Dans l'Univers Étendu de Star Wars, un tas de protagonistes charismatiques auraient mérités une série de jeux vidéo ou un film à eux seuls. Quinlan Vos (officiellement reconnu par Disney et Lucasfilm car apparut dans la série animée Clone Wars), Revan, Exar Kun, Zayne Carrick, Ulic Quel-Droma, Mara Jade épouse Skywalker... et encore, là, je ne cite que les Jedi et Sith ou affiliés. Il y en a tant d'autres, c'est en ça que Disney a fait le bon choix, par ailleurs : explorer ce qui se fait d'autre dans l'univers Star Wars, au delà des sempiternelles guerres de la Force, avec des films en préparation sur Han Solo, Boba Fett (pas annulé comme le rapporte les news récentes, mais en stand-by plutôt), et des rumeurs sur Tarkin ou les ARC (les troupes d'élites des soldats clones). Le personnage de Kyle Katarn fait parti de ceux méritant clairement que les instances responsables de Star Wars se penchent sérieusement sur lui, en l'intégrant, pourquoi pas, dans la chronologie canon de l’œuvre. Il faut dire que ce ne serait pas un gros coup de poker pour Disney, ce Jedi hors norme nouvelle génération bénéficiant d'une popularité rare parmi les fans et ses aventures ayant déjà des bases scénaristiques très solides, il suffirait d'un rien pour bâtir un projet sérieux autour de lui. Et ça mettrait du baume au cœur des fans qui se sont sentis littéralement trahis lorsque Disney a décidé d'ignorer toutes les œuvres majeures de l'Univers Étendu, celles là même qui ont forgé la passion de millions d'adorateurs durant trente ans.
La série des Jedi Knight a, avec le temps, réussi à se construire une véritable légende (même si le jeu d'aujourd'hui n'en fait pas véritablement partie). En effet dés le départ perçu comme un Doom-like de qualité, elle est par la suite devenue une série épousant à la perfection l'identité si particulière de la licence Star Wars, est devenue un modèle dans chacun des genres de jeu vidéo auxquels elle s'est essayé et s'est même permise de créer toute une sous-intrigue en parallèle des célèbres films. Rares sont les jeux vidéo Star Wars a avoir aussi bien transcendé le matériaux originel pour s’émanciper et se construire soi-même, sans forcement faire un banal copier/coller des aventures de Luke Skywalker. Encore plus rares sont les jeux à avoir dégagés un véritable personnage, fort, unique, attachant, au développement psychologique étalé sur plusieurs années et dont on constate réellement l'évolution au fil de ses péripéties.
L'évolution du personnage, parlons-en, justement. Bon nombre de joueur ont surtout été marqués par la série à partir de Jedi Knight II : Jedi Outcast qui mettait en scène un Kyle Katarn avec de la bouteille, lui et son superbe sabre-laser bleu dans un rôle de Chevalier Jedi revêche, puissant et baroudeur. Mercenaire, avec des tirades sarcastiques savoureuses et un parcours atypique mu par un désir de vengeance contraire aux dogmes traditionnels des Jedi. Charismatique et attachant, son caractère et sa soif d'aventure ont sut occasionner de véritables moments d'anthologie dans l'histoire du jeu vidéo. Mais peu de gens se souviennent qu'il n'en a pas toujours été ainsi. LucasArts a en premier lieux introduit le personnage dans un pur Doom-like sorti sur PC en 1995, puis sur Playstation en 1996. On passera très rapidement sur cette dernière version, victime de chute de frame-rate violente et de temps de chargement à rallonge. La raison en est assez simple puisque lorsque le projet fut entamé courant 1994, sieur George Lucas était à peine en train de se pencher sur le scénario de l’Épisode I qui sortira au cinéma en 1999. En ce temps, et mis à part avec quelques bande-dessinées, le background des Jedi, qu'ils soient de l'Ancienne République ou du Nouvel Ordre formé par Luke Skywalker n'était pas très étoffé. C'est Lucas qui posera les bases (comme toujours) et c'est les auteurs divers et variés qui entre 1999 et 2005 lanceront l'incroyable machine de produits dérivés pour compléter tout cela en s'inspirant des films. Si bien que les développeurs ont préférés ne pas s'attaquer à l'inconnu et ont fait de leur héros un simple mercenaire, à tord vu comme un ersatz de Han Solo par les joueurs peu consciencieux de l'époque.
