Que le plus fort... pécho !
L'année 1987 allait voir sortir un des monuments du jeu vidéo, de son Histoire avec un grand "H".
Ce jeu, c'est
Double Dragon. Sous ce nom digne d'une bonne série Z, mais évoquant "Opération Dragon" avec Bruce Lee (dont le producteur du jeu Yoshihisa Kishimoto était fan pour l'anecdote) et le fait que l'on pouvait jouer à deux aussi, se cache un titre qui posa de manière définitive les bases solides d'un genre : le beat them 'up.
Ce genre explosera littéralement avec la sortie de Double Dragon partout dans le monde lançant une mode autour du genre jusqu'au milieu des années 1990.
Le titre de Technos Japan fût un de ses pionniers du jeu vidéo au point d'être élu en 1987 aux USA "meilleur jeu d'arcade de l'année", et permettant à Technos Japan d'écouler la bagatelle de 100 000 bornes d'arcade dans le monde.
Nous allons donc revenir sur ce phénomène Double Dragon et par la suite voir si ce titre a toujours de sérieux atouts 33 ans plus tard.
Marian, la DED (Demoiselle En Détresse)
Aux origines du Dragon²
En 1986, sort en arcade au Japon un titre qui fît grand bruit, un certain
Nekketsu Kohâ Kunio-Kun.
Ce titre de la jeune compagnie
Technos Japan Corp. connût un succès fulgurant en arcade au pays du soleil levant.
Nekketsu Kohâ Kunio-Kun place son action dans un contexte très nippon illustrant des combats de gangs de lycéens (bōsōzoku, sukeban).
Le titre de Technos n'échappa pas à la polémique, parallèlement donc à son succès. Les associations des familles japonaises et la police dénonçant un jeu de voyous dépravés. En outre, ces fameux voyous (les vrais) firent leurs grands retours dans les salles d'arcade rendant à nouveau ses endroits malfamés.
Bref, il fallait que Kunio et sa bande s'exporte au pays du burger mais problème, il est impossible pour l'américain ou l'occidental moyen de s'identifier à des lycéens japonais en uniformes.
Le titre sera complètement remanié graphiquement tout en conservant exactement le même gameplay. Pour cette adaptation américanisée pour le marché occidental, Kishimoto et son équipe se sont inspirés du film de 1979
The Warriors (Les guerriers de la nuit), et le jeu remanié sort là-bas sous le nom de Renegade.
Renegade connût lui aussi un très grand succès aux USA et chez nous en Europe, et donna lieu à un très grand nombre de conversions notamment sur Micro-Ordinateur.
Nekketsu Kohâ Kunio-Kun et sa version occidentale Renegade
Technos n'allait pas s'arrêter en si bon chemin et demanda une suite à Kishimoto et à sa petite équipe.
Plutôt que de faire une suite à Kunio-Kun et donc à Renegade, le jeune Yoshihisa Kishimoto préférera réaliser un nouveau jeu pour réduire les coûts de développement.
Ce jeu s'appellera sobrement Double Dragon, titre en hommage donc à Bruce Lee dont Kishimoto était un grand fan, et aussi au fait que ce jeu se joue à deux (ce qui n'était pas le cas de Kunio-Kun).
Ce que vous avez deviné depuis le début de cette critique, c'est qu'autour de Kunio-Kun et de Double Dragon un nom revient sans cesse : Yoshihisa Kishimoto.
Ce transfuge de Data East a démarré sa carrière très jeune, en développant un jeu de football obscur, puis en imaginant 2 jeux LaserDisc au début des années 1980 : Cobra Command, et Road Blaster.
Kishimoto est aussi connu pour son passé de petit délinquant durant ses années lycées.
C'est lui le papa du beat them up tel que l'on connaît, et Double Dragon naîtra à partir d'une réflexion qui s'est faite à lui-même à la fin du développement de Nekketsu Kohâ Kunio-Kun.
Un ennemi chauve dans Nekketsu Kohâ Kunio-Kun combattait avec un bâton, quand le héros le mettait au sol, cet ennemi tombait avec son bâton près de lui.
Et là Kishimoto s'est dit : "
et si je donnais la possibilité au joueur de ramasser ce bâton et qu'il continue à se battre avec !".
Cela pouvait vous paraître peu de choses, mais c'est bien cette réflexion qui donnera le Double Dragon que l'on connaît.
Yoshihisa Kishimoto jeune
Du cinéma d'art martiaux au jeu vidéo...
Double Dragon met en scène les frères Lee, Billy et Jimmy, 2 grands maîtres de l'art martial Sousetsuken.
Dans une Amérique ravagée, l'ordre n'est plus et c'est le gang
Black Warriors qui fait la loi dans les rues.
La petite copine de Jimmy, la plantureuse Marian, se fait enlever par 4 hommes de main de Willy, le big boss du gang.
Le jeu commence ainsi, dans le domicile des frères Lee, avec un rideau qui se lève laissant apparaître la voiture rouge de Road Blaster.
Avant même de s'attaquer au gameplay du jeu, le titre dispose d'un déroulement très singulier, rappelant le 7e art : le plan-séquence. En effet, les quatre niveaux du jeu sont intégralement reliés, et forment en fait un même décor. Très audacieux pour l'époque.
Double Dragon reprend dans l'ensemble le gameplay de Renegade. Le jeu se joue à 3 boutons, 1 pour le saut, 1 pour les coups de pieds, et un dernier pour les coups de poings.
