J’adore les Looney Tunes. Quoi, vous ne saviez pas ? Mais si, je vous l’ai déjà dit, dans le test de Taz-Mania sur Super Nintendo, souvenez-vous ! Et ça tombe bien, car si de nos jours cette bande de timbrés se fait relativement rares sur nos consoles de jeux, dans le monde du retrogaming en revanche, ils se sont fort bien installés. Il y aurait de quoi faire un test de jeu Looney Tunes toutes les semaines pendant un an et on n’aurait même pas encore fait le tour de l’intégralité de leur ludographie. Alors pour ce test en vrac, entre deux séries spéciales thématiques, j’ai tapé au hasard dans mon carton à vieillerie pour en extirper un Bugs Bunny Crazy Castle sur NES. Et une chose m’a presque immédiatement sauté aux yeux lorsque j’ai aperçu le packaging du jeu, c’est son développeur et éditeur : KEMCO. Un micro-frisson s’empara de ma colonne vertébrale et me fit doucement trembloter. C’est eux aussi qui avaient fait Superman sur NES, celui qui se fait ridiculiser face à l’excellent Batman de Sunsoft, testé dans le test "face to face" du mois de février dernier sur Retro Gamekyo. KEMCO avait visiblement quelques belles relations pour hériter de personnages si iconiques à porter en jeu vidéo, mais est-ce qu’ils ont aussi bien foiré leur coup avec le mangeur de carotte qu’avec l’homme d’acier ? Eh bien, vous commencez à être habitué désormais, et c’est ce que nous allons voir tout de suite.
Le concept du jeu ne tient que sur une seule ligne. Bugs Bunny est un affamé de carotte, et un jour, il apprend qu’un trésor de carotte est enfermé dans un château malheureusement lui-même envahi par ses potes Toons qui pour une raison ou une autre veulent lui faire la peau. Pourquoi, comment, on s’en tape, c’est des Toons, ils sont là pour se bagarrer (un peu comme les trolls de Gamekyo), pi de toute façon ils sont immortels (comme les trolls de Gamekyo aussi, malheureusement), ce sont des dessins animés. Ah bah oui, vous ne vous attendiez pas un scénario à la Metal Gear Solid avec un jeu Bugs Bunny, tout de même ? De toute façon, ce n’est certainement pas la prétention du jeu, ni même de l’œuvre d’origine. Ce qui compte c’est le fun immédiat, l’accessibilité pour tous, qu’en est-il ? Mission accomplie, si la répétitivité ne vous dérange pas, en tout cas.
En effet, sur pas moins de soixante niveaux, Bugs devra échapper à Sam le Pirate, Daffy Duck, Sylvestre, ou encore Coyote, tout en récoltant des tonnes de carotte sur son passage. Les niveaux sont présentés sous forme de tableaux, labyrinthiques au possible, à travers lesquels il faudra naviguer via plate-forme et surtout escaliers qui vous téléporteront aux quatre coins de cet imbroglio de coursives et de corniches. Pour se défendre des compagnons d’amusement un peu tarés de Bugs, on pourra leur faire tomber dessus des seaux d’eau glacée, leur bloquer le passage avec d’autres éléments lourds comme des caisses, ou activer des pièges tels que des gros gants de boxe pour les assommer momentanément. À vrai dire, ce principe de jeu qui tire ses racines de l’ancêtre Donkey Kong (mais qui dans les faits ressemble plus à Mario vs Donkey Kong, série débutée en 2004 sur Gameboy Advance) a cet étrange aspect vieillot mais toujours aussi efficace. Pire, il en devient presque addictif. On ressent une étrange sensation de panique, plaisir coupable avoué ou non, lorsqu’on se retrouve cerné par deux des chasseurs qu’on s’évertue à esquiver depuis des heures. Et dès lors qu’on trouve le moyen de contrecarrer leur plan, on s’étonne à soupirer de soulagement. Bien que le principe n’évolue pas d’un pouce tout au long du jeu, ça reste agréable à jouer, sans prise de tête, même si on aurait aimé un plus bel enrobage et quelques efforts supplémentaires sur bien des compartiments du soft.
