Parfois, même quatre employés seulement suffisent pour faire un jeu sympatoche. En 3D qui plus est, et c'était d'autant plus vrai dans les années 90. Aujourd'hui, tout est bien différent, les jeux en 3D n'ont plus le droit d'être ''juste moyen'' ou ''acceptables'', ils faut qu'il soit irréprochables, impressionnants et capables de mettre la barre toujours plus haut. HD oblige, le moindre défaut qui en 2005 n'était que détail, en 2013 devient une raison de plus pour tirer à vue sur le soft concerné. D'où la multiplication des jeux indépendants en 2D, qui eux, ont de touts temps étaient bien plus abordables pour un seul bonhomme qui décide de faire son petit bazar de programmation, seul, dans son garage.
Amok est donc de ceux là, produit par le tout petit studio (qui disparaitra bien vite) qu'est Lemon : mené par les vétérans tout droit débarqués du microcosme Amiga Jacob Andersen et Søren Hannibal. Le jeu étant de relativement bonne qualité mais n'ayant pas rencontré un succès commercial flagrant, Lemon fermera ses portes en 1998 et Hannibal (classe le nom, quand même) rejoindra les rangs de Shiny Entertainment, déjà plus que l'ombre d'eux même après les très bon Earthworm Jim, à cette époque, le studio s'apprêtait à bosser sur un super gros projet qui au final sera une immonde bouse et un terrible gâchis financier : Enter the Matrix...
Andersen lui se liguera avec divers autres programmeurs venu d'horizon éparse pour former IO Interactive ; créateur de Hitman. Clairement, l'un aura sut mieux retomber sur ses pattes que l'autre...
Mais alors, qui est donc le troisième et le quatrième employés du studios ? Le troisième fut en réalité une sorte d’intérimaire nommé Martin Pollas qui dut s'occuper de différentes taches de programmation et de finition, engagé dans le dernier quart du processus de développement du jeu afin de garantir les délais de production et commercialiser le soft à temps.
Mais le plus important reste le quatrième comparse, compositeur de son état, à savoir Jesper Kyd.
Si je vous dis demomakers Silents, Crionics et Sanity sur Amiga, ça vous parle...pas. Ok, j'ai compris .
Si je vous dis Hitman, Assassin's Creed, Borderlands, ou encore Darksiders II, c'est bon, votre cerveau fait la connexion désormais ? Très biiien. Vous êtes donc fin prêts pour comprendre ce qu'est Amok. Place à la review !
Après une guerre de 47 ans opposants deux corporations militaro-industrielle : NONLUN et AZT-K sur la fameuse planète Amok, extrêmement riche en minerais de toute sorte, indispensable à la fabrication d'armes de destruction massive, vous incarnez le mercenaire Gert Staun. Votre objectif : mettre fin au traité de paix en provoquant les deux camps et en perpétrant des actes de terrorismes sur diverses cibles stratégiques afin de faire repartie la guerre, car vous le savez comme moi, pour un fabricant d'arme, la paix, c'est la fin du business ! Pour ce faire, Staun dispose du Slambird, appareil de combat tout terrain disposant d'un arsenal impressionnant... Motivation de base grotesque et cliché s'il en est (quoique, quand on connait les pratiques des syndicats de fabricants d'armes aux USA, on se dit qu'Amok n'est pas si loin de la réalité), le soft a le mérite de nous amené sur un sujet si pas jamais, en tout cas rarement vu dans un jeu vidéo. Quand bien même tout cela n'est pas infiniment creusé puisqu'il s'agit d'un shoot 3D avant tout, ça reste sympathique et ça permet d'installer une ambiance cyper-punk tout à fait convaincante.
