Sony passe de nouveau l’offensive contre Tencent dans le cadre du procès autour du jeu Light of Motiram, accusé de copier ouvertement la franchise Horizon. Après avoir porté plainte en juillet, qualifiant le jeu de « clone servile » reprenant l’univers, les personnages, les créatures et même la musique de Horizon, Sony réagit désormais aux tentatives de Tencent de faire annuler l’affaire.
Tencent avait demandé en septembre le rejet de la plainte, arguant que le procès était prématuré, qu’aucune violation effective n’avait encore eu lieu et que Sony cherchait en réalité à monopoliser des conventions de genre. Tencent a également affirmé que Light of Motiram reprenait des codes classiques présents dans de nombreux jeux, comme The Legend of Zelda ou Far Cry.
Dans un nouveau dossier de 35 pages, Sony qualifie ces arguments de « non-sens » et accuse Tencent de se cacher derrière un réseau de sociétés écrans pour échapper à sa responsabilité. Selon Sony, le retard de sortie annoncé pour le jeu et les modifications de sa page Steam, repoussant la sortie à fin 2027 et remplaçant les visuels Horizon par des images génériques de survie, ne suppriment pas les dommages déjà causés par les trailers, captures d’écran et campagnes marketing diffusés mondialement.
Sony dénonce également la stratégie de Tencent consistant à diluer la responsabilité via ses filiales, telles qu’Aurora Studios, Level Infinite ou Proxima Beta, alors que la maison-mère, Tencent Holdings, contrôle directement le développement et la promotion du jeu. Sony souligne que la société mère détient la marque déposée américaine de Light of Motiram, le domaine officiel et exploite la marque globale Tencent Games, démontrant ainsi son implication directe.
Le dossier rappelle que Light of Motiram reproduit l’apparence, le son, les personnages et l’univers narratif de Horizon, jusqu’à la musique et l’esthétique tribal-technique. Sony accuse même Tencent d’avoir engagé un compositeur ayant travaillé sur Horizon Forbidden West pour recréer la même ambiance musicale. Les réactions des fans et de la presse, qui ont immédiatement reconnu le jeu comme un clone, sont citées comme preuve de confusion réelle.
Sony insiste sur le fait qu’Aloy, héroïne emblématique de Horizon, est plus qu’un personnage : elle est un symbole de la marque. Selon l’éditeur, Tencent a utilisé un sosie d’Aloy pour représenter Light of Motiram sur Steam, les réseaux sociaux et les bannières promotionnelles, provoquant de nombreuses confusions et profitant de la notoriété de la franchise.
Face aux arguments de Tencent sur l’absence de juridiction aux États-Unis, Sony réplique que le jeu cible clairement le marché américain, avec des supports promotionnels distribués localement et des présentations faites à San Francisco lors de la Game Developers Conference. L’éditeur demande donc à la cour de rejeter la demande de Tencent, ou, à défaut, de lui permettre d’amender sa plainte et de passer directement à la phase de découverte, avec dépositions et accès aux communications internes du géant chinois.
UPDATE :
Lors de plusieurs réunions internes, Tencent aurait présenté un projet baptisé Project Z, imaginé comme une adaptation mobile de l’univers de Horizon. Mais Sony aurait rapidement mis fin à l’initiative : le 8 avril 2024, l’entreprise a refusé la proposition, précisant qu’aucune licence Horizon ne serait accordée à des partenaires externes. Pourtant, Tencent n’a pas abandonné l’idée. Dans un e-mail daté du 16 mai 2024, le géant chinois aurait réaffirmé son souhait de ne travailler que sur Horizon, invoquant la « passion » de ses équipes et la cohérence entre leurs compétences et la direction artistique de la franchise de Guerrilla Games.
Malgré ce refus initial, les discussions se sont poursuivies. En juillet 2024, des représentants de Sony PlayStation se sont rendus à Shenzhen, au siège de Tencent, pour explorer de nouvelles pistes de collaboration, cette fois autour de The Last of Us. Mais, selon Olivier Courtemanche, directeur de la division mobile de PlayStation Studios, la réunion a rapidement pris une tournure inattendue : « Nous pensions qu’Aurora Studios souhaitait discuter d’une collaboration autour de The Last of Us. Pourtant, la présentation montrait à nouveau des visuels proches de Horizon », explique-t-il dans sa déposition. Parmi les diapositives, plusieurs images présentaient une héroïne vêtue d’un mélange d’armures tribales et métalliques, ainsi que des créatures mécaniques rappelant les emblématiques machines de Horizon Zero Dawn. Olivier Courtemanche précise aujourd’hui que ces visuels correspondaient probablement à des assets utilisés plus tard dans Light of Motiram.