Assez rares furent les constructeurs de console à éditer un jeu de line-up aussi dépourvu de qualité ludique uniquement pour démontrer la puissance de sa machine. À fortiori quand cette machine n'est qu'une "simple" 8-bits comme il en existe depuis plusieurs années sur le marché déjà. 8-bits, certes, mais sur la forme uniquement, dans le fond, la PC-Engine est l'alliance de la technologie de pointe de 1987 avec l'ambition et l'audace qui ont fait les lettres de noblesse d'Hudson.
Hudson veut à nouveau frapper fort, trois semaines après la sortie de sa machine, Nintendo doit la sentir passer celle-là. Et quoi de mieux, pour bluffer le grand public qui fera le succès d'un produit de loisir populaire que de balancer du lourd visuellement. The Kung-Fu est le troisième titre à sortir sur PC-Engine, le 21 novembre 1987.
En plus d'une baffe technique, Hudson veut profiter du calme relatif des fêtes de fin d'année 1987 sur lesquelles Nintendo n'a pas put s'imposer avec un titre majeur, comme il était de coutume. Parce que s'imposer à Noël, Nintendo savait déjà le faire. On peut citer en vrac Ghosts'n Goblins en novembre 1986, Super Mario Bros. en septembre 1985, ou encore Karateka en décembre de la même année qui eurent un joli impact commercial.
En vérité, il n'y a pas grand chose à dire sur ce qui demeure plus une grosse démo technique qu'un jeu véritable, mais en parler était indispensable pour essayer de décrypter au mieux la stratégie et la façon d'agir d'Hudson pour attaquer Nintendo sur son propre terrain.
On y incarne un clone de Bruce Lee avec lequel il faudra déambuler dans des niveaux divers afin de buter un max de méchants. Aucun scénario n'est ici proposé. Le jeu prend la forme d'un beat'em all à scrolling horizontal forcé, comprenez par là que l'écran bouge de gauche à droite sans qu'il n'y ai moyen de l'arrêter. Le personnage se déplaçant que sur un seul axe, il est uniquement possible de filer des coups de poing et de pied pour vaincre les ennemis qui débarqueront en file indienne à la chaine face à vous. Entre chaque vague d'ennemis, des trucs et des bidules vous seront balancés à la figure, comme des bout de bois ou des rochers qu'il faudra soit esquiver en vous accroupissant ou en sautant, soit détruire en leur collant, à eux aussi, une mandale. Un parcours d'obstacle automatisé, en somme. Quand aux boss, ils sont on ne peut plus simples à vaincre, une petite stratégie s'applique à chacun d'entre eux. En réalité, il faut observer son schéma d'attaque, quitte à se prendre quelques tatanes au départ, puis une fois avoir compris qu'il faut appuyer sur le bon bouton (I pour le poing, II pour le pied) ou faire un petit pas en arrière pour esquiver au moment opportun, tout roule comme sur des roulettes !
En tout, quatre stages, séparés en trois zones (jour, soirée et nuit, avec pour la soirée un effet coucher de soleil du plus bel effet, des couleurs rouges-orangées flamboyantes qu'on ne retrouve nul par ailleurs, et surtout pas sur Famicom … ! La PC-Engine pouvait afficher en 1987 512 couleurs simultanément, la Famicom 16 seulement, et The Kung-Fu était prévu pour que tout le monde s'en aperçoive sans mal.) Chaque boss de stage est identique pour les trois zones mis à part quelques détails d'ordre graphique, de couleur …
Le plus frappant, et ce sur quoi la campagne de communication du jeu s'est axée, c'est la taille impressionnante des sprites des combattants. Hudson se vantait à l'époque de pouvoir faire générer par la machine des sprites trois fois plus grands que sur les meilleurs jeux Famicom. Personnellement, j'ai pas mesurer, mais il n'y a qu'à voir le clone du Petit Dragon prendre les deux tiers de l'écran en hauteur pour se rendre compte que les gars à l'origine des Bomberman ne sont pas des branques dans le genre. En sus, la fluidité totale est de mise, même avec 4 voir 5 individus à l'écran, saisissant.
Hudson n'hésite pas à faire la comparaison avec Spartan X, Kung-Fu Master en occident, titre signé Irem et Nintendo pour la NES. Aussi, Kimio Yamamura, un des ingénieurs en chef du projet PC-Engine et programmeur fidèle à Hudson se souvient de la volonté de son équipe d'antan de vouloir jouer la carte de la démesure graphique pour impressionner le public : "Les personnages à l'écran étaient déjà immenses, mais cela ne suffisait pas au chef du projet qui voulait toujours en faire plus. Par exemple, il était prévu qu'au premier niveau des rochers tombent du haut de l'écran, mais ces éléments auraient recouvert la moitié de sa surface. Tout ça pour en mettre plein les yeux. C'était injouable, l'idée ne fut donc pas retenue !".
