Alors qu’on entend de plus en plus parler de la prochaine Xbox (sous différents noms) et de la PS5, on voit également venir de nouveaux acteurs tels que Google ou Amazon, visiblement prêts à en découdre. La prochaine guerre des consoles va être dur et il y aura des victimes, mais qui?
Depuis les années 80, à chaque nouvelle génération de consoles, différents constructeurs ont essayés de se faire une place sur le marché, visiblement lucratif, des consoles de salon, et à chaque fois le marché s’est régulé pour n’en garder qu’au maximum 3. Tel un concours dans la fonction publique il y a à chaque fois beaucoup de participants mais peu de récompensés. Ces guerres successives entre constructeurs a fait donc bien des victimes au file des générations, certains n’ayant pas réussis à convaincre tel Apple (avec la pipp!n), Amiga (Amiga CD32), Bandai (Playdia), Amstrad (GX-4000), etc…
D’autres, ont essayés de s’associer pour mettre en place un standard, on peut évoquer Philips, Magnavox, Grundig… pour le CD-i mais aussi Panasonic, Goldstar et Sanyo pour la 3DO ou encore plus récemment Alienware, Digital Storm, Falcon Northwest et bien d’autres autour des Steam Machines de Valve.
Enfin, certains constructeurs, pourtant en place sur de précédentes gen, ont fini par rendre les armes. Dans ce dernier cas tout le monde pense évidemment à SEGA, mais dans l’histoire ils n’auront pas été les seules puisqu’on peut également évoquer Nec, connu pour la PC engine et dont la PC-FX aura été la dernière console ou encore Atari qui a eu son heure de gloire dans les années 70 avec la VCS 2600 mais qui a enchainé les déboires jusqu’à la mal aimée Jaguar.
La morale de cette histoire? Aucune entreprise, quelle soit nouvelle ou non dans le secteur, ne semble à l’abri d’un revers fatale.
Pour espérer s’imposer sur ce marché, un constructeur avait jusqu’à présent besoin de 4 éléments: du contenu exclusif, un bon rapport qualité/prix, un réseau de distribution et une bonne communication. Le marché étant en pleine évolution, on pourrait ajouter une infrastructure réseau solide comme élément important au succès d’une console, la collecte d’informations pour cibler les tendances et les attentes des joueurs, ainsi que des outils (de développement et de diffusion) permettant d’assurer une bonne représentation des jeux tiers sur sa plateforme.
Essayons de voir quelles entreprises semblent les mieux armées pour la prochaine génération de consoles de salon parmi les 3 en places et 3 challengers qui espèrent mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.

Commençons par le moins connu. Slighty Mad Studio n’est pas une grosse multinationale, il s’agit d’un studio qui s’est spécialisé dans les jeux de courses automobiles. On leur doit entre autres Shift 2 Unleashed, Test Drive: Ferrari Racing legends et Project Cars. Ce studio a récemment annoncé la Mad Box, une console qui ne verra pas le jour avant au moins 2021, et dont on sait assez peut de choses pour le moment, si ce n’est qu’on nous promet un Hardware puissant capable d’afficher une résolution native de 4K et quelle sera pensée pour la VR avec, pour ce qui est du framerate, une promesse alléchante de 60 image par seconde pour chaque oeil. Côté manette, le modèle dévoilé (susceptible de changer) propose la particularité d’intégrer un écran sur une bonne partie de la façade du pad, permettant même d’entourer les touches pour apporter des précisions au joueurs. Reste à voir si cette feature sera utilisée.
Affin d’attirer les développeurs tiers, Slighty Mad Studio Compte proposer un moteur de jeu multi-plateforme entièrement gratuit, on imagine qu’il s’agit ici de leur moteur maison, le Madness Engine, mais le studio semble aussi vouloir développer la réalité virtuelle avec une solution dédiée nommée IO Tech.
Si d’un point de vue outils et Hardware, le studio semble confiant, bien des obstacles vont se dresser sur la route de cette console, à commencer par les jeux. En effet, le studio ne possède qu’une seule licence qui est Project Cars. Autre problème, celui de la taille, puisque Slighty Mad Studio n’est composée que de deux structures, le studio en lui même basé à Londres et un bureau dédié à IO Tech au Luxembourg, ça semble bien trop léger en terme de possibilité de jeux exclusifs, surtout que l’entreprise ne pourra sans doute pas rivaliser financièrement avec les multinationales pour se payer des exclus tiers.
