
En 1994, le héros le plus populaire de Marvel est toujours Spiderman et une série d'animation est lancée sur Fox Kids. Produite et supervisée par les illustres Stan Lee, Steve Ditko et Avi Arad, la série comporte 65 épisodes diffusés entre 1994 et 1998, mettant en scène une vaste panoplie de super vilain composant l'essentiel de l'univers de l'Homme-Araignée. Riche en sous-intrigue grâce à l'arrivée régulière de nouveaux personnages secondaires, bénéficiant d'une animation très sympathique, d'une bande-son qui dépote (raaah, ce générique !) et globalement d'un capital sympathie très fort auprès de n'importe quel gamin des années 90, la série devient rapidement un gros succès. Peut-être pas aussi gros que l'excellente série Batman débutée une année avant (raaah, ce générique, encore !), mais tout de même. Activision, qui détient les droits de Spiderman pour une exploitation en jeu vidéo depuis la seconde moitié de la décennie, - droits chipés au nez de l'infecte éditeur Acclaim/LJN qui ne faisait que de la merde avec la licence -, ne tarde pas à se baser sur cette série pour proposer un soft sur Playstation.
Ce Spiderman, mixant influence de la série animée avec un peu de comics (l'arc Spiderman Unlimited notamment, avec l'apparition de Carnage) raconte qu'un soir, lors d'un showroom scientifique où le docteur Octavius (de son nom de super-vilain Docteur Octopus) devait présenter une de ses nouvelles inventions, Spiderman créé du grabuge et s'empare de la-dite machine ! Évidemment, Peter Parker est dans l'assemblée de badaud abasourdi tandis qu'Eddy Brock, en mission pour le Daily Bugle y voit une occasion de se faire bien voir et désire retrouver le faux Spiderman pour le trainer devant les tribunaux. Brock se laisse donc envahir par le symbiote de Venom qu'il porte en lui et devient une dangereuse créature qui vague dans tout New-York comme bon lui semble. En parallèle, un gaz toxique est lâché sur la ville, faisant des rues de New-York un no man's land impossible à visiter sous peine de finir asphyxié (ce qui est pratique, comme ça, pas utile de modéliser le sol de la ville, le sommet des building suffira...) tandis que Octavius jure la perte de Spidey. Bref, un sacré bordel qui se déclenche tout à coup et qui opposera de nombreux ennemis différents très vite à ce bon vieux tisseur. Décidant de mener son enquête pour faire tomber cet imposteur, Peter Parker suit la trace que la Chatte Noire lui refile jusqu'à faire le lien de toute cette histoire à Octopus lui-même, aidé de Mystério. Mais entre temps, il lui faudra également s'occuper de Venom, qui deviendra un allié étonnant et de circonstance et du Scorpion, qui attente à la vie de Jonah Jameson. Entre règlement de compte personnel, braquage de banque et complot visant à décrédibiliser le héros de Big Apple, les prochaines aventures de Spiderman s'annoncent mouvementées...

