Le vampire méconnu
Dans le petit cercle fermé des perles oubliées du jeu vidéo,
Akumajō Dracula sur Sharp X68000 occupe une place à part : celle d’un chef-d'œuvre cruel, presque sadique, mais d’une beauté et d’une ambiance à tomber. Remake/relecture du tout premier Castlevania sorti sur Famicom en 1986, cette version est bien plus qu’une simple mise à jour graphique : c’est une plongée sensorielle, oppressante, hypnotique, dans un univers gothique dopé à la drogue dure des années 90.
Le Sharp X68000
Le Sharp X68000 – la Rolls des micros
Avant de parler du jeu, il faut comprendre la machine qui l’abrite. Le Sharp X68000, c’est l’ordinateur japonais par excellence : une bête de course 16/32 bits, ultra chère à sa sortie, utilisée même par Capcom pour développer Street Fighter II, rien que ça. Résolution élevée, sprites massifs, qualité sonore monstrueuse… c’est simple : on a l’impression de jouer à une borne d’arcade à la maison. Akumajō Dracula en profite à fond et pousse la machine dans ses retranchements. C'était un peu la "
Neo Geo des ordinateurs" à cette époque.
Une intro sacrificielle, un ton immédiat
Dès le lancement, le ton est donné : une cinématique d’intro glaçante, en pixel art animé, montre un sacrifice humain sanglant orchestré par des cultistes encapuchonnés, suivi de la résurrection de Dracula dans un déluge d’éclairs et de cris démoniaques. Pas de dialogue, pas d’explication, juste un choc visuel, un malaise viscéral.
On incarne Simon Belmont, qui reprend la chasse contre le comte millénaire. Pas de scénario complexe ici, mais une ambiance : le Mal est revenu, et vous allez en baver.
Simon Belmont : précision suisse, rigidité soviétique
Simon est là, fidèle à ses principes : lent, raide, mais létal. Il saute en arc, mais peut changer de direction une fois en l’air, son fouet n’attaque que dans 4 directions. Contrairement à Super Castlevania IV, pas de fouet multidirectionnel à 8 directions ici. C’est le gameplay classique, dans ce qu’il a de plus exigeant. Chaque saut est un engagement. Chaque attaque, un pari. Et pourtant, c’est juste : les erreurs viennent de vous, pas du jeu.
Une ambiance gothique... en trip psychédélique
Le level design suit les grandes lignes du premier Castlevania : cimetière, manoir, tour de l’horloge, cavernes... mais tout est plus grand, plus fou, plus étrange. Certaines salles semblent flotter, les arrière-plans virent parfois à l’abstraction, les couleurs explosent, les textures sont dérangeantes, presque organiques. On bascule régulièrement de l’ambiance gothique à un trip sous acide, une vision tordue du château de Dracula, comme un rêve lucide maléfique.
Ajoutez à cela des effets visuels avancés pour l’époque (scrollings multiples, distorsions, animations climatiques) et vous obtenez un jeu qui trouble autant qu’il fascine.
Une OST aux deux visages : baroque & électronique
Le jeu propose deux versions musicales :

Une FM synth typée arcade, punchy et métallique

Une version CD arrangée, plus ambient, expérimentale et inquiétante
Quelle que soit la version choisie, c’est un festival audio, avec des reprises magistrales des thèmes cultes (Vampire Killer, Bloody Tears, etc.), mais dans des arrangements qui flirtent parfois avec la musique contemporaine, le jazz noir ou la musique de film d’horreur italien. Oui, c’est aussi barré que ça en a l’air. Et ça marche du tonnerre.
Les points forts :
+ Une ambiance gothique/psychédélique hallucinante
+ Graphismes somptueux, sprite work et décors ultra détaillés
+ Difficulté hardcore mais juste, pensée pour les puristes
+ Deux bandes-son au choix, toutes deux inoubliables
+ Le X68000 au sommet de sa forme
+ Intro culte, glauque et marquante
Les points faibles :
- Simon est très rigide, demande un apprentissage sérieux
- Difficulté extrême, réservée à un public averti
- Pas de fouet multidirectionnel, contrairement à la version SNES
- Resté longtemps méconnu en dehors du Japon, malgré un portage tardif sur PS1 (Castlevania Chronicles)
- Bizarrement des boss très faciles dans les 2 premiers tiers du jeu (hardcore par la suite).
Un trésor brutal dans un château elitiste
Akumajō Dracula sur X68000 n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Il est exigeant, dense, sans pitié. Mais pour peu qu’on accepte ses règles, qu’on maîtrise la rigidité de Simon et qu’on se laisse happer par son ambiance oppressante et étrange, c’est une expérience unique, viscérale, un vrai rituel vidéoludique.
Oubliez Symphony of the Night, oubliez Super Castlevania IV. Ce Dracula-là, c’est le trip mega-old school, le vrai (mais mis à jour techniquement en 1993). Celui qui te mange le cerveau... et le cœur. En parlant de coeur, c'est peut-être mon coup de coeur de la série.
Fiche technique:
Titre: Akumajō Dracula
Développeur: KONAMI
Editeur: KONAMI
Genre: Action
Année: 1993
Autres supports : PLAYSTATION
Nombre de joueur(s): 1
Localisation:
NOTE (Replay Score)

Screenshots:
J’ai bcp aimé cette épisode que j’ai découvert sur ps1 dans sa version reliftée avec l’ost réarrangée qui est très sympa.
Il fait partie de mes castlevanias préféré.
forte Le dernier tiers, mon dieu, à s'arracher les cheveux
docteurdeggman Ca va continuer encore un peu. J'ADORE cette série
Un rêve de rétro-gamer. (enfin, un rêve à plus de 1000 euros, quand même...)
J'ai toujours préféré les Castlevania linéaires...j'ai jamais vraiment accroché ax Metroidvania.
Le x68000 est en effet sorti en 1987, mais à cette époque, d'une il est beaucoup plus cher qu'une console de jeu, mais il est également fourni avec un cpu à 10mhz. Le cps1 (198
Au cours des années le x68000 a eu droit a plusieurs upgrade jusqu'en 1993 pour finir avec un cpu à 25mhz.
Le jeu dracula date de la fin de vie du x68000 (1993). Je ne connais pas bien les histoire de compatibilité entre les versions, mais ce qui est certain c'est que ce jeu là a été développé après plusieurs années de maitrise de l'architecture du x68000.
Même si c'est effectivement un monstre qui a pu faire rêver de nombreux joueurs, et que même en 1990 à la sortie de la neogeo c'était toujours le cas (notamment grâce a ses upgrades) ça reste difficilement comparable (prix, type de support des jeux, catalogue...)
gasmok2 pareil, j'aurais adoré le faire sur un vrai x68000 mais c'est tellement cher... Sinon j'aime tous les Castlevania, action/plateforme ou Metroid. docteurdeggman J'ai pas fait les derniers mais je compte bien les faire
starship Merci pour tes précisions, j'aurais tellement le connaitre à son époque, tant pis mieux vaut tard que jamais ^^
Opus qui était forcément plus accessible pour le grand public grâce au portage Chronicles sur PS1 avec de nouvelles musiques, des artworks par Kojima et les sprites de Dracula et Simon remis au goût du jour pour être cohérent.