De Han Solo, il ne partage que le job et la formation passée puisque Kyle Katarn est lui aussi un ancien officier impérial dégouté des exactions de l'armée de Palpatine. Après avoir appris par une rebelle du nom de Jan Ors (qui va le suivre dans toutes ses aventures ultérieures) que l’Empire est responsable de la mort de son père (on en sait plus à ce sujet dans la suite), il va donc s'engager dans un boulot de mercenariat et de contrebande. Mais le comparatif avec Solo s'arrête ici. Le scénario du jeu entraine Katarn pour sa première mission avec comme commanditaire l'Alliance rebelle aux trousses des plans de l’Étoile de la Mort (hé oui, selon l'ancienne chronologie, les plans que Leia obtient au tout début de l’Épisode IV proviennent de la mission victorieuse de Katarn ! Désormais, tout cela est jeté à la poubelle et nous verrons comment les rebelles obtiennent les fameux plans tant convoités dans le film Rogue One, le 14 décembre prochain au cinéma). Après cette première mission, vous serez amené à enquêter sur de mystérieuses recherches impériales sur un nouveau type de troupes : les Dark Troopers.
L’intrigue prend donc place avant et pendant l’Épisode IV de la célèbre trilogie, et a le mérite de combler quelques vides des longs métrages. Katarn y affrontera les bien connus stormtroopers, dirigés par un général impérial du nom de Rom Mohc (un type avec des faux airs de Jean-Marie Le Pen), un Moff scientifique fou à ses heures perdues ou encore le dangereux chasseur de prime Boba Fett, sans compter Jabba et ses hordes de créatures sauvages dans son donjon dédaléen. Pour une des toutes premières fois dans le domaine, Dark Forces propose plus qu'une simple succession de niveaux où il faut défourailler du laser à tout va comme un bourrin. Des objectifs précis sont énumérés en début de mission, chacune étant présentées par un petit briefing (avec des saynètes en pixel art sublimes, mention spéciale à Vador, toujours aussi impressionnant) et la petite enquête sur les Dark Troopers menée par Katarn avance petit à petit jusqu'au dénouement final.
LucasArts propose ici un concept à mi-chemin entre le Doom d'id Software et le System Shock d'Origin avec pas moins de douze missions entrainantes. Comme dans la légion, vous risquez de voir du pays. Et là où LucasArts a été ingénieux, c'est qu'ils n'ont pas hésité à se lancer eux-même vers de nouveaux horizons. Il aurait été trop facile de reprendre l'intégralité des lieux déjà vus dans les longs-métrages. Ainsi, on visite pour la première fois dans un jeu vidéo estampillé Star Wars la lune des contrebandiers Nar Shaddaa, la planète glaciaire et ses usines d'armement Anteevy, ou encore la planète Talay habitant une base rebelle attaquée par l'Empire.
La cité-planète de Coruscant sous l'occupation impériale sans pitié, n'est pas oubliée. Sorte de Gotham City futuriste, sombre, bondée de ruelles étroites et de cachettes secrètes est époustouflante tant son ambiance est oppressante. Ajoutez à cela des égouts, des complexes industriels, des croiseurs impériaux gigantesques, et vous obtiendrez le panorama riche proposé par Dark Forces.
Là où la liaison avec System Shock se fait, c'est au niveau du gameplay. En effet, si dans Doom, on peut se contenter d'exploser tout ce qui bouge en récoltant de temps à autre un jeu de clés colorées, Dark Forces propose plus. De part son level design plus élaboré tout d'abord, n'hésitant pas à jouer sur les hauteurs. La vue subjective du FPS évolue alors avec la possibilité de viser en haut et en bas et plus seulement à droite et à gauche. Vous pourrez même sauter et vous accroupir pour vous faufiler dans des conduits et divers autres passages étriqués, parfois bien cachés. Dark Forces pose clairement les bases du FPS moderne avec une gestion de la 3D dans l'environnement qui pousse le joueur à parfois chercher son chemin et à observer au-delà de ce qu'il a l'habitude de voir droit devant son nez. Dans le même ordre d'idée, il ne sera pas rare de devoir sauter par dessus un gouffre béant et le décors pourra momentanément servir de couverture pour contourner les adversaires, qui pourront faire de même ! En outre, quelques énigmes font leur apparition à base de leviers et interrupteurs à enclencher bien souvent pour libérer la voie bloquée par une porte récalcitrante ou pour dénicher une réserve de munition salvatrice. Ce genre d'interaction avec le décors se sert de la grande cohérence de l'univers Star Wars pour exister et apporter une notion d'immersion très avantageuse pour Dark Forces.