Il y aura aussi à régler les questions des réseaux de distribution, de la communication, du prix de vente public, de l’infrastructure réseau, et des relations avec les éditeurs tiers. Bref le combat va être difficile pour ce David qui devra faire face à 5 Goliaths.

Bien plus imposante, la firme de Mountain View a annoncée, il y a presque un an, vouloir aussi investir le secteur du jeu vidéo, et pour ce faire, sortir un service cloud, nom de code: yeti. Cette fois ci, pas de promesses Hardware, Google misant plutôt sur le Cloud Gaming. Pour faire simple, les données des jeux ne seront pas traitées par la console mais par des serveurs distants, l’avantage étant que l’utilisateur n’aura pas besoin d’un matériel hors de prix, ni même de le faire évoluer avec le temps. On peut même imaginer Google rendre son service accessible via tout appareil sous Androïd. Cependant, plus récemment, des rumeurs ont commencées à émerger sur la toile, Google serait finalement bien en train de préparer une console physique, pour le moment connue sous le nom de code Metallurgy. Il se pourrait même qu’il y ait plusieurs modèles. On entend parler d’un modèle avec des spécifications solides pour permettre de télécharger les jeux affin d’y jouer en locale et un modèle moins chère dédié au cloud.
Un tel service cloud nécessite une infrastructure réseau en béton, et heureusement, Google la possède puisqu’il fait parti des plus grosses boites dans ce domaine. Pour ce qui est de la collecte de données et de la communication, Google possède la plus grosse plateforme de vidéo au monde avec You Tube et s’est offert les services de Phil Harrison, bien connu des joueurs pour avoir travaillé plusieurs années chez Sony, puis Microsoft. Avec Google Play, la firme à déjà sa plateforme de vente en ligne qui gère plusieurs centaines de milliers de jeux et des millions de joueurs, il ne leur reste plus qu’à proposer des titres AAA.
Il reste deux problèmes, tout d’abord le réseau de distribution. Google va devoir mettre en place toute une infrastructure pour la fabrication et la distribution des jeux au format physique en supposant bien entendu qu’une version de leur hypothétique console ait un support physique, dans le cas contraire les choses se corseraient. En effet, en proposant une console uniquement tournée vers le dématérialisé, Google susciterai la méfiance chez les consommateurs et se mettrait à dos tous les revendeurs spécialisés. Vu qu’ils ne proposeraient pas de consommables en dehors des cartes d’abonnement, seule les grandes enseignes généralistes pourront potentiellement accepter de vendre ce produit, encore faut il qu’ils y gagnent quelque chose, certaines de ces enseignes, comme Amazon, pourraient même refuser la vente du produit pour proposer un abonnement similaire. On se souviendra que le premier revendeur en ligne à déjà exclu de sa boutique, le chromecast de Google, donc rien ne garantit qu’ils vendent la console du géant de mountain view.
L’autre problème concerne les exclusivités. Selon l’écrivain Liam Robertson qui serait dans la confidence, Google aurait commencé à développer des jeux en interne, lesquels n’auraient, nous dit on, pas grand chose à envier à la concurrence.
« j’ai vu certains de ces jeux et ils ont tout pour que les gens aient envie d’y jouer »
Malgré ce témoignage, Google ne semble pas vouloir se constituer une armée de studios First Party, tout juste ont ils achetés en 2017 Owlchemy Labs, un petit studio de 25 personnes dédié à la réalité virtuel. Certaines rumeurs parlent d’accords avec des éditeurs tiers, mais est ce pour des exclusivités ou juste pour que ces éditeurs soient présents sur leur service avec des jeux multiplateformes? Google a t il créé en secret des studios internes? Vont ils proposer d’éditer des jeux de studios indépendants? seule l’avenir nous le dira, mais on ne devrait pas attendre trop longtemps avant d’en savoir plus.

