John Szczepaniak avait lancé un kickstarter il y a quelques années de cela afin de partir au Japon interroger les développeurs japonais qui ont contribué à faire du secteur ce qu'il est devenu aujourd'hui.
Son travail est en cours de publication, et après le premier volume, le deuxième vient de sortir (3 sont prévus au total). Recueil d'entretiens, on en apprend beaucoup sur le milieu, les méthodes de développements et autres composantes du métier. Mais dans ce dernier, une histoire assez incroyable y est racontée.
Extrait de l'article de NintendoLife :


L'interrogé, s'exprimant sous le pseudonyme passe partout Hideo Nanashi (L'entretien en question est en fait un amalgame de plusieurs entretiens avec différentes personnes), parle avec Szczepaniak de titres annulés et d'autres sujets avant d'aborder ce qui est l'une des histoires les plus marquantes de tout le livre : l'enlèvement d'un proche par des voyous à la demande d'une des plus importantes compagnies vidéoludiques japonaises, dont le nom ne sera pas révélé.

Ma sœur cadette fut kidnappée. [Censuré] embaucha quelques voyous pour le faire. Ils le firent pour m'empêcher de continuer à collaborer avec Nintendo.

Bien que tout ceci semble fantastique, un peu de contexte est demandé en un tel cas. Au Japon, l'industrie de l'arcade a des liens avec le crime organisé, principalement les Yakuzas. Nanashi explique qu'« au Japon, vous avez toujours ces entreprises néfastes qui pointent le bout de leur nez, et contrairement à l'Occident, il y a cette perception que « jouer » est mauvais, contrairement au travail. Ainsi les secteurs orientés vers le divertissement deviennent inévitablement infestés de mauvaises entreprises avec des liens vers le crime organisé. Par exemple l'arcade. Officiellement ils sont soumis aux lois régulant les activités de divertissement et d'amusement. Ils sont donc sujets aux mêmes lois qui régulent l'industrie adulte, la « rose ». A cause de ceci, le crime organisé s'implique dedans. Les seules compagnies qui ont été capables de faire des affaires en restant propres sont probablement Nintendo et Namco. »

Nanashi se remémore ensuite cette histoire d'enlèvement extraordinaire plus en détails, et explique qu'il loua un camion grue pour balancer une borne d'arcade en face des bureaux de la compagnie afin de leur montrer qu'il ne plaisantait pas.

« C'était l'une de leurs machines. Je l'ai jetée en face de leurs bureaux et l'ai démolie. Puis je leur ai dit que la prochaine fois ce serait l'un de leurs employés. Afin de leur montrer que je ne plaisantais pas. De cette façon ils auraient honte de leurs actions, vous comprenez ? C'était simple pour moi d'obtenir à moindre coût une machine de [Censuré], j'en ai donc acheté une au distributeur. J'ai aussi pensé à en voler une mais c'est bien plus difficile et ça m'aurait transformé en criminel. Avec ce que j'ai fini par faire, j'aurais pu être accusé de déchargement illégal d'ordures, mais c'est un délit mineur. Alors que si j'avais volé une machine, j'aurais été arrêté.
[Censuré] était très au fait de l'utilisation du crime organisé afin de parvenir à leurs fins, et si vous faites face à eux, vous devez être malin. C'est une grosse compagnie, et si vous essayez de les combattre avec les méthodes ordinaires, ils collaboreront avec la police et le système judiciaire afin que ces derniers vous atteignent. Ils pourraient même corrompre un politicien, un membre du parlement national par exemple. Qui sait ce dont ils sont capables? »

Plus d'infos dans le deuxième volume de John Szczepaniak consacré aux développeurs japonais, ou le site hardcoregaming101 qui explique plus en détail le contenu de l'entretien.

Le site Nintendo Life, qui reprend donc l'histoire, en a confirmé la véracité via ses sources.

Pour ceux qui seraient intéressés par la version numérique du premier volume, il est disponible gratuitement du 12 au 14 Novembre sur amazon et une partie du documentaire est en accès libre sur la chaîne YT de HardcoreGaming101.