Cultivant les habitudes des Doom-like respectables depuis le premier en 1993 qui consistent à proposer le plus de zones secrètes possibles de façon plus ou moins bien agencée dans le niveau, Dark Forces respecte les ainés tout en se montrant innovant et ambitieux. Soucis du détails évident, certaines parois repoussent les tirs de blaster comme on peut le voir dans le compartiment à ordures de l’Étoile de la Mort dans Épisode IV (souvenez-vous de cette scène où Han Solo se précipite pour ouvrir la porte de la benne à ordure où il est retenu prisonnier lui et ses compagnons, et que son tir ricoche dangereusement sur les parois à cause d'une barrière magnétique). Ceci transformera certaines fusillades en véritables brouillamini de rayons rouges et verts visuellement du plus bel effet et en plus de cela très utile pour atteindre des unités ennemies un peu trop bien planquées derrière des fortifications.
Dans sa progression scénaristique, la structure de ses niveaux, l'interactivité permises avec l'environnement et l'intelligence artificielle des adversaires, nous avons clairement affaire à un Doom intelligent ! Un Doom 2.0, en quelque sorte.
Pour éliminer les nombreux impériaux qui se dresseront devant lui, Kyle Katarn peut compter sur un grand armement. À commencer par son fameux pistolet Bryar, créé pour l'occasion par le scénariste et graphiste du jeu : Justin Chin (Le monsieur avouera plus tard avoir donné ce nom à l'arme en référence à un de ses compositeurs et musiciens favoris, à savoir le britannique Gavin Bryars, auteur de nombreux opéra de qualité reconnus dans le domaine de la musique minimaliste). Différents fusils, détonateur thermique, mine antipersonnel et même un lance-roquette à concussion viendront s'ajouter à ce joyeux arsenal de dix outils de destruction. Vous l'aurez compris, il s'agit ici d'un pur FPS où les joutes se règleront avec le plus gros pétoire disponible. Kyle Katarn ne prendra conscience de son lien avec la Force et commencera à utiliser un sabre-laser que dans Jedi Knight, la suite du jeu qui nous intéresse aujourd'hui. Reste que Dark Forces, même si FPS pur jus ''seulement'' s'en sort admirablement bien et représente clairement le haut du panier. Vous aurez en outre deux indicateurs à surveiller constamment pour éviter les mauvaises surprises : la santé et le bouclier. Reprenant ce principe des pourcentages à la Doom, il sera possible comme dans ce dernier d'élever sa jauge de bouclier jusqu'à, non pas 100, mais 200 points ! Très utile quand on sait que le jeu se pare d'une certaine difficulté (les fan du jeu n'hésitent pas à dire que le mode normal de Dark Forces équivaut sans peine au mode Ultra-Violence de Doom).
Pour en finir avec les petites originalités du gameplay, Dark Forces propose l'utilisation d'une torche et de lunette de vision nocturne, indispensable pour crapahuter dans certaines salles bien trop obscures quand on ne connait pas au pixel prêt le chemin à emprunter (ce dernier est parfois complexe et il faut régulièrement se faufiler dans des passages exiguës et cachés. Autant ne pas cracher sur ce type d'outil salutaire donc). Dark Forces s'avère être à terme moins cérébral que System Shock, mais le côté aventure y est plus développé. Ce qui compte, c'est que malgré la ressemblance flagrante avec son inspirateur, Dark Forces parvient à imposer son style de gameplay en proposant une excellente transposition dans l’univers de George Lucas. Star Wars a suffisamment de caractère pour se permettre d'avoir une véritable identité et des mécaniques de jeu qui lui sont propre, et les développeurs ont exploité cet état de fait indubitable avec brio.
Pour animer cette aventure, LucasArts a utilisé un nouveau moteur d'affichage développé en interne nommé le Jedi Engine. Celui-ci permettait l'animation d'objets 3D avec textures et ombrage de Gouraud (technique d'ombrage créée par un informaticien français, Henri Gouraud. D'abord utilisée dans l'image de synthèse puis devenue révolutionnaire dans les années 90 lorsque des développeurs talentueux ont réussis à l'utiliser en temps réel) secondé par de jolis jeux de lumière. On notera ici l’apparition de nombreux éléments en full 3D, là ou Doom ne proposait que des trompes l’œil 2D.