Des potentiels nouveaux entrants, Amazon est celui qui semble prendre l’affaire le plus sérieusement. On ne sait pas s’ils proposeront un hardware ou juste un service de jeu en streaming qui pourrait compléter sa plateforme de vidéo liée à l’abonnement Amazon Prime, mais il y a quelques temps des rumeurs parlaient d’une console bien physique et ils auraient de quoi la vendre. En effet, le fait est, que le géant du e-commerce a son propre réseau de distribution lequel a déjà montré sa capacité à vendre des appareils de la marque comme la fameuse liseuse kindle, mais ce n’est pas tout, puisque cette plateforme de vente en ligne sert aussi pour la collecte de données et pour la mise en avant des produits. En outre Amazon possède la célèbre plateforme de vidéo Twitch qui est aussi un formidable outil pour se rendre compte des tendance et pour communiquer de manière indirecte.
De base, Amazon a déjà certaines prédispositions pour se lancer dans le jeu vidéo, mais la firme de Jeff Bezos ne s’est pas arrêtée là puisqu’elle à fait l’acquisition de Gamesparks qui propose un outil permettant de faciliter l’intégration de features relatives à différents éléments multi-joueurs. Un service déjà utilisé par des grands noms de l’industrie tels qu’Ubisoft, Bandai Namco ou Squarenix.
Toujours du côté des outils de développements, Amazon met à disposition des développeurs son propre moteur 3D multi plateforme nommé Lumberyard, ce dernier est compatible avec tout l’écosystème Amazon dans lequel on compte Twitch bien sûr, mais aussi Amazon Gamelift (hébergement de serveurs multijoueur), Cloud Canvas (pour la création de fonctions en ligne), DynamoDB (service de base de données), etc…Bref, plus globalement tous les outils du kit Amazon web service.
Reste la question des studios First Party, et de ce côté là, Amazon a déjà commencé à se constituer son bataillon de studios interne. On compte pour le moment trois studios, tous appelés Amazon Games Studios suivi de leur localité. On retrouve ainsi un studio localisé à Orange County en californie, qui n’est autre que Double Helix, le studio à qui l’on doit la première saison de Killer instinct sur Xbox One. un autre se trouve à Seattle, et un troisième à San diego, mais la firme annonce continuer à embaucher pour d’autres future studios à San Francisco, Austin (au Texas) et en Europe.
Mais si les studios sont importants, il est primordiale d’y retrouver des talents, et là encore le géant de la distribution en ligne n’a pas ménagé ses efforts, recrutant notamment Christoph Hartmann, fondateur de 2K Games (Bioshock, civilization, xcom…), Louis Castle, co-fondateur de Westwood Studios (la série Command & Conquer), John Smedley (Everquest, Planetside, H1Z1), Craig Sullivan (Black, Need fo Speed, Burnout) ou encore kim Swift (left 4 Dead, portal).
Enfin, terminons par les jeux. Pour le moment, Amazon Game Studios n’a sorti qu’un jeu passé pour le moins inaperçu sur PS4 et Xbox One, il s’agit de The Grand Tour Game. certes le jeu ne semble pas déchainer les foules, mais c’est intéressant de constater qu’amazon peut piocher dans ses séries Prime Original. Doit on s’attendre à voir un jour un jeu issu de « the man in the Hight Castle », « lore » ou « Jack Ryan »? Ce n’est pas impossible, mais pour l’heure on sait que leurs studios sont sur deux autres jeux: New World, un jeu présenté comme étant un « MMO Bac à sable », comprenez par là, un jeu massivement multijoueur qui mettra à contribution la créativité des joueurs, lesquels devront s’associer, certains endossant les rôles de mercenaires, d’autres d’architectes, d’artisans, etc… Le second jeu se nomme Crucible, un FPS opposant des joueurs aux armes et compétences différentes les uns des autres et qui seront poussés à coopérer et à trahir pour rester le dernier debout. Un concept intéressant pour un jeu qui semble vouloir mêler habileté et stratégie avec une pointe de sociabilité.
Bref, Amazon se lancera t il dans la guerre des consoles ou la guerre des services? ce qui est sûr c’est qu’ils sont bien décidés à se positionner comme acteur majeur du jeu vidéo, mais rien n’est gagné car il y a 3 compétiteurs déjà en place qu’il sera difficile de déboulonner.
