Test jeu
Spintires offroad truck simulator
Genres: simulation - pilotage de camion
Développeurs: Pavel Zagrebelnyj, Oovee Games Studios
Éditeur: Just For Games
Support: Steam
Sortie: 13 juin 2014 (sortie initiale), mars 2016 (ressortie)
Config recommandée
OS: Windows XP, Windows Vista, Windows 7 or Window 8
Processor: Intel® Core 2 Duo 2.5GHz or equivalent
Memory: 4 GB RAM
Graphics: NVIDIA GeForce GTX 470 or equivalent
DirectX: Version 9.0c
Network: Broadband Internet connection
Hard Drive: 1 GB available space
Terrains accidentés, déformations en temps réel et imposants véhicules tout-terrain soviétiques, voilà en quelques mots le programme peu commun auquel Spintires convie les joueurs les plus ouverts d'esprit. Petite curiosité comme seul le PC peut nous en faire découvrir, Spintires est l’œuvre d'un seul homme, fait aujourd'hui suffisamment rare pour être signalé, même à l'ère des petits développeurs indépendants. C'est important de le noter, car en effet, le jeu de Pavel Zagrebelnyj a de nombreuses qualités et c'est bien fait remarquer au sein de la communauté Steam. D'abord sortie en juin 2014 sur la plate-forme de téléchargement, puis retiré un temps de la vente suite à des différends de business entre son partenaire britannique : Oovee et le concepteur du soft, Spintires est revenu sur Steam courant 2016.
Le concept est simple, sans fioriture et s'approcherait d'un jeu de type arcade dans le sens où il se prend en main de façon immédiate pour nous exposer les objectifs sans grands renforts de cutscene et de dialogues interminables. Le joueur prend les commandes de divers véhicules tout-terrain russes des années 1980 et 1990. Au programme, six cartes à la topographie variée pour représenter la campagne russe. Le but primaire de Spintires étant de rallier son point de départ, le garage, à un point A pour y récolter du bois. Et amener le-dit bois à un point B pour le livrer, tout simplement. Mais à partir de là, plusieurs détails sont à prendre en compte et les spécificités de Spintires s'articulent autour d'un souhait : proposer une simulation de camionneur qui ne soit pas non plus trop punitive.
On dispose au début du jeu d'une petite flotte de camion et de jeep pour explorer la carte, en grande partie envahie par une sorte de warfog. Pour bien faire les choses, il convient donc de débuter l'exploration de la carte en empruntant une jeep. Plus petite et souple qu'un camion de quinze tonnes, elle permet de se faufiler sur les étroits chemins de terre et de repérer les environs afin d'élaborer un itinéraire sûr. Car l'autre élément primordial à prendre en compte lors de votre petite virée dans la campagne russe, en plus de devoir bien s'orienter à l'ancienne (à la boussole et en ouvrant la map toutes les trente secondes, et non au GPS, bahut aussi vieux que Shanks oblige), c'est la nature du terrain. La Russie, c'est pas pour les touristes. Il n'est donc pas rare de devoir faire face à des pentes abruptes, des sentiers boueux et parfois même des rivières qui dépassent généreusement de leur lit, créant de véritables tourbières dans lesquelles vos gros camtars vont aller s'embourber.
La gestion de la physique et le moteur (Havok) sont ici très performants. Lors de sa présentation sur Kickstarter, le jeu avait en effet était salué pour sa technique très satisfaisante pour un jeu indépendant sans grande prétention. Ainsi, il faudra bien observer les routes sinueuses pour déterminer quelles directions sont les plus sécurisées pour vos engins. La gestion de la mécanique des fluides, lorsqu'il vous faut traverser une crique ou un petit cour d'eau est là aussi bluffant. L'écume se créant à mesure que les énormes roues de vos fardiers agitent les fonds marins. Globalement, les environs sont plaisants à parcourir car la végétation y est luxuriante, les variations de reliefs nombreuses et parfois impressionnantes et la conduite des camions s'en voit fortement influencée au moindre dénivelé.