Le bestiaire de l'espace offre son visuel unique typiquement Star Wars au jeu pour qu'il s'accapare une identité graphique forte. Ça aide à l'immersion. Ainsi, on se retrouve face aux fameux stormtroopers impériaux en masse. Mais vient par la suite des drones de torture (comme on peut le voir dans Épisode IV, prêt à sévir sur Leia sous les yeux cruels de Vador), des gardes Gamorréens (les espèces de gros porcs bipèdes très cons mais très forts physiquement, qu'on peut voir dans le palais de Jabba au cour de l’Épisode VI) armés de leurs redoutables vibro-haches, ou encore – les plus dangereux – les intraitables Trandoshans (race reptilienne particulièrement barbare et sanguinaire) armés de leurs fusils mitrailleurs incroyablement puissants. D'autres créatures encore plus sensationnelles et donnant lieux à une confrontation proprement marquante tant celle-ci se fait difficile, épique et oppressante font leur apparition, mais je préfère vous laisser le plaisir de la découverte !
Néanmoins, on notera que les modèles des ennemis pixelisent assez fortement, de prêt comme de loin, quand bien même tout cela reste reconnaissable. La faute à une ambition peut-être un peu trop dévorante pour un jeu de 1995. Aussi, il est dommage de constater que la perspective est parfois étrangement mise en pratique, lorsqu'on utilise un des axes de visée et qu'on voit sous nos yeux se déformer très maladroitement le sprite d'un objet fixe par exemple. Malgré tout, et comparé à la concurrence directe, Dark Forces n'a pas à rougir. En effet, face à Rise of the Triad par exemple (février 1995, Apogee Software), Dark Forces dispose d'une plus grande variété d'environnement et surtout d'une cohérence artistique plus convaincante. La rapidité de l'animation semble être à l'avantage de RotT (non, pas Rise of the Tomb Raider ) mais une certaine lenteur se prête parfaitement aux types de fusillades et de combats auxquels on peut assister dans l'univers Star Wars, alors ce n'est pas forcément un mal. Seul le multijoueur jusqu'à 11 du jeu d'Apogee Software lui permet de rester dans la course face au jeu de LucasArts, ce dernier étant tout simplement dépourvu de mode multijoueur ! Une grossière erreur tout à fait impardonnable quand on sait que dés 1993, le roi du genre, Doom, en avait un et a rendu ce genre de feature indispensable à tout bon FPS qui se respecte. Opposé à un autre ténor du genre, Heretic (décembre 1994, Raven Software), Dark Forces gagne encore la comparaison graphique. Heretic étant un simple Doom avec un aspect medieval-fantastic à la place de la science-fiction horrifique, son moteur 3D (un dérivé du Doom Engine) est vieillissant et la possibilité d'observer son environnement selon les trois axes est impossible. Sans compter les textures un peu moins détaillées pour le titre de Raven Software (ces derniers seront néanmoins appelés plus tard pour développer le culte Star Wars Jedi Knight II: Jedi Outcast !).
Les niveaux en 3D sont énormes, presque labyrinthiques, et fourmillent de détails. D'autant qu'ils offrent un jeu de couleurs et des thèmes visuels plus vastes qu'on pourrait l'imaginer (non, comme dis plus haut dans le test, on ne visite pas que les intérieurs gris et mornes des vaisseaux de l'Empire, loin de là). Nombre d’éléments mobiles font également leur apparition donnant un aspect beaucoup plus dynamique aux décors, comme des plate-formes, des élévateurs, des tapis roulants, des ennemis aériens ou encore des pistons et des machines diverses qu'il faudra parfois esquiver pour ne pas finir broyé et réduit en bouillie. Ceci contribue à placer Dark Forces au dessus du lot et à donner à ses décors beaucoup d'action et de vie, là où il vous faudra ouvrir l’œil pour ne pas tomber sur une mauvaise surprise.
En définitive, Dark Forces parvient à nous immerger sans mal dans l'univers cinématographique de Lucas. Ceci par une technique sophistiquée, digne des meilleures technologies de 1995 et surtout grâce à un respect de l'univers Star Wars et une grande inspiration de la part des graphistes.