À commencer par les graphismes. Comme dit plus haut, il y a beaucoup de niveaux, certes, 60, c’est pas mal ! Sauf dans le cas où ceux-ci se ressemblent tous ! Là, ça peut vite devenir une catastrophe. Et c’est ce qui se passe, quasiment l'intégralité des level de ce Bugs Bunny Crazy Castle sont composés de briques rouges sur fond gris, d’ouvertures menant à des escaliers chichement éclairés, le tout animé plus ou moins par les Toons qui ne cesse de gambader à droite et à gauche. Parfois, on change un peu pour des décors métallisés, futuristes, m'enfin bon. Ça reste fadasse. Les sprites, bien que de petites tailles, sont assez aisément reconnaissables. La petite pose de victoire de Bugs qui lève les bras au ciel dès lors qu’on a ramassé toutes les carottes du niveau est sympatoche, et assez représentative de ce que peut ressentir le joueur à partir de la seconde moitié du jeu (qui devient vraiment ardue). Mais bon, tout cela n’est qu’un pansement sur une jambe de bois, c’est sympa, mais ça ne retire en rien le fait que le jeu n’est pas franchement très beau. Surtout en face d’un DuckTales, sorti à la même époque, qui multiplie les décors exotiques et variés. Cela aurait été trop demandé de, au minimum, de switcher quelques couleurs de briques ou autre afin de varier un tantinet le visuel des niveaux ?!
Niveau sons, même constat. Le soft n’est pas dégueux, mais les musiques se font mémorables surtout car elles sont répétitives. Quoique en se concentrant sur le jeu pour esquiver Daffy et consort, on peut ne plus y faire très attention. Au moins, on ne pourra pas leur reprocher que ça ne fait pas très cartoon.
Ah, vous vous souvenez que lors de l’introduction de ce retro test, on se disait que KEMCO semblait avoir de bonnes relations pour obtenir de prestigieux personnages à licence à incorporer dans leurs jeux ? Eh bien, on ne croyait pas si bien dire. En vérité se cache un sacré micmac de droits d’exploitation et de stratégie marketing derrière ce petit jeu qui ne paye pas de mine et qui, il faut l’avouer, a un intérêt limité. Au départ, KEMCO devait faire un jeu sur le même principe issu de la licence Roger Rabbit, le long-métrage innovant mêlant prise de vue réelle et dessin animé de Robert Zemeckis, faisant fureur à la même époque. Le jeu est bel et bien sorti au Japon sur Famicom, mais aux USA, les droits avaient été redistribué à d’autres, notamment Rare qui en fit leur jeu Who Framed Roger Rabbit, assez infâme, et chroniqué par le Joueur du Grenier dans une de ses vidéos. Qu’à cela ne tienne, KEMCO ne s’est pas dégonflé et a été négocié les droits d’une autre mascotte lapine, vous l’aurez deviné : Bugs Bunny. Bugs Bunny Crazy Castle est donc rien de plus que Roger Rabbit made by KEMCO sur Famicom avec un petit travail de lifting afin d’y intégrer l’univers des Looney Tunes.
Mais ce n’est pas fini ! Dans le même temps, un portage Gameboy est prévu mais KEMCO n’a pas sécurisé les droits de Roger Rabbit au Japon et ils se sont retrouvés avec ceux de Mickey pour Mickey Crazy Castle Gameboy sur l’archipel. Or ici, ce n’est plus Rare qui pose soucis mais Capcom, un autre titan de l’époque. Eux-mêmes ayant déjà des liens très étroits avec Disney (DucksTales, Darkwing Duck, etc), ils n’entendent certainement pas KEMCO accaparer une partie du butin si facilement. Si bien qu’en dehors du Japon, KEMCO est obligé de s’offrir une autre licence pour convertir leur Mickey Crazy Castle Gameboy, et qui qui c’est qui reviendra faire son office ? Ben oui, Bugs Bunny et les Toons. Pour éviter de s’attirer les foudres de Capcom, KEMCO expliquera qu’il ne s’agit pas d’un portage mais d’une suite, une petite manipulation des mots histoire de brouiller les pistes et de rendre le projet inattaquable, juridiquement parlant. Quel sacré bordel ! Je vais résumer simplement avec les jaquettes des jeux en question histoire que ce soit plus clair, hein.
