Des boutiques d'occasion et de jeux vidéo qui ne font pas du retrogaming un pur business de salopard et de spéculateurs forcenés, ça existe encore. Si, si, je vous assure. Bon, attention hein, ça dépend aussi de ce qu'on y trouve. Parce que à 1€ la cartouche Megadrive en loose, quand bien même elle serait en bon état, vu d’extérieur, on se doute bien qu'on ne tient pas entre les mains un Tetris, aussi rare que la dignité de Kirby-54. Alors bon, puis parce que c'était vendu en lot, j'avais pas le choix. Par curiosité malsaine, Curse est le premier des jeux glanés ce jour-là que j'enfourne dans ma valeureuse Megadrive pas du tout mini, la vrai. Et là, en entendant la musique, j'ai cru que c'en été fini, de ma Megadrive de 28 ans d'âge (c'est pas comme le pinard, ça s'améliore pas en vieillissant, Shanks non plus d'ailleurs, tiens).
Vous savez, ce genre de musique de fête foraine débile crachée par un haut-parleur grésillant (très) bas de gamme à la foire à la saucisse de Moncul-les-bains, avec cet effet de caisse de résonance dégueulasse et la partition épileptique de batterie avec des fûts en plastique. Comme on entendait dans les très mauvais morceaux d'eurodance-techno-ce-que-tu-veux en 1996. Bon, ben voilà ce que m'inspire la musique du premier niveau de Curse couplée à ses bruitages. Ah oui, parce que je vous ai pas dis, j'ai inséré la cartouche, j'ai même pas eu le droit à un menu avec des options de difficulté (histoire d'apprendre à jouer sans me faire violer, pour que le dépassement de soi soit garanti, m'voyez) ou autre, le jeu s'est lancé immédiatement. Sans cutscene, sans intro, sans rien. Comme l'impression soudaine de me faire sauvagement agripper par les couilles par un jeu pirate. Je vérifie sur le net, et il semblerait que Curse soit bel et bien un jeu officiel. Le gougnafier.
Pas de générique de début, pas de présentation en logo de l'éditeur ou du développeur. C'est comme si vous matchez sur Tinder avec une fille qui ne vous dit même pas son prénom mais qui vous refile immédiatement la syphilis avant de se barrer avec les clé de votre bagnole. J'ai un horrible pressentiment, d'un coup.
Deuxième constat, après les horribles notes de musiques qui me vrillent les tympans : la lenteur du bordel. Le vaisseau qu'on dirige est aussi lourd qu'une baleine morte. Alors, au départ je me dis que c'est pas grave, je risque probablement de choper un power up pour améliorer ma vitesse et mieux esquiver les attaques ennemies. Mais très vite, je déchante, aucun item en vu pour régler le soucis de rapidité. Et de toute façon, je me dis que j'en ai pas besoin vu comment les unités adverses ne sont pas des plus véloces. On passera sur le design curieusement libidineux de certains obstacles, comme ces espèces de tentacules couleur chair qui se rétractent et s'élancent vers le ciel à un rythme régulier. Les amateurs de hentai devraient trouver ça rigolo, au moins. Se présente face à moi le premier boss qui semble être un tronc d'arbre duquel je m'attends à voir surgir une ignoble gueule d'alien pleines de dents et crachant des boules de feu. Hé... non. En fait, une volée de piafs bleus sortent de derrière le truc et me fonce dessus, pas suffisamment vite pour que je me fasse surprendre. Une volée de boulette d'énergie et je les transforme en poulet rôti. Mais celui-là n'a étrangement pas le bon goûts de celui du dimanche, avec les frites, et Walker Texas Ranger en famille...
Le level 2 améliore la prestation graphique un tantinet, avec quelques lignes de scrolling différentiels. Mais bon, c'était pas la peine de prendre la confiance en tentant ce genre d'artifice technique si c'est pour occasionner une grosse chute de fluidité dés lors que deux ou trois monstres arrivent à l'écran. Parce que oué, ça devient brutalement encore moins rapide qu'avant, je pensais pas que c'était possible. Toujours pas de power up de vitesse à l'horizon mais à ce stade du jeu, je me dis que ça ferait plus flamber la cartouche qu'autre chose. Le comble vient du second boss, une paire de serpent jumeaux dont l'oscillation mollassonne ferait passer la bite de Negan pour un frétillant dragon en parfaite santé.
Le système d'armement de Curse rappelle celui de R-Type. Un module qu'on peut placer devant, derrière ou sur le flanc de notre engin sert à envoyer des missiles à têtes chercheuses sur des ennemis de toute façon pas franchement dangereux. Et vous savez quoi, en fait j'ai dis une connerie, il existe bien des speed up, ils étaient sous mon pif. J'en ramasse plusieurs par niveau, même. Mais ils n'ont tellement aucun effet que je croyais que c'était juste pour le score. Cinq niveaux plus tard et un générique toujours aussi chiche en mise en scène et en scénario (même pas la moindre ligne de dialogue, je sais bien qu'on est sur un shoot them up mais faut pas pousser quoi...), le constat est implacable. Curse est médiocre, d'une fadeur rarement vue, impersonnel. Si seulement son design était le seul fautif de ce naufrage, mais son gameplay pachydermique qui ne donne strictement aucune sensation (ni fun, ni tension, ni danger, ni challenge...) et sa bande-son cheapos terminent d'enterrer ce jeu anonyme. Qui ferait bien de le rester.
C'est d'autant plus bête quand je vois la jaquette et le boss final, une espèce de gigantesque visage féminin sans émotion, avec l'arrière du crâne cybernétique et relié à un paquet de câbles façon Néo dans Matrix. L'idée de cette représentation me fait penser à Extase (micro-ordi, 1990) où on devait faire mumuse avec les neurones électroniques d'un androïde. On peut également penser à l'effrayante intelligence artificielle omnisciente SHODAN dans System Shock. Mais bon, Curse ne s’embarrasse aucunement de cutscene ou du moindre élément narratif, alors tout cela s'avère être du gâchis.
La même année sortaient sur Megadrive les bien plus convaincants Thunder Force II et Burning Force, bien que pas tout à fait dans le même genre. Et l'année suivante, les bombes thermo-nucléaires Thunder Force III et Musha Aleste déposaient leurs boulettes sur la console de SEGA. Même en étant un affamé du shoot them up, ou en considérant que la Megadrive n'avait encore, en 1989, qu'un catalogue relativement léger de bon jeux, Curse n'avait aucune chance. Et comme le soft lui-même ne daignait pas me renseigner véritablement sur qui a put pondre cette horreur, je m'en suis remis à Dieu (autrement appeler Internet) pour apprendre que cela venait de MicroNet. Un studio japonais insignifiant. Ah, et également responsable, deux ans plus tard, de Heavy Nova sur le même support, déjà testé sur Retro Gamekyo (clic ici, c'est un vieux test...).
Je comprends mieux. Allez, va bien te faire foutre, MicroNet.
anakaris Je ne comprends pas le but de faire des tests de jeux mauvais. Je te vois souvent publier des tests dans ce genre ou pour des jeux moyens dont tout le monde s'en fout du coup (même les fan de rétro comme moi).
A mon sens ta rubrique aurait énormément plus d'intérêt si tu faisais découvrir des perles rétro méconnues (et il y en a une bonne liste sur snes megadrive ou pc engine).
Ce jeu de merde par contre... Je vais choper la rom mouahahahahah
A mon sens ta rubrique aurait énormément plus d'intérêt si tu faisais découvrir des perles rétro méconnues (et il y en a une bonne liste sur snes megadrive ou pc engine).