Mais que serait un jeu Star Wars, aussi beau soit-il, sans une bande-son digne de ce nom ? Les films eux-même sont reconnus pour offrir des musiques grandioses, George Lucas arguant souvent dans ses interviews qu'une bonne musique peut valoir des centaines de lignes de dialogue pour véhiculer une émotion, une idée. Inutile de tergiverser, là encore, Dark Forces propose le haut de gamme, pas comme Yoda Stories déjà testé sur Retro Gamekyo qui nous ressasse en boucle de façon très grossière le thème principal. Point de John Williams ici cependant, mais un compositeur américain du nom de Clint Bajakian qui a sut admirablement bien reprendre la couleur et le caractère du travail de Williams pour donner à Dark Forces des thèmes inédits. Ceux-ci font généreusement référence aux thèmes de Williams. Ainsi, la musique du niveau Anoat City est vaguement basée sur le thème Jawa Sandcrawler d’Épisode IV tandis que le dernier niveau, l'Arc Hammer, utilise des motifs de The Battle of Yavin. À noter qu'à l'époque, le CD du jeu contenait une démo d'un des autres titres phares de LucasArst, dans un tout autre registre cependant : Full Throttle. Aussi, la place venant à manquer, c'est pas moins de trois pistes inédites qui furent mises de côté et d'autres réutilisées dans diverses situations. En bref, un travail de qualité, bénéficiant des capacités d'orchestration d'un CD-ROM très impressionnant pour l'époque et ayant le mérite de se vouloir sans précédent. Au même titre que pour les décors, il aurait été trop facile et probablement moins couteux de nous resservir ad nauseam les thèmes musicaux éculés, entendus mille fois dans la trilogie cinématographique, mais LucasArts a fait l'effort de taper dans l'inédit. L'effort est louable car rétrospectivement, on notera que peu de jeu estampillé Star Wars ont reçu ce traitement de faveur.
Star Wars Dark Forces est un jeu charnière pour LucasArts. Il marque presque à lui seul le changement de politique de la branche vidéoludique de l'empire de George Lucas. L'avant, où LucasArts produisait des jeux funs, originaux et avec un caractère unique (Maniac Mansion, The Secret of Monkey Island, Sam and Max Hit the Road …) et l'après où, business oblige, ils céderont à l'appel de l'adaptation facile en cuisinant à toutes les sauces possibles la recette Star Wars. C'est bien simple, entre 1982 et 1995 (année d'ouverture du studio et année de sortie de Dark Forces), seuls douze jeux estampillés Star Wars furent développés (par eux-même ou par un autre parti à qui fut cédés les droits d'exploitation). Après la sortie de Dark Forces et jusqu'en 2005 (année de parution du dernier volet réalisé par Lucas lui-même), pas moins de 41 jeux plus ou moins intéressants furent produits. Si certains sont devenus légendaires par leur qualité (Jedi Knight II : Jedi Outcast, Knight of the Old Republic...), beaucoup d'autres sont indubitablement marqués par le sceau du produit paresseux et malhonnête porté par une licence prestigieuse et ayant pour objectif de ponctionner l'argent des fans naïfs et sans défense (Yoda Stories, l'adaptation d’Épisode I, Star Wars : Obi-Wan, Masters of Teräs Käsi, Star Wars : Demolition...). Dark Forces semble lier les deux univers d'un pont d'or, le LucasArts créatif et le LucasArts dirigé par des marketeux sans vergogne.
Au delà de ce constat, on peut se demander avec légitimité si sans cette appétissante enveloppe visuelle conférée par la juteuse licence Star Wars, est-ce que Dark Forces aurait été un si bon jeu ? Difficile d'y répondre tant ce dernier est profondément ancré dans les codes et l'ADN de la série. Les jeux à licence Star Wars ont été nombreux, et même après la mort programmée de LucasArts, nous sommes assurés de continuer à en enfourner dans nos consoles pendant encore longtemps. Mais ceux ayant été capables de construire et broder ce fabuleux Univers Étendu avec cohérence et inspiration ne sont pas si nombreux que cela. Dark Forces prend clairement soin de flatter l’exigence des fans de la saga des étoiles en y affichant fièrement son attachement avec les films. Quitte à perdre en légitimité en tant que jeu vidéo ce qu'il gagne en respect de l’œuvre originale en tant que vulgaire produit dérivé. Les éléments qui viennent lier l’histoire de Dark Forces à la chronologie de la première trilogie font des actions de Katarn une sorte de travail de coulisse aux évènements dépeints dans les films. Cela donne une vraie contenance à l’Univers Étendu et ça ne se contente pas de recoller artificiellement les morceaux avec une histoire improbable et des ajouts hors propos comme ce fut le cas dans Le Pouvoir de la Force ou Obi-Wan sur Xbox. Les développeurs de LucasArts ont réussis à préserver une alchimie délicate entre la création d'un nouveau contenu scénaristique et ce qui préexistait avec les films.
Star Wars Dark Forces demeure donc un très bon FPS, un des patriarches du genre à ranger aux côtés des illustres Doom et Duke Nukem 3D. J'irais même jusqu'à dire qu'il serait un bon précurseur à Quake puisque installant certaines bases encore utilisées aujourd'hui, comme les sauts, la position accroupie, la 3D et la visée selon les axes horizontaux et verticaux. Un bon jeu Star Wars, Dark Forces l'est aussi, et c'est presque un plus grand tour de force qu'il réussi à ce propos. Or c’est pourtant bien plus par sa capacité à s’extirper d’une saga envahissante que Dark Forces témoigne de son audace et de son intérêt. S'inspirant savamment d'une trilogie de films favorisant à l'extrême l'imagination et le rêve, Dark Forces s'émancipe et ose raconter quelque chose d'autre que les bien connues aventures de Luke Skywalker. Si il ne peut bénéficier du rang glorieux de papa du FPS, il peut au moins se targuer d'en être une bien belle évolution !