Avec un tel scénario, pas forcément très complexe ni très recherché, mais qui promet son lot d'action et de rebondissement, on a tout ce qu'il faut pour faire un bon jeu. Un héros sympa et qui sait se bagarrer, un panel de méchants d'une variété étonnante pour en faire autant de boss, un terrain de jeu qui, s'il ne brille pas par son originalité, au moins s'acclimate parfaitement à un genre de jeu d'action comme cela... tout y est ! Par ailleurs, c'est la première fois que Spidey se montre dans un jeu vidéo tout en 3D, il convient dès lors de ne pas se foirer. C'est à Neversoft, plus connu pour être les géniteurs de Tony Hawk's Pro Skater qu'on refile le bébé. Ces gens là ont déjà prouvé qu'ils savaient y faire sur Playstation pour confectionner un jeu en 3D dynamique et fluide, choix logique. Au vu des capacités de déplacement du bonhomme, cela aurait été du gâchis et de la frustration que de ne pas profiter des capacités de la Playstation. Ainsi, la sensation de liberté, toute relative, qu'on a en se balançant au bout d'une toile au milieux des grattes-ciel New-Yorkais a de quoi filer des frissons de plaisir. Enfin, à l'époque, bien sûr. Par soucis de limite hardware, le sol, comme évoqué plus haut, n'est pas accessible et tomber en contre-bas équivaut à la mort. Dans le même ordre d'idée, la distance d'affichage est relativement restreinte et la caméra se repositionne immédiatement au dessus de Spidey lorsqu'il met le pied au sol (enfin, sur un toit d'immeuble quoi, vous m'avez compris) pour éviter au processeur de devoir calculer trop d'élément 3D dans le champ de vision du joueur. Cela garanti, un peu comme dans Tarzan sur la même machine, une fluidité de tous les instants et une modélisation des personnages assez honnête. Les truands de base sont laids, mais les boss comme le Scorpion ou Venom bénéficie de polygones plutôt bien foutu. Rhino en revanche est grossier, trop cubique et franchement un peu moche... Cette gestion intelligente de la caméra pour soulager le hardware ne se reproduit en revanche pas dans les intérieurs. Là, symptomatique des premiers jeux 3D sur console, la caméra devient débile et il n'est pas rare qu'elle aille se coincer derrière un mur ou dans le coin d'un couloir, rendant la lisibilité proche du zéro absolu.
Graphiquement, Spiderman a son charme. S'inspirant à nouveau des comics et de la série télévisée, les couleurs sont très vives et chaudes, les textures sont assez épurées (parfois trop) pour simuler cet effet ''dessin'' du rendu (j'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'un cel shading avant l'heure, hein). Le jeu fait le choix malin de s'appuyer au maximum sur le riche univers du tisseur pour proposer une galerie de protagonistes ultra variée, allant même jusqu'à balancer quelque caméo de Daredevil, Captain America ou encore The Punisher (et même Ghost Rider dans la version Dreamcast du jeu ! ). Enfin et pour finir sur la technique, les animations sont à saluer, en particulier celui de Spiderman. Souple, il se bat avec cette aptitude et cette particularité qui lui est propre. C'est à dire de façon très acrobatique, avec pirouette, coup de pied retourné façon mule colérique, et autre figure plus ou moins grand guignolesque. C'est sûr, c'est loin des coups de poing de boxeur très académique d'un Batman, mais ça a le mérite de coller à l'identité du personnage. Mention spéciale à l'animation de Spidey lorsque celui-ci ''marche'' sur un mur. Lorsque vous le faite revenir au sol, il se disloque, bascule les jambes par dessus sa tête tel un contorsionniste de cirque. Le soucis du détail est plaisant à voir !
Ce qui est plaisant également, c'est la façon de contrôler l'homme-araignée. On ne s'éternisera pas sur la question de savoir où il colle sa toile lorsqu'il se balance entre les buildings (sur un nuage de Lakitu, peut-être...), le jeu se concentre sur la souplesse de maniement et sur les bonnes sensations qu'on ressent en faisant le mariole à travers les édifices de New-York. La bonne idée vient de la possibilité d'utiliser un viseur pour envoyer sa toile de façon plus précise, ceci au dépend de la fluidité et du dynamisme de l'action. Mais ça aide, notamment dans les endroits renfermés comme ce niveau des égouts où le vide nous menace et où il s'agit de galoper sur d'étroites tuyauteries.

Outre les combos poings-pieds, qui s'avèrent vite redondants, Spidey peut manipuler sa toile de quatre façon différentes au combat. Il peut enlacer son adversaire dans un cocon dont la résistance augmentera à mesure qu'on appuie longtemps sur le bouton triangle. Évidemment, ceci ne causera pas de dégât mais freinera voire immobilisera complètement la cible. Seul des adversaires exceptionnels comme le Rhino ou Venom sont capables d'en sortir immédiatement. Si cela ne suffit pas, Spidey peut générer une boule de toile et la lancer façon Kaméhaméha sur son adversaire, très utile contre la plupart des boss. Mystério, qui est devenu géant, sera d'ailleurs à vaincre grâce à ce pouvoir. Autrement, on peut envoyer une toile et attirer brusquement un adversaire à soi pour le rouer de coup comme Scorpion dans Mortal Kombat ! Enfin, si vous êtes en difficulté, vous pouvez vous couvrir d'un dôme de toile protectrice, ce qui encaissera une petite somme de dégât à la place de Spidey. Le dôme explosera littéralement au bout de quelques secondes, occasionnant des dégâts aux ennemis proches mais consommant beaucoup de réserve de toile. Réserves que vous pourrez récolter un peu partout dans les level. Tous ces pouvoirs différents seront accessibles via une manipulation avec chacune des flèches directionnelles (le joystick servant à se déplacer).
C'est du très classique, et globalement, ça tient la route car le jeu propose une durée de vie honnête mais tout de même dans la moyenne courte. Ce qui fait qu'on ne passe pas non plus soixante heures à répéter le même combo de coup de poing. Pour varier les plaisirs et faire marcher un level design qui tente des choses, on peut également s'accrocher au plafond d'une simple pression du bouton R1 et essayer de se la jouer discret, même si ça ne sert pas à grand chose. Chaque combat de boss ou presque tente d'implémenter une petite originalité pour éviter que le jeu ne tourne au pugilat géant et ennuyeux. Le Rhino par exemple est quasiment invulnérable, il faudra l'attirer pour qu'il fonce tête et corne baissées dans des pylônes électriques et une fois sonné, il faudra en profiter pour le tabasser. Mystério, comme sus-cité usera de ses illusions pour se faire paraître gigantesque et un combat sur plusieurs étages particulièrement délicat à aborder débutera. Il faudra exploser des sortes d'ampoules sur son costume qui canalisent l'énergie dont il a besoin pour utiliser ses pouvoirs. Un combat difficile car la caméra est peu coopérative et on a du mal à juger correctement la distance, une tare rependue dans les jeux 3D de la Playstation.
Outre cela, on a le droit à quelques phases d'énigme très simplistes ou des courses-poursuites. L'une d'elle en particuliers, est remarquable. Elle met en scène Spiderman en fuite face aux hélicos de la police de New-York (je rappelle que Spidey est accusé d'avoir volé une invention du docteur Octavius au début du jeu). Séquence peut-être un peu longue, elle propose en tout cas son lot d'explosions et de jets de flammes sans que (presque) jamais la fluidité du tout n'ai à en pâtir. Cool ! Neversoft a tenu à proposer différente phase de jeu qui même si cela oriente tout naturellement leur production vers l'action décomplexée parfaitement représentative d'un comics de chez Marvel a le mérite de tenir en haleine le joueur du début à la fin. Fin qui arrive d'ailleurs un peu vite, quand on n'est pas préparé. On déplorera en revanche une caméra agaçante qui se coincera dans les murs, qui voltigera autour du personnage sans jamais être capable de cadrer correctement la bagarre ou un système de verrouillage lors des combats qui a tendance à ne pas fonctionner si l'ennemi se déplace un peu de façon désordonnée.

