Conditions de test : effectué sur PS5 lors de 2 grosses sessions de jeu, puis plusieurs plus courtes en vue de l'obtention de bonus / trophées.
Dévoilé en 2022 lors de la cérémonie des Game Awards, Viewfinder avait su faire sensation grâce à un gameplay à la fois simple et puissant. Puzzle game aux allures de Portal, The Witness, Maquette, Humanity ou encore Superliminal, le jeu est-il aussi bon qu'il intrigue ? La réponse est oui, sans hésiter, même si le jeu trébuche sur certains points.
En cette période de "trêve estivale vidéoludique",
Viewfinder tente de se faire sa place entre deux sorties de blockbusters AAA (FF XVI et Starfield pour ne pas les citer). Une sortie d'autant plus discrète que la communication autour du jeu reste confidentielle (= totalement absente). Et c'est bien dommage car le jeu est une véritable pépite ! Le premier jeu de Sad Owl Studios regorge de créativité et d'ingéniosité, grâce à une expérience riche et unique qui ne laisse jamais la place à l'ennui. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Une question de point de vue
Si je devais résumer
Viewfinder, je le présenterai en tant que jeu indé reposant sur la gestion de la perspective. L'objectif est de projeter une image plane (en 2D) afin de l'intégrer dans un environnement en 3D. Exemple : je collecte une photo, je la positionne devant moi, j'appuie sur R2 et le contenu de ma photo s'intègre à l'environnement. Un gimmick basique au possible sur le papier mais qui, une fois manette en mains, se révèle complètement bluffant et addictif.
Un obstacle, une photo, une solution.
Le jeu se découpe en niveaux, eux mêmes composés de plusieurs challenges proposant une difficulté croissante. Une fois le cliché façon Polaroïd maîtrisé, viennent ensuite les croquis, dessins, affiches, aquarelles, panneaux, cartoons, cartes etc. Et très vite l'appareil photo instantané lui-même, afin de prendre en photo tout ce qui vous entoure. Une liberté totale qui déroute au départ et décuple les possibilités en terme de gameplay. Cela couplé à l'absence de tout indicateur / objectif à l'écran, et vous voilà maître de l'espace et du temps.
Car oui, outre votre capacité à modifier la réalité grâce à vos clichés, vous pourrez aussi revenir en arrière en appuyant simplement sur le bouton Rond. Habillement mise en scène façon "rewind", cette fonctionnalité encourage la prise de risques et les (nombreux) essais infructueux. Face à un nombre de clichés réduit sur votre pellicule ou encore suite à la destruction d'un élément important du décor, le jeu ne souffre d'aucune inertie dans la réflexion nécessaire à la résolution des nombreux puzzles. Au final, un seul et unique objectif lors de chaque challenge : rejoindre un téléporteur (en devant parfois l'activer au préalable) pour poursuivre le niveau ou le terminer.
Le rembobinage, composante essentielle du gameplay
Chaque niveau est court mais habillement conçu, avec des problèmes uniques : aucune impression de redite ne se fait sentir, et ce grâce à la foule de secrets, de situations et d’astuces originaux inventés par les équipes de Sad Owl Studios. Je n'en dis pas plus afin de ne pas vous spoiler mais la progression est vraiment très fluide et satisfaisante.
Un habillage (trop ?) simple mais maîtrisé
Viewfinder nous propulse dans un univers très épuré et coloré. On ressent une ambiance très zen, emprunte de calme et d’observation à travers de multiples chaises, bancs et fauteuils sur lesquels vous pouvez vous installer et observer votre environnement. Certains diront que le jeu aurait pu tourner sur old gen sans problème, ce qui n'est pas faux. Mais ce serait mettre de côté cette volonté de proposer un design permettant les prouesses techniques du gameplay, là où des décors hyperréalistes auraient tué l'expérience de jeu. Dommage néanmoins que l'identité visuelle des différents niveaux ne soit pas plus forte, plus tranchée. On notera aussi que les puzzles s'enchaînent en douceur, sans temps de chargement. Et enfin, point important : aucun bug recensé !
