Dévoreur de livres !
Il existe dans le monde des jeux, qui vous ont toujours fait de l'œil, et que pourtant vous avez soigneusement esquivé, souvent pour une très bonne raison.
C'est ce qui m'est arrivé avec
Ys: The Vanished Omens, premier titre de la désormais fameuse saga d'Action-RPG de Falcom sorti sur la 8 bits de Sega en octobre 1988 au Japon, et un peu plus tard chez nous vers juin 1989.
La première fois que j'ai entendu parler de Ys, c'était dans le fameux Game Catalog qui était fourni avec les jeux Master System. Le titre bizarre du jeu, ainsi que le superbe portrait de cette énigmatique fille m'attiraient fortement.
Toutefois, jeune et faible d'esprit je cédai à l'appel des licences Disney ou autres Wonder Boy, ou encore aux jeux d'arcade qui en jetaient comme After Burner ou Super Monaco GP, délaissant ce Ys qui dans un sens ne me réconfortait pas.
Ce manque a été récemment comblé, et voyons si à l'époque ma frilosité vers des titres peu marketés comme celui-là est aujourd'hui source de regrets.
Ys nous raconte l'histoire d'un épéiste répondant au nom d'Aron Christian dans cette version Master System et qui est connu dans les autres versions du jeu comme Adol Christin.
Ce dernier vient d'arriver dans la ville de Minea, au pays d'Esteria.
Une diseuse de bonne aventure nommée Sara, l'a guidé vers cette terre, en l'informant d'un grand mal qui balaie le pays.
Cette dernière ne tarde pas à lui parler des six livres de Ys, et de sa mission qui est de les chercher. Ces livres contiennent l'histoire de l'ancienne terre d'Ys et lui donneront les connaissances dont il a besoin pour vaincre les forces du mal.
A partir de là Sara offre à Aron un cristal pour localiser ces livres et lui demande de se rendre chez sa tante dans le village de Zepik, qui détient la clé pour récupérer l'un des livres. A partir de là, le grand voyage d'Aron commence...
Ce que j'ai aimé dans ce Ys
On va être concis dans cette critique en listant les points positifs du jeu, puis les points négatifs.
Tout d'abord, l'histoire est bien scénarisée. Il ne faut pas perdre de vue que le jeu a été conçu dans les années 1980 et qu'à l'époque c'était quand même rare d'avoir des rebondissements comme ceux que vous vivrez dans ce jeu. Par exemple à un moment donné, nous nous retrouverons emprisonné.
Les personnages sont bien travaillés, et les PNJ amènent vraiment quelque chose à notre aventure. Ce qui est un peu dommage, c'est de se heurter aux limitations techniques de la Master System pour ce qui est de la mise en scène des dialogues ou des séquences.
Toutefois, cet Action-RPG a été réalisé avec sérieux. Les graphismes sont fins, les personnages mignons, et surtout les portraits des PNJ durant les scènes de dialogue jouissent d'un character-design de haute volée lorgnant quelque peu vers un aspect occidental sérieux assez appréciable.
L'OST n'est pas en reste et propose des thèmes très travaillés. Certaines pistes sont parmi les plus belles que je n'ai jamais entendu sur Master System, c'est dire.
A ce propos, si vous comprenez le japonais et que vous disposez d'une Master System japonaise, le jeu est compatible avec la puce FM, offrant un rendu sonore encore meilleur (selon moi).
Dans l'absolu le jeu est court, mais sa difficulté et sa progression parfois heurtée fait que vous pouvez potentiellement passer pas mal de temps sur ce jeu (une douzaine d'heures environ pour moi, mais c'est à titre indicatif).
Le système de sauvegarde de Ys est parmi les plus novateurs disponibles à cette époque. C'est simple : vous sauvegardez n'importe où et vous reprenez à votre sauvegarde comme un jeu PC ou une Save State d'un émulateur.
C'est certainement dû au fait que le jeu est issu du monde des micro-ordinateurs japonais (NEC PC-8801). En tout cas, j'ai rarement vu un système de sauvegarde aussi bien fait, souple, dans une console 8 bits et à fortiori sur Master System.