De toute façon, peu importe ce qu'aurait fait l'équipe de développement, le jeu n'aurait pas put être plus plat d'un point de vue jouabilité qu'il ne l'est déjà. En effet, seul deux coups différents sont disponibles, le poing, et le pied, suivi d'un coup de pied sauté typiquement Bruce Lee débloqué vers le milieux du jeu. C'est maigre, très, très maigre. Si Hudson a eu l'audace de vanner Kung-Fu Master sur NES à propos du fossé technique qui sépare les deux jeux, force est de constater qu'autant le soft d'Irem que celui de la PC-Engine souffre d'un manque cruel de technique de combat. Pire encore, cette façon qu'a le scrolling horizontal de se faire automatique donne un aspect train fantôme au soft, où on doit se contenter d'appuyer sur le bon bouton au bon moment pour jarter hors de l'écran des hordes d'ennemis (des espèces de moines encapuchonnés épouvantablement identiques du début à la fin du jeu, seule la couleur de leur tunique change). C'est d'un ennui terrifiant.
Répétitivité rime en plus avec simplicité, trop grande simplicité même, en ce qui concerne le travail sonore dont a bénéficié The Kung-Fu (China Warrior aux US). Si les quelques musiques sont sympathiques, typiquement 8-bits - les 6 voies stéréo ne sont pas toutes au travail, mais déjà les 5 petites voies mono de la Famicom sont vaincues ; les bruitages d'ensemble ne se font guère remarquer. On déplore par exemple l’absence de cri sur-aiguë qui ont fait l'identité de Bruce Lee à travers le monde entier !
Ce jeu fut tellement un des fers de lance de Hudson pour lancer sa machine qu'il eut la primeur d'être celui qui servit de base à l'élaboration de la Sample HuCARD. Qu'est-ce que la Sample HuCARD ? Et bien il s'agit ni plus ni moins que de la toute première HuCARD (le support où sont gravés les jeux PC-Engine, comme la cartouche pour la NES, le CD pour la Playstation etc) opérationnelle a avoir été produite dans les ateliers d'Hudson à la fin de l'été 1987. Cette Sample HuCARD, merveille parmi les trésors chassés par les pires collectionneurs du monde, contenait une version bêta de The Kung-Fu avec seulement deux stages sur quatre. La musique était différente (celle de la Sample était une musique du soft Bomber King sur Famicom), il n'y avait que le coup de pied de disponible et lorsqu'on appuyez sur le bouton run (l'équivalent du bouton start sur les autres pad), la vitesse de défilement du scrolling horizontal forcé était doublée, chose non conservée dans la version finale ! L'existence de cette Sample HuCARD montre d'ailleurs qu'entre 1986 et 1987, le projet PC-Engine s'est réglé très rapidement. Car Hudson Soft avait un projet de machine solide, avec des caractéristiques bien définies, un support où stocker les jeux, des produits en développement, un réseau d'édition professionnel et une stratégie commerciale claire. Certes, mais aucune usine pour produire la machine ! Et c'est là que NEC entre en jeu. Sur l'écran titre de la version bêta, on pouvait constater la mention "press start button", la preuve que le projet PC-Engine n'était pas encore au point jusque dans les moindres détails. La façade de la carte elle-même, dépourvue d'étiquette à l'image du jeu comme il est de coutume pour chaque jeu officiel, ne comportait pas non plus le fameux logo HE System pour Home Electronic, la filiale de NEC Corporation destinée à l’électronique grand public. À croire que les deux entreprises n'avaient même pas encore entérinée leur association à deux mois de la sortie de la console !
Il y avait deux raisons principales à ce que ce jeu en particuliers eu l'honneur de donner naissance à la Sample HuCARD. Tout d'abord il s'agissait de tester la mémoire du support, juste histoire de voir si les estimations d'Hudson étaient bonnes par rapport à leurs ambitions, The Kung-Fu pesant 2MB, les premières HuCARD commercialisées pouvaient contenir 4MB de données. Crées sur la base des Bee CARD, technologie de stockage de jeu développée en partenariat avec Mitsubishi pour le MSX2 en 1985, la HuCARD est un des éléments clé de l'ambition technologique d'Hudson.
La seconde raison était que la Sample HuCARD de The Kung-Fu devait servir à faire une démonstration à quelques éditeur tiers du potentiel de la machine.
De nos jours, il paraît clair que The Kung-Fu était plus une démo technique qu'un jeu véritable, même si le public fut en 1987 bien trop bluffé pour s'en rendre compte. C'est qu'il avait de quoi convaincre, le bougre, malgré un gameplay trop simpliste, une durée de vie maigrelette, une bande sonore pas renversante et un manque de personnalité flagrant. Techniquement, le jeu est solide et remplie à merveille la mission dont il s'est vu affublé, démolir le hardware concurrent et montrer aux yeux du monde que la PC-Engine est une bête de guerre. Lors des trois premiers mois de commercialisation de la machine, un autre soft en particuliers aura la responsabilité de vanter sa puissance : Victory Run, dont nous allons parler lors de cette semaine spéciale.
