Il y a un débat qui fait rage à chaque fois qu’un jeu exclusif à une console est annoncé sur PC: peut on encore parler d'exclu? et si non, la perte du statut d'exclusivité handicape t il la console concernée?

Tout d'abord, pour une histoire de commodité on va se mettre d'accord sur les termes. Affin de ne pas passer 50 messages à dire que tel ou tel jeu n'est pas une exclusivité parce qu'on le retrouve sur une autre plateforme, même si dans le fond, on sait tous que ce n'est que de la sémantique tout ça et qu'on comprend très bien ce que veut dire notre interlocuteur.

Donc ici, nous parleront de:

Exclusivité: Jeu qui ne sort que sur la plateforme concernée, et uniquement elle (ex: sunset overdrive, infamous second son, etc...).

Semi-exclusivité: Jeu qui sort sur une autre plateforme (pc ou console old gen), mais pas sur la plateforme concurrente (ex: forza horizon 2, little big planet 3, etc...).

Car oui, ne nous leurrons pas, si les débats sur les exclus font rage sur les forums c'est uniquement parce que deux plateformes sont en concurrences (le plus souvent il s'agit de la PS4 et de la Xbox One).

Enfin, rappelons qu'en plus de tout ceci, les exclus ou semi-exclus peuvent être temporaire ou définitives.



Pour qui la semi-exclusivité est elle un problème?

Concrètement, on sait que l'intérêt des éditeurs et de sortir leurs jeux sur le maximum de plateformes possible à condition que les les coûts qu'entrainent un portage soient facilement rentabilisés. Portons plutôt notre regard sur les constructeurs, et les joueurs.

Le constructeur:

Il a des intérêts opposés vu qu'il est aussi éditeur. D'un côté il doit garder le plus d'atouts de séduction pour attirer les joueurs sur sa plateforme, et de l'autre il y gagne à vendre ses jeux au plus grand nombre, pas tant pour l'argent engrangée à court terme mais pour développer la popularité de ses licences.

L'une des solutions (dans un premier temps) est bien sûr de rendre ses jeux cross-gen, mais il ne peut pas faire ça sur la durée. En effet, le but est de convaincre les joueurs de passer sur la nouvelle machine, sans compter que plus le temps passe, plus ça pose un problème d'image "old gen" au jeu. Cette solution n'est, au finale, qu'une rustine pour pallier au faible parc de nouvelles consoles dans un premier temps, rien de plus.

Sortir son jeu sur PC est une solution à double tranchant et il faut donc bien étudier chaque cas.
Même si certains jeux pousseront les joueurs à acheter une console (ce qu'on appellera les system seller) ces jeux sont rare, ce n'est d'ailleurs pas tant leur statut d'exclusivité qui va propulser les ventes de la console que leur popularité.

Il est en effet plus efficace de vendre une console avec une bonne communication qu'en multipliant les exclusivité de moindre popularité, c'est ce qui explique les nombreux bundle regroupant une console et un jeu populaire même s'il est multi-plateforme (fifa, assassin's creed, call of duty, destiny, etc...)

Dés lors pourquoi ne pas tout sortir sur PC et investir des milliards en marketing? Tout simplement parce qu'une fois de plus ça pose un problème d'image. Si tous les jeux d'une console sortent sur PC, elle fini par avoir une image de "sous-PC" et le joueur peut se demander qu'elle sera la valeur ajoutée de cette console, et ce, paradoxalement, même s'il ne joue pas sur PC.

Il faut donc trouver le bon équilibre entre franchises populaires exclusives ou non à mettre en avant, et franchises à populariser semi-exclusives.



Le joueur:

On pourrait classer les joueurs en 3 catégories (il y en a plus en réalité), ceux qui jouent uniquement sur consoles, ceux qui jouent uniquement sur PC, et ceux qui jouent sur les deux.

Concrètement, pour le joueur qui ne joue pas sur PC, la semi-eclusivité et l'exclusivité reviennent au même, le problème ne se pose donc pas pour lui, tandis que le joueur exclusivement PC a peu de chances de se laisser séduire par une console, quelque soit ce qu'elle propose. Reste le problème du joueur "touche à tout".

Malgré ce que certains veulent faire croire, ceux qui jouent sur les deux supports ne sont pas si nombreux que ça, sans quoi les jeux multi plateforme ne se vendraient pas aussi bien sur chaque support, cela dit, ils ne sont pas non plus une masse négligeable et c'est les premiers concernés par le problème de la semi-exclusivité.

L'exclusivité est importante au moment du choix d'une console et les joueurs qui sont sur le point de sauter le pas regardent souvent les jeux à venir ou qui viennent d'être commercialisés, mais beaucoup moins les jeux déjà sortis depuis un moment.

Pour s'en convaincre, posez vous la question: qui achèterait aujourd'hui une PS4 pour Infamous Second Son ou une Xbox One pour Sunset Overdrive? Au vu des ventes de ces titres aujourd'hui, pas grand monde il semblerait, pourtant ce sont toujours des exclusivités.

Mais là où la question devient intéressante c'est une fois que le joueur possède la console concernée: que perd t il à ce que ses jeux soient portés sur pc?

Un jeu solo qu'il aura fini n'aura pas perdu de sa saveur rétro-activement parce que d'autres joueurs y ont enfin accès, et dans certains cas le joueur console peut même y trouver quelques bénéfices. On peut par exemple se demander si sans l'annonce de l'arrivée de Killer Instinct sur PC les joueurs One auraient eu droit à une saison 3, et le cross-play pour certins jeux peut assurer une communauté plus solide.

Au finale, les débats autour des exclusivités sur les forums ne se focalisent que sur l'aspect commerciale du problème, car tout est une question d'image. Mais si on regarde le problème d'un point de vue expérience de jeu, la semi-exclusivité apporte son lot de bienfaits.

Dés lors demandez vous, est ce si grave qu'une exclusivité console soit portée sur PC? Ne peut on pas plutôt se concentrer sur les aspects positifs de cette pratique plutôt que sur la futilité de pouvoir fièrement afficher une liste longue comme le bras de jeux qu'on est les seules à pouvoir faire? Et ce, même si dans les faits, plus grand monde ne se soucie de ces jeux passé quelques mois?