Retro Gamekyo n'a fait que vivoter cette année (comme en 2015 d'ailleurs, ça commence à devenir une mauvaise habitude ce manque de temps ) mais il reste largement de quoi faire pour se remémorer de bons souvenirs ou au contraire découvrir quelques vieilleries sympas !
Et vu que dans deux jours sort le premier spin-off Star Wars au cinéma: Rogue One, pourquoi ne pas en profiter pour jeter un œil sur un des tous meilleurs jeu reto de cette magnifique saga ?
Je ne l'ai jamais fait. On dirait un vieux Doom niveau ambiance. Mode multijoueur dans les vieux FPS 90. J'en ai pas de souvenir.
Merci pour ce partage.
zilwaineMode multijoueur dans les vieux FPS 90. J'en ai pas de souvenir.
Doom, Doom II, Rise of the Triad, GoldenEye 007, Strife, Heretic, Hexen, Duke Nukem 3D, Blood, et j'en passe. La plupart des gros FPS d'époque, et même les moins gros avaient un mode multijoueur LAN ou sur le net
excellent test et d'un bon gros classique qui plus est. je l'ai découvert après Jedi Knight mais je l'avais pris quand même et j'ai adoré ce jeu
Anakaris t'as bien raison concernant les modes multis mais par contre strife n'en possédait pas, je le fais en Veteran Edition en ce moment et il y a pas de multi
raeglin la Veteran Edition de Steam ? En effet elle n'a pas de multi, mais la version originale de 1996 en avait un (avec un seul mode de jeu de mémoire, le deathmatch), typique des rééditions Steam d'ailleurs. Dans les Star Wars aussi le multi a sauté sur Steam
raeglin j'avais programmé un test de Blood y'a longtemps, juste après celui que j'avais sur Doom, mais à l'époque j'ai perdu mon fichier et j'avais pas eu le cœur de récrire sur ce jeu dans l'immédiat, du coup je suis passé à autre chose
zilwaine ah oui oui je peux te l'assurer, Doom avait un mode multi, à l'époque je jouais en LAN avec des potes, les appareils reliés entre eux provoquait un dégagement de chaleur hallucinant (on se plaint des premier modèle de Playstation 3 qui surchauffait beaucoup ? Pouah, de la petite mousse en comparaison des PC d'époque) à tel point qu'on devait ouvrir les fenêtre de ma chambre pour ne pas suffoquer
legato Olivetti, la marque italienne de machine à écrire ? J'ai très peu connu leurs ordinateurs je dois avouer. Il me semble qu'ils avaient carrément un système d'exploitation propriétaire en concurrence toute relative avec Windows, les jeux tournaient correctement là-dessus
raeglin pas encore, il y a tant de Doom-like d'époque sur quoi j'aimerais écrire un article mais j'essaye de varier les type de jeu aborder en même temps sur Retro Gamekyo, mais Hexen tout comme Blood, Duke 3D, Heretic, Shadow Warrior ou encore Rise of the Triad y passeront un jour
Rise of The triad, juste énorme ce jeu, les autres aussi d'ailleurs. Si t'as l'occasion teste le remake de 2013 (pas pour Retro hein mais juste pour te marrer), franchement juste un des meilleurs remakes de vieux FPS pour moi avec Shadow Warrior; J'aimerais tant que Blood en ait un, car la version GOG est pourri et ne gère pas la visée à la souris.
raeglin Rise of the Triad pas testé le remake, en revanche Sorow et moi on a kiffé le revival de Shadow Warrior, c'est sanglant, brutal, artistiquement assez inspiré, on réfléchit pas un flingue tout le monde et on s'amuse, ça nous manquait ce genre de FPS
C'est juste hallucinant le nombre de FPS des années 90 directement inspiré de Doom le père. À l'époque les développeurs savaient encore innover, notamment sur les ambiances visuelles (science-fiction, triade et mafia chinoise, medieval-fantasy, etc) alors qu'aujourd'hui les producteurs de FPS AAA perdent de plus en plus leur inspiration je trouve
Aujourd'hui le genre FPS est phagocyté par Call Of et Battlefield mais les FPS qui innove un brin n'ont clairement pas disparu pour autant. Je pourrais te citer les Bulletstorm, Singularity, Wolfenstein The New Order, le dernier Doom que j'ai adoré et bien d'autres.
