Monster Pro Wrestling est typiquement de ces curiosités nippones issues du catalogue de la PC-Engine. Mélange osé de sport de lutte (très populaire au Japon), de stratégie et de RPG (tout est relatif, nous allons voir ça en détail) et présentant un casting digne du dernier kaijū eiga à la mode, il fait parti de ces soft qui ont fait la marque de fabrique de la console la plus japonaise de tous les temps. Monster Pro Wrestling (qui n’a aucun lien de parenté avec la série de jeu de catch Fire Pro Wrestling signée Human) nous plonge dans un monde dystopique en 1999 où l’Humanité se terre dans des abris souterrains tandis que le vil Belzébuth envoi à la surface du monde ses armées de catcheurs démons pour exterminer notre race. Le docteur Yamato ne l’entend pas de cette oreille et décide de créer une troupe de mutants pour répondre aux menaces démoniaques, sur le ring !
Drôle de speech pour un jeu à l’allure complètement barrée mais qui prend son propos très au sérieux en même temps. Nous choisissons alors notre catcheur parmi une ribambelle de mutants bodybuildés et aux teintes de peau aussi étranges que variées : Flyman, Poisonman… ; le docteur Yamato nous sert de coach et entre chaque combat, il s’assure de l’amélioration des capacités de combat de notre mutant. Au départ, trente points sont disponibles à répartir sur diverses caractéristiques chiffrées qui, il faut se l’avouer n’ont pas l’air d’avoir grande influence sur le gameplay au départ. Force, résistance, endurance… On distribue les trente points un peu à l’instinct, selon ce qui nous semble important ou non dans un jeu de lutte, et on voit ce qui se passe. Vient le moment de passer à l’action.
Sur le ring, il n’est pas question de manipulation complexe de manette pour sortir des enchaînements de coup improbables et en rythme, nous ne sommes ici clairement pas dans un jeu de combat traditionnel. On sélectionne un type d’attaque, et un chiffre s’affiche à l’écran et défile de façon rapide et hasardeuse. Nous devons dès lors maintenir le bouton d’action enfoncé afin que le compteur qui défile à toute allure s’arrête et ne tombe sur un chiffre qui déterminera en quelque sorte votre potentiel d’attaque. Ensuite, c’est au tour de l’adversaire d’opérer cela ; et si son chiffre est plus élevé que le vôtre, votre attaque échouera tandis que la sienne vous sera asséné en pleine face !
Oui, dès les premières parties on a franchement l’impression de jouer à pierre-papier-ciseau tant le système parait saugrenu et hors de toute mesure de contrôle de la part du joueur. Il y a bien des types d’attaque plus ou moins efficace selon l’adversaire, et ces derniers disposent même de statistiques parfois très largement différentes des nôtres, elles sont par ailleurs systématiquement affichées à l’écran pour un maximum de transparence. Ainsi, si nous ne parvenons pas à vaincre un ennemi, il reste possible de recommencer une partie en sélectionnant un autre mutant et en redistribuant les points de statistiques autrement afin d’essayer de vaincre le fauteur de trouble selon ses propres forces et faiblesses. Mais le système de jeu reste malheureusement bien trop obscur pour qu’on puisse réellement parler de stratégie véritable. Tout au plus on devine que telle ou telle action peut être plus efficace qu’une autre, mais on a la fâcheuse impression que la chance prend beaucoup trop le pas sur le reste. Le manque de tutoriel au sein du soft n’arrange pas les choses, et pour le peu que le japonais vous soit complètement inconnu, il est certain que Monster Pro Wrestling ne soit qu’un mur de fumée opaque à vos yeux.
Ce qui nous pousserait à persister dans ce système de combat, c’est la séquence qui découle de ce simili shifumi. En effet, une fois qu’on attaque ou qu’on se fait attaquer, nous avons droit à de belles animations où nos mutants s’échangent de sacrés coups. Coup de pied sauté, prise de l’ours, saut de l’ange, facelock (terme technique en lutte qui désigne l’action d’enserrer le cou de son adversaire dans la pliure de notre coude et de serrer pour l’obliger à se soumettre), suplex, et même boule de feu ! Fun, ses animations montrent des sprites de combattants volumineux et bien détaillés servant une mise en scène réellement dynamique et explosive quand bien même tout cela ne se passe pas en direct. En fait, on peut comparer cela aux QTE modernes. On appuie sur un bouton, et la séquence animée - parfois d’une durée de plusieurs secondes - s’écoule devant nos yeux et montre les effets de notre action avant de nous demander de rappuyer sur un bouton pour lancer la suite. Les mutants sont bien designés et ont un certain panache. Il y en a un qui ressemble à une sorte de samouraï bleu sombre, un Shredder dopé au produit radioactif, tandis qu’un autre prend carrément l’apparence d’une espèce de minotaure aux cornes menaçantes. Il y en a un qui s’apparente littéralement à une momie, son visage intégralement recouvert de banderole de tissu blanc, un quatrième ressemble à s’y méprendre à Sasquatch de la série Darkstalkers qui n’apparaîtra pourtant que trois ans plus tard (le personnage étant lui-même inspiré du mythe du yéti). Mention spéciale à un de ces mutants au teint grisâtre, au crâne chauve et avec un motif d’œil sur le front, véritable sosie du docteur Manhattan des Watchmen !