Le plus ancien des trois constructeurs en place est dans une position actuelle qui semble vraiment enviable. Sa Switch cartonne dans le monde entier, les jeux Nintendo sont vu pour beaucoup comme des valeurs sûr, l’argent ne fait pas défaut, le constructeur a de l’expérience, ses produits sont réputés et soyons honnête, avec Mario, Zelda et Pokemon, Nintendo possède trois des licences les plus populaires de tous les temps. Malheureusement, cet état de grâce avec la petite console hybride et les atouts que je viens de lister ne suffisent pas à mettre big N à l’abri pour la prochaine gen.
Si on regarde bien, en se détournant de la course à la puissance, Nintendo a petit à petit perdu les hardcore gamers, reste à la console le jeune public et les fans de la firme, mais ces derniers, aussi fidèles soient ils, ne suffisent pas à assurer la pérennité de leurs consoles. Les derniers gros succès du constructeur, en terme de consoles de salon, furent la Wii qui a attirée un nouveau public, celui des casuals gamers (public qui semble maintenant s’être majoritairement tourné vers les smartphones) et la Switch qui profite de son statut de console hybride, à la fois console portable et console de salon. Nintendo ayant toujours été leader sur le marché des portables, cette fusion des machines était en quelque sorte son atout, et force est de constater que ce fut un coup de maitre, mais la firme de kyoto pourra t elle réitérer la performance?
Nintendo ne peut clairement plus se contenter de sortir une console classique, et les technophiles (qui ne sont pas sur PC) se tournant vers les machines de Sony et de Microsoft, Nintendo n’a pas d’autres choix que d’innover et de surprendre, une position qui a souvent refroidit les éditeurs tiers, lesquels doivent s’adapter à une architecture atypique quand les consoles concurrentes sont suffisamment proche pour permettre des portages aisés et donc peu couteux. En outre, il est difficile d’imaginer ce qu’ils pourront trouver comme concept novateur après la Switch. Un constat que semblent faire l’actuel président de la boite, Shuntaro Furukawa, qui envisage clairement, sur le long terme, un avenir sans consoles de salon. Est ce à dire qu’ils vont se concentrer sur les consoles portables? A moins qu’ils veulent miser sur les smartphones? Après tout Nintendo a commencé à sortir certaines de ses licences comme Fire Emblem, mario, pokemon et animal crossing sur smartphones. L’autre possibilité serait une plateforme de jeu en ligne qui permettrait de jouer depuis différents appareils, et on est en droit de se demander si l’arrivée des jeux NES pour les abonnés au service de jeu en ligne de la Switch ne fait pas figure de test grandeur nature. Bref, la Switch étant encore jeune cette question ne devrait pas se poser tout de suite.

Sony est le grand favori, la PS4 connait un énorme succès que certains qualifient presque d’insolent. Pour aller plus loin, on peut même dire qu’à ce jour, aucune console de salon estampillée Playstation n’a connu d’échec commerciale, mieux encore, ils ont étés leader pendant 3 générations sur 4, au point qu’aujourd’hui, beaucoup utilisent le terme « playstation » pour désigner les consoles de salon de manière générale. Autant dire qu’en terme de communication et de confiance du public, Sony part avec un net avantage. Il ne faut pas non plus négliger les fortes relations nouées avec les éditeurs tiers au fil des années, surtout du côté des boites japonaises.
Du côté des outils, Sony possède plusieurs moteurs performants à l’image du Decima Engine de Guerilla Games (Horizon Zero Dawn) qui a séduit le célèbre Hidéo Kojima au point que ce dernier l’utilise pour son prochain jeu, death Stranding. Santa Monica Studio (God of War) a également développé son propre moteur, tout comme Naughty Dog (Uncharted) qui abrite carrément une équipe, appelée ICE Team, dédiée au développement d’outils graphiques. Tous ces studios développant leurs propres outils, il en résulte une maitrise dont le rendu visuel est souvent très impressionnant. Toujours dans cette optique d’exploiter ses propres outils, Visual Arts est une structure dédiée à la motion capture et qui vient d’ailleurs d’intégrer sa propre équipe de développement de jeux. Enfin, niveau sonore, l’inventeur du walkman n’est pas en reste puisqu’ils ont récemment fait l’acquisition d’Audiokinetic, une société qui propose la solution audio la plus populaire auprès des concepteurs de jeux vidéo.
