Hardi compagnons !
Comme d’habitude, je prend la plume (enfin le clavier, quoi, vous m’avez compris) pour raconter mes dernières aventures en matière de RPG. Et justement, cette fois-ci, l’aventure sera le thème central de notre jeu du jour !
Faites vos valises, mettez votre casquette d’explorateur, on décolle sans plus attendre !
Nostalgia
Titre original : Nostalgio no Kaze
Consoles : Nintendo DS
Développé par : Red Entertainment
Edité par : Tecmo
Sorti en : 2008
Bon, non en fait, ne décollons pas trop vite, il faut avant tout avoir une idée de ce qui nous attends. Parce qu’on ne peut pas dire que ce Nostalgio no Kaze soit particulièrement connu (ouais, j’aime bien faire dans les titres méconnus, vous avez remarqué), surtout en Europe puisque le jeu n’a jamais atterri chez nous.
En fait, je n’en avais moi-même jamais entendu parler, jusqu’à tomber dessus par hasard en fouillant les étagères des Book-Off, emplis à craquer de jeux tous supports confondus et vendus pour quelques poignées de yens. Ouais, le marché de l’occasion est complètement différent là-bas, et ça fait plaisir de voir autant de titres rétro (incluant la PS3, oui oui c’est rétro on vous dit) à des prix extrêmement accessibles (genre un FF6 ou un Chrono Trigger original sur SNES se trouve tranquillou pour 600 ou 900 yens, donc entre 5 à 8 euros, en boîte impec avec manuel, tout ça. Les connaisseurs savent). A se demander comment on a fait pour laisser s’installer la spéculation à outrance et les prix exorbitants chez nous…
Bref, je dis graisse (ou vague, peu importe), toujours est-il que je ne savais pas trop à quoi m’attendre vu que je ne connaissais rien du jeu, avec la jaquette et le titre pour seule inspiration (mais c’est ça qui rigolo, y aller les yeux fermés c’est une aventure en soi), mais ça avait suffit à m’intéresser et à me laisser présager de passer un bon moment. Je m’attendais donc à un petit RPG sympa et chaleureux mais trop bancal pour qu’on veuille se souvenir de lui, comme la DS a su en accueillir plusieurs. J’ai eu la surprise d’apprendre durant ma partie que le jeu avait quand même eu droit à une sortie aux US, sous le nom simplifié de Nostalgia, et qu’il avait même été plutôt bien reçu (mais sans faire de bruit, du coup).
Malheureusement, mon impression de départ s’est tout de même un peu confirmée, mais je reste largement satisfait du voyage !
Serait-ce… la liberté ?
Le voyage, l’aventure, l’exploration sont donc les thèmes centraux du jeu. Ça se voyait tout de suite sur la jaquette, le chara design et le titre, le « vent de la nostalgie », qui ne laissait plus place au doute : le jeu est sorti en 2008, mais fleure bon les RPG à l’ancienne, et se rapproche même de très très près d’un certain Skies of Arcadia, ou même de Grandia premier du nom.
Nous sommes en pleine période de révolution industrielle, et l’homme peut explorer les cieux à bords d’aéronefs et autres dirigeables et ainsi faire le tour du monde. Et c’est justement ce que le jeu vous propose : avec pour prétexte de départ de retrouver son père, explorateur de renom, qui ne donne plus de nouvelles depuis sa dernière expédition, notre héros Eddie va lui-même partir à la découverte du monde et visiter Londres, Le Caire, Rio de Janeiro, Dehli, la Sibérie ou même Tokyo !
Le jeu se place donc dans notre monde « réel », mais n’oublie pas ses origines nippono-rpgesques (ceci est un vrai terme scientifique, je viens de l’inventer) avec de la magie, des civilisations perdues (avec Atlantis, Mu ou Lemuria, il y avait de quoi faire), et des tablettes mystérieuses dont on imagine qu’elles détiennent le pouvoir de protéger l’humanité ou de la détruire si elles tombent entre de mauvaises mains. Ça tombe bien, il y a justement une organisation mystérieuse et sans scrupules qui pourchasse une jeune fille tout aussi mystérieuse, amnésique, et évidemment seule personne qui détient le pouvoir de manipuler les tablettes... Vous avez dit cliché ?