Jeu inhabituel qu’est ce Monster Pro Wrestling, il mérite le détour non pas pour ses qualités ludiques finalement assez pauvres mais pour son statut de curiosité bien japonaise. Figure représentative d’une façon de faire du jeu vidéo japonais qui de tout temps préférait se baser sur un concept, aussi loufoque soit-il, plutôt que sur un idéal de jeu formaté, Monster Pro Wrestling intrigue autant qu’il frustre. Rares sont les joueurs à avoir eu la patiente ou le désir d’aller jusqu’au bout et à vrai dire, c’est une véritable gageure tant la difficulté devient insurmontable à partir du troisième ou quatrième combat. Le système de jeu répondant effectivement un peu trop du hasard, il est difficile dans ces conditions de lutter contre un compteur qui défile de façon incontrôlée et qui ne se soumet à strictement aucun raisonnement logique. Reste que graphiquement et d’un point de vue sonore, Monster Pro Wrestling est un sympathique divertissement qui montre les capacités épatantes de la petites PC-Engine face à une Super Famicom déjà disponible à la sortie du jeu.
Encore une fois, merci pour ce petit test de derrière les fagots, quoique le jeu est inconnu au bataillon pour moi Mais c'est effectivement un jeu "typiquement japonais" dans son côté délirant assumé ! Limite, je suis étonné que le concept "catch + monstres" n'ait pas été repris depuis... (ah, on me dit dans l'oreillette que les mutants ont été depuis remplacés par des filles à gros seins, je comprends mieux )
randyofmana(ah, on me dit dans l'oreillette que les mutants ont été depuis remplacés par des filles à gros seins, je comprends mieux )
Eh bien tu vois, au risque de te surprendre, je ne suis pas sur que ce soit un truc typiquement japonais ça, bien au contraire en fait ! En jeu vidéo, peut-être (Rumble Roses a été développé par Yuke's), mais dans la réalité le catch féminin est pris tout à fait au sérieux par les observateurs sportifs. À contrario, le catch féminin aux USA par exemple est pris comme un divertissement assez beauf où les sportives n'ont que peu de reconnaissance publique et professionnelle (elle est proportionnelle à leur tour de poitrine et aux décibels que leurs voix suraiguës émettent lorsqu'elles crient sur le ring, pour faire le show...). Là-bas, c'est vraiment vu comme un divertissement, parfois un brin lubrique et malaisant tandis qu'au Japon c'est un métier, parfois très noble selon comment certains athlètes rendent honneur à ce sport (ça reste moins noble et moins sacré que l'art du sumo mais bon).
anakaris Ah mais tu ne me surprends pas, le Japon n'a pas l'apanage du rinçage d’œil sur les formes féminines, c'est sûr
Après je suis pas sûr que ce soit considéré comme "noble" au Japon, ça reste du divertissement (qui plus est restreint à un public d'amateur, contrairement au base-ball ou au foot qui touche tout le monde) mais peut-être mieux encadré qu'en Occident et plus reconnu/accepté oui Enfin bon, je suis pas un expert en la matière, c'est sûr.
Et il doit bien y avoir des jeux de catch avec des filles faits par des studios occidentaux, mais j'ai pas envie de chercher
Ma remarque était de toute façon pour dire que quitte à faire du catch, les filles c'était un peu plus vendeur... (même si bon, je cautionne pas le côté pervers du truc )
jenicris c'est bien à le but du jeu, maintenant je le dis sans avoir peur: Retro Gamekyo est là pour vous faire découvrir des jeux.
Marre de parler des 3 même jeux. Les Cyberpunk 2077, The Last of Us II, Zelda Breath of the Wild, Red Dead Redemption II, Bloodborne etc ont déjà été analysés, disséqués, mastiqués, avalés et digérés alors que certains ne sont même pas encore sorti, on ne fait que parler d'eux sur tout Internet, y'en a marre !
Je vais lire ça.
Eh bien tu vois, au risque de te surprendre, je ne suis pas sur que ce soit un truc typiquement japonais ça, bien au contraire en fait
Après je suis pas sûr que ce soit considéré comme "noble" au Japon, ça reste du divertissement (qui plus est restreint à un public d'amateur, contrairement au base-ball ou au foot qui touche tout le monde) mais peut-être mieux encadré qu'en Occident et plus reconnu/accepté oui
Et il doit bien y avoir des jeux de catch avec des filles faits par des studios occidentaux, mais j'ai pas envie de chercher
Ma remarque était de toute façon pour dire que quitte à faire du catch, les filles c'était un peu plus vendeur...
Marre de parler des 3 même jeux. Les Cyberpunk 2077, The Last of Us II, Zelda Breath of the Wild, Red Dead Redemption II, Bloodborne etc ont déjà été analysés, disséqués, mastiqués, avalés et digérés alors que certains ne sont même pas encore sorti, on ne fait que parler d'eux sur tout Internet, y'en a marre !
Après c'est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux jeux. Impossible de tous les connaitre de toute façon.