La prochaine console de Sony ne devrait pas faire l’impasse sur le format physique, c’est là dessus qu’ils ont beaucoup communiqué avec la PS4 et c’est ce que leurs joueurs veulent, du coup, cet état, associé à la popularité de la marque, fait que la PS5 n’aura aucun problème à trouver des distributeurs. Le revers de la médaille étant que Sony va devoir se montrer subtile pour ne pas prendre de retard sur les services de jeu en streaming sans pour autant aller trop vite au risque de braquer les joueurs. Les achats de On Live et Gaikai vers la fin de la précédente génération de consoles ont données naissance au PS Now, et si l’engagement envers ce service est encore un peu timide de la part de Sony qui ne sort toujours pas ses nouveautés directement dessus, il semble que ce service ait tout de même rencontré son public. Reste à voir comment ce dernier évoluera sur la prochaine génération face à une concurrence bien décidée à faire de ce genre d’offre son cheval de bataille.
En ce qui concerne les studios interne, Sony possède une véritable armada capable d’offrir un flot régulier de jeux à succès. Outre Guerilla Games, Naughty Dog et Santa Monica Studio qui sont cités plus haut, Sony peut compter sur bien d’autres studios qui ont déjà fait leurs preuves, à l’image de Sucker punch (infamous), Polyphony Digital (Gran Turismo), Media Molecule (Little Big Planet), Japan Studio (Gravity Rush, Astro Bot), Bend Studio (Days Gone), etc… Mais cette liste, déjà non exhaustive continue de croitre, le constructeur renforçant ses équipes. il serait trop long de détailler tous les studios et toutes les équipes mais sachez que Sony se paye même le luxe d’avoir un studio (San Mateo Studio) dont la seule mission est de venir en soutient aux autres studios de développement First Party.
Côté software, Sony cartonne en proposant des jeux narratifs à grand spectacle. L’année dernière ils ont fait sensation avec Spiderman, God of War et Detroit Become Human. C’est claire, le fond de commerce de Sony ce n’est pas le multi joueur, mais de plonger le joueur dans des aventures épiques et impressionnantes. Si ce point fort est indéniable, sony a une faiblesse au niveau « jeux service » et c’est là qu’il faudrait peut être se renforcer pour la prochaine génération, car ces derniers prennent vraiment de l’ampleur et influent peu à peu la manière de consommer les jeux vidéo. Ce business modèle représente le seule caillou dans la chaussure de Sony, car ils devront eux aussi évoluer au risque de s’enfermer dans un schéma qui pourrait, à terme, poser problème si d’aventure ils se laissaient distancer par la concurrence. Néanmoins, le constructeur nippon n’est pas non plus sans expérience dans le domaine et il y a fort à parier qu’ils relèvent le défis en temps voulu.

Le constructeur le plus à la peine sur la génération actuelle a bien l’intention de se refaire sur la prochaine. Exit les erreurs du passé, il faut aller de l’avant, et ça, Phil Spencer l’a bien compris, s’attelant à corriger le tir depuis plusieurs années maintenant. Le X-Boss a redonné à la marque une image de hardware puissant avec la Xbox One X, a réconcilié les développeurs indé avec Microsoft, a fait revenir des jeux japonais sur Xbox, a mis en place tout un tas de services populaires comme le cross play, le Game Pass, le Play Anywhere, ou la rétro-compatibilité. Mais surtout, Phil Spencer a décidé de s’atteler au chantier des « firts party ».
