Ah l’époque des razzias… Alors qu’auparavant tout ça s’effectuait à la main, dans l’amour du travail bien fait tel le petit artisan arrachant des têtes avec son ancestrale hache aiguisée sur les carcasses de ses cibles, nous sommes malheureusement passés à des razzias plus industrielles et cachées, où les fiers vikings et tribus prédatrices d’antan se sont vu remplacés par des cols blancs protégés par les instances politiques plutôt que les boucliers légués par le grand-père. Pour tous les nostalgiques de cette époque, et parce que le Viking revient à la mode aussi surement que les affaires au sein du gouvernement français, les développeurs suédois de Plausible Concept ont pondu Bad North, titre de stratégie en temps réel vous mettant dans la peau d’un chef de clan, et qui devra, comme actuellement, faire face à des hordes venues le piller alors qu’il ne cherche qu’à vivre tranquillou pépère.
Bad North est donc un mini jeu de stratégie qui vous place dans la position de défenseur plutôt qu’agresseur : vous irez d’îles en îles et devrez faire face à des vagues d’ennemis sur chaque sol où vous poserez vos troupes (4 maximum), afin de préserver l’intégrité des bâtiments présents et remporter quelques deniers bien mérités en fin d’assaut, voir des objets ou de nouveaux commandants à ajouter à votre petite armée.
Bad North en 8 images et moins de 500 caractères :
Première étape : choisir l’île où débarquer. Deuxième : choisir les troupes. Troisième : les positionner au mieux pour bouter les adversaires.
Quatrième étape : trucider et faire couler le sang des malandrins qui sont venus dans votre campagne égorger vos soldats et vos habitats, en utilisant aux mieux vos différents types d’unités selon les adversaires… Avec les effets graphiques sanguinolents qui vont bien.
Cinquième et dernière étape avant de relancer le cycle : attribuer aux unités combattantes quelques piécettes, les faire monter en grade ou leur acheter des capacités spéciales si possible. Il n’est pas possible de mettre de l’argent de côté.
Initialement maitrisables facilement et sans trop de perte, votre avancée sur la carte vous verra affronter des adversaires de plus en plus coriaces et efficaces. Alors que les premières parties vous opposeront à quelques soldats basiques, les dernières vous verront affronter des flottes composées de plusieurs genre d’ennemis, afin que ces derniers puissent non seulement vous annihiler de manière efficiente, mais aussi brûler les constructions à défendre et vous forcer à fuir, si vous le pouvez. Heureusement pour vous, et parce que bien que simpliste le jeu n’en reste pas moins un minimum stratégique, vous pourrez vous aussi améliorer vos troupes afin de non seulement les spécialiser (archers, hallebardiers, guerriers équipés de boucliers pour bien résister aux flèches adverses) mais aussi les faire monter en grade (tout ceci avec les deniers chèrement acquis donc) ou bien les équiper des reliques amassées, et par exemple grossir le nombre d’unités sous le commandement de vos personnages ou bien encore les doter d’un gros marteau à même de réduire en pulpe les malheureux ennemis présents dans les cases adjacentes.
Chaque île est en effet découpée en damiers, et vous déplacerez vos troupes sur celui-ci comme bon vous semble (avec un ralentissement le temps que vous choisissiez l’action à effectuer afin que les bateaux ennemis repérés n’aient pas débarqué avant même d’avoir pu passer vos ordres), avec des combats gérés automatiquement sans que vous n’ayez rien à faire, si ce n’est activer des compétences particulières.
Les zones que vous allez arpenter sont générées aléatoirement, et autant certaines seront extrêmement faciles à défendre (par la présence de goulots d’étranglement naturel où attendre tranquillement les ennemis, en y mettant vos hallebardiers parfaits pour tenir une position, ou encore un placement des bâtiments sur un plateau pourvu d’un unique chemin d’accès), autant d’autres vous demanderont de répartir vos forces de manière adéquate (terrain plat par exemple), tout en les changeant de position en fonction des vagues à affronter (les hallebardiers mentionnés ci-dessus sont parfaits pour tenir une position, mais ne savent pas se battre en déplacement et sont facilement décimés par les archers adverses).
