Pour la première fois, une source anonyme interne à Sony nous livre le récit de l'apparition, puis de la suppression de de la rétro PS2, remplacée par le remastering HD des hits la grande soeur de la PS3. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ce qui s'est dit et fait chez Sony sur cette question.

Depuis l'annonce officielle du lancement de la Playstation 3, Sony a toujours mis en avant sa volonté de faire la transition PS2 -> PS3 en douceur. Et au début, la rétro-compatibilité des jeux PS2 (capacité à faire tourner des jeux PS2 sur la PS3) faisait partie de ce plan de migration. Mais plus tard, John Koller (Directeur Marketing de Sony Computer Entertainment America) a finalement indiqué qu'il n'était plus question de rétro-compatibilité (RC), dans la mesure où selon lui la plupart des joueurs PS3 voulaient acheter des jeux PS3.

Le site internet thegamerheadz.com a pu se mettre en relation avec une source anonyme interne à Sony Computer Entertainment lors d'une récente réunion presse. Après négociation, cette source a accepté de révéler la chronologie des évènements chez Sony qui a abouti à l'abandon de la RC. Récit.


Emulation software ou hardware ?

La dernière version de la PS3 bénéficiant d'une RC intégrée fut le bundle Metal Gear Solid 4 lancé en juin 2008, mais la décision de sa suppression avait déjà été prise depuis un certain temps. Après la sortie de ce bundle, la RC a été supprimée via le lancement de la PS3 40GB pour une simple et bonne raison : le coût était largement supérieur au bénéfice espéré. Avec une perte nette de plusieurs centaines de dollars sur chaque machine vendue, la décision prise par Sony fut alors de remettre à plus tard la RC dans le cycle de vie de la console.

Le bundle MGS 4 fut en fait une tentative de Sony d'intégrer la RC avec un coût moindre en émulant les jeux PS2 via un software (contrairement aux PS3 60GB qui disposaient du Graphics Synthetizer permettant une émulation hardware des jeux). Mais le résultat financier ne fut toujours pas satisfaisant.

La source anonyme précise : "On avait pas mal d'idées à travailler à cette époque, mais seules quelques unes étaient réellement applicables. Ce que nous voulions, c'était faire en sorte de dégager un profit sur les ventes de consoles, et il était évident que la route allait être longue. Alors nous ne pouvions décemment pas nous permettre d'ajouter des options avec lesquelles les joueurs utiliseraient des références de l'ancien système Playstation, il nous fallait regarder les choses d'un point de vue strictement commercial".


La question du profit

Après la sortie de la PS3 40GB, Sony a eu la certitude que la RC n'avait aucune valeur ajoutée financière. Tout au plus pesait elle dans la fidélité à la marque, qui en avait déjà pris un sacré coup avec le lancement de la Xbox360.
Pourtant, Sony aimait cette idée de rétro-compatibilité mais la firme n'a jamais su trouver la meilleure solution possible pour l'intégrer à la PS3.

Questionnée sur la possibilité de l'inclure dans une mise à jour firmware, la source répond : "L'idée de mettre à jour toutes les PS3 ne disposant pas de la RC fut une des premières prises au sérieux. Mais c'était aussi une des plus coûteuses : chaque jeu fait appel à une émulation software spécifique, dans la plupart des cas ce software nécessite d'être mis à jour et affiné pour se rapprocher le plus possible de la qualité originale PS2. Et cerise sur le gâteau, les mises à jour firmware ne rapportent pas un centime à l'entreprise."

Il est vrai que le bundle MGS4, qui utilisait l'émulation sofwtare, a nécessité de nombreuses mises à jour pour améliorer la qualité des jeux. Certains jeux PS2, bien que peu nombreux, souffrent encore d'un mauvais rendu visuel sur la PS3 80GB.

"Une autre idée que nous avons presque mise en marché, était d'introduire progressivement les jeux PS2 émulés sur le Playstation Network en téléchargement, à un prix d'environ 10 euros. Sur le modèle de ce que nous avons fait avec les jeux PS1".


Le choix de Sony : le remastering HD

Finalement, l'idée d'émulation est abandonnée au profit du remastering HD : "Le remastering a émergé il y a environ deux ans. Pour un développeur, remasteriser en HD prend un temps acceptable, est relativement peu complexe, et fonctionnera commercialement si le jeu est bien choisi. Après projection des bénéfices éventuels de jeux remasterisés, la décision fut prise de faire le test grandeur nature avec God Of War 1 et 2".

A ce jour, presque deux millions d'exemplaires de la version remasterisée de God Of War 1 et 2 ont trouvé preneur.

"God Of War Collection a très vite atteint le million de ventes... Peu après, Activision, Ubisoft, Konami et Square Enix ont souhaité remasteriser leurs meilleurs jeux PS2".

C'était une décision risquée vis-à-vis des joueurs, qui devaient racheter une deuxième fois un jeu en leur possession... Mais à contrario, elle était bonne pour les relations de Sony avec les revendeurs - qui pouvaient ainsi générer du CA additionnel - et les développeurs qui y consacrent peu de temps et dégagent des revenus significatifs.

"Les meilleurs développeurs de l'industrie remasterisent leurs meilleurs jeux. Prince Of Persia, Shadow Of The Colossus, ICO ne sont qu'un début. Quand les fans verront ce que Konami est en train de faire sur Metal Gear, et Square Enix sur Final Fantasy, ils seront très contents".

La "taupe" conclut en indiquant que le rétro-gaming est bien meilleur avec le remastering HD qu'avec la rétro-compatibilité, tant pour les joueurs que pour les développeurs. HD, Trophées, ces nouvelles versions sont finalement plus proches de l'offre PS3 que de l'offre PS2 et peuvent être - presque - considérés comme des jeux PS3.

A la suite de cet article, le site thegamerheadz.com a été contacté par le DirCom de SCEA, Patrick Seybold, qui a insisté pour préciser que tout ceci n'était que rumeur et que la source était non-officielle... (comme d'hab avec Sony mais on connais la chanson)