Ce test n'a aucun fil (d'araignée ? Lol, non

) conducteur mais je m'en fou, j'ai aucune idée de comment faire mes transitions aujourd'hui. Alors terminons cette pantalonnade en causant un peu de l'ambiance sonore. À part quelques partitions très simples de rock à base de basse pleine de roublardise, aucune musique n'est réellement à mettre en avant. Le tout est rythmé et on sent que c'est typiquement fait pour un jeu vidéo de super-héros destiné à divertir les 6-12 ans. D'ailleurs, c'est signé par l'illustre Tommy Tallarico qui en a déjà fait des bien meilleures (Earthworm Jim, Aladdin sur Megadrive...). Les dialogues quant à eux, intégralement doublés (hormis lorsqu'il y a un bug qui fait passer la voix d'un PNJ du français à l'anglais, m'enfin soit) ne sont pas incroyablement profond mais on le mérite d'être totalement dans les tons. Le Spidey, très calqué sur les comics n'hésite pas à fanfaronner et invective gentiment ses adversaires en plein milieux du combat. C'est pas grand chose, mais je tenais à le signaler...

Spiderman sur Playstation est un pur produit de son temps. Un jeu pas tout à fait du début de l'ère de la 3D et qui montre déjà les prémices de toutes les sensations qu'on retrouvera sur des jeux bien plus ambitieux et évolué sur nos consoles HD. Il est aussi un jeu qui rempli consciencieusement le cahier des charges, respectant bien l'univers qu'on lui prête et aguichant le fan de multiples clins d’œil. La durée de vie, bien que courte, peut ainsi être démultiplié par l'ajout de costumes bonus permettant au tisseur d'augmenter sa force, ou carrément de se doter d'une toile infinie. Pas super indispensable, je doute que pour le joueur lambda cela le pousse à recommencer le jeu six fois de suite, mais c'est toujours un petit plus. En outre, des couvertures de comics illustrant quelques un des chapitres les plus importants de la carrière de Spiderman sont à récolter, parfois vicieusement cachées (n'oubliez pas que le personnage peut ramper sur les murs, et avoir la tête à l'envers, ça aide pour appréhender différemment les recoins du décors les plus reculés...). Comme pour les Tony Hawk's du même développeur, le maitre-mot fut certainement amusement. Et Spiderman remplit sa mission haut la main, c'est sans prise de tête, il nous distribue généreusement sa ration de bagarres, d'explosions et de courses-poursuites. On va sans arrêt de l'avant et on croise régulièrement un nouveau super-vilain, souvent accompagné d'un caméo de copains du tisseur, ce qui ravira les fan. Un jeu 3D, d'action, sorti sur Playstation qui n'a pas trop vieilli, en somme, en dépit de cette caméra parfois immonde.
Excellent test, comme d'habitude
Marrant, j'ai aucun souvenir d'une série Spiderman dans les années 90, alors que je me souviens très bien de celle de Batman. Faut dire que j'ai jamais été un grand fan de super-héros...
En tout cas c'était une vraie réussite dans le genre. Surtout que c'est un jeu de l'époque préMCU a une époque où chaque jeu Marvel était une petite réunion de famille avec sa blinde de caméo et de persos divers.