Alors je vous répond Skies of Arcadia

Franchement, ce perso, c’est Fina tout craché ! Fragile, timide, vaguement mystique... Elle s’appelle même Fiona, c’est vous dire jusqu’où ils ont poussé le vice…
En fait, ils l’ont même poussé très loin : on retrouve la sempiternelle world map, où l’on se déplacera uniquement à bord de notre aéronef que l’on obtient dès le début de l’aventure. Comme Skies of Arcadia. On débloquera au cours du jeu la possibilité de voler à différentes altitudes.
Le jeu propose divers quêtes annexes, dont une qui consiste à chercher les « world treasure », c’est-à-dire les monuments et merveilles du monde, à la manière des « découvertes » de Skies of Arcadia.
Et cerise sur le gâteau, on a droit à des batailles aériennes, dont le gameplay change légèrement par rapport aux combats classiques. Comme Skies of Arcadia, encore.
Bref, je pense que vous avez suivi, difficile de ne pas penser au RPG culte de Sega tant tout a été fait pour lui ressembler. Il ne manquait plus que les contrats de chasse contre les pirates du ciel, et on avait le tableau complet. C’est bien dommage de ne pas avoir quelque chose de similaire ici. Cela dit, loin d’un sentiment de repompe, on retrouve au contraire avec plaisir des idées et des mécaniques qui ont fait leurs preuves, et qui contribuent à créer cette fameuse ambiance d’exploration qui donne envie de partir à l’aventure. En ce sens, le jeu est une réussite.
Les personnages sont attachants, mais ne sont pas vraiment mis en valeur par les dialogues simplistes.
Malheureusement, on se rend vite compte une fois le jeu en main que le titre manque cruellement de finition et de moyens. Rien que pour la première cinématique du jeu, j’ai été surpris de voir une belle mise en scène chiadée peu habituelle sur la console, mais qui au final manque terriblement d’impact à cause d’effets sonores trop discrets (on les entend à peine) et de l’absence de doublages (ne serait-ce que des interjections de voix comme SoA, ça aurait pu le faire). Et c’est comme ça durant tout le jeu, chacun de ses aspects promettait de le rendre fun et mémorable, mais se retrouve mal exploité ou plombé par un système mal fichu.
Que ce soit les graphismes, corrects mais sans plus ; les musiques, d’abord épiques et enjouées puis discrètes et répétitives ; ou la narration aux dialogues trop simplistes qui empêchent de vraiment accrocher à l’histoire et aux personnages, certes clichés mais pourtant sympathiques et attachants, le jeu se traîne des avaries un peu partout sur sa bicoque et ne parvient jamais vraiment à nous faire décoller.
Même chose niveau gameplay, qui aura le mérite d’être accessible tant il est classique et n’invente rien, mais les quelques bonnes idées sont là aussi gâchées par des mauvais choix de game design : les quêtes de la guilde des aventuriers sont ultra-bateau (ou navire, ou aéronef… hum, bref) et même plutôt lourdingues puisqu’elles obligent le joueur à se retaper les donjons qu’ils vient de faire, en plus de ne pouvoir en accepter qu’une à la fois. Quand aux world treasure, ils sont une plaie à trouver, puisqu’il faut tomber pile-poil sur le bon point de la carte, avec les maigres indices donnés par des PNJ au cours du jeu, sans compter que certains sont mentionnés très tôt mais vous n’y aurez accès que bien plus tard, donc on perd du temps à les chercher pour rien… Au final, vu les récompenses peu motivantes, on a vite fait d’abandonner cet à-côté pourtant très sympathique sur le papier.
Je note tout de même que le jeu s’offre le luxe appréciable d’un paquet de quêtes annexes (les quêtes de personnages, les quêtes des armes ultimes, les donjons optionnels…), un effort que l’on aurait peut-être préféré voir appliqué à la trame principale, car le jeu reste court en ligne droite (j’ai mis une trentaine d’heures pour le finir) et on visite finalement peu d’endroits, beaucoup de villes et continents passant à la trappe. Dommage.
Sur le papier, les combats aériens sont top. Sur le papier, seulement.
