Après l’avoir abandonné il y a pas mal de temps j’ai eu envie de m’y remettre récemment pour pouvoir enfin avoir une idée de la conclusion de ce jeu. Maintenant que c’est fait j’en profite pour poster mon avis sur cet ovni vidéoludique :





C’est sur un poème de Luís Vaz de Camões que le jeu commence en donnant tout de suite le ton : Vous venez de mourir mais vous avez été chanceux dans la mort car votre âme est arrivée dans le Void (Vide). En effet, les âmes de ceux qui meurent de faim ont une infime chance d’atteindre cet endroit situé entre la vie et la « mort absolue ». Mais est-ce réellement une chance ?

The Void vous propose donc de parcourir des paysages oniriques étrangement désolés sous la forme d’un être désincarné. Votre route croisera progressivement les 11 habitantes de cet endroit mystérieux, appelées les sœurs. Chacune d’entre elle incarne à sa manière la beauté et la grâce féminine et s'adressera à vous dans une sorte de plan astral, dans le plus simple appareil...





Cependant, votre arrivée est synonyme de changement et le changement attire très rapidement les gardiens des sœurs, figures masculines agressives, hideuses et grotesques issues de la fusion du biologique et du mécanique appelées, plutôt logiquement, les frères.



La sœur sans nom vous donnera au début du jeu les bases du gameplay et des règles qui régissent le Void. Tout est axé sur l’utilisation des couleurs, essences de toute chose. La couleur sera à la fois votre vie et ce qui vous permettra d’interagir avec votre environnement sur la base du tracé de glyphes à l’aide de la souris. Il s’agit d’une ressource particulièrement précieuse dans ce monde et toute la difficulté sera d’apprendre à la gérer afin d’éviter de disparaître à tout jamais une fois qu’elle vous aura quittée. Seulement le tutoriel de base sera loin, très très loin de vous donner toutes les clefs nécessaires à la pleine compréhension des mécaniques du jeu, pourtant indispensable si on veut espérer atteindre l’une de ses nombreuses fin. L’apprentissage se fera donc par l’échec mais je ne peux que vous conseiller de lire le début d’un guide du jeu avant de vous lancer, histoire de ne pas laisser la frustation vous faire abandonner pour un simple manque d’informations. Le jeu s’avère sans pitié envers le joueur et seule l’envie d’en apprendre plus sur son univers vous poussera à braver son extrême difficulté.

Les dialogues avec les frères et les sœurs vous donneront des informations sur ce qui est attendu de vous et sur la véritable nature du monde que vous parcourez mais… qui croire ? Les frères prônant l’inaction, le jeu vous poussera naturellement à écouter les sœurs, à tromper les frères sur votre véritable nature afin d’éviter d’attirer sur vous leur agressivité à un moment du jeu où vous n’avez aucune chance de leur tenir tête. Mais où se cache la vérité ? Qui sont réellement les sœurs et les frères ? Les sœurs ne sont elles pas des sirènes usant de leur plastique avantageuse (pour certaines de manière assez provocante) pour vous manipuler ? Toutes les sœurs sont-elles à ranger dans le même panier ? Et qu’en est-il des frères ? Contenter les sœurs avides de couleur vous permettra d’obtenir les réponses à certaines de ces questions, le reste étant sujet à l’interprétation.

Le jeu pêche du côté technique déjà peu impressionnant lors de sa sortie en 2009, n’est pas démuni de bugs et la physique est largement perfectible. Cependant ce voyage onirique est servi par une direction artistique ainsi qu’une bande son particulièrement réussies qui lui valent une identité propre. Les dialogues et doublages sont également de grande qualité. Il s’agit d’un jeu de niche qui ne pourra pas plaire à tous, si la DA et l’univers ne vous emballent pas plus que ça ce n’est pas la peine de l’essayer. Pour ceux qui y seront sensibles vous vivrez une expérience particulièrement prenante et marquante. A noter que le jeu se rend un peu plus inaccessible en étant uniquement disponible en anglais ou en russe…