Pour favoriser l'immersion et la technicité, Spintires impose la gestion du carburant et de diverses autres choses. Ainsi, votre camion consommera plus de fioul si il patine trop longtemps dans la boue. Pareillement si vous activez toutes les roues motrices (sur les plus gros modèles au nombre de 8!) ou le différentiel. Ce sera néanmoins une option indispensable pour se sortir de la plupart des terrains boueux et traverser quelques zones à risque de la map. Celle-ci propose des raccourcis pas toujours évidents à emprunter et en aucun cas indiqués par un joli petit panneau lumineux. Il ne tiendra qu'à vous de tenter le diable en appréhendant certains chemins à l'air dangereux mais faisant gagner de l'essence à vos camions. En sus, le passage répété de vos camions engendrera des ornières et des crevasses profondes dans la terre. Si bien qu'il sera indispensable d'envisager des chemins de secours car le terrain sera devenu trop impraticable. L'aspect découverte et exploration est garanti et on se prend vite au jeu à tenter de se débrouiller comme un grand, seul face à la nature.
Pour ajouter une notion supplémentaire de stratégie, on peut customiser nos engins à mesure qu'on rempli les objectifs et qu'on gagne de l'argent. On peut par exemple installer une grue ou un treuil (pour s'accrocher aux arbres et se désembourber seul dans la mesure du possible, le câble du treuil étant très court), une citerne de ravitaillement ou encore différents types d'accessoires moteur afin d'obtenir les effets désirés. Économie de carburant, possibilité de remorquer un véhicule embourbé ou en panne d'essence, plus grande facilité à grimper les pentes raides malgré le poids du véhicule... il y a de quoi faire. Notre flotte de véhicule a besoin d'être améliorée et surtout d'être équilibrée afin de faire face du mieux possible aux défis des map. Il faut chouchouter nos engins car, si ils sont massifs et impressionnants, il n'en sont pas moins fragiles. Toute relativité gardée. Chacun d'entre eux a donc une jauge de dégâts. Choc contre un objet naturel du décors (gros rocher, sapin imposant...) ou un autre véhicule, camion qui prend l'eau... la nécessité d'explorer la carte au préalable devient donc prioritaire. Il se peut même que si vous pensiez piloter un Ural-4320 comme on pilote une Impreza WRX sur les pistes de Finlande, votre camion se retournera ! Il devient alors inutilisable et vous n'aurez d'autre choix que d'utiliser un camion-grue pour tenter de le sauver.
La connaissance des routes et des obstacles sur la map prend toute sont importance et vous le constaterez bien vite. Mais l'exploration peut s'avérer plus sympathique encore. Surtout lorsqu'au détour d'un chemin on découvre un petit bâtiment perdu en plein milieux de la forêt avec à ses côtés un nouvel engin à bord duquel vous pourrez prendre place pour l'acquérir ! Quand il ne s'agit tout simplement pas d'une citerne vieille de vingt ans, coincées entre deux arbres, mais contenant une somme infinie de litre de fioul gratuit. Une véritable bouffée d'air frais lorsqu'on est perdu au milieux d'une carte parfois labyrinthique et en manque de carburant.
La conduite des engins ne se fait jamais très facilement. Ils sont lents, lourds et peu maniables. Mais c'est le principe même du jeu. Le détail est poussé jusqu'au rapport de vitesse que l'ont doit passer manuellement (sauf si on active l'option automatique, chose que je déconseille car ça use beaucoup trop de carburant, les joueurs expérimentés de Spintires préfèreront le mode manuel pour gérer avec précision leur réserve). Si le jeu est relativement difficile d'accès au clavier, il est jouable avec une manette de Xbox 360 et dés lors, le coup de main se prend assez vite. Pour faciliter un peu plus les choses, le jeu propose deux modes de difficulté : casual et réaliste. Ce-dernier prend en compte, comme expliqué longuement ci-dessus la gestion de l'essence, des dégâts ou de l'exploration de la map portion par portion. Le mode casual simplifie grandement le système car vous ne craindrez plus d'abimer vos engins ou de tomber en panne d'essence en plein milieux de nul part. En effet, dans ce mode, vous pourrez à loisir téléporter instantanément vos véhicules au garage le plus proche (on peut en découvrir de nouveaux sur la map et les acheter si on dispose de l'argent nécessaire) et ainsi faire le plein et les réparer. Pratique, mais entre nous, ça tue une grosse partie de l'intérêt et du challenge de Spintires.