Les FPS de bourrin n'ont pas disparu mais ils ont une couverture médiatique bien moindre que Call of Shit, il suffit juste de suivre les bons devs. Des devs comme Raven Software (créateur d'hexen et de tout un paquet d'autres tueries), Monolith ( même si ils sont clairement plus dans le FPS les meilleurs jeux de l'époque ils les ont pondus), People Can Fly(Painkiller et Bulletstorm), Id bien sûr et il y en a d'autres.
Perso j'attends comme un dingue le prochain Quake, même si j'aurais bien aimé une suite à Quake 4. Quel dommage que vous ne vouliez pas plus de monde sur ce groupe parce que j'ai quelques idées de tests qui serait franchement pas mal. ça me manque d'écrire des tests
raeglin Bulletstorm je l'ai trouvé moyen, et pourtant j'ai kiffé Painkiller, et Singularity ne m'a pas non plus passionné (peut-être dois-je me pencher sur ce jeu de façon plus attentive pour voir réellement ce qu'il en est)
Globalement, je trouve que Raven s'est perdu depuis quelques années. Leur chute a été entamé avec le Wolfenstein de 2009 trop plat et trop daté graphiquement pour réellement faire l'unanimité Aujourd'hui ils en sont réduit à jouer les bouches trous pour développer quelques contenus additionnels très secondaires pour Call of, la tristesse
En revanche, Wolfenstein TNO est percutant par une mise en scène horrifique et un scénario (scène, dialogue...) plus travaillé qu'on pourrait le croire d'un jeu de ce calibre !
Une vrai belle surprise, sous l'impulsion de Bethesda, id Software et MachineGames ont réussi admirablement bien à relancer la série, tout comme Doom (c'est simple, depuis que ZeniMax a acquit un tas de studio à droite et à gauche en les faisant chapeauter par Bethesda, je suis conquis par leur produit: RAGE, The Evil Within, Doom 2016, Wolfenstein The New Order, Dishonored, Fallout 3 et 4, le futur Prey 2 m'intrigue aussi, bref ils visent dans le mille quasi à chaque coup avec moi )
anakaris je n'ai pas connu l'époque de leurs os propriétaire je ne l'ai pas vu tourner je l'ai eu sous windows 95 le jeu tourner dessus avec des bug mais pas de quoi m'arrêter à l'époque par contre à l'arrivé du pentium 100 j'ai pleuré..
anakarislordguyver
Kyle Katarn ne sera jamais canon, vu que la mode est aux heroine, Rogue One est clairement une réinterpretation de Dark Forces (d'ailleurs avant que le sort de l'univers étendu soit decidé en 2014, le staff disait bosser sur un film Dark Forces)
D'ailleurs le nom de l'heroine de Rogue One est quasiment le même nom que celui de la coéquipière de Kyle(Jyn Orso au lieu de Jan Ors), son père a été tué par l'empire (comme celui de Kyle), son coéquipier a la gueule de Kyle Katarn et il y a les Dark Troopers dans le film.
Rogue One c'est Dark force repensé façon femininiste où l'heroine est un mix de Kyle Katarn et Jan Ors (avec peut être un peu de Mara Jade)
kraken c'est complètement ça, à ceci prêt que Jyn Orso ne va pas devenir une Jedi. Encore que, comme tu le dis si ils reproduisent un destin à la Mara Jade on sait jamais, si ça se trouve on va découvrir dans Épisode VIII que plus tard elle est devenu la femme de Luke Skywalker et qu'elle fut tué par Kylo Ren.
C'est tellement le foutoir qu'ils en seraient capable
Retro Gamekyo n'a fait que vivoter cette année (comme en 2015 d'ailleurs, ça commence à devenir une mauvaise habitude ce manque de temps
Et vu que dans deux jours sort le premier spin-off Star Wars au cinéma: Rogue One, pourquoi ne pas en profiter pour jeter un œil sur un des tous meilleurs jeu reto de cette magnifique saga ?
anakaris ta vidéo de gameplay ne fonctionne pas chez moi par contre :/
/me est parti se cacher
Merci pour ce partage.