Car la force première d'Amok, c'est bel et bien son ambiance. Tout d'abord portée par un univers graphique froid et métallique, la 3D ici fait des merveilles subtilement mêlée à quelques touches de 2D (les explosions, certain éléments du décors, les icônes de power-up...) plus que bienvenue car elles se fondent dans la masse de façon parfaite, et fluidifient le tout d'un point de vue technique. Contrairement à Strife, déjà testé sur Retro Gamekyo qui faisait l'erreur, pour un jeu de 1996, de reprendre le moteur vieillissant de Doom (l'id Tech 1), quand bien même il fut ''amélioré'' par les programmeurs, Amok lui emploi l'id Tech 2 qui s'illustra peu de temps avant dans la même année sur le puissant Quake. Pas aussi bien mise en œuvre que sur le dernier né des papas de Doom, le Quake Engine fait tout de même des merveilles sur la production de Lemon, avec génération de reliefs et bâtiments en 3D, multiples effets spéciaux 2D, fragmentation de modèle 3D (après avoir balancé une torpille sur un vaisseau adverse par exemple) et autres effets de haute volée digne d'un PC solide de milieux des années 90. La prouesse technique va même jusqu'au panel de couleur pouvant s’étendre à 32 768 teintes différentes pour le peu que votre P120 d'époque soit muni d'une bonne carte graphique, ce qui a pour effet de proprement apporter beaucoup plus de vie aux décors futuristes. En 1996, rares sont les jeux PC à tenir tête face à Amok porté par une config max, Quake et Mechwarriors 2 font bien entendu partie de ceux-là.
Niveau sonore, ensuite, avec un Jesper Kyd que je n'ai jamais connu aussi créatif et généreux. Il compose là un ensemble de piste électronique à la mélodie puissante, à l'impact auditif fabuleux et qui distille une ambiance unique lors des missions. Souvent longue de plus de 7 minutes, les pistes d'Amok sont un exemple éclatant d'inventivité et de maitrise de la composition qui se paie le luxe d'employé moult variations et une masse improbable de ''phase'' musicale (segment de la musique où le rythme et la mélodie change, avant de revenir de façon régulière à un refrain de note) où le ressenti et l'ambiance n'en sont que plus changeante, tout en gardant une cohérence appréciable. Le Main Theme, de 8 minutes et 10 secondes de long (!) nous met directement dans le bain, des notes torturées de synthétiseur, une sorte de chœur tout ce qui a de plus discordant et déshumanisé arrive vers 1.10 pour lancer un rythme soutenu de note et de sorte de clocher d'église électronique. Pas de doute, on est bien dans un univers cyber-punk pur et dur. Ocean, la piste accompagnant le level sous-marin débute par une mélodie pure et cristalline avant qu'un fondu de guitare électrique ne vienne briser cette douce sensation, et la boite à rythme se met en route mécaniquement, délivrant ses frappes sourdes tel un métronome. Des sonorités bizarroïdes se font entendre, rappelant que même si le fond des océans peut être d'une beauté infinie, il peut aussi renfermer les pires dangers et bon nombres d'énigmes... Dans certaines pistes, on peut entendre des voix distordues nous donnant l'impression d'être observé et manipulé par un être tout puissant qui tenterait de rentrer en contact avec nous. "Why do you involve yourself with revolutionaries and anarchists?" , "In the industrial age people want progress. We give it to them... I even resurrected myself!" ou encore "Run for your life!" seront le genres de répliques que vous pourrez distinguer au milieu d'une bataille explosive et meurtrière... Inquiétant à plus d'un titre, l'ambiance va crescendo en tension et atteint son paroxysme face au boss final du jeu : réincarnation suprême de la déshumanisation, la bataille finale imagée de l'homme contre la machine, le choix contre la contrainte, la liberté contre la servitude.
Jesper Kyd frappe un grand coup avec cette OST inspirée, typée ''binaire hardcore'', percutante et agressive, et illustrant à merveille l'image que veut véhiculer le soft de Lemon. Dommage que ce soit une de ses œuvres les plus intimistes.
Vous pilotez le Slambird. Sorte de mecha de combat tout-terrain armé des dernières technologiques d'anéantissement de masse. Il possède quatre systèmes d'armement : laser (infini), bombes, missiles légers et lourds (en nombre limité) et est capable de s'équiper d'hélice ou d'extension bipède pour s'affranchir de toute sorte de terrain. Son pilotage s'avère très simple d'utilisation (en plus d'être d'une fluidité impeccable même lorsque ça défouraille grossièrement à l'écran), l'interface de commande étant exactement identique à celle de Doom : flèches de direction, déplacements latéraux avec Alt, esquive avec Shift... À ceci prêts qu'on joue de vue extérieur (on voit le vaisseau), quand bien même le jeu donne le choix de trois angles de vue plus ou moins subjectif. À chaque armes correspond une touche de tir spécifique (Ctrl pour le laser, Entrée pour les bombes...), un choix des concepteurs qui, si il a le mérite d'émuler légèrement l'impression d'être dans un véritable robot de combat (avec tout un tas de touche et de manette à activer pour balancer la sauce et user des différentes fonctions de l'appareil), il alourdit aussi la prise en main mais de façon tout à fait raisonnable. Pour le reste, l'Amok dispose d'un radar et d'un système de guidage intégré, qui vous mènera vers votre prochain objectif sans trop de mal à travers les map d'une grandeur satisfaisante.
