
(1967-2025 / 58 ans)
Tous les ninjas ne sont pas voués à s’épanouir dans l’ombre. Ils ne sont pas immortels non plus, en dépit des capacités surhumaines qu’on leur prête. 2025 sera à la fois l’année de célébration du trentième anniversaire de la Team Ninja, mais également celle du décès de son illustre fondateur. Ninja, samouraï, game designer, rockstar, Tomonobu Itagaki c’était un peu tout cela à la fois. Avec son allure de yakuza, muni de ses tenues en cuir et ses lunettes noires, ce passionné de jeu vidéo et d’art de la guerre prenait son travail très au sérieux. C’était un guerrier aussi déterminé qu’acharné, guidé par une vision personnelle du médium qu’il défendait corps et âme. À l’instar de son héros iconique, le monsieur n’était pas connu pour sa discrétion, plutôt pour son franc parlé et ses attaques répétées envers la concurrence et l’industrie qu’il méprisait ouvertemement – mélange d’avis tranchés et de stratégie marketing. Un personnage mémorable, polarisant, mais au talent indéniable. Ses grands faits d’armes inspirent et forcent encore le respect aujourd’hui grâce à une philosophie de travail qu’Itagaki s’est appliqué à suivre contre vents et marées.
Voici la conception qu’Itagaki se faisait des ninjas : « C’est peut-être difficile à comprendre si vous n’êtes pas japonais, mais il existe différents types de ninjas et ma vision du ninja n’est pas focalisée sur la furtivité ; un ninja est certes censé être caché, invisible aux yeux des autres, pour tuer sans être vu – comme un assassin secret. Mais ma vision du ninja est plus ouverte, je veux juste tuer tous ceux qui se mettent en travers de mon chemin ! Je pense que la plupart des enfants rêvent de devenir ninjas, bien sûr, mais ils ne pensent pas à l’aspect furtif, ils pensent à des scènes de combat impressionnantes et à la manière très cool dont les ninjas manient le katana – alors je voulais mettre davantage l’accent sur cet aspect. »
La beauté contraste avec la violence du jeu, tout en faisant écho à une citation japonaise énoncée par Tomonobu Itagaki : « Au Japon, il existe un proverbe « kachoufuugetsu », qui signifie « fleurs, oiseaux, vent et lune ». C’est un vague résumé des choses que les humains peuvent apprécier. On regarde une fleur et on se dit : « Oh, c’est vraiment joli ! ». On regarde un oiseau qui peut voler, ce que les humains ne peuvent pas faire, et on y voit un symbole de liberté, un objectif à atteindre. Le vent aussi, avec par exemple, le souffle frais d’une brise qui nous aide à affirmer notre humeur du moment. Et en contemplant la lune, on peut penser qu’elle est non seulement belle, mais aussi qu’elle peut susciter en nous l’envie d’y aller, de savoir ce qu’il s’y cache. Une sorte de curiosité en somme.
C’est pourquoi je pense que si l’on s’intéresse à ces émotions humaines fondamentales qui vont au-delà des frontières, sans se reposer sur le contexte de chaque pays, il est relativement facile de créer un jeu qui puisse être apprécié partout. Bien sûr, si vous demandez à quelqu’un d’admirer des fleurs et qu’il vous répond : « Je n’aime pas les fleurs. Pourquoi m’avez-vous demandé de voir des fleurs ? », c’est que ce genre de jeux n’est peut-être pas fait pour vous. Je me demande ce qui se passerait si je disais cela à un responsable marketing, et qu’il me répondrait : « Eh bien, nous avons mené des études de marché qui montrent que les fleurs ne sont plus à la mode ! » Mais bon, c’est juste ma façon de voir les choses. C’est ma philosophie .»
Pour voir tout le portrait, voici le lien de l'article original : ActuGaming
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