Quand Disney Interactive a annoncé en 2016 mettre fin à ses activités d'édition de jeu vidéo, c'était une page qui se tournait. En effet, après une décennie à ne plus trop savoir sur quel pied danser, enchainant les succès critiques et commerciaux (Epic Mickey sur Wii en 2010) avec les déceptions (Turok sur PS360 en 2008 ; Disney Infinity 3.0 en 2015. Deux jeux qui ont conduit à la fermeture brutale de leur studios respectifs par un Mickey colérique), l'avenir vidéoludique de Disney ne semblait pas des plus limpides. S'accompagnait de cela des dizaines de titres d'adaptations de leurs licences, insipides, destinés aux plus jeunes, sans aucun intérêt ludique. Cette situation qui a mené Disney à monnayer des contrats de gestion de leurs plus juteuses licences avec les grands éditeurs de ce monde (Star Wars avec Electronic Arts par exemple) est le fruit d'une incapacité à s'adapter et se réinventer. Chose qui dure déjà depuis longtemps et qui a commencé à la fin de l'ère 16-bits.
Au début des années 90, Disney Interactive, s'ils ne disposaient pas réellement en tant que tel de game designer de génie, possédait au moins d'excellents animateurs et graphistes, souvent nourris à la même sève que ceux travaillant sur les célèbres longs-métrages animés qui ont fait le second âge d'or de la firme (1989-1995). Ces animateurs travaillaient en partenariat rapproché avec des studios savamment sélectionnés en charge d'adapter les licences Disney. Et le moins que l'ont puisse dire, c'est qu'à l'époque, Disney savait s'entourer des meilleurs. C'est ainsi que le Roi Lion fut confié à un jeune studio nommé Westwood, néophyte dans l'exercice du jeu de plate-forme, mais déjà auteur de très bon titres comme Eye of the Beholder ou Dune II dans leurs domaines respectifs. Aladdin fut partagé entre le célébrissime Capcom, qu'on ne présente plus pour une version exclusive à la Super Nintendo ; et Virgin Interactive pour la version Megadrive avec à sa tête une star du milieux : David Perry. Le Capcom susnommé s'occupera en outre d'une profusion de jeu avec des héros Disney comme les mythiques Ducktales (La Bande à Picsou), Darkwing Duck et autres Chip'n Dale: Rescue Rangers (Tic et Tac). Pour fermer la marche des glorieux collaborateurs de renom, SEGA nous mitonnera de fabuleux jeux Castle of Illusion avec en vedette la célèbre souris en short.
Entre 1995 et 2000, les cartes sont redistribuées. Les SEGA et autres Capcom laissent place à des partenaires un peu moins haut de gamme et c'est ainsi que l'adaptation du film Dinosaure échu à Ubisoft. Activision s'occupe de quelques titres tournant autour du personnage de Buzz L’Éclair de Toy Story et THQ, déjà à l'époque connu comme étant un éditeur assez peu fiable de compléter la procession avec quelques travaux sur La Petite Sirène ou 1001 Pattes. Manifestement, et en comparaison de leurs illustres prédécesseurs, les nouveaux jeux Aladdin et Roi Lion sont en deçà. Plus conventionnels, parfois même carrément ennuyeux et visiblement là pour seconder encore plus la sortie d'un nouveau long-métrage au cinéma (la présence du CD sur Playstation par exemple permet d'insérer de nombreuses séquences vidéos issues du film, ce qui rend bien des services promotionnels à Disney), La Revanche de Nasira pour Aladdin ne convainc pas (au cinéma non plus d'ailleurs). Pas plus que La Formidable Aventure de Simba dont le level design et le challenge sont affligeant de platitude.