Les missions que vous aurez à accomplir (relativement variées : extermination de cible, escorte, sauvetage de prisonniers, sabotage de bâtiment stratégique...) ne sont pas de tout repos. Et la dimension tactiques du jeu prend alors toute son ampleur quand vous devez vous préparer à la bataille en récoltant moult power-up et équipement au quatre coins du level. Aussi, il est facile de s'apercevoir via une petite analyse topographique, qu'un ordre de récupération des items peut être mise en place en fonction du chemin à parcourir et des ennemis en faction dans la zone ciblée. Il ne tiendra qu'à vous, donc, d'aller récolter un nouveau type d'armement à tel point de la map, pour aller dérouiller tel sorte d’ennemi plus facilement à un point B, récupérer un autre arsenal et aller s'enquérir de l'élimination d'autres cibles à un point C etc etc. Mais vous pouvez aussi y aller avec votre couteau entre les dents et votre bite sous le bras... à vos risques et périls !
Non parce que des ennemis, il y en a, beaucoup ! Des requins blancs à mâchoires mécanisées meurtrières, des piranhas explosifs, des soldats d'élite ressemblant à s'y méprendre aux fameux Doomguy du jeu d'id Software... Armés de fusil laser ou de lance-roquette, à pieds où sur moto-jet, couvert par des entités volantes particulièrement agaçantes, des tourelles et des poseurs de mines... Il faut donc agir avec circonspection, en réagissant vite et bien et en tenant compte des forces en présence et de la disposition des obstacles avant de se lancer tête baisser dans la mêlée. Parfois, des éléments du décors seront là pour freiner votre progression et vous piégez dans votre fuite (vous croyez foncer vous mettre à l’abri au petit bonheur la chance, et hop, devant vous se dresse une clôture électrifiée que vous devez désactiver en détruisant son générateur... à l'autre bout de la map!). N'hésitez donc pas à prendre votre temps pour préparer l'assaut, procédez étape par étape, nettoyez zone par zone, et grappillez le moindre bonus que vous trouverez, car les map en regorge (quand bien même elles ne proposent pas de bonus room comme le seigneur Doom). Crispant, très difficile (la différence entre le niveau facile et difficile est infime, mais en règle général, les ennemis sont agressifs et résistants), Amok n'est clairement pas un jeu à prendre à la légère, comme on prendrait une petite partie de Super Mario World, pendant la pause du midi, pour se détendre. Amok réclame rigueur et énergie, déjà pour assimiler l'ambiance sombre et agressive visuelle et sonore, mais aussi pour ne pas se laisser succomber par la violence du soft qui couplée à sa difficulté frustrante devient parfois éprouvant si on y joue trop longtemps ! Un shoot'em up percutant, brutal et exigeant tant par sa nervosité que par son aspect relativement tactique comparé à ses rivaux du genre où on se contente de bourriner comme un sagouin.
Même si Amok peut se targuer de posséder une technique quasi irréprochable (quoique le brouillard de guerre (qui masque un défaut de distance d'affichage un peu court) peut s'avérer extrêmement gênant, surtout dans les level sous-marin, ce qui ajoute plus de crispation que de plaisir de jeu), une dimension tactique intéressante (récolte d'item et exploration de la map avant de lancer l'assaut) et une ambiance sonore décapante, il n'en reste pas moins un jeu très conventionnel dans son gameplay. Quoique, attendre une révolution de la part d'un shoot'em up, même en 1996, je ne suis pas sur que ce soit très pertinent. Néanmoins, l'apport d'un mode multijoueurs (carrément absent, impardonnable au milieux des années 90 où pour un jeu d'action PC, avoir un mode multi était indispensable pour un succès commercial probant, ce que Amok n'a d'ailleurs pas eu) aurait été appréciable, tout comme l'ajout de quelques level pour faire durer l'aventure (seulement 8 missions, 9 si on compte le tutoriel du début). Un bon jeu donc, mais au même niveau que beaucoup d'autre sur le même support et sur console, ayant eux-même leur atout à faire valoir.
La musique du boss final, que je vous conseille vivement d'écouter!