Attention ! C'est une 8 bit mais Nec aimait beaucoup bricoler la partie vidéo de leurs machines, c'est d'ailleurs pour ça que les PC Engine rivalisaient souvent avec les 16 bits, les proco étaient des 8 bits mais les coprocesseurs qui assistaient le CPU étaient bien fichus !
gantzeur je me disais exactement la même chose, on dirait du hokuto no ken, d'ailleurs ken adopte exactement la même posture sur certaines planches du manga, je me demande si ce serait pas le même dessinateur
Artistiquement c'est propre. La musique, les animations avec ses bruits dépotent. L'ambiance globale me plaît.
Dommage que suis pas née à cette époque pour mieux voir évoluer le jeu vidéo. Surtout qu'il y a l'air d'avoir des jeux bien sympa comme celui-ci, qui me donnent envie d'y toucher malgré leur âge...
karbon tout ça reposait autour d'un concept, le Core Kôsô, avec une base déjà très solide Hudson et NEC ne cessait de produire des nouvelles puces et accessoires à brancher sur le hardware pour toujours augmenter les performances de la console!
Je l'évoque dans la dernière review qui sera publiée vendredi soir, j'avais pour projet de faire une sorte d'exposer géant en plusieurs partie sur la PC-Engine et ses origines (sans oublier de parler d'un jeu à chaque fois vu que c'est le but 1er du groupe) mais après avoir écrit les 5 review de la semaine, on voit bien que y'a encore pas mal de chose à dire! Donc on verra un de ces 4 pour la suite
Au passage, RETRO GAMEKYO a passer le cap des 500.000 visites, MERCI BEAUCOUP A TOUS !!
stardustxgantzeur ça m'étonnerait que ce soit le même dessinateur, mais une chose est sur c'est que la jaquette du jeu et l'auteur de Hokuto no Ken se sont inspiré des vrai postures de Bruce Lee dans ses films, notamment l'affiche de Game of Death, très célèbre.
Hahaha le passage du test avec les moines + le screen m'a tué
Bon, dejà, la jaquette ressemble à Hokuto no ken dans la pose, ce mix Bruce Lee/Ken d'époque sauce Hudson.
Ensuite, la vidéo la musique j'ai explosé de rire direct vu que les développeurs se sont investis comme pas possible (le truc du rocher) qui devient injouable.
Enfin, du coup il me fait penser à Last Battle/Moonwalker en envoyant les ennemis dans le décor sorti sur MD à cause des ennemis a rallonge mais là, c'est mon interprétation!
Comment j'ai bavé sur ce jeu. Puis récemment je l'ai eu dans un lot et j'y ai joué sur ma turbographx et c'est une bouse immonde. Même aujourd'hui le sprite est énorme mais que c'est mauvais
Et ses bruitages lorsqu'il frappe les espèces de boule de feu ! !
Et ailleurs que sur arcade qui plus est!
Dommage que suis pas née à cette époque pour mieux voir évoluer le jeu vidéo. Surtout qu'il y a l'air d'avoir des jeux bien sympa comme celui-ci, qui me donnent envie d'y toucher malgré leur âge...
Je l'évoque dans la dernière review qui sera publiée vendredi soir, j'avais pour projet de faire une sorte d'exposer géant en plusieurs partie sur la PC-Engine et ses origines (sans oublier de parler d'un jeu à chaque fois vu que c'est le but 1er du groupe) mais après avoir écrit les 5 review de la semaine, on voit bien que y'a encore pas mal de chose à dire! Donc on verra un de ces 4 pour la suite
Au passage, RETRO GAMEKYO a passer le cap des 500.000 visites, MERCI BEAUCOUP A TOUS !!
Bon, dejà, la jaquette ressemble à Hokuto no ken dans la pose, ce mix Bruce Lee/Ken d'époque sauce Hudson.
Ensuite, la vidéo la musique j'ai explosé de rire direct vu que les développeurs se sont investis comme pas possible (le truc du rocher) qui devient injouable.
Enfin, du coup il me fait penser à Last Battle/Moonwalker en envoyant les ennemis dans le décor sorti sur MD à cause des ennemis a rallonge mais là, c'est mon interprétation!
Excellent test en tout cas
Bon le jeu en lui meme etait bof, mais quelle claque graphique a l'époque
gantzeur jamais de coq de combat mais c'est vrai que y a une ressemblance le grain
J'attends de lire ça je sent que ça va me plaire
Cool l'histoire de la HUCARD