La France est une épave où les gens se montent les uns sur les autres pour ne pas se noyer, où la mesquinerie prospère à mesure que la panique se généralise.

Voilà ce que j'avais à cracher sur ce pays de merde. Et encore, je suis même pas allé jusqu'à parler des IUFM qui forment les enseignants à faire semblant que leurs élèves soient bons en mettant de bonnes notes aux cancres et qui interdisent d'enseigner des savoirs. (Je le sais, j'ai fait l'IUFM). J'ai pas parlé des allocations qui encouragent le contraire de l'élite à se multiplier tandis que les gens sensés, les classes moyennes pour qui les avantages sociaux sont comparativement moindres, évitent de pondre et de pondre, alors même que ce sont ceux-là qui devraient diluer le "sang bleu" des bourgeois en brassant un peu la société, grâce à des valeurs d'investissement personnel et financier, grâce au travail. J'ai pas parlé des impôts qui sont injustes et ne servent à payer que les gouffres créés par des arnaqueurs qui se sont bien servis...

On attend quoi pour faire tout péter comme en Ukraine, sérieux ? Il est où, le changement ?