Ys est Action-RPG donc, vu du dessus comme Zelda, mais qui contrairement au premier épisode de la saga de Nintendo permet un système d'évolution de son personnage principal avec gain d'expériences et montée en niveaux.
Pourtant le titre de Falcom apporta avec lui une nouveauté (à l'époque) et accessoirement un sujet un peu plus délicat à traiter dans ce test : le système de bump.
Les fans d'Ys le connaissent très bien, pour les autres sachez que dans Ys, on dirige un personnage avec sa petite épée et son bouclier comme dans Zelda, mais qu'Aron contrairement à Link ne peut pas taper. Le jeu ne possède tout simplement pas de bouton pour taper, tout se joue avec les flèches directionnelles.
En gros il faut foncer sur les ennemis, essayer de les prendre à revers et prier pour que çà touche et qu'ils ne répliquent pas avec une trop grande violence.
Cela crée des combats quelque peu aléatoire (même si le skill entre en jeu) à l'issue un peu incertains comme dans les vrais RPG en quelque sorte. Sauf que...
Prospectus publicitaire Master System
Ce que je n'ai pas aimé dans ce Ys
Sauf que je n'ai pas trouvé cette feature suffisamment convaincante. Malgré le côté un peu stratégique de la chose (notamment les angles de touche etc), j'ai trouvé ce système de combat assez peu précis, notamment dans le fameux dernier donjon où ses couloirs étroits ne permettent pas de bien construire une stratégique d'attaque béton. Il subsiste une vraie part d'aléatoire dans les combats qui me gêne et m'ennuie.
Cela est aggravé par le système d'évolution qui est assez incompréhensible ! Imaginez, vous suez sang et eau pour vous défaire d'un ennemi de base, juste après vous montez de niveau, et ce même ennemi, imbattable 10 secondes auparavant, devient une véritable victime !
C'est d'ailleurs bien dommage qu'après 5 ou 6 montées en niveaux, notre personnage arrive au level max et ne peut plus devenir plus fort. Il faudra vous appuyer sur l'équipement trouvé çà et là, et prier notamment dans le dernier donjon du jeu, une tour interminable particulièrement infernale pour le coup.
On ne sait pas pourquoi les montées en niveaux nous rendent parfois aussi fort. Le jeu est balancé d'un point de vue de sa difficulté assez bizarrement.
Par exemple, un boss au milieu de la partie m'a fait arracher mes cheveux alors que l'avant-dernier boss est hyper simple.
On peut regretter l'absence de texte dans l'inventaire. Il subsiste des items dont je n'ai pas compris l'utilité. Alors certes, la plupart du temps les PNJ vous expliquent au détour d'un bref dialogue leur utilité mais on a tendance à vite oublier.
Concernant l'aspect donjon, ils sont labyrinthiques au possible avec parfois des énigmes assez corsés j'ai trouvé. La progression dans la cave sombre, est rendue pénible à cause de son layout alambiqué. Quant au dernier donjon qui est une tour de 22 étages, il s'avère être un véritable cauchemar à ce niveau-là, mais bon on finit en persévérant à s'en sortir, la preuve j'ai bien fini ce jeu.
Dernier point, qui n'est pas véritablement un gros point noir, le jeu est en anglais (classique à cette époque) mais dans un anglais bizarre, comme qui dirait du vieux anglais. Par exemple, le pronom "You" n'est jamais utilisé, ils utiliseront "Thee", ainsi que d'autres ancestrales expressions britanniques que je vous invite à découvrir. C'est immersif par rapport à l'ambiance moyenâgeuse du jeu mais pas très pratique.
J'ai l'impression qu'avec ce titre c'est soit tu aimes, tu adhères et tu adores ou soit tu as du mal.
Pour ma part, le principal problème que j'ai rencontré est de l'ordre des sensations. Ces contrôles bizarres, limite déconcertants ne m'ont pas spécialement séduits. Autant les commandes bizarres d'un Killer 7 avait mon adhésion à 100% autant ici, j'ai trouvé la jouabilité imprécise, hasardeuse, peu confortable.