Le téléporteur, objectif unique à atteindre
Côté scénario et narration,
Viewfinder nous propose le strict minimum : une histoire assez convenue sans grande surprise ni intérêt, portée par une narration diluée entre appels téléphoniques, carnets de notes à lire et journaux audio (à la Bioshock). Nous avons aussi le droit à un félin parlant nommé Cait, qui n'est pas sans rappeler le chat de Cheshire d’Alice aux Pays des Merveilles. Tout ceci s'avère très classique, parfois ennuyeux, mais a le mérite de proposer une toile de fond permettant de lier l'ensemble des puzzles.
En revanche, niveau mise en scène, c'est le néant absolu : rien ne viendra perturber le rythme très "chill" du jeu, afin de casser le rythme un peu monotone d’une partie de l’aventure et de surprendre un peu plus les joueurs. Il est de ce fait déconseillé de lancer le jeu si vous êtes en manque de sommeil et/ou caféine !
Une expérience unique mais courte
Proposant une soixantaine de puzzles,
Viewfinder se termine en moyenne en 6 heures. Un temps de jeu qui peut être rallongé par la chasse aux nombreux collectibles (un par niveau traversé), aux filtres à photos mais aussi par les classiques trophées. La difficulté croissante n’est pas particulièrement élevée, exception faite pour certains puzzles facultatifs. Nul doute néanmoins que les très nombreuses possibilités offertes en terme de speedrun sauront décupler le nombre d'heures de jeu pour les fans de la première heure (à l'image de
ce speedrun de la démo).
Difficile enfin de ne pas ressentir une frustration dans l'exploitation faiblarde des différentes directions artistiques entraperçues dans les premiers niveaux du jeu : les styles peinture, fusain, dessin d'enfant, 16-bits etc. sont clairement sous exploités. Un terrible gâchis, tant leur potentiel est énorme !
La pluralité des styles visuels est tout bonnement hallucinante !
Enfin, comment ne pas évoquer l'absence d'option VR tant le gameplay de Viewfinder est fait pour ce type d'expérience ! Jacob Keane, développeur chez Sad Owl Studios a récemment apporté une réponse à cette question que beaucoup de joueurs se posent :
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“We did some prototyping of a VR version a while back – it was interesting, but there’s definitely some challenges to solve with things like forced perspective”
[Nous avons fait un peu de prototypage d'une version VR il y a quelque temps - c'était intéressant, mais il y a certainement des défis à résoudre avec des choses comme la perspective forcée]
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POINTS POSITIFS
+ Un gameplay monstrueux infaillible et terriblement addictif, ouvrant le champ de tous les possibles
+ Une technique ultra solide : aucun bug, aucun temps de chargement, aucun ralentissement
+ Des niveaux / challenges uniques, qui ne se répètent jamais
+ Une bonne progression de la difficulté/complexité des puzzles et mécaniques de jeu
+ Une DA onirique et propre
+ Une bande son discrète mais parfaitement adaptée
+ Un très bon rapport qualité prix (24,99€ / 7-8h de jeu)
POINTS NEGATIFS
- Une durée de vie courte : j'aurais tellement aimé plus !!!!
- Un scénario cliché et une narration mièvre
- Des environnements très (trop ?) similaires
- Des mécaniques qui auraient pu être poussées davantage
- Pas d'option VR
Viewfinder est une expérience absolument unique, magique, grisante, digne des plus grands puzzle games. Porté par un gameplay révolutionnaire et une direction artistique propre (même si un peu trop sage), le jeu parvient à nous faire oublier un scénario manquant de profondeur. Malgré une courte durée de vie, la créativité, l'inventivité et la diversité des puzzles font honneur à notre intelligence et sens de l’observation pour nous affranchir des règles habituelles du jeu vidéo.
J'espère que Sad Owl Studio saura transformer cet essai plus que réussi en une série à succès à travers de nouveaux titres (VR ou non).
Pour moi, Viewfinder est mon jeu de l'été, y'a pas photo !
VERDICT : 8/10
Démo et jeu disponibles sur le
Playstation Store et sur
Steam.
Ouais vu ce que tu as écris ça semble faisable.
Je le garde en vue si y a une promo, je suis un homme radin.