Malgré tout, quelques propositions arrivent à sortir du lot. Et elles viendront toutes du même studio : Eurocom. À commencer par l'adaptation du film Hercule, réceptionné avec tiédeur en face des monuments que sont Le Roi Lion, Aladdin et Toy Story, véritables piliers de la renommée de Disney dans les années 90 (à noter que Pixar n'était pas la possession de Disney jusqu'en 2006, ces derniers se contentaient d'éditer et de coproduire la plupart de leurs projets). Le jeu Hercule marque son époque pour sa 2D fine et sa qualité globale là où sur Playstation, pour surfer sur la vague et la mode, tout devait être en 3D, même si avec le recul on se rendait compte qu'une 3D sommaire, c'était bien moche. Deux ans plus tard, Eurocom se décidera à prendre le train en marche et développera Tarzan avec une 3D mais pas totalement. Mais nous y reviendrons un peu plus tard.
Tarzan, le jeu, singe donc sans surprise les grandes lignes du film, lui-même reprenant très librement le roman de Edgar Rice Burroughs publié en 1912. D'après le long métrage de Disney, Tarzan est un jeune homme abandonné par ses parents (sûrement qu'ils n'ont pas eu le choix car il est dit que c'est le léopard Sabor, véritable serial-killer de la jungle qui les a tué). Il sera recueilli par la tribu des gorilles, sa mère adoptive Kala ; Tok, une jeune gorille dont la voix française (Murielle Robin) me faisait marrer à l'époque et m'est devenu quasi insupportable aujourd'hui ; et Tantor l'éléphant craintif, constitueront l'essentiel de son entourage dans la jungle. Kerchak, le ''dos argenté'' (c'est ainsi qu'on appelle les chefs de tribu chez les gorilles pour leur tendance à avoir le pelage du dos gris-argent, un peu comme les cheveux poivres-sels chez les humains) fera office de grand sage, bourru, sévère mais figure paternelle importante pour Tarzan malgré tout. La petite vie de Tarzan sera perturbée par les attaques du meurtrier Sabor mais surtout par le débarquement d'explorateurs britanniques apportant modernisme et appât du gain sur le sol sauvage de la jungle. Tarzan fera la rencontre d'une jeune femme nommée Jane de qui il apprendra les bases de la civilisation mais aussi et surtout l'amour et l'échange avec un de ses semblables, tandis que Clayton, le chasseur (qui porte en réalité le véritable patronyme de Tarzan dans le roman d'origine : John Clayton) deviendra sa plus terrible Némésis...
Deux paragraphes au-dessus, je disais que Eurocom avait pris le train en marche en adoptant une 3D mais pas totalement. En fait, à la manière d'un Pandemonium! (1996, Playstation), ou d'un Klonoa (1997, Playstation), Tarzan voit ses décors et ses personnages entièrement modélisés en 3D mais il n'est possible de le diriger que sur une seule ligne directrice de gauche à droite (hormis pour quelques niveaux en fin d'aventure qui offriront un espace de jeu tout en 3D, bien qu'aux limites assez restreintes). Bien plus tard, d'autres jeux répondrons au même procédé comme Castlevania: Lords of Shadow – Mirror of Fate sur 3DS. Cette simple idée permet bien des facilités à l'équipe de programmeur. La 3D est bien fichue, la modélisation très correcte et l'aliasing ne se fait pas trop insistant. Et cela permet une profondeur de champ inédite tout en gardant sous contrôle ce qui doit être affiché ou non afin de soulager le processeur de la console et ainsi augmenter significativement les ressources allouées à ce qu'on a directement sous les yeux. Une telle astuce donne la permission au jeu d'être fluide, joli, et dispenser un incroyable jeu de couleur accompagné d'un petit panel d'effet spéciaux sympathique. Par endroit, le chemin se sépare pour mener notre personnage vers des passages secrets où la caméra opère une surprenante ellipse pour coller au mouvement, de quoi découvrir les coins et recoins de la jungle, recelant souvent des bonus. Ça n'a pas le côté fourmillant du level design à tiroir d'un Metroid ou d'un Symphony of the Night, mais qu'on s'y essaye plusieurs fois ou qu'on arrive à obtenir tous les bonus d'un coup, on ne peut que constater l'effort accompli pour que le joueur n'ai pas la grossière impression de vagabonder sur une ligne droite.