Hormis ce brouillamini incroyable de droit d’exploitation et de changement de mascotte au pied levé, que retenir de ce Bugs Bunny Crazy Castle (ainsi que de Roger Rabbit, puisqu’il s’agit du même jeu relooké, donc) ? Un jeu qui peut s’avérer amusant, après ça dépend. Dix minutes, ou dix heures, selon votre humeur, ou votre degré d’exigence, ou encore selon comment vous vous prenez au jeu (ou pas). Le principe simple et universel du soft de KEMCO a ceci pour lui que même trente ans après, il est capable de délivrer toute son essence immédiatement, sans qu’on soit expert du pad ni même qu’on soit informé sur les jeux et consoles d’antan. Mais ce même principe, aussi intemporel soit-il montre vite ses limites et c’est là que le bât blesse. On ne peut pas non plus reprocher à ce Crazy Castle d’être trop simple ou pas à la hauteur de ses personnages, car on a également eu des jeux de plate-forme et d’aventure bien plus ambitieux mettant en scène le lapin et ses comparses de chez Warner Bros., qui eux compensaient largement, ce dont on reparlera une prochaine fois, d’ailleurs !
Et finalement, le jeu n'est "pas si mal"... les jeux au concept répétitif, c'était monnaie courante à l'époque, et de toute façon ce n'était pas forcément dérangeant quand on était gamin vu qu'on n'allait jamais au bout des jeux :/
ce principe de jeu qui tire ses racines de l’ancêtre Donkey Kong (mais qui dans les faits ressemble plus à Mario vs Donkey Kong, série débutée en 2004 sur Gameboy Advance)
Eh bien en fait, j'ai découvert récemment que quasiment toutes les idées des Mario vs Donkey Kong venaient du "portage" (qui est limite un nouveau jeu en fait) du mythique Donkey Kong sur cette bonne vieille GB, qui ne s'est pas contenté de reprendre simplement les 3 niveaux du jeu d'origine... Il a fait beaucoup, beaucoup plus ! Un petit retro-test là-dessus, un de ces jours ?
randyofmana celui qu'on appelle communément "Donkey Kong '94" ? C'était prévu il y a longtemps, finalement ce n'est jamais arrivé. Un jour peut-être.
docteurdeggman oui, Birthday Blowout est clairement la vedette des jeux Bugs Bunny sur NES, il est plus traditionnel dans le sens où c'est un jeu de plate-forme, le genre phare de l'époque. Et il est bien meilleur sur tout les points, plus coloré, plus joli, plus varié, moins ennuyeux. Bref un vrai jeu quoi. Limite le concept de ce Crazy Castle aurait suffit pour faire un bonus stage de Birthday Blowout, ça aurait choqué personne, mais bon.
anakaris Je crois que c'est lui oui. Ce n'est évidemment pas un des jeux les plus important de Nintendo, mais après réflexion je me dis que ça mérite quand même qu'on se penche dessus
randyofmana Disons qu'autre chose est prévue de longue date concernant notre gorille préféré mais le projet a subit un coup d'arrêt il y a bientôt un an maintenant, donc à voir. C'est tout ce que je peux dire.
Et finalement, le jeu n'est "pas si mal"... les jeux au concept répétitif, c'était monnaie courante à l'époque, et de toute façon ce n'était pas forcément dérangeant quand on était gamin vu qu'on n'allait jamais au bout des jeux :/
ce principe de jeu qui tire ses racines de l’ancêtre Donkey Kong (mais qui dans les faits ressemble plus à Mario vs Donkey Kong, série débutée en 2004 sur Gameboy Advance)
Eh bien en fait, j'ai découvert récemment que quasiment toutes les idées des Mario vs Donkey Kong venaient du "portage" (qui est limite un nouveau jeu en fait) du mythique Donkey Kong sur cette bonne vieille GB, qui ne s'est pas contenté de reprendre simplement les 3 niveaux du jeu d'origine... Il a fait beaucoup, beaucoup plus ! Un petit retro-test là-dessus, un de ces jours ?
Jamais joué à ce jeu, j’ai plus poncé le birthday blowout à l’époque
Merci pour le test.
docteurdeggman oui, Birthday Blowout est clairement la vedette des jeux Bugs Bunny sur NES, il est plus traditionnel dans le sens où c'est un jeu de plate-forme, le genre phare de l'époque. Et il est bien meilleur sur tout les points, plus coloré, plus joli, plus varié, moins ennuyeux. Bref un vrai jeu quoi. Limite le concept de ce Crazy Castle aurait suffit pour faire un bonus stage de Birthday Blowout, ça aurait choqué personne, mais bon.