Mais l’aspect du jeu qui m’aura à la fois le plus agacé et déçu sont les combats aériens, dont l’idée de base est sympa (chaque personnage contrôle une arme du vaisseau, qui sera plus efficace selon qu’on attaque de front ou sur les côtés), mais disposent d’une difficulté aberrante en comparaison des combats classiques, presque trop simples. Je ne sais pas trop comment les gars de chez Red Entertainment se sont démerdés, ils ont sans doute voulu limiter la liberté de mouvement du joueur en mettant des monstres puissants si vous sortez des zones où vous devez aller, mais rien ne nous prévient de ça et l’on tombe finalement sur un ennemi impossible à tuer qui nous one shot, alors que l’on n’a pas pensé à sauvegarder, évidemment. Ça t’apprendra à vouloir partir à l’aventure et sortir des sentiers battus, tiens. (Mais je croyais que c’était un jeu où il fallait explorer, moi

)
Même quand on reste dans le parcours imposé par le jeu, les combats aériens sont un enfer, vu le nombre de coups de canon qu’il faut pour se débarrasser des ennemis. Un vrai paradoxe, quand la plupart des boss peuvent se plier en 30 secondes montre en main.
En clair, on ne profite absolument pas du sentiment grisant de voler à travers le globe, on fonce vers notre prochaine destination en priant pour ne pas tomber sur un combat (vers la fin du jeu, j’évitais même de voler en haute altitude tellement les combats étaient durs et longs, alors que c’est le moyen le plus rapide de se déplacer). Triste pour un jeu qui faisait de l’exploration aérienne son argument principal.
Malgré ses défauts, le jeu est une petite bouffée d’air frais pour peu qu’on ne soit pas rebuté par ce genre d’histoire très clichée quoique toujours rafraîchissante. Il n’arrive certainement pas à la cheville de ses modèles, Skies of Arcadia en tête, et on ne peut s’empêcher de trouver dommage que le jeu n’ait pas su dévoiler tout son potentiel avec un tel univers (d’autant que quand on se renseigne un peu, on s’aperçoit que l’équipe derrière a bossé sur pas mal de bons jeux, donc c’est pas le talent qui manque)… Mais il n’en propose pas moins un voyage sympathique dont je garderai certainement un bon souvenir, avec l’espoir de revoir une production japonaise -si possible avec les moyens de réaliser ses ambitions- avec ce genre d’univers et de design qui semble avoir disparu de l’imaginaire vidéoludique nippon. Vu ce qu’on se mange en terme de productions actuelles, l’espoir est sans doute vain...
Au final, si vous êtes comme moi fan de cette ambiance d’aventure et d’exploration, ou juste avide de tester les RPGs oubliés de la DS, nul doute que cette aventure, certes avec un petit a, à défaut de pouvoir l’écrire avec un grand A, saura vous satisfaire. Tant que vous êtes prêt à vous laisser porter par le vent de la nostalgie...

Je veux un nouveau jeu avec cette atmosphère et ce genre d'artwork, bowdel :'(
Très bon article en tout cas
... on passe pas forcément un mauvais moment (en dépit d'une exploration très bateau dans le LD de ses donjons), mais on l'oublie aussitôt. Dommage.
On aurait pu avoir une nouvelle licence rigolote mélangeant mysticisme/fantaisie et monde réel comme le faisait Terranigma.
C'est ça, il avait le potentiel de faire rêver, mais c'est gâché par une histoire très convenue (à la rigueur les clichés ne sont pas forcément un problème, vu que des jeux comme Skies ou Grandia utilisent les même mais le font bien, ici c'est utilisé de la façon la plus banale possible, c'est ça qui est dommage) et un système de jeu assez barbant au final (les quêtes chiantes, les combats aériens à se tirer un boulet... et le reste comme les combats normaux ou le leveling des personnages sans doute trop classiques pour vraiment accrocher).
M'enfin ça se fait, le jeu est court et facile en ligne droite, d'autant que j'ai eu droit à des jeux bien pire récemment (Eithea, ou même Destiny Connect...), et perso je me suis juste laissé porté par l'atmosphère générale du titre et le fait de jouer les explorateurs dans le monde contemporain.
Mais dans l'absolu, ça reste un jeu très moyen... :/