Cette fausse 3D sert également à ne pas se laisser trop distancer dans la course au graphismes pour l'éditeur Activision qui manquait probablement d'un gros jeu de plate-forme (à l'époque avec le J-RPG le genre phare) dans son escarcelle. Nous ne sommes, globalement, pas au niveau de la performances d'un Super Mario 64 ou d'un Rayman 2, eux, intégralement en 3D, mais au moins, cela permet une meilleur précision de la maniabilité avec notamment ce problème de saut ou de réception à ajuster sur des petites plate-formes qui disparaît comme par magie.
Au travers des niveaux, il faudra ainsi récolter les lettres du prénoms de Tarzan ou des croquis (au nombre de quatre) pour constituer une illustration et de cette manière débloquer des niveaux bonus. Ces niveaux, funs et originaux nous mette à dos de piaf complètement taré qui essaye de prendre son envol ou dans la peau d'un athlète s’exerçant dans un des fleuves infestés de crocodiles de la jungle. Tarzan ne fait pas mentir sa réputation d'homme-singe et détient une jolie palette de mouvement. Il peut frapper au sol (son cri lorsqu'il est enfant est d'ailleurs assez irritant quand il frappe au sol...) pour dénicher des crevasses secrètes, se balancer d'une liane à l'autre et même se défendre avec une sagaie ou des fruits à coque ! L'un des reproches qu'on pourrait lui faire serait le manque de lisibilité dut à une caméra parfois trop rapprochée. En effet, les ennemis, souvent des macaques agressifs et vicieux ou d'autres genre de bestiole qui défendent leur territoire n'hésitent pas à nous envoyer à la figure des cailloux ou des noix de coco. Mais nous arrivons rarement à les voir avant que les projectiles ne nous arrive droit sur le pif. Ainsi, on balance des fruits au hasard ou on fonce tête baissée pour filer un coup de sagaie mais le plus simple reste encore de bondir par-dessus la trajectoire, facile à deviner, des projectiles et ainsi se rapprocher de la cible. Tarzan bénéficiant d'une maniabilité très souple et très aisée, parcourir la jungle devient un vrai plaisir.
Par ailleurs, la variété des niveaux été à craindre avec ce scénario quasi mono-centré sur la jungle. Mais force est de constater qu'Eurocom a là encore sut faire les choses bien. La première astuce qu'ils ont trouvé pour varier les sensations a été de faire incarner plusieurs protagonistes au joueur, en commençant naturellement par deux versions de Tarzan, jeune et adulte. Puis en incluant la femelle gorille Tok ainsi que Jane dans des niveaux spécifiques. Outre cela, les développeurs ont sut tirer parti des scènes les plus marquantes du film pour en faire des niveaux pertinents et amusants. On ne parle pas ici d'une tare que trop de jeu retro partage depuis longtemps ; à savoir faire d'une micro-scène de quelques secondes un level tout entier à la difficulté abjecte pour allonger artificiellement la durée de vie (Home Alone 2, Total Recall...) mais bien de véritable séquences parfaitement bien intégrées au jeu. Ainsi, la fuite en avant (qui occasionne un changement d'axe de caméra, comme dans ce niveau de Crash Bandicoot où on est poursuivi par un énorme rocher façon Indiana Jones) avec un troupeau d'éléphant en furie aux fesses et une séance de glissade exaltante sur des lianes façon skateur sauvage de l'extrême viennent ajouter une dose d'amusement sacrément appréciable !
Finalement, voilà, c'est un peu ça le problème de ce Tarzan sur Playstation (il est sorti sur d'autres supports comme sur PC et Nintendo 64, et il est tout aussi sympathique). On ne peut pas réellement lui reprocher quoi que ce soit. Ce n'est pas un jeu parfait, évidement, si tant est que cela puisse exister de toute façon. La sagaie de Tarzan a la même portée qu'une petite cuillère ce qui la rend en fin de compte assez inutile, il est vrai que malgré leur beauté bon nombre de niveaux de jungle se ressemblent, dans l'absolu. Aussi, on ne peut nier que le challenge n'est pas des plus ardus. En dépit de la présence des lettres du prénom de Tarzan et des quatre croquis à récolter, on est loin des 120 étoiles d'un Super Mario 64 qui constituent un véritable défi. On est même loin des gemmes et reliques à gagner dans chaque level d'un Crash Bandicoot. Même s'il n'a à rougir devant quiconque, techniquement, Tarzan n'est là encore pas à la hauteur d'un impressionnant Rayman 2, full 3D, sorti la même année. Mais qu'importe, car Tarzan est joli, rigolo, avec des musiques très dans les tons et une collection de bruitages (d'animaux en particuliers) qui donne le sourire et confère au jeu une ambiance charmante. Il dispose d'une durée de vie honorable et d'un gameplay simple mais efficace.