Doom, Doom II, Rise of the Triad, GoldenEye 007, Strife, Heretic, Hexen, Duke Nukem 3D, Blood, et j'en passe. La plupart des gros FPS d'époque, et même les moins gros avaient un mode multijoueur LAN ou sur le net
Anakaris t'as bien raison concernant les modes multis mais par contre strife n'en possédait pas, je le fais en Veteran Edition en ce moment et il y a pas de multi
ah t'as sans doute raison alors. j'ai découvert Strife récemment et pas lors de sa sortie, donc je n'ai jamais tâté la version d'origine
Excellent test sinon
J'espère que t'en feras de Blood un de ces quatre
Mais il viendra un jour ou l'autre assurément !
anakaris GG pour le test et trés bon gout
kabuki merci ami !
legato Olivetti, la marque italienne de machine à écrire ? J'ai très peu connu leurs ordinateurs je dois avouer. Il me semble qu'ils avaient carrément un système d'exploitation propriétaire en concurrence toute relative avec Windows, les jeux tournaient correctement là-dessus
Juste une question car j'ai la flemme de vérifier, mais t'as fait un test d'Hexen ?
Rise of The triad, juste énorme ce jeu, les autres aussi d'ailleurs. Si t'as l'occasion teste le remake de 2013 (pas pour Retro hein mais juste pour te marrer), franchement juste un des meilleurs remakes de vieux FPS pour moi avec Shadow Warrior; J'aimerais tant que Blood en ait un, car la version GOG est pourri et ne gère pas la visée à la souris.
Sinon en ce moment je redécouvre Doom 64
C'est juste hallucinant le nombre de FPS des années 90 directement inspiré de Doom le père. À l'époque les développeurs savaient encore innover, notamment sur les ambiances visuelles (science-fiction, triade et mafia chinoise, medieval-fantasy, etc) alors qu'aujourd'hui les producteurs de FPS AAA perdent de plus en plus leur inspiration je trouve
Aujourd'hui le genre FPS est phagocyté par Call Of et Battlefield mais les FPS qui innove un brin n'ont clairement pas disparu pour autant. Je pourrais te citer les Bulletstorm, Singularity, Wolfenstein The New Order, le dernier Doom que j'ai adoré et bien d'autres.
Les FPS de bourrin n'ont pas disparu mais ils ont une couverture médiatique bien moindre que Call of Shit, il suffit juste de suivre les bons devs. Des devs comme Raven Software (créateur d'hexen et de tout un paquet d'autres tueries), Monolith ( même si ils sont clairement plus dans le FPS les meilleurs jeux de l'époque ils les ont pondus), People Can Fly(Painkiller et Bulletstorm), Id bien sûr et il y en a d'autres.
Perso j'attends comme un dingue le prochain Quake, même si j'aurais bien aimé une suite à Quake 4. Quel dommage que vous ne vouliez pas plus de monde sur ce groupe parce que j'ai quelques idées de tests qui serait franchement pas mal. ça me manque d'écrire des tests
Globalement, je trouve que Raven s'est perdu depuis quelques années. Leur chute a été entamé avec le Wolfenstein de 2009 trop plat et trop daté graphiquement pour réellement faire l'unanimité
En revanche, Wolfenstein TNO est percutant par une mise en scène horrifique et un scénario (scène, dialogue...) plus travaillé qu'on pourrait le croire d'un jeu de ce calibre !
Une vrai belle surprise, sous l'impulsion de Bethesda, id Software et MachineGames ont réussi admirablement bien à relancer la série, tout comme Doom (c'est simple, depuis que ZeniMax a acquit un tas de studio à droite et à gauche en les faisant chapeauter par Bethesda, je suis conquis par leur produit: RAGE, The Evil Within, Doom 2016, Wolfenstein The New Order, Dishonored, Fallout 3 et 4, le futur Prey 2 m'intrigue aussi, bref ils visent dans le mille quasi à chaque coup avec moi
Jamais fait ce jeu, seulement le Jedi Outcast ça donne envie de s'y frotter, surtout la difficulté.
Kyle Katarn ne sera jamais canon, vu que la mode est aux heroine, Rogue One est clairement une réinterpretation de Dark Forces (d'ailleurs avant que le sort de l'univers étendu soit decidé en 2014, le staff disait bosser sur un film Dark Forces)
D'ailleurs le nom de l'heroine de Rogue One est quasiment le même nom que celui de la coéquipière de Kyle(Jyn Orso au lieu de Jan Ors), son père a été tué par l'empire (comme celui de Kyle), son coéquipier a la gueule de Kyle Katarn et il y a les Dark Troopers dans le film.
Rogue One c'est Dark force repensé façon femininiste où l'heroine est un mix de Kyle Katarn et Jan Ors (avec peut être un peu de Mara Jade)
C'est tellement le foutoir qu'ils en seraient capable