Toutefois le titre de Falcom a de vrais atouts comme la qualité de sa narration qui sera sublimée en quelque sorte dans l'épisode suivant, et sa réalisation technique impeccable pour l'époque.
Je pense qu'en 1989 tout comme aujourd'hui, mon sentiment aurait été assez mitigé sur cette production.
Fiche Technique:
Titre: YS THE VANISHED OMENS
Développeur: FALCOM / SEGA
Éditeur: SEGA
Genre: ACTION-RPG
Année: 1988
Autres suports: FAMICOM, MSX, PC, SHARP X68000, NEC PC88, SHARP X1, NINTENDO DS, NEC PC98, FM-7, APPLE II, MOBILE, ANDROID, IOS
Nombre de joueur(s): 1
Localisation:
NOTE PRESSE (TILT 067 - Juin 1989)

Screenshots:
Merci pour le test et excellent boulot.
J'ai terminé ce jeu et y repenser, je ne sais même pas comment j'y suis parvenu. La fameuse tour de fin, j'ai tourné en rond pendant des heures car je ne comprenais pas ce que je devais faire.
Finalement, j'ai réussi à me débloquer (mais je ne sais plus comment, ça remonte à tellement loin).
Malgré son gameplay étrange et le fait que je pigeais pas grand chose (j'étais un gosse à l'époque^^), j'ai quand même continué. Allez savoir pourquoi lol.
Dans le genre RPG un peu spécial, un autre que je n'ai jamais pu terminé mais dont j'ai joué des heures et qui m'a rendu fou, c'est Miracle Warriors.
testament Cette OST de fou
xhander Ben tu vois, malgré les défauts que je note, j'ai quand même envie de faire sa suite, et les autres. Il a vraiment un truc
Mais bon, Ys c'est la vie.
Mon livre de chevet, c'était Mega Force (je crois que c'était ça le nom du magasine). Je m'étais même inscrit au club Sega. J'avais reçu un cd audio avec des musiques de JV réorchestrée comme l'intro de Phantasy Star II ou Space Harrier. J'écoutais en boucle lol.
kabuki Han punaise, Golvellius, un excellent jeu que j'ai retourné deux ou trois fois. Et les musiques de la map, j'adore encore aujourd'hui.
baran57 De mémoire, mon premier JRPG, ça été Phantasy Star, au tout début que j'avais la MS, mon père me l'avait loué à un vidéoclub mais je ne comprenais rien et en plus, il était très difficile. J'ai abandonné très vite.
Puis, je l'ai trouvé deux ans plus tard en occasion, j'ai tenté, je me suis accroché et je l'ai terminé... Encore une fois, je ne sais pas comment mdr.
Je me souviens de mes plans que je faisais sur une feuille pour m'y retrouver avec mon petit dico français-anglais à côté lol.
Perso j'ai découvert la série tard aussi, aux alentours de 2004, en commençant par le 3. J'ai fait les deux premiers dans leurs versions NES peu de temps après, et je les ai tous adorés. J'aimais beaucoup le côté old-school qui s'en dégageait, que ce soit par la progression à base d'énigmes/recherche (avec des trucs un peu random comme fouiller un coin de la map pour trouver un objet
Même chose pour la gestion des niveaux, je trouvais ça grisant de prendre un ou deux niveau et de pouvoir vaincre d'une pichenette (quoique, n'exagérons rien) les ennemis sur lesquels je galérais avant
Mais de fait le jeu est pas évident à prendre en main (si ça avait été mon premier rpg, je pense que j'aurais pas compris grand chose
Je conseille d'ailleurs à qui veut la lecture de ce dossier pour comprendre le chemin qui a mené à la naissance de la série (vu qu'elle n'est pas sortie de nulle part non plus) et son impact sur le genre : https://www.lost-town.com/dossier-d64-le-dossier-ys-partie-1-des-racines-legendaires
Ca m'amuse d'ailleurs toujours de lire que Ys 1 (et les suivants) était pensé pour être un RPG accessible au plus grand nombre à l'époque, alors qu'aujourd'hui il est surtout célèbre pour sa difficulté...