Pouaha ce vieux jeu! Je l'ai acheté mais sur un coup de tête monstre.
J'explique, je vais passer quelques jours en Angleterre fin 1999 avec des amis, comme ça, pour découvrir, j'avais mon PC portable et tout mais aucun jeu, ma Gameboy était morte, bref, la merde. Et sur le ferry qui me menait de calais à Douvre, j'ai acehté un magazine PC dans la boutique du bâteau, le prix à l’époque était de 99 francs, un peu cher pour un simple magasine mensuel...
Et surprise, je découvre que y'a un CD d'un jeu complet avec le magasine, le fameux Amok donc, qui tourne sans problème sur mon PC portable (normal un jeu de 96 pour une machine de 99, ce serait le comble!), et ben pendant tout mon séjour en Angleterre (pays que je déteste au passage), je me suis pas fait chié car j'ai découvert tout pas hasard un jeu plutôt fun quoique un peu dur sur les dernier niveau!
Vraiment sympa touts ces souvenirs, tu fais bien de le déterrer celui-là
Akinen & Sorow vous l'avez connu celui-là? Il est assez confidentiel mais comme vous le savez déjà, les jeux confidentiels mais de qualité sont légions sur PC!
Je l'ai sur Saturn, et c'est étonnant que tu n'ai pas du mode multi sur PC car il y est sur Sat (2 joueurs en splitté coop . J'avais adoré à l'époque (pourtant il s'était un peu fait démonté). Le jeu avait pas mal de choses novatrices, il était notamment l'un des premiers jeux à utiliser de la 3D voxel, et aussi l'un des premiers à correctement gérer l'inertie de l'eau !!! Pis ce boss de fin bordel (le scorpion robot si je me souviens bien) !!!
Sinon pour l'anecdote, ils ont aussi été aidé par un autre petit studio nommé Scavenger ayant lui aussi fait un jeu sur Saturn et PC : Scorcher (que j'avais également adoré). Quand on finit Amok, il y a un petit message super sympa remerciant Scavenger et disant que Scorcher était prometteur !!
raiko Pour être tout à fait précis, Scavenger s'est occupé de tout ce qui concerne la phase de "debug" du jeu, dans la partie développement, et ensuite il a était édité par cette même société
Je savais pas que la version Saturn disposais d'un mode multi! Mais comme tu dis, le boss de fin (et sa musique, que j'ai mise dans l'article) m'ont fortement marqué !
sorow Il est grand temps que je m'attaque à quelque point n' click de légende
Merci pour ton article Anakaris, un jeu vraiment sympa avec une ambiance bien bizzare. ça faisait très longtemps que je n'en avais pas entendu parler. Pour la review elle est très bien écrite et sympa à lire comme d'hab =)
J'explique, je vais passer quelques jours en Angleterre fin 1999 avec des amis, comme ça, pour découvrir, j'avais mon PC portable et tout mais aucun jeu, ma Gameboy était morte, bref, la merde. Et sur le ferry qui me menait de calais à Douvre, j'ai acehté un magazine PC dans la boutique du bâteau, le prix à l’époque était de 99 francs, un peu cher pour un simple magasine mensuel...
Et surprise, je découvre que y'a un CD d'un jeu complet avec le magasine, le fameux Amok donc, qui tourne sans problème sur mon PC portable (normal un jeu de 96 pour une machine de 99, ce serait le comble!), et ben pendant tout mon séjour en Angleterre (pays que je déteste au passage), je me suis pas fait chié car j'ai découvert tout pas hasard un jeu plutôt fun quoique un peu dur sur les dernier niveau!
Vraiment sympa touts ces souvenirs, tu fais bien de le déterrer celui-là
Sinon pour l'anecdote, ils ont aussi été aidé par un autre petit studio nommé Scavenger ayant lui aussi fait un jeu sur Saturn et PC : Scorcher (que j'avais également adoré). Quand on finit Amok, il y a un petit message super sympa remerciant Scavenger et disant que Scorcher était prometteur !!
Je savais pas que la version Saturn disposais d'un mode multi! Mais comme tu dis, le boss de fin (et sa musique, que j'ai mise dans l'article) m'ont fortement marqué
sorow Il est grand temps que je m'attaque à quelque point n' click de légende
Super découverte, et puis Jesper Kyd quoi, je le croyais connu que pour Assassin's Creed mais non loin de là!