Parce que des GiFs exprimeront bien plus rapidement les combats, en voici trois.
Il vous faudra aussi calculer la trajectoire des bateaux ennemis afin de ne pas voir vos troupes assommés par le débarquement des dits navires sur les côtes : vous imaginez bien que se prendre des canoës ou des drakkars dans la face n’a pas le même impact sur votre capacité à combattre efficacement dans les secondes qui suivent.
Vous essuierez forcément des pertes : vous pourrez remettre chaque unité en pleine possession de ses moyens en les abritant dans les bâtiments le temps qu’elle se refasse la cerise. En sachant que si les adversaires brûlent le bâtiment alors qu’une unité l’occupe, vous pourrez dire adieu à cette dernière.
Vous progresserez ainsi d’île en île, améliorerez vos troupes et récupérerez divers artefacts ou nouveaux commandants en cours de chemin (afin de pouvoir composer plusieurs équipes et jouer plusieurs fois par tour, bien qu'à un stade avancée ces nouvelles recrues soient quasi inutiles, étant donné leur niveau trop faible), jusqu’à affronter des vagues qui deviendront réellement dangereuses, avec une trentaine de navires ennemis à vider avant de passer à une nouvelle carte.
Si vous perdez tous vos commandants, c'est la fin de partie et il vous faudra recommencer la campagne à zéro, en sachant qu'envoyer des combattants inexpérimentés et non améliorés sur les îles les plus avancées équivaut à une mort certaine.
Pour ce qui est du la version
Switch, c’est propre, ça tourne relativement bien (il y a parfois de gros ralentissements malheureusement sans que l'on ne sache vraiment pourquoi) avec des petites animations qui vivifient à merveille l'univers mais il y a tout de même de très longs chargements (jusqu’à 50 secondes) et des bugs assez courants (dernière vague ennemie qui n’arrive pas, et vous force donc soit à fuir sans deniers soit relancer le jeu, chargements plantés, nombreux retours sur le menu principal de la console...). Le prix est aussi un peu trop élevé avec ses 18€, bien que la génération procédurale garantisse une rejouabilité maximale. Quant aux autres versions (
PC, à venir,
PS4 et
X.One dès fin août, et sur
iOS et
Androïd plus tard), gageons qu'elles devraient tourner comme un charme.
Bad North est un jeu qui vous fera passer de bons moments pour peu que vous appréciez son approche minimaliste du RTS (petites zones, pas de ressources à gérer, combats automatisés...). Avec son rythme soutenu et ses règles simples, la montée (trop?) progressive de sa difficulté et sa génération procédurale, il garantit une prise en main immédiate, une bonne rejouabilité mais requiert une certaine souplesse et possède des fins de partie plus dures qu’il n’y parait initialement.
Un 6/10 pour ceux qui adhèrent à la formule, ne sont pas dérangés par un petit jeu vendu un poil trop cher (*) qui respire le mobile à pleines pores, les autres enlèveront un point et attendront des soldes.
"Le premier qui débarque, on lui pète la gueule"
Les points Alfred le Grand :
- Système plus profond que sa prise en main
- Rythme soutenu, parfait pour des sessions portables
- Couleurs de la DA apaisantes
- Génération procédurale au point pour garantir une bonne rejouabilité
Les points Rollon:
- Débuts de partie barbants après les avoir déjà expérimentées
- Chargements très longs sur Switch
- Des bugs gênants
Captures d'écrans effectuées sur Switch en mode portable.
* "Le prix n'est pas important", "On ne juge pas un jeu selon son tarif"... Et bien si! C'est du divertissement dans le cas présent, pas de l'art ou une oeuvre qui agrandira votre perception, et en tant que tel le rapport qualité/prix est un élément à prendre en compte.