Spintires a l'air bien sympa, avec tout ça, mais il est imparfait, évidemment. La première chose qui vous sautera aux yeux, vraisemblablement, c'est sa caméra, infecte. Littéralement. Étrange mix entre une caméra libre et une caméra orbitale, elle ne permet pas réellement d'observer les alentours car elle reste invariablement fixée sur votre camion. Comme un appel grossier à la contemplation. On entendrait presque le développeur hurler à nos oreilles ''regarde comment il est beau mon camion, félicite moi, vas-y, j'attends et je t'écoute !''. Ce ne serait peut-être pas si dérangeant que cela dans un jeu comme Forza Horizon 3, dont le champ de vision est largement dégagé sur de vastes panoramas. Mais dans Spintires, qui présente des chemins tortueux, aux dénivelés souvent importants, avec des terrains pris au piège entre des armées de sapins et des flancs de montagnes, ça devient très problématique. Régulièrement, il s'agit de faire plusieurs manœuvres délicates au volant de son camion, et on se retrouve à multiplier les marches arrière et les virages dans des angles improbables. Mais quand on ne peut rien voir d'autre devant soi qu'une frondaison verdoyante, la nature russe, aussi bien rendue soit-elle, ne fait que nous casser les couilles !
Autre petit problème dont vous pourrez vous rendre compte qu'au terme de quelques parties : la nature semble malgré tout vide. C'est vaste, c'est tortueux, c'est représenté de façon réaliste et c'est jouissif de terraformer littéralement un terrain boueux à l'aide de nos bahut de plusieurs dizaines de tonnes. Le petit garçon qui sommeille en nous (si si, même pour vous les filles) et qui rêvait d'être chef de chantier pour conduire des tractopelles gigantesques, en aura pour son argent. Mais on dénote assez vite qu'à part des rochers, des pentes terreuses ou des arbres à perte de vue, il n'y a rien. Pas le moindre lapin, cervidé et encore moins de grizzli de Sibérie à l'horizon. Sans pour autant souhaiter absolument d'avoir de l'interaction avec ce genre d'animaux - ce qui en soi ne servirait pas à grand chose dans un jeu comme Spintires - il n'empêche qu'en apercevoir par surprise en explorant la map aurait fait grandement plaisir. Pourtant, l'ambiance sonore assure le minimum à ce niveau car il est possible d'entendre des chants d'oiseaux ou des bruissements à travers la végétation. Mais à part cela et le rugissement des moteurs, rien ne viendra enchanter les tympans des mélomanes. Pas de musiques, même pas la moindre partition de guitare afin d'accompagner l'ambiance ''vieux routard de l'extrême'' qui prend possession de nous au cour du jeu. Les sessions de jeu pouvant s'étaler sur plusieurs heures, car il faut prendre le temps de bien explorer la carte, l'absence de musique n'est peut-être pas si dommageable que cela. À choisir entre le silence et quelques notes répétitives et agaçantes, c'est vite fait.
En définitive, Spintires est avant tout une bonne surprise. Ne payant clairement pas de mine de prime abord, il faut manifestement être attiré par les gros camions et la boue pour accrocher correctement au jeu. Une fois dedans, on s'y prend de façon étonnante. Le moteur physique, fort bien maitrisé, la technicité improbable de la conduite et ce côté brut de décoffrage où l'amusement se présente à vous sans chicane a quelque chose de charmeur. En revanche, le principal frein à la découverte reste le cœur de son concept où la débrouillardise est de mise car aucune astuce ni tutoriel ne viendra vous aider à sortir du bourbier vos énormes véhicules. Si on excepte la lenteur de progression, la rugosité de son aspect et certains détails embêtants de sa conception, Spintires s'avère être un bon jeu. Et si il ne l'est pas, il est au moins original et mériterait de voir débarquer une suite afin d'affiner la recette.
7/10
Musiques écoutées pendant l'écriture de cet article:
- Metallica: Creeping Death
- Accept: Bulletproof
- Motörhead : Hellraiser


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publié le 28/01/2017 à 18:47 par
anakaris
Mais à force de couvrir toutes les niches possibles et imaginables, le PC représente 2 fois plus de joueurs que les trois constructeurs de consoles réunis
Bon choix, très bon choix musicale pendant ton écriture