Depuis l’année dernière Microsoft est dans une véritable boulimie en ce qui concerne les achats de studios, au point qu’en 2017, parmi les acquisitions qu’a fait le géant américain, 7 achats sur 15 concernaient les jeux vidéo. C’est ainsi que des studios de renom comme Ninja Theory (Hellblade, DMC: Devil May Cry), Obsidian (Fallout New Vegas, South Park: Stick of Truth) ou encore Playground Games (la série Forza Horizon) ont officiellement rejoint l’écurie Microsoft. Le nombre de studios interne à ainsi plus que doublé et c’est sans compter les embauches pour renforcer tous ces studios, de plus il se murmure que ce n’est pas fini. En terme de titres internes, la firme de Redmond a toujours eu une longueur d’avance sur ses concurrentes en ce qui concerne les expériences multi-joueurs, en revanche elle a du mal à proposer des jeux narratifs à grand spectacle, seule la série Gears of War est calibrée pour en mettre plein la vue avec une mise en scène hollywoodienne. Autres faiblesses du catalogue First Party: les jeux de rôle (surtout depuis la fermeture de Lionhead studio), les Survival Horror et les Beat them all.
Heureusement, Microsoft semble bien décidé à palier à ces faiblesses et à alimenter son Game Pass en nouveautés diversifiées à un rythme soutenu. Ainsi on remarque que les studios achetés peuvent potentiellement combler ces lacunes, Ninja Theory a par exemple une bonne expérience dans les Beat them all, Obsidian est réputé pour ses actions-RPG, Compulsion Game (We Happy Few) a une touche esthétique unique qui le démarque des autres productions, etc… Mais ce n’est pas tout car Microsoft a aussi aidé Playground Games à monter un second studio pour travailler sur un RPG open world et a mis sur pied The Initiative, un studio qui, au vu des talents recrutés comme Darrell Gallagher (Rise of the Tomb Raider), Chris O’Neill (God of War PS4) ou encore Tom Shepherd (GTA5), semble cibler les jeux d’actions narratifs à grand spectacle. Bref on pourrait continuer longtemps à détailler la stratégie First party de Microsoft, il faut juste retenir qu’ils ne comptent pas faire de la figuration niveau jeux.
Si les jeux sont une composante primordiale au succès d’une console, on sait que ce n’est pas la seule chose qui entre en ligne de compte, et Microsoft ne semble rien vouloir laisser au hasard. En terme d’outils, Microsoft possède l’APi DirectX, le moteur Havok, la platforme cloud Azure, le service d’hébergement et de développement GitHub, le système de gestion de base de données PostgreSQL, etc…Bref sur ce point là ils sont armés.
A l’instar de Google et d’Amazon, Microsoft possède lui aussi sa plateforme de vidéo avec Mixer qui permet de communiquer (retransmissions en live d’évènements, organisation de tournois…) et de collecter des données sur les tendances du moment. Si le constructeur de la Xbox a montré ces dernières années des progrès en terme de communication (faut dire que le début de la One était une catastrophe de ce côté là), il semblerait qu’ils aient décidés d’aller encore plus loin en créant un engouement autour de leurs franchises via un autre support: les Comics. En effet, si l’existence de Comics Halo et Gears of War ne surprendra personne, sachez que Killer Instincts, Sea of Theaves et Crackdown ont également l’honneur d’être adaptés sur papier glacé.
En terme de services, après le Xbox game Pass, Microsoft ambitionne de lancer le projet XCloud, une plateforme de jeu en streaming annoncée comme étant le « Netflix du jeu vidéo » et qui pourrait être, en théorie, disponible sur différentes plateformes. Reste à voir la console en elle même. Selon les rumeurs, il y en aurait deux, le projet Lockhart dédié au jeu en streaming via ce fameux service XCloud et le projet Anaconda, plus puissant pour permettre le jeu hors connexion, qui s’inscrirait dans la continuité des précédentes générations de consoles. Phil Spencer ayant parlé par le passé de la fin des générations de consoles pour laisser place à une logique de « famille de produits », peut on s’attendre à ce que la Xbox one (voir la Xbox 360) puissent se connecter au XCloud? Et inversement, ce dernier permettra t il de jouer aux jeux 360 et One sur Anaconda et Lockhart? Pourrons nous jouer aux jeux Xbox également sur PC, Smartphones ou même Playstation à terme? Toutes ces questions laissent entrevoir un possible virage très ambitieux en terme de services chez Microsoft et il sera intéressant de suivre l’évolution du constructeur américain qui semble, plus que jamais, miser sur le jeu vidéo.