Si on arrête de se poser un tas de question et qu'on se contente de jouer en ayant l'esprit ouvert, on se rend compte qu'on prend plaisir à s'essayer à ce Tarzan. Il ne révolutionne rien, il y a forcément mieux, plus grand et plus ambitieux en terme de plat-former, mais quoiqu'il arrive, Tarzan reste un jeu divertissant qui en plus de ça - fait vraiment rare pour un jeu Playstation - ne souffre pas du temps qui passe !
celesnot j'aimais bien Couac Attack également, je l'ai préféré à sa suite "Qui est PK ?". Une ambiance urbaine un peu à la Sly Cooper et une vue de derrière (la plupart du temps) à la Crash Bandicoot, simple, pas forcément super innovant, mais efficace.
Ca y est, la grande série de tests Playstation commence !
Et on ouvre le bal avec un Disney, mais c'est vrai que déjà à l'époque, les jeux tirés des licences de la firme commençaient à devenir anecdotiques. D'ailleurs, comme certains de mes voisins du dessus, j'ai pu toucher à Hercule chez un pote, mais je n'ai jamais vu l'ombre de ce Tarzan jusqu'au aujourd'hui. Pourtant, j'avais bien apprécié le film (mais pas autant que Les Mystères de l'Atlantide, il est vrai).
Vu la masse de jeu qu'il me reste à faire, il y a peu de chance que je donne sa chance à ce Tarzan, mais merci quand même pour la découverte !
randyofmana rassure toi, si tu ne l'as pas fait, il n'est pas clairement indispensable, surtout vu la ludothèque de la Playstation. Mais pour ceux qui l'ont fait à l'époque, ça reste probablement pour beaucoup un beau souvenir d'enfance (ou de jeunesse, disons)
Le prochain test, en revanche, concerne un jeu contre qui j'ai quelques griefs.
anakaris Je m'en doute, mais j'avoue que parfois j'aimerais bien me dire que j'ai le temps de ne serait-ce que tester les jeux dont j'entends parler en bien, même si ce ne sont pas des indispensables ^^' Juste pour le plaisir de la découverte, quoi ! Bon, en vrai, le temps, il est toujours possible de trouver le temps, mais comme tout le monde je fais mes priorités...
Pour le prochain test, tu vas nous la faire façon JDG, donc ?
Et on ouvre le bal avec un Disney, mais c'est vrai que déjà à l'époque, les jeux tirés des licences de la firme commençaient à devenir anecdotiques. D'ailleurs, comme certains de mes voisins du dessus, j'ai pu toucher à Hercule chez un pote, mais je n'ai jamais vu l'ombre de ce Tarzan jusqu'au aujourd'hui. Pourtant, j'avais bien apprécié le film (mais pas autant que Les Mystères de l'Atlantide, il est vrai).
Vu la masse de jeu qu'il me reste à faire, il y a peu de chance que je donne sa chance à ce Tarzan, mais merci quand même pour la découverte !
Le prochain test, en revanche, concerne un jeu contre qui j'ai quelques griefs.
Pour le prochain test, tu vas nous la faire façon JDG, donc ?
Je me rappelle du test de Marcus à la bonne époque de Game One, il l'avait tester en slip
Moi j'aurais préféré que ce soit Ness qui test le jeu en slip. D'ailleurs elle faisait craquer mon p'tit slip de jeune adolescent à l'époque.
Mais bon si tu préfère Marcus je comprends hein, après tout toi et les merguez, on commence à te connaitre... chacun son truc.
Ouais... Je lis les com' après avoir posté