Les combats se déroulent dans des petits stages en vue plongeante.
Il est possible de donner des coups sautés, des coups de têtes en pressant 2 fois sur une direction, des coups de coudes (hyper puissants, LE COUP utile du jeu). Il est aussi possible de réaliser de petits combos, mais aussi de choper et projeter son ennemi.
Tout cela reste assez basique, ce qui a d'abord rendu Double Dragon si célèbre, c'est la possibilité de jouer à 2 simultanément.
L'aspect à prendre en considération, c'est la manière d'évoluer dans les niveaux à 2. En gros, Technos Japan nous laisse le choix :
- soit collaborer sagement, jusqu'au dernier niveau.
- ou soit se taper durant tout le jeu, car oui il y a bien un système de friendly fire.
De toute manière, une fois Willy battu, les 2 frères devront se battre pour chopper le boule de Marian. Et là, je ne comprends pas car à la base c'est pas la petite-amie de Billy ? Elle se tape aussi le frère ? Bon...
Pour redevenir sérieux, outre le jeu à 2, il est désormais possible de chipper les armes ennemis laissées au sol (batte de baseball, fouet, couteaux, etc...), mais aussi saisir des éléments du décor pour les jeter à la tronche des ennemis comme des caisses, des rochers, ou des bidons d'essence.
Quelques timides passages plateformes sont aussi présents, donnant lieu souvent à des scènes mémorables où l'on jette un ennemi dans le vide. Le décor pourra aussi être notre allié dans cette aventure ou notre ennemi.
Et c'est bien çà la grande innovation de Double Dragon et de son prédécesseur enfantés par Kishimoto. Fini les combats proprets d'experts en karaté en kimono qui, d'un coup de pied anodin, sortent quantités d'ennemis de l'écran.
Non, Double Dragon est une vraie réinterprétation du combat de rue, entre mauvaises graines, où tous les coups sales sont possibles, pourvu que l'on gagne !
De la technique de combat à la technique tout court !
Graphiquement, Double Dragon faisait le travail. Les décors sont jolis, assez détaillés et relativement variés malgré le côté niveau géant découpé en zones.
Les sprites sont gros et assez fins, le rendu global était satisfaisant et l'époque et reste encore correct de nos jours.
L'animation a par contre bien vieilli. Les mouvements sont raides, les démarches des personnages heurtés, les coups pas assez décomposés. Sans compter les énormes ralentissements dès que la borne doit afficher plus de 2 sprites à l'écran.
Et cela n'aide vraiment pas une maniabilité où le plaisir de jeu n'a malheureusement pas résister à l'épreuve du temps.
Les tests de collision sont franchement assez hasardeux, les hitboxes sont loin d'être précises, le jeu est raide, et on se bat finalement plus avec le stick qu'avec les ennemis pour résumer ma pensée.
Les musiques, comme les bruitages des coups sont très réussis. La musique d'introduction est restée fameuse et a bien marqué les joueurs. Par contre certains effets sonores sonnent vraiment cheap comme par exemple cet affreux grésillement de l'ascenseur.
Au niveau de la longévité de cette borne : 30 minutes chrono. Le jeu est rallongé par une difficulté assez élevée due encore une fois aux contrôles loin d'être optimaux, mais aussi aux ennemis et boss ayant de grosses barres de vie (Abobo et bien d'autres).
Un hit indémodable ?
J'aurais aimé dire que le jeu de Technos Japan est un hit intemporel, à faire et refaire en urgence mais ce n'est vraiment pas le cas.
Que le titre ait été un hit à son époque, là je dis oui et cent fois OUI. Ce jeu a tout simplement construit le beat them up tel que nous le connaissons. Les Final Fight ou autres Streets of Rage doivent beaucoup, énormément à Double Dragon.
Comme pas mal de pionnier, le titre de Kishimoto a été dépassé, et bien largement.
A ce sujet, la série des Double Dragon amorcera son déclin après le 2e épisode.
Majestueux hit en 1987, Double Dragon est un titre qui a au final bien mal vieilli tant au niveau de sa technique boiteuse que de son contenu vraiment léger.
Fiche Technique:
Titre: DOUBLE DRAGON
Développeur: TECHNOS JAPAN CORP.
Arcade System: TAITO LICENSED GAMES HARDWARE
Genre: BEAT THEM UP
Année: 1987
Autre supports: Amiga, Amstrad CPC, Atari ST, Commodore 64, MSX, PC (MS-DOS, Windows), ZX Spectrum, Atari 2600, Atari 7800, Game Boy, Game Boy Advance, Game Gear, Lynx, Master System, Mega Drive, NES, Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox 360, Ouya, Console virtuelle (Wii), Console virtuelle (Wii U), 3DS, IOS, Android
Nombre de joueur(s): 2
Localisation:
NOTE PRESSE (RetroArchives.fr - 30 Novembre 2018 )

Screenshots:
Moi, je dirais le second, c'est celui auquel j'ai joué le plus.
Le premier sur Sega que je jouai chez les amis
Je suis née avec SoR et j'ai du mal à jouer à Double Dragon.
Un autre test arrive bientôt.
C'est marrant que tu parles de double dragon, je l'avais téléchargé quelques jours auparavant.
Il y a des petits sursauts dans l'histoire de cette série, mais des gros ratés (notamment avec Tradwest), ou Double Dragon 3 qui l'ont précipité dans une certaine médiocrité.
Shanks merci